BMP – Défi n° 5 – Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?

BMP – Défi n° 5 – Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?

Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?

Alphonse de LAMARTINE, 1790 – 1869, Milly ou la terre natale


Pour ce 5ème défi, je vous propose de vous intéresser aux objets qui vous entourent et peuplent votre quotidien de confinés.
A quel(s) objets êtes-vous attachés ? Que disent-ils de vous ? Quelles histoires racontent-ils ? Quels souvenirs vous évoquent-ils ? Quel rapport entretenez-vous avec eux ? Ordre, désordre ? Et si les objets pouvaient parler, que diraient-ils ? Et s’ils se transformaient ?

Cadavre exquis, nature morte, ready made, sculpture, peinture, dessin, collage, récit, poésie, chanson, photo, photomontage… comme d’habitude, toutes les médiations sont les bienvenues.


Après réflexion, j’ai choisi de dessiner, un pinceau, un crayon, un verre, un taille-crayon, un cahier le « pense bête ».
Ce sont des objets qui pour moi, sont importants et qui m’accompagnent chaque jour. Ils peuplent mon quotidien.
Ce sont des objets qui font partie de mon bien-être et qui prennent place tous les jours dans la pièce principale, ils sont là pas toujours rangés, mais ils restent toujours dans mon coin dessin sur la table blanche rectangulaire.
Ces objets m’aident à mettre en valeur sur une feuille, des formes, une histoire, un instant présent. Je rajouterai que le pinceau a une âme, qui se montre dès qu’il se met en mouvement, quand il prend son envol sur ma feuille et quand il se met à faire danser les couleurs. Il donne la vie.
Si les objets pouvaient parler ils me diraient de ne pas les laisser sur le côté, qu’ils sont des chefs d’orchestre pour faire apparaître des nouvelles naissances. Un peu comme une équipe. Pour le pinceau, j’écrirais que c’est une longue histoire qui est née.
Maintenant comment je pourrai mettre en valeur ces matériaux ?
J’avais cette idée de jouer avec les ombres, mais aussi j’avais en tête l’image d’une sorte de nature morte, qui je trouve, apporte dans une composition une beauté à part. C’est le côté sans couleur qui me plaisait et qui m’attirait fortement en ce jour.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Même si je voulais jouer avec les ombres, un peu en 3D ce n’était pas suffisant. Je devais trouver un petit truc en plus.
En attendant que le petit “truc” se déclenche dans ma tête, j’ai dessiné les premiers objets : le verre, le taille crayon, le cahier. Puis le pinceau et puis un stylo.
Ce n’est qu’après avoir posé mon esquisse sur le chevalet et l’avoir observée de loin que mon idée a pris forme.
Pourquoi est-ce que je ne dessinerai pas cette petite déformation, une réfraction que l’on peut voir quand une forme est dans l’eau. J’apporterais cette impression que mon pinceau est coupé en deux, comme mon crayon.
Maintenant mon idée était bien présente, je devais finir de la dessiner sur ma feuille.
Puis je suis passée aux couleurs.
J’ai commencé en mettant mes couleurs sur le verre, et en faisant apparaître cet effet d’optique, cette réfraction. Comme je ne le percevais pas trop sur ma feuille, j’ai pris le dessin en photo pour le reprendre si nécessaire. J’avançais à petits pas, mais cela me semblait bien, j’ai donc continué ma création en mettant des couleurs et des nuances sur le cahier et j’ai terminé par le taille-crayon. En jouant avec les dégradés de gris et les ombres.
Ma « nature morte » était là sur ma feuille enfin pour moi, avec juste une petite pointe de couleur légère.
C’était une première, de faire apparaître une composition de cette façon. Même si je n’étais pas sûre de moi, j’ai passé un bon nomment avec mes crayons et avec mon idée.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, 3B, 6B, feutre noir et de couleur, rouge, orange.

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

Mon éternelle question est là. Suis-je dans le défi demandé ? Pour moi oui, mais c’est un tout petit oui, un peu timide.
Mais je ne regrette pas d’avoir essayé, et d’avoir passé un moment de détente à dessiner. J’en ai besoin.

BMP – Tu connais une personne et le lendemain elle n’est plus là

BMP – Tu connais une personne et le lendemain elle n’est plus là
Tu voudrais alors juste ne pas oublier… Ce que tu aimerais, ce serait l’aider à revenir, l’aider à respirer. Mais voilà, elle est partie pour un nouveau voyage. Ses pas ne seront plus là, la fragile musique de sa vie s’est envolée. Il ne restera en toi que les souvenirs, ta panoplie de couleurs et ses parfums.
Toi, tu es partie. Dans ma tête c’est le silence qui hurle et des larmes. Tu t’es fait rattrapée par ce coronavirus, mais moi je ne veux pas te laisser partir.
Cette crise sanitaire fait extrêmement souffrir, ce coronavirus détruit des belles âmes que tu connais, et toi tu es là impuissante et à vouloir retenir les personnes que tu aimes et tu apprécies, et tu ne veux rien d’autre que les retenir.
Mes mots sont morts en moi, alors je vais prendre mon pinceau et garder ce silence, ces hurlements, ces larmes qui ont pris possession de mon cerveau.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Il y avait cette envie de mettre plein de couleurs dans tous les sens, des couleurs partout sur ma feuille. J’avais cette envie de faire “vivre”, de ne rien laisser partir dans un mouvement de néant. Profiter de ce moment et que rien ne puisse venir me l’enlever, me l’arracher sans que mon cerveau ne parte en miettes.
Voilà ce que je voulais retranscrire dans toutes les couleurs.
Un visage, les yeux fermés et qui se laisse envahir par ces beaux moment de la vie.
Ces moments, cette âme que je ne veux pas laisser partir dans cet espèce de néant, ou tout va disparaître à jamais. Un sans retour.
Pour moi, en ce moment, c’est ce qui est le plus dur à accepter. Le sans retour, la fin de l’existence, l’inexistence.
Une fois le visage terminé et recouvert de couleurs, j’ai eu envie d’ajouter juste une larme, une larme unique et ce sentiment d’être noyée, le fait que rien ne disparaisse.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, peinture aquarelle.

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

Je voudrais arrêter le temps, faire que cela ne soit pas arrivé, que cela n’aie pas existé. Elle est là, je l’entends.
Le deuil, son deuil est invisible pendant cette crise sanitaire du coronavirus : Covid-19