Le choix délibéré d’experts judiciaires incompétents avec pour conséquence: la protection des pédophiles

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Collectif féministe de soutien aux mères et aux enfants victimes du patriarcat
Par Guillaume Leroy
5 janvier 2013
Les juges choisissent souvent des experts judiciaires incompétents pour expertiser les affaires de pédophilie. Faisant cela, ils protègent les pédophiles.
Il leur arrive aussi de choisir un expert compétent en matière de pédophilie (abus sexuels sur enfants perpétrés par un adulte), parfois le plus célèbre. Mais les juges savent que cet expert va déléguer l’expertise à un expert incompétent.
On est donc en droit de se demander s’il n’existe pas une véritable complicité entre les juges et les experts pour protéger les pédophiles.

Le vernis de compétence sur les expertises incompétentes

La seconde situation est particulièrement perverse, car le juge pourra affirmer qu’il n’y a pas de problème puisque l’expert incompétent (B) sera en principe supervisé par l’expert compétent (A).
L’expertise incompétente aura par conséquent un beau vernis de compétence.
Mais la réalité est tout autre. Et les juges et les experts compétents (A) ne peuvent l’ignorer :
– L’expert incompétent (B) ne sera pas capable de repérer les signes d’abus sexuels sur enfant et sera immédiatement instrumentalisé par le pédophile (voir les explications plus loin dans l’article),
– il rapportera donc à l’expert compétent (A) qui le supervise des matériaux dans lesquels les abus sexuels sur enfants n’apparaitront pas,
– l’expert compétent pourra ainsi dire en toute sincérité : il n’y a rien, ce sont de fausses allégations.

La cécité et l’instrumentalisation des experts incompétents

Un expert compétent et expérimenté en matière de pédophilie possède plusieurs qualités incontournables :
– la capacité à repérer les signes d’abus sexuels sur enfants (demande une grande connaissance de la question),
– la capacité à repérer les processus de violence (la pédophilie est une violence envers l’enfant),
– la capacité à repérer les pathologies associées à cette violence (perversion narcissique, sociopathie, etc.),
– la capacité à ne pas se laisser instrumentaliser par l’abuseur présumé.

Si l’expert n’est pas très expérimenté dans ces domaines, il ne verra rien (atteint de cécité) et sera immédiatement instrumentalisé par l’abuseur.

Un expert instrumentalisé se met au service du pédophile

Tout professionnel chevronné sait que l’instrumentalisation est le plus grand risque lorsque l’on travaille avec des abuseurs.
Dans le cas de l’instrumentalisation d’un expert, il y aura alors aménagement des matériaux de l’expertise au profit du pédophile :
– refus de voir les preuves,
– banalisation voire disparition des éléments se rapportant aux abus sexuels sur enfants,
– instrumentalisation de l’enfant pendant les entretiens,
– pathologisation de la personne qui dénonce les faits, etc.

Comment ne pas se laisser instrumentaliser par un abuseur

Pour ne pas se laisser instrumentaliser, l’expert chevronné appliquera un cadre très strict qu’il maintiendra coûte que coûte, de manière très précise.
S’il sent qu’il commence à avoir une propension à sortir du cadre et  à s’acharner sur l’une des parties, il ira en parler à son superviseur. Tous deux auront conscience que ce professionnel est probablement en présence d’un abuseur. Ils travailleront donc sur cet axe.
Ce travail conjoint avec son superviseur fera immédiatement sortir le professionnel de son contre-transfert (voir ci-dessous), puisqu’il aura conscience qu’il est instrumentalisé par un potentiel abuseur. Cela change complètement sa façon de le percevoir.
Il sera alors à nouveau capable d’appliquer son cadre et de travailler en toute impartialité.

L’arme des abuseurs : le contre-transfert

La sortie du cadre et la propension d’un professionnel à s’acharner contre l’une des parties est le signe d’un contre-transfert. Et les abuseurs savent particulièrement bien provoquer un contre-transfert (de l’émotionnel) chez autrui.
Le contre-transfert est une résonance émotionnelle entre l’affaire et le vécu du professionnel. Cette résonance lui fait perdre sa capacité à être présent de manière impartiale. Son état émotionnel prend le dessus et lui fait perdre toute lucidité.
Un professionnel en plein contre-transfert n’est donc plus en état de travailler et doit aller immédiatement en supervision, voire se faire retirer le dossier si le contre-transfert persiste (sorties de cadre et acharnement contre une partie).
Le travail sur le contre-transfert est l’un des axes fondamental de la supervision. Malheureusement, un professionnel incompétent et inexpérimenté n’aura pas conscience de son contre-transfert et n’en parlera donc pas à son superviseur.
Ce professionnel présentera alors l’affaire à son superviseur avec un vernis d’impartialité, afin de protéger le pédophile et le superviseur risque de ne rien voir.
Il peut aussi arriver, comme c’est le cas avec les experts judiciaires, que cela arrange les superviseurs de ne rien voir et qu’ils laissent faire, voire deviennent complices des sorties de cadre et de l’acharnement contre l’une des parties.

L’instrumentalisation des professionnels : signe de la présence d’un abuseur

Pour les professionnels chevronnés, l’instrumentalisation des professionnels est un moyen de repérer un abuseur.
Une instrumentalisation se détecte très facilement avec les sorties de cadre et l’acharnement envers l’une des parties.
Un professionnel instrumentalisé devrait immédiatement aller en supervision, voire se faire retirer le dossier, car il n’est plus en état de travailler. En effet, les sorties de cadre et l’acharnement vont engendrer une succession de procédés anti-déontologiques voire illégaux :
– non-respect du cadre,
– changement de stratégie,
– refus de voir des preuves,
– confusion, flou,
– récolte partiale des matériaux de l’expertise,
– collusion ouverte avec l’une des parties,
– etc.
Le problème avec les experts judiciaires incompétents, c’est qu’ils sont incapables de repérer leur contre-transfert qui est à l’origine de tout cela. Ils ne vont donc pas en parler à leur superviseur et le superviseur se garde bien de les interpeler sur le contre-transfert.
Donc ces experts incompétents vont conserver le dossier et protéger l’abuseur (en l’occurrence, un pédophile) coûte que coûte (au lieu de maintenir coûte que coûte le cadre comme c’est leur rôle).

L’incompétence et l’inexpérience des experts judiciaires

La plupart des experts judiciaires sélectionnés sont de jeunes diplômés qui n’ont aucune expérience dans le domaine de la maltraitance et des abus sexuels, encore moins dans le domaine de la pédophilie.
D’autre part, les experts judiciaires sont la plupart du temps des professionnels de l’enfance. Comment un professionnel de l’enfance peut-il expertiser un adulte, de plus un présumé pédophile ?
Seul un professionnel travaillant avec des adultes, très compétent et expérimenté en matière de pédocriminalité peut expertiser un présumé pédophile. Avec tout autre expert, il y aura incapacité à repérer les signes et instrumentalisation de l’expert (comme décrit plus haut).

Les experts judiciaires sont quasiment tous adeptes de la théorie pro-pédophile du Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP)

Un autre facteur aggravant qui explique cette complicité avec les pédophiles, c’est qu’au cours de leur cursus, tous les experts judiciaires ont été biberonnés à la théorie pro-pédophile du Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP).
En Suisse où la situation est particulièrement préoccupante (dans ce pays, aucune voix de professionnel ne s’élève contre cette théorie du SAP), l’institut qui forme les experts judiciaires se nomme IUKB (institut universitaire Kurt Bosch). Cet institut est dirigé par le chantre suisse du SAP (Dr Philip Jaffé) qui fait régulièrement appel au grand propagateur du SAP (Van Gijseghem) pour intervenir dans les formations. Voir la partie qui concerne l’IUKB et le Dr Jaffé dans l’article : Comment les masculinistes et pro-pères ont pris la tête de la protection de l’enfance
Cette théorie créée par Richard Gardner, un pro-pédophile notoire, prétend que l’essentiel des dénonciations d’abus sexuels sur enfants seraient de fausses allégations. A cause de cette théorie, lorsqu’il aura dénonciation de pédophilie intra-familiale, les experts judiciaires considèreront systématiquement cette dénonciation comme un simple conflit de couple. Pour eux, il n’y a rien. C’est leur a priori de départ.
Pourtant, le SAP est une théorie non-scientifique rejetée par la communauté scientifique internationale. Voir l’article : La communauté scientifique internationale s’oppose au Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP) : instances etprofessionnels
Comme par hasard, cette théorie pro-pédophile est utilisée exclusivement par la magistrature et la protection de l’enfance. Voir l’article : Comment la magistrature en est-elle venue à adopter la théorie pro-pédophile du Syndrome d’AliénationParentale (SAP) ?
Cette théorie très contestée est d’ailleurs taboue : elle n’est que rarement nommée clairement et les professionnels n’osent dire qu’ils adhèrent au SAP. Cette théorie du SAP créée par un pro-pédophile (un abuseur) est elle-même une instrumentalisation massive de tout un domaine professionnel (la profession de l’enfance) puisqu’elle touche les professionnels dans leur contre-transfert, à savoir : la haine et le mépris des mères, véhiculés dans l’imaginaire collectif par Freud et le patriarcat. Voir l’article : Un concept psychologique paranoïaque va entrer dans la loi pour sanctionner des parents au civil et au pénal
Alors que le SAP est en toile de fond des évaluations des assistants sociaux, des expertises judiciaires et des jugements, il n’est que rarement nommé : on parle le plus souvent de fausses allégations, de lavage de cerveau, etc.  Ces informations cachées qui imprègnent tout mais ne sont jamais nommées sont typiques des processus pervers.

La magistrate Martine Bouillon

En 1997, la magistrate Martine Bouillon écrit un livre pour dénoncer la loi du silence en matière de pédophilie : « Viol d’anges, pédophilie, un magistrat contre la loi du silence » Lien sur le livre.
Peu après la sortie de ce livre, Martine Bouillon a été sanctionnée. Le 27 mars 1999, Martine Bouillon participe à une émission présentée par Elise Lucet sur France 3 sur le thème « Reportage : viols collectifs, cérémonies sordides, drogues, sacrifices, tortures, charniers d’enfants en France. Le lendemain de cette émission, Martine Bouillon est mutée en province par un magistrat qui sera plus tard suspecté de pédocriminalité.

Voici le texte sur le site de France 3 :

Martine Bouillon, la substitut du procureur de Bobigny, qui révèle en direct sur le plateau TV l’existence en Région Parisienne de CHARNIERS D’ENFANTS, a été muté en province (Amiens) par le Conseil Supérieur de la Magistrature (dans lequel siège le Président de la République …) le lendemain matin même de la projection tardive du documentaire (!!!). Sous le prétexte d' » atteinte à la délicatesse  » (?!). Le Haut Magistrat qui lui a assigné l’ordre de mutation a été mis en examen par la suite pour pédopornographie, mais a été blanchi (!!!). M.B. se refuse désormais à tout commentaire sur cette affaire déclarant seulement qu’elle a « des personnes à protéger ». Reportage de France 3

La mystification Outreau

L’affaire Outreau est une belle démonstration de la manière dont la magistrature protège les pédophiles.
La psychologue Marie-Christine Gryson est l’un des experts de l’affaire Outreau. Depuis 2006, elle mène un combat pour que cette mystification soit enfin reconnue. Voici un article dans lequel elle résume son action : Le film « Outreau l’autre vérité »: la sixième étape sur la démystification d’Outreau
Dans un premier temps, des experts (dont Marie-Christine Gryson) ont reconnu la gravité des abus sexuels sur les enfants. Puis un nouvel expert a été nommé. Sans avoir entendu les enfants, ce nouvel expert a conclu qu’il ne s’agissait que de fausses allégations. Suite à cela les accusés ont été acquittés et les experts expérimentés qui avaient reconnu les actes de pédophilie discrédités et ridiculisés.
Le 2 janvier dernier (2013), le journal Le Point a publié un article sur l’enquête que mène le journaliste d’investigation Jacques Thomet (ex rédacteur en chef de l’AFP) sur l’affaire Outreau : Affaire Outreau : l’étrange déposition de Chérif Delay
De nombreux ouvrages, articles et films existent sur ce thème de la mystification d’Outreau:
– le cinéaste et auteur Serge Garde, son film « Outreau, l’autre vérité » et co-auteur de livre de Chérif Delay « Je suis debout. L’aîné des enfants d’Outreau sort du silence »,
– le journaliste Jacques Thomet, ses articles sur Blog de Jacques Thomet et son livre « Les Dracula d’Outreau »),
– Ceri (son Blog de Ceri alias Donde Vamos),
– Marie Christine Gryson, son ouvrage remarquable « Outreau la vérité abusée » Outreau la vérité abusée, son site La vérité abusée, son Blog Mediapart
Pour lire l’article, cliquez sur l’image du collectif féministe

Rapport d’examen psychologique de Daniel Legrand par Michel Emize

Ordonnance de : Monsieur Burgaud, en date du 26 novembre 2001
Affaire : Legrand Daniel
Dossier n° : 3/01/7
Personne examinée : Monsieur Daniel Legrand (fils)
Faits : Monsieur Daniel Legrand est mis en examen du chef de : viols sur mineurs de quinze ans ; agressions sexuelles sur mineurs de quinze ans ; enregistrement et diffusion d’images pornographiques de mineurs.

Je soussigné, Michel Emirze, Psychologue diplômé de la faculté, expert près la cour d’Appel de Douai, commis par une ordonnance de Monsieur Burgaud, Juge d’Instruction, au tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer , aux fins de procéder à l’examen psychologique de Monsieur Daniel Legrand, certifie avoir accompli personnellement ma mission, à la maison d’arrêt de Loos, le 18 janvier 2002 et avoir consigné ci-dessous les résultats de mes investigations.

Mission :
1° — procéder à l’examen de personnalité et de comportement de Monsieur Daniel Legrand

2° — dire si ce sujet présente des troubles ou déficiences physiques ou psychiques susceptibles d’influencer son comportement.
• présente-t-il les traits de personnalité d’un abuseur sexuel ?
• présente-t-il des tendances homosexuelles ?
• présente-t-il des tendances perverses ?
• peut-on considérer qu’au moment des faits il présentait un état de manque au point de vue des relations sexuelles ou affectives ?
• s’agit-il d’un sujet potentiellement violent ?
• quel est son sens affectif vis-à-vis des enfants ? Perçoit-t-il les enfants comme des sujets comme des objets ?
• s’agit-il d’une personne influençable ou d’un sujet ayant pu avoir un rôle de leader dans la commission des faits qui lui sont reprochés ?
• le sujet a-t-il pu être influencé et entraîné dans la commission des faits par son père Daniel Legrand né le 4 août 52 ?

Vous préciserez quel rapport le sujet a avec son père ? (Loyauté ou non)
• quel rôle de la dynamique de groupe a-t-elle pu jouer dans la commission des faits

3° — dire si les troubles ou déficiences constatés rendent nécessaire une mesure de protection, de sauvegarde ou de rééducation particulière, un traitement, des soins spéciaux ou s’ils comportent des contre-indications professionnelles ou autres.
• quel est son sens moral ?
• perçoit-t-il la gravité des faits qui lui sont reprochés ?
• les regrette-t-il le cas échéant ?
• y a-t-il un risque de récidive ?
• faut-il, à l’avenir, éviter toutes relations duelles avec les mineurs ?

4° — déterminer son quotient intellectuel à l’aide de tout test utile dont vous expliquerez brièvement la présentation et objectifs.

5° — faire toutes autres observations à la manifestation de la vérité.

En particulier, le sujet présente-t-il des traits de comportement laissant penser qu’il a pu être lui-même victime de ce genre d’agissements (abus sexuels) dans son enfance ou son adolescence ?

Protocole : l’examen psychologique de monsieur Daniel Legrand, a comporté un examen clinique, un examen psychométrique (le test de la WAIS-R) et un examen projectif (le test de Rorschach)

Biographie et entretien clinique
Au cours de cet entretien, Monsieur Daniel Legrand, âgé de 20 ans, se montre coopérant.
Nous n’avons pas noté de troubles du discours, du cours de la pensée ou de la vigilance.
La thymie peu syntone, se module peu aux modifications du climat de l’entretien chez ce sujet à l’expression émotionnelle réduite, présentant un certain détachement affectif.
Il fait état d’une certaine anxiété qui l’a amené à prendre un anxiolytique qui avait été prescrit à sa mère.
Il exclut toutefois dans ses antécédents toutes tendances dépressives ou suicidaires.
Sil exclut toute consommation abusive d’alcool, il reconnaît une addiction au shit depuis l’âge de quinze ans et l’héroïne qu’il prend en snif, depuis deux ans.
Il évoque d’ailleurs quelques phénomènes de manque à type de douleurs dorsales et de sensations de froid.

Il est le troisième des cinq enfants issus de l’union de ses parents qu’il décrit comme relativement harmonieuse.
Il dépeint de bonnes relations avec sa mère, comme avec son père. Il décrit ce dernier comme un homme strict, ce qu’il estime normal.

M. Daniel Legrand interrompit sa scolarité à l’âge de 16 ans en classe de troisième. Il reconnaît qu’il n’avait aucune appétence pour la scolarité.
Il n’a pas donné suite aux contrats d’apprentissage qu’il avait envisagé d’entreprendre, puis il bénéficiera d’un contrat de qualification à l’âge de dix-neuf ans qu’il mena à son terme jusqu’en mars 2001.
Il devait, nous dit-il, entreprendre un apprentissage, mais n’a pas trouvé de lieu de stage.
Il occupe essentiellement ses loisirs par la pêche et le football qu’il pratique en club.
Le week-end il sort en boite avec ses amis et reconnaît y boire des alcools, forts, ce qui lui permet de lever ses inhibitions.

M. Daniel Legrand nous assure ne jamais avoir été abusé sexuellement.
Il nous précise, en dehors des faits constitutifs de cette procédure n’avoir jamais entretenu de relations sexuelles. Il a déjà connu des flirts mais présente une certaine inhibition vis-à-vis des jeunes filles de son âge.
Il a essayé une seule fois d’avoir une relation sexuelle avec une jeune fille rencontrée en boite, mais il faut sujet à une défaillance qu’il explique par son alcoolisation.
Il s’adonne régulièrement à l’onanisme. Ses fantasmes masturbatoires s’appuient sur des jeunes filles ou des jeunes femmes qu’il connait.

Les faits :
Monsieur Daniel Legrand reconnaît avoir violé les enfants et avoir été témoin du meurtre d’une fillette. Il explique ses actes essentiellement par l’attrait de l’argent et exclut toute attirance pédophile.
Il décrit une réelle organisation dans la réalisation de films pornographiques. Il y avait des relations entre adultes, entre adultes et enfants. Les femmes présentes lors de ces tournages avaient également pour fonction de l’exciter sexuellement lorsqu’il était en difficulté avec les enfants.
C’est ainsi qu’il déclare : « j’ai violé des enfants… C’est arrivé chez Delay, chez Myriam et Thierry, c’est des amis que j’ai connus à l’âge de quinze ans quand j’allais chercher mon shit à Outreau, j’atterrissais chez eux. J’ai fait ça pour l’argent, on m’a proposé de faire ça pour de l’argent et moi j’ai accepté, c’est Thierry Delay… Je touchais, 300, 400 jusqu’à 600 F, souvent j’avais du shit avec…
(?) J’ai eu des relations sexuelles avec les femmes, ça m’est arrivé avec Aurélie Grenon, ça s’est passé plus ou moins bien, ça a été. C’était quand il se passait ça… Les femmes pénétraient les enfants avec des godes, on faisait l’amour avec des adultes. On était filmés, des fois on me demandait de filmer…
(?) J’ai fait ça de 15 ans à 19 ans, j’ai arrêté vers l’an 2000 parce que j’en avais marre… (?) Les enfants je les violais, il y avait les femmes qui étaient là pour nous masturber, on me mettait bien en jambe, avec les femmes qui étaient présentes, Myriam et ses copines… des fois on étaient dix ou quinze…
(?) Les enfants criaient, ils hurlaient (?) A cette époque je fumais mon shit, je prenais pas encore d’héro… Thierry il a tué la fillette avec ses mains parce qu’elle hurlait et il a pas supporté, j’étais présent au moment où il l’a fait…
(?) Mon père, je l’ai jamais vu là-bas, lui ça a toujours été son boulot, sa famille, rien de plus… Mon père, c’est peut-être de la vengeance qu’ils veulent faire sur moi, parce que j’étais pas de leur quartier ».

M. Daniel Legrand explique ses actes par l’attrait de l’argent facile. Il ne s’agissait pas pour lui, nous assure-t-il, d’argent destiné à sa consommation de drogue.
S’il émet des regrets, ceux-ci ne sont toutefois pas élaborés en réel sentiment de culpabilité : « je regrette c’est sûr de les avoir fréquentés, je ne peux plus revenir en arrière, c’est fait, c’est fait, je m’excuse envers les victimes, c’est clair… (comment vivez-vous avec cela ?) Des jours c’est pas facile, sinon ça va. A part cette histoire-là, je suis quelqu’un de bien, de super agréable » commente-t-il.

En détention, il a rencontré une seule fois le psychiatre. Il n’a pas honoré le second rendez-vous qui lui avait été fixé car au cours de cette consultation, il n’avait pas été en mesure d’élaborer un lien thérapeutique.

Examen psychométrique (cf. annexe)
Le test de la WAIS-R détermine un quotient intellectuel situant le sujet das la zone statistique de la débilité mentale légère.
Ce niveau intellectuel déterminé psychométriquement peut-être toutefois considéré comme sous-évaluéed en raison du manque d’application du sujet dans l’épreuve. Il est en effet peu apte à l’effort intellectuel et abandonne rapidement devant la difficulté.
La pensée demeure très attachée à la réalité concrète.

Examen projectif (cf. annexe)
Le test de Rorschach met en évidence une personnalité anxieuse et défensive.
Il apparait un certain détachement affectif chez ce sujet à la personnalité peu structurée, aux mécanismes de défense défaillants pour contenir les émergences pulsionnelles.
Nous relevons des difficultés devant les deux planches parentales auxquelles le sujet ne pourra fournir de réponse. La planche maternelle sera d’ailleurs rejetée en fin d’épreuve.
Il apparait donc des difficultés non résolues avec les images parentales auxquelles le sujet ne nous donne pas toutefois accès au cours de l’examen clinique.
Nous relevons, à la planche sexuelle, une intrication entre les pulsions agressives et les pulsions sexuelles.
Nous ne relevons pas toutefois de réponses sexuelles inadaptées.

Discussion-conclusion

1° — L’examen psychologique de M. Daniel Legrand ne met pas en évidence de troubles psychopathologiques structurés patents.
1° — L’examen psychologique de M. Daniel Legrand n’a pas mis en évidence de troubles psychiques de nature à perturber ses capacités d’adaptation.
Nous relevons dans la personnalité de M. Daniel Legrand un certain nombre des traits que nous rencontrons dans le profil des abuseurs sexuels : l’immaturité affective, le fonctionnement égocentrique de l’affectivité, l’intrication des pulsions agressives et sexuelles et la défaillance du sens moral.
Nous n’avons pas relevé de tendances homosexuelles ou de tendances perverses.
Au moment des faits nous ne pouvons considérer que Monsieur Daniel Legrand était en situation de manque en ce qui concerne les relations affectives ou sexuelles. Soulignons toutefois les difficultés avec les images parentales mises en évidence par l’examen projectif.
Il ne peut être considéré comme un sujet violent ou dangereux d’un point de vue psychopathologique.
Vis-à-vis des enfants, il manifeste une certaine indifférence affective. A l’occasion des faits, il a élaboré avec les enfants une relation utilitaire, les utilisant comme objet.
Au moment de la commission des faits, il avait quinze ans, il pouvait donc être influençable devant des adultes plus structurés que lui. Il n’était pas dans une relation de leader avec les adultes concernés.
Monsieur Daniel Legrand nous assure que son père n’a pas participé aux faits auxquels il a lui-même participé.
Il manifeste une certaine loyauté vis-à-vis de son père, qui est toutefois du registre du normal.
Les faits auxquels il a participé témoignent d’une grave carence dans la structuration à a morale, pouvant avoir pour origine des défaillances sérieuses dans les repères familiaux. Monsieur Daniel Legrand ne nous donne pas toutefois accès à ces carences au cours de l’examen clinique.
A son sujet la dynamique de groupe a pu jouer un rôle facilitateur en diluant le surmoi, en levant les inhibitions, en abaissant le sens moral et les capacités d’autocritique.

3 — Les éléments qui se dégagent de cet examen psychologique ne constituent pas une indication à l’instauration d’une mesure de protection ou de sauvegarde.
Le sens moral de ce sujet qui perçoit la gravité des actes qui lui sont reprochés, est défaillant.
Il émet quelques regrets qui demeurent encore infantiles et ne sont pas structurés en réels sentiments de culpabilité.
Le détachement affectif du sujet et la défaillance de son sens moral sont ici des éléments qui nous amènent à une certaine réserve sur le plan du pronostic. Il est de ce fait contre-indiqué qu’il puisse être en contact avec des mineurs pouvant être placés sous sa responsabilité.

4° — L’examen psychométrique détermine un quotient intellectuel performance situant le sujet dans la zone statistique de la débilité mentale légère. Ce niveau peut être considéré comme sous-évalué compte tenu du manque d’implication du sujet et de sa passivité.

5° — Nous n’avons pas relevé d’éléments pouvant nous donner à pense qu’il ait pu être victime d’abus sexuels pendant son enfance ou son adolescence.

Dunkerque, le 19 janvier 2002
Michel Emirze

Rapport aveux DLF