Ajoutée le 9 juin 2015
Ambiance tendue sur le parvis du Parlement de Rennes. Ce passage fait suite aux déclarations de Daniel Legrand après son acquittement. Vous constaterez d’ailleurs les signes de victoires qu’il adresse à ses « copains ». On profite des déclarations de Me Julien DELARUE pour poser nos propres questions, à savoir, entre autres, qu’en est-il des aveux de Daniel Legrand ? Vous ne manquerait pas de constater qu’ils ne nous répondent que par des insultes, d’abord par Me VIGIER, ensuite par Me DELARUE et la cerise sur le gâteau, par Daniel Legrand ! Ou parler de diffamations et de calomnies! Sans compter les nombreux « ta gueule », etc qu’on entend pas ici. On a agacé tout le monde avec nos questions, regardez les 2 d’Europe 1 juste devant moi et le petit jeune de BFM en face, on peut clairement lire le mépris sur leurs visages… #PourNosEnfants ! INFORMONS-NOUS !
Outreau, procès Legrand, affaires sensibles. Outreau – par Jacques DELIVRé
Assister au procès de Daniel Legrand devant les Assises de Rennes est instructif. Consulter ensuite la Presse, écouter la Radio et les commentateurs, regarder les informations télévisées l’est encore plus, car cela permet de mesurer la très importante et inquiétante distorsion qui existe entre les deux expériences et les deux types de discours.
Nous sommes confrontés, en effet, d’une part à une réalité tangible, directe et de visu(comme ce fut le cas pour nombre de citoyens présents à ce procès et qui avaient quelques doutes sur la neutralité de la couverture médiatique) et, d’autre part, à la déclinaison plus ou moins adroite et réussie d’un argumentaire qui semble préétabli et à la récitation ad nauseam d’un nombre très important d’éléments de langage. Argumentation utilisant pour ce faire toute la palette des techniques de la rhétorique argumentative : implicite, contre-vérités, vérités d’évidence (truismes), images (plus ou moins heureuse et délicates), connotations fortes, figures de rhétorique (répétitions, amplifications, hyperboles,…) ironie (voire méchanceté), vocabulaire valorisant/ dévalorisant selon les cas, arguments d’autorité, faux syllogismes, attaques ad hominem, utilisation massive des techniques de la persuasion plus que celles de la conviction rationnelle (la persuasion utilisant les arguments émotionnels davantage que les arguments logiques), registres du discours allant essentiellement du polémique au tragique, en s’attardant sur le pathétique ; et, très fréquemment, insultes qui constituent, comme on le sait, le degré zéro du débat démocratique. Enfin, l’argumentation vire parfois au non-sens, comme nous le verrons. Mais, toujours, les mêmes procédés tournent en boucle, se répètent inlassablement, comme dictés (souvenons-nous du nuage de Tchernobyl qui avait précautionneusement évité, par francophilie sans doute, de franchir les frontières du pays). s’auto-alimentent quels que soient les médias avec une constance qui force le respect.
Je propose ici de m’appuyer sur l’analyse rapide d’échantillons significatifs, empruntés au discours des médias ; sur quelques passages d’un ouvrage qui fut un succès de librairie et qui demeure essentiel dans cette affaire (en raison notamment de la personnalité de son auteur), et sur des prélèvements du verbatim des témoins de la Défense de Daniel Legrand, et du verbatim de Daniel Legrand lui-même. Auparavant, il conviendra cependant de revenir succinctement sur l’intéressant témoignage du Dr. Marc Melen, témoin de la Défense, psychologue dont la formation universitaire se fit en Belgique.
Petite leçon de choses sur le mensonge, les faux-souvenirs et le témoignage.
Le Docteur Marc Melen, par un curieux phénomène de mise en abîme involontaire, nous livre d’abord – dans un prétoire où « ça ment » énormément par rapport aux réalités purement factuelles de l’histoire-une petite leçon sur la mémoire et le mensonge. Il nous apprend, par exemple, que l’on peut mentir « par omission » ; que le mensonge peut être un « jeu » ( «Tu racontes vraiment n’importe quoi !… Mais non, j’rigole ! ») et que le mensonge peut être « actif », c’est-à-dire volontaire. Nous apprenons ainsi, grâce à son expertise, que le mensonge existe chez les enfants (ce que sait n’importe quel parent). Il ne nous dit malheureusement rien du mensonge adulte, autrement plus construit et difficile à confondre, ce qui nous aurait vivement intéressé (sans parler du mensonge du pervers narcissique, le plus souvent quasi indétectable). Au passage, l’Avocat Général Stéphane Cantero fait, publiquement et tout sourire, la promotion de l’ouvrage de M. Melen, « ouvrage que tout magistrat devrait lire », même si le livre date d’une vingtaine d’années !…
Concernant les « faux souvenirs », ce professionnel nous précise qu’ils existent bel et bien, mais que la difficulté réside quand même dans le fait qu’il est impossible, sans un autre témoignage extérieur (qui confirmerait ou infirmerait), de savoir si un souvenir est « vrai » ou « faux ». Il va de soi que les « faux-souvenirs », lorsqu’ils sont « implantés » restent exception et correspondent à des techniques de manipulation utilisées par les Services Secrets, notamment américains (mais ça, ce n’est pas lui qui le dit, mais moi). Ces techniques célèbres de manipulation mentale (« lavage de cerveau ») du type MISE (Money, Ideology, Sex and Ego), utilisées pendant la Guerre Froide, et du type MK-Ultra (années 50/70) qui s’accompagnaient de prise de sédatifs, d’antidépresseurs et de psychotropes divers, furent abandonnées par la CIA. Ajoutons que le fameux « False Memory Syndrome » fut opportunément inventé par le mathématicien américain Peter Fryed en 1991, après qu’il eut été accusé par sa propre fille Jennifer d’abus sexuels…
En résumé, sauf à imaginer que les tatas et les nounous aient pu discrètement effectuer des stages dans les laboratoires de la CIA au temps de la Guerre Froide, on voit mal comment elles auraient pu « implanter » ou même « induire » de façon si générale et concordante des « faux-souvenirs » dans la mémoire des jeunes enfants dont elles avaient la charge…
On peut dès lors se demander si ce docte exposé du Dr. Melen n’a pas pour fonction première de brouiller les pistes conduisant à une quelconque « vérité » factuelle et rationnelle… Cette technique d’enfumage viendrait alors s’ajouter à d’autres techniques que nous évoquerons plus tard. Le Dr. Melen dira par la suite deux mots du témoignage humain, fragile par nature et peu fiable… Là aussi, enfoncement de portes ouvertes : les enquêteurs, même apprentis, le savent ; ainsi que les étudiants en journalisme et, tout particulièrement, les Universitaires qui travaillent, en Histoire Contemporaine, à partir de témoignages (Par exemple, Annette Wievorka dans L’Ere du Témoin publié en 2002 ou L’heure d’Exactitude ; Histoire, Mémoire, témoignage paru en 2011).
La littérature et la Presse : analyse rapide de quelques prélèvements symptomatiques.
Un des livres qui a sans aucun doute le plus influencé la décision d’acquittement (Paris, 2005) des condamnés de Saint-Omer (2004) fut, avec celui du « journaliste » belge Huercano-Hidalgo (d’ailleurs témoin de la Défense au Procès de Rennes) écrit avec René-Philippe Dawant (Sexe, Mensonges et Vérités), le « Reportage » de Florence Aubenas intitulé La Méprise. L’intention d’écrire un livre avait, semble-t-il, été prise après le verdict de Saint-Omer, mais Florence Aubenas fut enlevée en Irak, apparemment dans le cadre de son travail journalistique, comme on le sait. Libérée en juin 2005 par les services de la DGSE (renseignement Wikipédia), elle s’attela rapidement à la tâche. Après avoir consulté les 30000 pages du dossier d’Instruction (c’est elle qui l’affirme), elle parvint à boucler son livre de façon chronologiquement invraisemblable fin septembre, de manière à le voir sur les rayons des librairies début octobre, soit trois mois avant le Procès en appel de Paris…
L’ouvrage a déjà été décrypté par le Magistrat Michel Gasteau, puis sur les blogs de Médiapart, par Yves Moalic et Jacques Cuvillier. Outre les contre-vérités manifestes jamais corrigées (pour ne pas dire les mensonges « actifs », comme cette histoire répétée une trentaine de fois du fameux box des accusés où il n’y avait aucun accusé), ce qui peut nous intéresser ici est la très forte charge connotative et volontaire de certains passages. Qu’on en juge une fois de plus : Au début du chapitre 4, les policiers pénètrent dans l’immeuble de la Tour du Renard pour procéder à des arrestations : « Uniformes au petit matin », « bruits de godillots » (anachronisme délibéré), « femmes échevelées qui traînent des enfants endormis vers des camionnettes », « rafle », « grande rafle » (ce dernier terme sera distillé savamment tout au long du reportage une dizaine de fois). Plus loin, au chapitre 13 : « Le dossier compte à présent 150 noms en tout, abuseurs et abusés confondus, des classes entières, des lambeaux de familles, des hommes, des femmes, des gamins. Un vague d’audition des enfants est décidée, la seconde après la rafle de mars 2001 ». Dans ce morceau d’anthologie, Florence Aubenas se donne beaucoup de mal pour nous dire que ce n’est pas bien d’arrêter des pédocriminels présumés et de tâcher de protéger des enfants en les soustrayant à des adultes présumés abuseurs… Ce glissement insidieux et malhonnête du discours vers un événement traumatique national connu de tous et déshonorante pour la France (La Rafle du Vel’d’Hiv’), l’implicite qui le sous tend (policiers collaborateurs) et la forte charge connotative et émotionnelle qu’il supporte (population conduite vers Drancy puis vers les camps de la mort nazis), permettent dès lors de se rapprocher (sans toutefois l’atteindre vraiment) du point Godwin qui permet de clore toute discussion. N’oublions pas, d’ailleurs, que le Juge Burgaud fut traité d’« Eichman », (par Libération je crois)…
Autour du rayonnant soleil Aubenas, gravitèrent, avec plus ou moins de fortune et de talent, quelques menus satellites, comme par exemple Outreau, paroles d’acquités (sic), visiblement écrit dans une absolue urgence dysorthographique, on ne sait trop pourquoi (Éditions Scali, 2008). A cette époque, en tout cas, alors que de très nombreux enfants avaient été victimes de sévices épouvantables, le produit « Outreau » se vendait encore bien.
Quant au « journaliste » belge Huercano-Hidalgo, dont les activités sont multiples et surprenantes, son ouvrage, publié lui-aussi avant l’Appel de Paris, va exactement dans la même direction, celle d’un acquittement pour « erreur judiciaire »… A l’audience de Rennes, suite à une question très précise d’un avocat de la partie civile, le « journaliste » déclara, pour justifier ses interprétations très tendancieuses du cas Legrand : « Mais enfin, ce livre, c’est aussi de la littérature ! »… L’argument imparable qui consiste à mélanger constamment vrai et faux, fiction et réalité, avait déjà été utilisé pour le film de Vincent Garencq Présumé Innocent, inspiré du livre de l’huissier Marécaux qui fut, comme on sait, conseiller durant le tournage. Devant les critiques (On y voit par exemple la petite bande des accusés dans le box), le réalisateur déclara : « Mais c’est une fiction ! »… Bien étrange fiction, où les personnages portent les noms des protagonistes réels et où la ressemblance physique a été particulièrement recherchée…
La Presse écrite n’est pas en reste et se précipite avec célérité dans la même direction (ne parlons pas des chaînes de télévision). Les journalistes semblent s’être donné le mot : pas une tête ne dépasse, de Libération au Monde, en passant par Le Figaro, et la presse régionale unanime (Voix du Nord, Ouest-France, Bien Public, etc.), jusqu’au magazine comme L’express, Le Point, Marianne, et même Détective! Il n’est pas question ici de revenir en détails sur l’analyse précise de ces articles (ce pourrait être l’objet d’une thèse), mais un certain nombre d’invariants apparaissent pourtant : Une adhésion générale, unanime, massive et sans faille à la version officielle de l’erreur judiciaire du siècle.
– Un procès aux Assises de Rennes considéré comme inutile, procès de trop, absurde, avec un dossier vide (sic).
– Une charge extrêmement violente et très inquiétante dans un État démocratique contre celles et ceux qui soutiennent les enfants et croient à la vérité des faits dont ces derniers témoignent depuis si longtemps et font un remarquable travail de réinformation et de contradictoire, indispensable au bon fonctionnement d’une société libre.
– Une évolution récente et très timide (comme du bout des lèvres) dans la façon de parler des enfants Delay, reconnus victimes avec huit autres. Ces petits « menteurs » un peu diaboliques de l’époque, génétiquement mythomanes par leur mère (Myriam Badaoui) et forcément violents par leur père, au moins pour Dimitri, Jonathan et Dylan, le plus jeune de la fratrie, deviennent des jeunes gens plus perdus et égarés que menteurs, même si des voix particulièrement infectes ont laissé entendre qu’ils faisaient tout ça pour du « fric ». Comme l’a affirmé l’Avocat Général Stéphane Cantero de façon condescendante : « Soit vous mentez, soit vous dites vrai, soit vous mentez sans le faire exprès »… (Où l’on voit, finalement, que les propos de l’Avocat Général ont ôté les mots de la bouche aux Dupond-Moretti et autres Delarue et Berton, et leur ont permis, au moment d’une plaidoirie déjà opérée, de faire des économies de salive…).
Florilège :
Le terme « fiasco » a rencontré et rencontre toujours un énorme succès, ainsi que l’expression de « Tchernobyl judiciaire », de « tsunami », de « Titanic », de «fol océan» sous la plume un instant poétique de Stéphane Durand-Soufflant du Figaro, qui a toujours voulu, tout comme Aubenas, se démarquer stylistiquement de ses petits camarades moins doués que lui. Tout ceci ressemble à une sorte de concours des formules les plus percutantes.
Les experts en prennent, comme toujours, pour leur grade : « Experts jamais expertisés » (Propos de comptoir de M.Perraud de Médiapart, et dangereusement anti-intellectuel). L’experte psychologue Marie-Christine Gryson (qui a expertisé les enfants Delay) est la cible la plus attaquée. Maurice Berger, pédopsychiatre et psychanalyste, se croit obligé de répondre à des bassesses du genre « pseudo-sachant ». Stéphane Durand-Soufflant du Figaro se permet même des obscénités à son égard à propos du fameux test de la « patte noire »(Le Figaro).
Les termes valorisants ne s’appliquent qu’au même camp, celui de la Défense. L’ouvrage de Florence Aubenas est qualifié de « remarquable » (Antoine Perraud). En revanche, les dévalorisants sont pléthore et se déversent en tombereaux pour qualifier les soutiens des jeunes Delay : « Falsificateurs de la mémoire judiciaire »,« révisionnistes »(Gros succès pour cet élément de langage à la lourde connotation), « complotistes » (clin d’œil à la mouvance néo-national-socialiste Soral et Cie…), « exaltés jusquauboutistes » (sous la plume de Durand-Soufflant le plus souvent), « clique », « distillant leur venin » (emprunté à l’aimable Maître Hubert Delarue), « défenseurs autoproclamés de l’enfance piétinée » (A.Perraud),« fanatiques constitués en association cachant leur rage de voir tomber des têtes » (bigre, M.Perraud !), « associations surchauffées »… (A.Perraud, décidément toujours calme et très en verve). « Activistes d’une obscure association supplétive des révisionnistes judiciaires, poignée d’énergumènes habités par la théorie du complot pédo-maçonnique » (Stéphane Durand-Soufflant) ; « Un petit groupe de militants plus hétéroclite que nombreux (…). Pêle-mêle, des conspirationnistes d’extrême droite, des associations pour enfants, des allumés du missel, des journalistes ou des déçus de la justice y rêvent bruyamment de revanche » (Le Monde, F. Aubenas dans son article : « Trois semaines dans l’ombre des révisionnistes », auquel renvoie d’ailleurs le dernier article de la rédaction de Médiapart, sans autre commentaire).
Antoine Perraud se livrera d’ailleurs, encore sur Médiapart, à un très curieux rapprochement dont le lecteur pensera ce qu’il voudra. Outre que Perraud qualifie Badaoui de « délatrice » (sic), il ajoute (dans son article La Mascarade d’Outreau) : « Chez Roussel (gendarme qui enquêta dans la fameuse affaire Alègre) comme chez Burgaud, collecteurs complaisants, la parole des femmes à terre et en larme ne peut-être que vérité » (propos qui font froid dans le dos : les lectrices apprécieront).
Pour finir, un article symptomatique non signé du quotidien régional Le Bien Public (28/5/15). Le chapeau de l’article : « Mme Badaoui, mère des victimes (…), affabulatrice (…) a disculpé Daniel Legrand et a sévèrement mis en cause le juge Burgaud » (sic). Plus loin : « Loin des revirements qui avaient pesés sur les deux mois du premier procès (Saint-Omer, 2004), elle a cette fois totalement disculpé Daniel Legrand » (resic). Enfin : « M.Badaoui a ponctué son témoignage d’une formule : « Quand tu seras grand (à Jonathan, 21 ans), j’espère que tu prendras conscience (sage conseil d’une mère qui a violé ses propres enfants) parce que le mensonge détruit mais ne construit pas »… De la part d’une « mythomane », « menteuse », « affabulatrice », comme tous les médias la qualifièrent à l’époque,… c’est intéressant. Question, toutefois : le journaliste anonyme a-t-il, par la même occasion, perdu tout bon sens, ou emprunte-t-il sans sourciller le boulevard tracé par les « grandes plumes » journalistiques ?…
Moralité : les médias manquent de subtilité et, à se comporter ainsi, traitent l’affaire Legrand exactement de la même manière que les affaires dites « sensibles »…
Techniques d’évitement et éléments de langage dans le discours des témoins de la Défense
Sans rentrer dans les détails, rappelons quelques techniques ordinaires et banales d’évitement, à l’œuvre particulièrement aux Assises de Rennes. Outre les mensonges « actifs » aux questions embarrassantes, le témoin de la Défense auditionné a le choix entre plusieurs possibilités (qui peuvent d’ailleurs se combiner aisément):
– Il se tait et… attend.
– Il a des trous de mémoire, parfois abyssaux.
– Il pleure (spécialité de Sandrine Lavier, Karine Duchochois, Myriam Badaoui, Odile Polvèche (ex-épouse Marécaux) qui hurle aussi, on ne sait trop pourquoi, puisqu’elle est acquittée et n’est entendue ici que comme simple témoin ; Alain Marécaux, spécialiste virtuose des prestations lacrymogènes, mais qui s’arrête soudainement quand il a quitté le prétoire).
– Il hausse le ton, se scandalise, gouaille et fait de l’ironie, voire de l’humour, pour amuser la galerie (spécialité de l’abbé Dominique Wiel, qui déplace constamment la question posée, contourne et biaise, répond sans répondre : technique jésuitique).
– Il ne comprend pas la question et se la fait reformuler plusieurs fois.
– Il n’a pas entendu la question (Wiel).
Remarque : On a constaté le même type de comportement mémoriel (intempestif ou bienvenu) chez Jean-Jacques Zimhelt, à l’époque Procureur Général auprès de la Cour d’Appel de Douai, qui ne se souvient plus très bien (« Je crois, je pense, je ne sais plus ») s’il a informé sa hiérarchie de la décision très exceptionnelle et jamais vue (selon lui) de ne pas audiencer le dossier Legrand minorité… Tout au plus, lâche-t-il qu’il devait s’agir à l’époque d’une question d’«ordre public » !… Il aurait fallu demander au bon Dr. Melen des explications sur tous ces étranges phénomènes…
Plus symptomatique encore est l’épidémie collective de « récitation » dans les propos des témoins de la Défense, avec quelques variantes dues au style, à l’humeur et au tempérament de chacun. En voici quelques exemples :
Pour désigner les détentions et le procès de Saint-Omer(2004):« cauchemar, enfer, immense gâchis, fiasco (élément de langage « réussi », utilisé tant et plus par les journalistes, les politiques, de façon concomitante).
Pour parler des acquittés: « broyés, souffrance, colère, incompréhension, vies brisées, destin brisé (variante), réputations ruinées, abîmés à vie, que ça finisse, impossible d’oublier. Ça peut vous arriver à tous ; acharnement, médicaments, dépression, sombrer dans, cicatrices indélébiles, histoire de fous, vivre avec, se reconstruire, etc. » (Rien encore, bien entendu, pour les douze enfants reconnus officiellement victimes, dont certains ont été violés dès l’âge de quatre ans et, vraisemblablement, encore plus tôt.)
Pour qualifier le couple Delay-Badaoui: « voisins normaux, rien de spécial, rien à dire, rien remarqué de particulier ou de bizarre, rien…
Chez Daniel legrand lui-même, en circuit fermé: « J’comprends pas, j’le connais pas c’type là, j’l’ai jamais vu, jamais allé à Outreau, j’ai raconté n’importe quoi, j’ai menti(à l’époque des aveux), c’est n’importe quoi, j’m’en souviens pas, c’est des délires, des conneries tout ça, etc. (On remarquera ici un changement de « niveau de langue »).
Pour parler des enfants Delay, un élément de langage nouveau : «Ils ont beaucoup souffert, c’est terrible ce qui leur est arrivé, etc (élément langagier jamais encore utilisé, mais repris par les témoins de la Défense, par exemple le Dr.Leclerc et l’infirmière Lepers. Ce nouvel élément de langage se retrouvera simultanément et de façon concomitante aussi dans la plupart des médias).
Remarque technique : Au moment des auditions publiques des témoins de la Défense, faire pleurer les gens sur le sort de ses propres enfants est toujours bienvenu (Marécaux, Polvèche, Duchochois, Sandrine Lavier : le registre utilisé devient « pathétique », voire tragique : « Burgaud a tué maman »…). Une mention toute particulière est à décerner à Sandrine Lavier, entendue par visioconférence. Elle sanglote en évoquant sa fille et déclare, profitant de l’immunité que les lieux lui confèrent, et dont les enfants Delay n’ont pas bénéficié, sauf Dimitri : « Ma fille a été reconnue victime, mais c’est faux, elle n’a jamais été violée à l’époque, elle était toujours avec moi ». Et Sandrine de pleurer : « Je veux retrouver ma fille !… » (celle-ci a aujourd’hui 19 ans et ne semble pas tout-à-fait d’accord avec la version maternelle).
En revanche, lorsqu’il s’agit des condamnés de Saint-Omer, outre le cas très spécial Badaoui, à savoir : Thierry Delay, Aurélie Grenon et David Delplanque, le discours change quelque peu de tonalité et de contenu. Certes, ils sont tous là pour innocenter Daniel Legrand, mais, alors qu’ils sont censés raconter les mêmes évènements, ils disent des choses particulières.
Ainsi, en est-il pour la description de l’appartement des Delay-Badaoui et de ce qui s’y passe. Pour Aurélie Grenon, témoin de la Défense, les « partouzes » qui se déroulaient dans l’appartement se passaient ainsi : les volets sont fermés, tout le monde est nu; les enfants aussi, qui crient et courent dans tous les sens, tandis que coule l’alcool et que tournent en boucle des vidéos pornographiques, dans un vacarme indescriptible… Un saladier de préservatifs est posé sur un meuble.
Dans la bouche d’autres témoins, acquittés ceux-là, le même appartement se métamorphose de façon quasi schizophrénique : l’ambiance y est calme et normale. On s’y invite entre voisins de l’immeuble pour se rendre de menus services, prendre des nouvelles des uns et des autres, autour d’un « café » (élément de langage récurrent, alors que Thierry Delay est un alcoolique notoire). On s’y adonne, pour passer le temps, au jeu bien innocent du « nain jaune », en sirotant son breuvage le petit doigt en l’air, et en causant tranquillement des derniers petits potins du quartier, tandis que les enfants jouent tranquillement dans leur chambre… L’abbé Wiel, voisin de palier, n’a absolument rien vu ni entendu de particulier. Il est vrai qu’il est un peu sourd et que l’immeuble est bien insonorisé…
Pour résumer : des coupables condamnés qui disent une chose et qui sont crus par tout le monde… Des acquittés qui parlent de la même chose en disant exactement le contraire, et qui sont crus aussi…
Voilà ! Chère lectrice, cher lecteur, faites votre miel de tout cela..+.
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