« Moi EDM, moche et méchant » Ou comment établir une stratégie sadique pour défendre Daniel Legrand acquitté d’Outreau ?

Logo Mediapart29 juin 2013 |  Par Caprouille

L’annonce du procès de Daniel Legrand, le plus jeune des acquittés de l’affaire d’Outreau semble susciter bien des réactions au sein des médias. Mais hélas, bien que le temps soit passé et qu’il y ait eu matière à comprendre que cette affaire était une vaste fumisterie au détriment des enfants qui ont été violés, torturés, prostitués et reconnus comme tels officiellement, les médias continuent à défendre ceux qui font fallacieusement le plus de bruit : la ligne de défense.
Ce snobisme intellectuel m’est de plus en plus indigeste.
Cette désinformation contraire à la déontologie journalistique m’est devenue insupportable.
Il est temps que de simples citoyens s’expriment et s’insurgent quand se sont des enfants qui une fois de plus se font étriper.
« Bedonnant, les yeux globuleux exorbités, le regard mortifiant, l’allure menaçante, vociférant à son accoutumée, mimant les actes qu’elle avait dénoncés,  Dupond-Moretti s’est avancé vers la petite fille venue dire les sévices sexuels qu’elle avait subi. La violence verbale et l’agression provoquée par le déplacement de l’Acquitator firent évanouir la petite victime. Personne n’a bronché »*
EDM
C’est ici toute la stratégie de défense de ses clients que déploie Dupond-Moretti quand il n’a aucun argument pénal à opposer aux enfants victimes ayant le courage de dénoncer leurs bourreaux.
Jouant de son physique ingrat et s’amusant à imposer le règne de la terreur, il se régale à défendre d’ignobles  monstres, fussent-ils les pires prédateurs, se délectant du massacre du jeune adversaire qu’il va sans motif de conscience crucifier au pilori.

C’est lâche et minable
Luc Frémiot, avocat général, a été à ma connaissance le seul à lui faire fermer publiquement son clapet à vomissures en lui assenant lors du procès en appel de Béatrice Mutis** :« Vous étiez un grand avocat, vous êtes devenu un petit accusateur public »
Dupond-Moretti n’a strictement aucun respect pour les enfants victimes, les accusant des pires maux, et même de ce qu’il pratique lui-même, disant page 71 de son livre « La bête noire » « qu’il revendique le droit des accusés au mensonge ». Il s’auto-proclamme professionnel du mensonge et il en est fier !
Les enfants dénonçant des crimes sexuels peuvent-ils mentir ? Les statistiques sont claires : 94 à 98 % des accusations de viols prétendues par des enfants sont entièrement vraies !
Parce que les allégations des enfants victimes ont besoin d’être validées par des experts, Dupond-Moretti s’en prend aussi aux professionnels, surtout aux plus compétents, afin que rien ne vienne entraver ses manœuvres sadiques. Il méprise le travail des experts désignés par la justice et impose son pseudo-psy Benssussan*** qui mériterait d’être sérieusement sanctionné pour avoir donné un avis médical concernant les enfants de l’affaire d’Outreau qu’il n’a jamais vu !

EDM et ses victimes
EDM et ses victimes © Alain-R

Lafontainte dénonçait déjà il y a quelques siècles la loi du plus fort.
Si rien n’a changé et si la moralité de la fable peut nous prêter à sourire – ou pas –, ici, la réalité devrait nous pousser à hurler d’effroi ou d’indignation en faveur de l’enfant broyé par le colosse tapageur.
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Vendredi 22 mai 2015 : Le procès de l’instruction Par Charlotte Piret

Logo-France-inter-liveEN DIRECT DE L’AUDIENCE – Pour la dernière journée de cette première semaine d’audience, la cour va entendre certains membres de la protection à l’enfance, dont la référente des familes d’accueil des enfants Delay. Dans l’après-midi, les temps forts seront les auditions du juge Fabrice Burgaud et de son greffier. Le juge d’instruction de l’affaire, bousculé à la barre lors des deux précédents procès, n’a pas voulu faire le déplacement à Rennes. Il sera entendu par visioconférence depuis le palais de justice de Paris.

Par Charlotte Piret, 18:31

L’instruction, rien que l’instruction

Sans doute est-ce que l’immense force du président Philippe Dary, celle d’avoir été lui-même juge d’instruction. Car on avait déjà vu Fabrice Burgaud répondre de son instruction dans l’affaire d’Outreau.
Il était venu en catastrophe, dûment escorté, s’expliquer devant la cour d’assises de Saint-Omer. Myriam Badaoui venait alors d’innocenter tous les accusés à l’exception de son mari et du couple David Delplanque et Aurélie Grenon. Face à l’immense émotion qui s’était emparée du dossier, face à la stupeur devant ces personnes en détention depuis des mois et qui clamaient leur innocence, le jeune Fabrice Burgaud avait opposé froideur et raideur judiciaire. Bien loin des excuses qu’espéraient de sa part ceux qui allaient être acquittés, il s’était accroché à son dossier d’instruction, défendant son travail acte par acte.
Des années après, on a revu le juge, filmé des heures durant, sous le feu des questions de la commission parlementaire chargé d’analyser un tel fiasco judiciaire. Là encore, devant l’hypermédiatisation de l’événement et l’émotion collective, Fabrice Burgaud n’a pas quitté un instant son costume de juge pour éventuellement en endosser un plus humain.
Cette fois, le président Philippe Dary a choisi de jouer sur son terrain : celui de l’instruction. Et là, il y a matière à déstabiliser le magistrat.
Les dates, tout d’abord. Elles sont inexistantes dans les faits reprochés à Daniel Legrand. « Comment peut-on se défendre face à des accusations qui ne sont pas marquées dans le temps ? » interroge le président.
« C’est difficile de demander à des enfants de 3 ou 5 ans », se justifie Fabrice Burgaud, « et les adultes étaient très désociabilisés. Je ne pense pas que c’était une particularité de ce dossier mais c’est sûr que c’est plus facile dans les dossiers financiers. »
Les albums photos présentés aux victimes, ensuite. Ils ne comprennent que des photos des personnes mises en cause.
« Vous avez raison, il aurait été souhaitable de panacher », concède l’ancien juge Burgaud.
– Alors pourquoi ne pas avoir demandé aux services de police de changer ces albums photos ? s’étonne le président.
– Je leur faisais confiance et vu le peu d’expérience qui était la mienne.
Et le président de poursuivre. Presque que comme un père réprimanderait son fils :
« Franchement monsieur Burgaud, trois fois l’adverbe « notamment » dans une ordonnance de mise en examen c’est quand même étonnant. De quoi est-on saisi ? Sur qui ? Les seuls noms cités sont les frères Delay et ce sont les seuls à qui on n’a jamais présenté la photo de Daniel Legrand. »

Par Charlotte Piret, 16:28

Quand on reparle du juge Burgaud

Il est clairement désigné comme LE responsable du fiasco judiciaire de l’affaire Outreau. Celui qui a bouclé une instruction en concluant à un réseau pédophile international, dont les membres présumés ont purgé des mois de détention provisoire. Avant qu’on voit deux procès acquitter treize des dix-sept accusés.
Lui, c’est bien sûr le juge Fabrice Burgaud. Tout jeune juge d’instruction à l’époque, fraîchement arrivé à Boulogne-sur-mer.
Aujourd’hui, pour ce troisième procès Outreau, la cour a d’abord entendu son greffier de l’époque. Fabrice Duval est alors, lui aussi, tout jeune dans la fonction. A peine une petite formation et le voilà propulsé dans le cabinet du juge d’instruction.
« Est-ce que vous vous êtes entendu avec le juge Burgaud pendant l’instruction ? », l’interroge le président.
Long soupir.
« Plus ou moins », lâche péniblement l’homme rondouillard, en pull gris et bleu, que l’on voit s’afficher sur l’écran géant destiné aux visioconférences. « Il était euh… enfin… euh… On n’était pas pareils quoi… »
Visiblement très mal à l’aise, Patrice Duval temporise. Mais les avocats de la défense lui rappellent ses propos devant la commission parlementaire chargée d’examiner ce fiasco judiciaire. A l’époque, le greffier qualifiait Fabrice Burgaud d’« assez distant, froid, ne faisant confiance à personne, enfermé dans son bureau », parlait d’une « attitude hautaine, méprisante, sans jamais un mot agréable encore moins d’encouragement ».
Sur l’écran géant, l’homme confirme d’un hochement de tête.
Me Julien Delarue, avocat de Daniel Legrand interroge alors :
« pendant cette affaire, il a été dit que vous étiez très atteint au point qu’on puisse vous retrouver en larmes près des photocopieurs ? »
Patrice Duval après un long silence : « Oui, c’est vrai »
« Est-ce que vous avez eu le sentiment de pouvoir un juge vous opposer au juge Burgaud ? »
Non, reconnaît le témoin.

Par Charlotte Piret, 14:19

« Une chronologie dramatique »

Rien ou presque. Quand les enquêteurs viennent perquisitionner au domicile de Myriam Badaoui et Thierry Delay, ils ne trouvent pas grand-chose de concluant. Des cassettes pornographiques, des objets sexuels. Mais rien qui ne permette de prouver des sévices sexuels sur leurs enfants. Aucune de ces vidéos tournées pendant les viols dont les fils Delay ont parlé.
Nous sommes alors le 20 février 2001. Cela fait plusieurs mois que les enfants Delay ont commencé à raconter à leurs familles d’accueil respectives ces viols et maltraitances dont ils sont victimes. Et cela fait même près de deux mois que leurs parents sont au courant de ces accusations.
Car bien que placés, les enfants Delay, continuaient à rendre visite à leurs parents. C’est d’ailleurs la perspective de quelques jours en famille à l’occasion des vacances de la Toussaint qui va provoquer les premières paroles de Dimitri. Alors, lorsque les services sociaux prennent connaissance de ces terribles déclarations, il faut bien suspendre le droit de visite et d’hébergement des parents Delay.
C’est ainsi que par une lettre du juge des enfants, obligatoirement motivée, les parents Delay apprennent qu’ils sont mis en cause pour viols. En deux mois ou presque, souligne Me Patrice Reviron à l’audience, ils auront tout le temps de faire disparaître les éventuelles preuves.
Le président ne peut que constater : « c’est vrai que c’est une chronologie dramatique ».

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