BMP – Une main sur la tête

BMP – Une main sur la tête
J’apprécie beaucoup de travailler avec le crayon gel roller blanc. J’ai découvert d’autres tons, mais pour l’instant, c’est le blanc qui me plaît le plus. Il ressort une extrême finesse du tracé et même une légèreté. Quand je vois apparaître les traits blancs sur ma feuille, je me sens captivée par le mouvement, il y a quelque chose d’apaisant, je me suis laissée surprendre par ce nouveau crayon, mais là, c’est dans une façon toute en douceur. Ce matin, j’avais bien envie de continuer à me servir de ce médium et c’est ce que j’ai fait.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

J’avais déjà fait quelque chose dans ce style, le titre était : « se replier, la tête dans les mains ». Dans cette création, c’était la posture du corps qui nous emmenait dans le calme. Quand une création ancienne me parle beaucoup dans ma tête, je pense que je peux la faire grandir en mouvement.

Pour ma nouvelle création de ce jour, l’idée était d’en changer le mouvement, mais aussi le médium. Je me servirais donc de ce crayon gel roller, mais aussi d’un autre support. D’ailleurs en parlant de support, j’ai choisi une feuille cartonnée légèrement gondolée dans son motif et de couleur verte. Puis comme mon mal de tête perdure, je me suis dis que la couleur blanche pouvait aider.
Pour dessiner mon ébauche, je ne choisirai pas le côté gondolé, car même si je fais attention il est très facile de faire un trou. Je choisirai donc l’autre face. C’est sur cette face que je commence à faire apparaître la forme du corps au crayon à papier HB puis je repasse dessus avec un crayon de couleur blanche. Ainsi mon ébauche se voit beaucoup mieux. Je ne garde pas tout à fait la même position du corps de la première production ; ce n’était pas le but. Mais je change la position des mains. L’une est sur la tête, l’autre sera complètement cachée sous la tête. Je souhaite retrouver cette paix et cette douceur grâce à ce mouvement de mon crayon blanc gel, qui me donne cette impression de fil de broderie.
Mon esquisse terminée, je commence alors à faire apparaître mes premiers traits blancs sur ce corps, mais aussi sur ce nouveau support de couleur verte. Ma curiosité était d’observer, le mouvement d’une éventuelle harmonie de ces deux mélanges, la couleur blanche de mon stylo gel et le support vert.
Lors de l’apparition de mes premiers traits, je me voyais broder un corps. C’était comme une découverte sans fin. Il n’y avait aucune agressivité. La couleur blanche me faisait penser à un linge blanc humide que l’on déposerait pour rafraîchir un corps fatigué. Plus je faisais apparaître des traits, plus je me sentais comme dans un cocon de douceur où rien ne pouvait pénétrer. En fait je me sentais rassurée dans ma tête, je ne voulais que le temps passé à réaliser cette composition ne s’arrête, sauf que le corps avait trouvé son manteau, je venais donc de terminer !
La couleur du support nous rend la couleur blanche plus dans un vert. Mais en regardant de loin ma production, je trouvais qu’il manquait un fond pour accompagner ma forme repliée dans le bien-être et la couleur de ce support. J’ai donc eu l’idée de me servir d’un crayon métallique d’un ton vert, ce qui a permis de faire apparaître une finition apaisante. Cette couleur me donnait l’envie d’aller me reposer ce qui n’est pas du tout normal pour moi.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Production conçue sur une feuille verte de format 35 X 25 cm  J’ai utilisé un crayon à papier HB, comme média, un stylo gel roller blanc et un crayon métallique au ton vert. Une règle.

Que ressentez-vous face à votre production ?

Je regarde ma production finie, je me suis dit que je pourrais encore trouver de nouvelles idée pour travailler avec ce crayon blanc. Dans ma tête, je ne me sens pas mal. Le plaisir de créer est toujours présent de même qu’être à la recherche de nouvelles idées.

BMP – Une tête en morceaux et dans le brouillard

BMP – Une tête en morceaux et dans le brouillard
Je dessine, car dessiner est pour moi une aide. Par moment c’est même mieux que de mettre des mots, car quand je suis mal, je me perds dans les mots, je reprends alors ce que j’ai écrit encore et encore et l’angoisse monte encore plus.
Je montrerai par un dessin, le vécu qui est le mien quand je me trouve dans le brouillard, à cause d’un mal de tête. Car ce n’est pas seulement le visuel, mais le sonore ; tout prend des proportions dans les sons, les bruits y compris les voix des personnes, jusqu’au bruit de la fourchette. Tout résonne en moi, part en morceaux et je me retrouve dans le brouillard. Le but  de ce travail était donc de faire diminuer la pression qui était la mienne.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Je voulais me centrer sur les idées suivantes : cela part en morceau, et c’est dans le brouillard. Donc dessiner un visage dans lequel des morceaux apparaîtront, signifiera que ma tête vole en éclats à cause de tous ces changements concernant l’augmentation des sons et bruits divers, liés à ce mal de tête. Une fois ma composition terminée je rajouterai le brouillard.
J’ai donc commencé par dessiner sur ma feuille, le visage, avec deux mains qui le tiennent, visage prolongé par le haut d’un corps. Je souhaitais que cette production puisse faire s’exprimer la douleur, il fallait qu’elle se colle à cette feuille, qu’elle y reste emprisonnée, et qu’elle soit moins présente dans ma tête. Une fois mon ébauche terminée, j’avais cette pulsion de déposer de la couleur, pourtant j’ai mal dans mes articulations et la douleur me freinait, mais il fallait de la couleur.
Je me suis donc laissée entraîner par son mouvement. À chaque fois que je déposais une nouvelle couleur sur ma feuille, je me disais : « allez, tu as moins mal Béatrice ! Allez, dépose un autre morceau coloré avec ton pinceau et tu auras de moins en moins mal ». Il faut essayer de parler à son cerveau mais d’une façon douce et positive, même si, par moment, je sens celui-ci se recroqueviller dans une espèce de boule qui, à la longue, n’a plus aucune forme. Je sentais une ébauche de sourire, apparaître sur mes lèvres, le mouvement du sourire revenait doucement. Ma douleur dans ma tête était toujours là, mais elle avait changé, elle me tapait moins dans les tempes. J’avais l’impression de respirer un air plus frais et moins lourd.
Une fois le manteau de couleur fini, j’ai rajouté autour de cette tête le brouillard avec du pastel sec.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. J’ai utilisé un crayon à papier HB, comme médium de la peinture aquarelle et des feutres à pointes fines pour les finitions.

Que ressentez-vous face à votre production ?

J’observe ma production, le sourire est toujours là, il est fragile, mais il est là ! Ma douleur est moins forte, en fait quand je dessine ma douleur, je m’amuse car c’est une façon pour moi de lui dire, « tu ne m’auras pas » ! Mais derrière cet amusement se trouve du sérieux, car le but est aussi dire à ceux qui souffrent : « voilà, vous prenez vos crayons, votre peinture et vous déposez sur votre feuille ce qui vous travaille dans votre tête. Ce geste est important, car il permet à la longue, petit à petit, de faire naître un autre mouvement positif et apaisant et c’est ça le mieux ! »