BMP – Transcrire une tension interne par une main crispée

BMP – Transcrire une tension interne par une main crispée
Parfois on prend son crayon parce qu’à l’intérieur de soi, on se sent fatigué agacé énervé, épuisé etc…
Ce qui est bien en art-thérapie c’est de pouvoir dessiner tout ce qui est ressenti. Ce n’est pas une forme que l’on imprime et sur laquelle on met des couleurs. Non ce n’est pas un cahier de coloriage, c’est bien autre chose. C’est d’ailleurs cela que j’explique avec mon groupe d’atelier d’arts plastiques. Alors aujourd’hui, je vais exprimer par une forme ce que je ressens en moi, en particulier ce qui a trait à la fatigue.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse  ?

Dans ma tête, j’avais envie de dessiner une main crispée. Rigide. La deuxième. Elle doit saisir, serrer quelque chose de fort entre ses doigts. J’avais pensé à un cœur. Pourquoi un cœur ? Je me dis que quand on se sent dans cet état de fatigue, c’est le cœur qui va en prendre un coup. Pas le cerveau, parce que lui, il est complètement embrouillé. Mais comme le cerveau n’est pas absent, je le représenterai sous la forme d’une tête avec plein d’yeux, des yeux qui cherchent à observer pour se sentir rassurée.
Quand on se sent mal, on a besoin d’être rassuré. Il y aura aussi une bouche.
Voilà mon esquisse est faite : tout ce qui me semblait important est là.
manifestaient fortement. J’ai ensuite rajouté un petit peu de marron. D’office, il ne me fallait pas de couleurs vives et gaies. Dès que j’y pensais je sentais une angoisse. Je me sentais serrée à l’intérieur, comme si j’avais rétréci et du coup mon cœur avait plus de place pour battre. C’est une impression très désagréable. Quelques finitions ont été faites aux feutres.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Création conçue sur une feuille de format de 36 x 46 cm. Médium un crayon HB, de la peinture aquarelle, feutres à pointes fines. Du pastel sec.

Que ressentez-vous devant votre création  ?

Je suis en sueur, pourtant dans ma tête, je me sens plus apaisée. Je ris parce que je me dis que cet agacement ressort par cette sueur. Je ne veux pas recherche l’émotion esthétique dans mes compostions. Ce qui m’intéresse ce matin, c’est de déposer sur ma feuille ce qui m’oppressait et ce qui m’agaçait. En réfléchissant, je me disais que quand ça ne se passe pas toujours comme on le veut, alors ça nous travaille dans le cerveau. Peut-être aussi dans notre corps. Cela déborde moins dans ma tête.

BMP – Une main sur la tête

BMP – Une main sur la tête
J’apprécie beaucoup de travailler avec le crayon gel roller blanc. J’ai découvert d’autres tons, mais pour l’instant, c’est le blanc qui me plaît le plus. Il ressort une extrême finesse du tracé et même une légèreté. Quand je vois apparaître les traits blancs sur ma feuille, je me sens captivée par le mouvement, il y a quelque chose d’apaisant, je me suis laissée surprendre par ce nouveau crayon, mais là, c’est dans une façon toute en douceur. Ce matin, j’avais bien envie de continuer à me servir de ce médium et c’est ce que j’ai fait.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

J’avais déjà fait quelque chose dans ce style, le titre était : « se replier, la tête dans les mains ». Dans cette création, c’était la posture du corps qui nous emmenait dans le calme. Quand une création ancienne me parle beaucoup dans ma tête, je pense que je peux la faire grandir en mouvement.

Pour ma nouvelle création de ce jour, l’idée était d’en changer le mouvement, mais aussi le médium. Je me servirais donc de ce crayon gel roller, mais aussi d’un autre support. D’ailleurs en parlant de support, j’ai choisi une feuille cartonnée légèrement gondolée dans son motif et de couleur verte. Puis comme mon mal de tête perdure, je me suis dis que la couleur blanche pouvait aider.
Pour dessiner mon ébauche, je ne choisirai pas le côté gondolé, car même si je fais attention il est très facile de faire un trou. Je choisirai donc l’autre face. C’est sur cette face que je commence à faire apparaître la forme du corps au crayon à papier HB puis je repasse dessus avec un crayon de couleur blanche. Ainsi mon ébauche se voit beaucoup mieux. Je ne garde pas tout à fait la même position du corps de la première production ; ce n’était pas le but. Mais je change la position des mains. L’une est sur la tête, l’autre sera complètement cachée sous la tête. Je souhaite retrouver cette paix et cette douceur grâce à ce mouvement de mon crayon blanc gel, qui me donne cette impression de fil de broderie.
Mon esquisse terminée, je commence alors à faire apparaître mes premiers traits blancs sur ce corps, mais aussi sur ce nouveau support de couleur verte. Ma curiosité était d’observer, le mouvement d’une éventuelle harmonie de ces deux mélanges, la couleur blanche de mon stylo gel et le support vert.
Lors de l’apparition de mes premiers traits, je me voyais broder un corps. C’était comme une découverte sans fin. Il n’y avait aucune agressivité. La couleur blanche me faisait penser à un linge blanc humide que l’on déposerait pour rafraîchir un corps fatigué. Plus je faisais apparaître des traits, plus je me sentais comme dans un cocon de douceur où rien ne pouvait pénétrer. En fait je me sentais rassurée dans ma tête, je ne voulais que le temps passé à réaliser cette composition ne s’arrête, sauf que le corps avait trouvé son manteau, je venais donc de terminer !
La couleur du support nous rend la couleur blanche plus dans un vert. Mais en regardant de loin ma production, je trouvais qu’il manquait un fond pour accompagner ma forme repliée dans le bien-être et la couleur de ce support. J’ai donc eu l’idée de me servir d’un crayon métallique d’un ton vert, ce qui a permis de faire apparaître une finition apaisante. Cette couleur me donnait l’envie d’aller me reposer ce qui n’est pas du tout normal pour moi.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Production conçue sur une feuille verte de format 35 X 25 cm  J’ai utilisé un crayon à papier HB, comme média, un stylo gel roller blanc et un crayon métallique au ton vert. Une règle.

Que ressentez-vous face à votre production ?

Je regarde ma production finie, je me suis dit que je pourrais encore trouver de nouvelles idée pour travailler avec ce crayon blanc. Dans ma tête, je ne me sens pas mal. Le plaisir de créer est toujours présent de même qu’être à la recherche de nouvelles idées.