BMP – « Aller de l’avant »


« Aller de l’avant » tout en mouvement et en évolution.
J’ai toujours eu envie de dessiner sur ce sujet. Et surtout en ce moment où je cours après ma tête et où je me bats avec certaines situations.
C’est pourquoi de me dire que je suis capable, même si cette situation dans laquelle je suis est aussi fragile qu’un bourgeon qui est en train d’éclore.
Je pense que c’est le côté « ne pas reculer » qui m’attire. Montrer qu’on est capable, même si parfois des personnes doutent. Être fière de montrer aux autres, à ceux qui me regardent que et bien voilà, oui parfois c’est compliqué et difficile pour moi, mais il faut toujours garder un espoir. Même si des doutes planent sur moi, ils peuvent quand même me faire confiance.
J’ai trop souffert de tous ces doutes et de ce manque de confiance que les personnes avaient envers moi. C’est comme s’ils te montraient que finalement tu n’existes pas et que ne n’es capable de rien, et même que tu n’es rien, que tu es foutue et que tu es comme la mort.
Et ça je l’ai trop ressenti à m’en faire hurler.

Comment avez-vous dessiné ?

Tout en mouvement et de l’avant. Je me suis servie de ces deux mots pour faire naître mon esquisse. Donc il était important d’y mettre un visage en premier. C’est ce qui a été mon premier coup de crayon. Celui-ci représente la personne qui fait de son mieux pour rester dans le mouvement de l’avant.
Et ce sont des formes qui étaient apparues dans ma tête pour réaliser ce mouvement. Une énorme devant ce visage. Celle-ci est la plus importante, elle représente cette situation d’avancer, et les autres derrière c’est ce qui reste attaché à la personne. Comme une force qui la pousse, pour éviter de reculer. Il y a aussi ces espèces de formes de jambes difformes, dont une légèrement pliée, faisant le mouvement de marcher en avant.
Pour réaliser son manteau en aquarelle, le mot couleur était là, et pas question de mettre du noir dans les formes.
Pas de mot mort rien de tout cela, que du bien que de bonnes ondes pour avancer.
Pas de trace du passé non plus. Je me l’interdisais. Je pense que je me serais punie si j’avais fait autrement.
Le mot « défaite » était trop là aussi, mélangé avec ce mot couleur pour lui donner raison.
Donc j’ai voté pour les couleurs, avancer toujours et ne rien lâcher, ça c’est Béatrice. Oui, après quand mes parties émotionnelles apparaissent, c’est hélas différent. Mais là pour cette toile je ne voulais faire ressentir la force positive !
J’aime bien cette expression :

Si tu tombes, relève-toi
Si tu rencontres un obstacle
Passe par-dessus, s’il est trop gros,
Contourne-le.
Mais ne capitule jamais !

Roland Maltais

Matériaux utilisés :

Tableau réalisé sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin. Pour les finitions crayons Art Grip Aquarelle.
J’ai utilisé les couleurs suivantes en aquarelle : blanc de Chine, violet, bleu outremer, jaune Gamboge, orange, noir d’ivoire, gris de Payne, vert clair, terre d’ombre brûlée, vert émeraude, rose, rouge vermillon.

Qu’avez-vous ressenti ?

Quand je peignais le visage, le mot « identité » est apparu. C’est important d’avoir une identité, la sienne, pas celle que les autres nous attribue. Et le mot « passé » a pointé son nez.
Et là une angoisse m’a envahie : je me disais que si mon identité était basée sur cette situation (avoir l’identité voulue par les autres) alors la mienne ne serait que de sang, de souffrances, de cris et ça je ne le voulais pas.
C’est affreux ce que j’ai ressenti à ce moment-là, et le mot mort a pris vite la suite.
Et ça je ne le voulais absolument pas, car en ce qui me concerne, l’identité d’une personne c’est ce qu’elle est elle et ce qu’elle représente elle, ce qu’elle laisse comme trace dans ses actions etc… J’étais en colère dans ma tête parce que ce mot mort était apparu.
J’ai eu beaucoup de dissociations, le passé est trop présent. Mais je ne dois pas céder devant lui ! Je dois me montrer plus forte. Beaucoup de sang était là un moment trop présent dans ma tête.
J’ai donc fait une pause. Après dans ma tête ça circulait mieux, je me sentais moins étouffer à l’intérieur. Et mon côté forte était revenu.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

Je me disais que dans ce mouvement d’avancer devant soi, il y avait de la couleur. Je me demandais si en ce qui me concerne c’était comme ça en moi et pour moi ?… Même si un doute existait au moment où je regardais ce tableau. Je veux me dire oui dans ma tête, il y a du mouvement, de la couleur et oui j’avance 🙂

BMP – Un violon perdu dans les couleurs et sans son archet

Je voulais réaliser une toile peu ordinaire et qui n’a pas forcement de sens. Je souhaitais montrer ce côté qui, chez moi, disjoncte, et le représenter en dessin.
Un violon qui n’a pas d’archet est perdu, et si les notes étaient représentées par des formes en couleur, on peut s’y perdre complètement. C’est ce que je voulais exprimer.
Mais je voulais aussi que ces couleurs fassent ressortir une émotion, une sensation venant des autres personnes, de celles qui écoutent, comme si elles-mêmes choisissaient leurs couleurs par rapport à ce que la personne ressentait sur le moment. La couleur, la forme représenterait une note. Un peu comme si elles s’accordaient elles-mêmes à celui qui joue du violon.

Comment avez-vous dessiné ?

J’ai commencé mon esquisse par la mise en forme de ce violon qui n’a pas la forme d’un vrai violon, mais un peu déformée. Pour l’archet, il n’était pas question qu’il soit présent, car je me disais qu’éventuellement on pouvait se servir de nos doigts pour jouer d’un violon, pour faire résonner une note en lui.
Puis j’ai observé mon esquisse de loin pour ne pas faire uniquement des formes au hasard, non je voulais que ce violon soit entouré de douceur et qu’il ressorte de lui aussi la même chose. Je ne souhaitais pas non plus l’étouffer : ne pas remplir ma feuille de formes qui étoufferaient ce violon de peur que plus aucune note ne puisse venir de lui.
Donc pour la réalisation des formes j’y suis allée doucement en tâtonnant, car dans certains tableaux, j’ai parfois ce côté étouffant que je ne maîtrise pas toujours et je ne voulais pas qu’il soit présent.
Pour recouvrir mon esquisse de son manteau aquarelle, j’ai fait la même chose : je ne voulais pas mettre plein de couleurs de toutes sortes pour ne pas étouffer ce violon, pour l’empêcher d’émettre des notes de musique, je voulais qu’il s’exprime même avec l’absence de son archet.

Matériaux utilisés :

Peinture réalisée sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin.
J’ai utilisé les couleurs aquarelles suivantes : blanc de Chine, noir d’ivoire, bleu céruélum, bleu outremer, terre d’ombre brûlée, ocre jaune, rose, rouge carmin, jaune citron violet.
Finitions crayons Art Grip Aquarelle.

Qu’avez-vous ressenti ?

Ah ! ah ! j’aime réaliser des peintures un peu légèrement bizarres c’est mon côté « mystérieuse ».
J’avais cette angoisse de trop en faire, le mot « étouffé »  était vraiment trop présent, et je me posais la question de savoir pourquoi, parce que je n’étais pas sûre que cela soit réellement le souci du dessin qui provoquait en moi ce mot étouffer. D’autant que je voulais que cette peinture soit légère au regard des autres et que je m’amusais à la peindre.
J’ai ressenti quelques moments d’égarement mais rien de bien méchant. Par moment dans ma tête j’étais détendue mais aussi préoccupée.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

J’ai ressenti des doutes et une espèce d’angoisse mais je ne suis pas capable de dire si c’est le tableau ou autre chose. Car finalement dans ma tête tout s’est mélangé.
Mais j’ai pris du bon temps à peindre, et je retiens cela 🙂