« Suivez mon regard » : l’exposition bluffante de patients en Art-Thérapie

Logo-France-TV-InfoPar Anne Elizabeth Philibert @Culturebox
Mis à jour le 10/02/2016

« Suivez mon regard » est le titre de cette exposition forte, fruit du travail à l’atelier d’art-thérapie de l’établissement de santé mentale de Saint-Cyr au Mont-d’or près de Lyon. Des peintures, collages, sculptures entièrement conçus par des malades. Cette exposition, à découvrir au Fort de Vaise jusqu’au 21 février illustre toute la dimension humaine de cette approche thérapeutique.

Exposées dans plusieurs salles du Fort de Vaise dans le 9e arrondissement de Lyon, ces œuvres colorées interpellent, étonnent et suscitent l’admiration. ce sont bien là des toiles d’artistes tant le résultat est bluffant. En réalité, toutes ces peintures, gravures, collages, sculptures ont été réalisés par des patients de l’établissement de santé mentale de Saint-Cyr au Mont-d’or dans la région lyonnaise. Des malades qui participent à cet atelier d’art-thérapie, lancé en 1991 par Marie-Christine Chalard. « Un autre regard » est le fruit de 3 ans d’atelier.

Des ateliers thérapeutiques encadrés  

Encadré par le personnel soignant, chaque atelier accueille au maximum une dizaine de personnes souffrant de diverses pathologies. Ainsi, un patient hospitalisé pour un « burn out » peut dessiner en compagnie d’un malade psychotique ou à tendance schizophrénique mais sur prescription médicale uniquement. Des adultes, des enfants, des adolescents de toutes classes sociales, de tous âges se retrouvent avec soignants, artistes et membres du personnel hospitalier pour ce moment d’échange, avec l’art comme socle commun. Pour chaque projet, un thème est donné, notamment par la plasticienne Virginie Boyer.

Exemple, à partir d’un tableau de Matisse, il faut imaginer son propre univers ou depuis une photo noir et blanc de Yan Arthus Bertrand, chaque patient crée une toile autour du thème de l’aborigène.

Une approche thérapeutique humaniste dans un monde déshumanisé 

Dans l’histoire de la psychiatrie, les tentatives d’approche par l’art sont légions. Cette forme nouvelle est de plus en plus présente dans les hôpitaux car elle crée du lien. Même si la plupart des médecins préfèrent avoir recours uniquement à la méthode opératoire, ils sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à cette autre approche du soin de la maladie mentale. Une thérapie humaniste qui libère la parole, permet de reprendre confiance en soi et peut, comme ici, donner lieu à de véritable petits chefs d’œuvres, loin du simple coloriage pour adultes !

L’art-thérapie contribue à des guérisons sur un plan psychique et émotif. Ainsi des malades mutiques en arrivant à l’hôpital ou stressés, agressifs ont retrouvé la parole, le goût de l’échange, du partage et surtout la capacité de réaliser de belles choses comme en témoignent ces deux patientes-artistes, fières de voir leur création exposée au Fort de Vaise.

Interview : Sophie Tallois 

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Conférence : Art & folie – Vendredi 29 janvier 2016 à Béziers

Logo-BlogaratCentre Hospitalier de Béziers
Espace Perréal (ancien hôpital)
Espace Agora / Amphithéâtre Georges Brassens
2 Bd Ernest Perréal ou 2 Bd Dr Mourut
34500 BEZIERS

Argument :
Faut-il être fou pour être artiste ?
L’artiste peut-il devenir fou ?
Autant de questions qui reviennent dans l’imaginaire populaire.
Je voudrais faire ici le distinguo entre Création et Art.
La création, c’est revenir à l’origine du monde, et du même coup revenir à l’origine du sujet !
Et l’on voit, au XIXe siècle, les médecins aliénistes qui se penchent déjà sur le travail obscur de création des fous.
Marcel Réja, dans son ouvrage « L’Art chez les fous », en 1907 se révèle être un précurseur remarquable de la « pathologie de l’expression ».
Puis, l’incontournable Dr Hans Prinzhorn dans son ouvrage « Expressions de la folie » en 1922 trace le chemin de ce qui deviendra plus tard la psychopathologie de l’expression.
La création, c’est un travail de survie face à l’anéantissement de l’être.
Dans les hôpitaux psychiatriques les fous créent sans guidance des soignants, ils tentent de survivre à l’enfermement.
Dans les prisons, dans les camps de concentrations, dans les camps de rétention, des femmes et des hommes continuent à créer pour rester vivants.
Pour les artistes, qu’en est-il ?
C’est là que mon opinion diverge de celle de Didier Anzieu qui en parlant de création considère qu’il faut être un génie pour y parvenir !
L’artiste, qu’il soit un génie ou un parfait inconnu, va entrer en création pour résister à la négation de l’être et pouvoir être au monde.
Nous le verrons tout au long de cette journée avec Casanova, Gérard Garouste et Niki de Saint Phalle.
Pour diverses raisons propres à l’artiste, il s’investit corps et âme dans la création pour donner naissance au corps de l’œuvre (petit clin d’œil à Didier Anzieu), il s’y engage avec parfois au bout du chemin : le suicide. C’est le cas pour Romain Gary et du peintre Nicolas de Staël.
L’artiste s’engage dans une métamorphose au risque de se perdre, sa création influencera son temps et la société.
La question de l’Art, pour moi, est toute différente, car dans notre société contemporaine, l’art est devenu un produit marchand.
Il s’expose sur le Marché de l’Art et sur les places financières.
L’art fait partie à part entière de la société ultra-libérale comme tant d’autres produits et comme tant d’autres cotations en Bourse !
Il est banalisé et ne véhicule plus de sens.
Quête de sens, quête d’identité, les paroles d’André Malraux résonnent en moi : « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas ! »
Jean-Louis AGUILAR

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