Les violences subies dans l’enfance laissent des stigmates sur l’ADN, selon une étude

Les violences subies dans l’enfance laissent des stigmates sur l’ADN, selon une étude
02/10/2018
Une étude menée par des scientifiques de l’université américaine Harvard démontre que les sévices subis pendant l’enfance laissent des cicatrices sur l’ADN. Des stigmates qui peuvent même se transmettre de génération en génération.

Les violences infligées dans l’enfance peuvent laisser plus que des séquelles psychologiques. Selon une étude menée par des scientifiques de la prestigieuse université Harvard, aux Etats-Unis, la maltraitance infligée à des enfants se grave dans l’ADN, rapporte The Independent. Les chercheurs ont analysé des échantillons de spermatozoïdes de 34 hommes et les résultats sont probants. Les stigmates présents sur certains spermatozoïdes permettent d’identifier les hommes ayant subi des mauvais traitements dès leur plus jeune âge. Il s’agit du processus de méthylation : une modification chimique qui se positionne sur la séquence de l’ADN.

Un outil pour les enquêtes pénales

Sur les 34 hommes qui ont participé à l’étude, 22 ont été victimes d’abus pendant leur enfance. Parmi eux, les chercheurs ont identifié 12 zones d’ADN modifiées par la méthylation. Une telle découverte pourrait avoir des applications pratiques dans un cadre juridique. « La méthylation commence à être considérée comme un outil potentiellement utile dans les enquêtes pénales – par exemple, en fournissant aux enquêteurs l’âge approximatif d’une personne qui aurait laissé une trace de son ADN », a déclaré Michael Kobor, de l’université de Colombie-Britannique. L’étude n’en est qu’à ses balbutiements. A cet égard, les chercheurs précisent qu’il est nécessaire d’approfondir leurs conclusions.

Impact sur la descendance

Toujours est-il que leur découverte permet d’établir que les violences subies pendant l’enfance peuvent avoir un impact sur le long terme. Elles peuvent également transcender les générations. « Un traumatisme affecte le comportement de la victime. Certaines deviennent dépressives ou sont en proie à un stress post-traumatique », expose le scientifique Andrea Roberts. « Les facteurs de stress en début de vie affectent le sperme et par extension la santé de la descendance en créant notamment un comportement anxieux ».

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Procès de la tuerie d’Istres – Karl Rose

logo-le-parisienProcès de la tuerie d’Istres : le témoignage d’un père dépassé par la dérive de son fils
De notre envoyée spéciale Louise Colcombet À Aix-En-Provence (Bouches-Du-Rhône)
10 janvier 2017
Le père de Karl Rose, jeune homme accusé d’un triple meurtre à Istres en 2013, a livré hier le témoignage d’un homme dépassé par la dérive de son fils. Sans aucune remise en question.
La phrase, d’une froide brutalité, tombe comme un couperet. Elle a le mérite de donner le ton. Évoquant ses rapports avec son fils, jugé depuis jeudi pour un triple assassinat à la kalachnikov dans les rues d’Istres en avril 2013, à l’âge de 19 ans, Gilles Rose a livré hier, devant les assises des Bouches-du-Rhône, le récit d’un père dépassé, impuissant face à la dérive de Karl, qu’il a élevé seul depuis l’adolescence. Sans pour autant se remettre jamais en question. « C’est comme si j’étais sur une rive avec le reste de la société, et lui sur l’autre rive. Et la rivière est devenue un fleuve », euphémise-t-il.

« A un moment, j’ai souhaité qu’il meure pour que moi, je puisse continuer à vivre »

GILLES rose père de Karl

De ce fils, souffre-douleur au lycée à cause de son obésité, en guerre avec une mère étouffante, surdoué de l’informatique réfugié dans le virtuel et sa passion des armes, il explique qu’il n’était « pas bien depuis l’adolescence ». « Mais avec lui, on ne pouvait pas communiquer », se défend Gilles Rose, anticipant les reproches. Alors oui, assène-t-il très vite : « A un moment, j’ai souhaité qu’il meure pour que moi, je puisse continuer à vivre. »
A l’exact opposé d’une mère fragile qui expliquera, dans un long monologue introspectif, qu’elle se sent « responsable » au point d’avoir « l’impression de lui avoir mis le fusil à l’épaule », Gilles Rose, lui, élude. Les armes ? « J’étais un peu au courant », dit-il. « Je l’ai vu bricoler un pistolet, je l’ai mis dehors un mois et demi. » Les envies de meurtre ? « J’ai pris ça pour de la provocation. » Ses consultations Internet morbides et obsessionnelles ? « J’ignorais tout. » Tout juste glissera-t-il, et de mauvaise grâce, un maladroit « désolé pour ce contretemps » aux familles de victimes…

« Je voulais me venger des adultes »

« Je voulais me venger des adultes », avait détaillé Karl Rose au premier jour de son procès, esquissant enfin un mobile. Se venger des maltraitances de sa mère — qu’elle a niées hier, reconnaissant toutefois les « lacunes » de son éducation —, se venger des « saloperies » de son père, qu’il a publiquement accusé, lors de son procès pour détention d’armes il y a un mois, de lui avoir fait subir des violences sexuelles. Une hypothèse plausible selon la mère de Karl, qui a fait part hier de ses « gros doutes ». Aussi, lorsque Gilles Rose évoque une « petite enfance qui s’est plutôt bien passée », son fils explose : « Violeur de gosses ! Ça s’est plutôt bien passé, hein ? », s’étrangle-t-il, tordu de souffrance, en larmes.

« Je crois qu’il a perdu pied, et qu’il relève désormais de la psychiatrie »

lâche, plein de morgue, Gilles Rose. Questionné sur des contenus pédopornographiques sur son ordinateur, l’homme assure qu’il s’agissait d’un service rendu à un « vieux monsieur » de son immeuble. Passablement agacé, Gilles Rose ne cache plus son courroux. Revenant sur le jour des faits, Me Yannick Le Landais, l’un des avocats de Karl Rose, s’interroge : « Votre fils part en vous disant qu’il va se suicider, vous ne le rattrapez pas ? » « Pour lui dire quoi ? Ne va pas te tuer ? », s’emporte Gilles Rose. « Je vous souhaite bien du courage pour le défendre… » conclut-il, sans un regard pour son fils.

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