BMP – 2/ Les personnes migrantes jouent au foot


Ah le sacré moment : le foot !
Ah ça je peux assurer que le foot avec les personnes migrantes c’est quelque chose ! Ça voltige, ça se bouscule, ça se chamaille, mais attention tout cela c’est fait dans les règles de l’art. Les règles c’est les règles et on a plutôt pas intérêt de passer à côté. Le tout mélangé avec des rires et de la bonne humeur, le tout enrobé de blagues.
On perçoit bien que toutes ces personnes apprécient les jeux d’équipes, et le sport. Tout comme elles aiment la compétition.
Je trouve que c’est aussi important de voir toutes ces personnes, de les observer et de faire plus connaissance dans une autre ambiance et en dehors des ateliers de français et de peinture. Car je me suis rendue compte qu’elles étaient plus détendues et qu’avec moins de pressions, les personnes s’ouvrent plus et avec moins d’inquiétude et de crainte.
Donc comme ce souvenir de cet après-midi de foot a été un bon souvenir, je me suis dit que j’allais en faire un dessin, pour en garder une trace. Mais aussi pouvoir partager avec eux, pouvoir revenir sur ce moment.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Je souhaitais faire un dessin à ma façon, ce que je veux dire, je ne voulais pas faire un copié collé d’un terrain de foot tout ordinaire, trouvé sur Internet. Je me suis inspirée un peu des photos que j’avais prises sur place, ce jour-là en jouant avec les formes des personnes et les ombres.
Le but était de laisser une trace de cet après-midi de foot, riche en partage, lié à cette bonne humeur des personnes, de ces divers mouvements qui donnaient vie.
Pour concrétiser mon esquisse, j’ai avant tout positionné mes ombres qui ont des formes de personnes, leurs reflets. Une fois celles-ci dessinées, j’ai commencé par donner vie à ce terrain de foot en dessinant les personnages dans différentes positions, aussi bien sur le terrain que dans leurs attitudes du corps. Et sans oublier le ballon.
Pour le manteau de couleur, il en est de même : j’ai fait un peu ce qui apparaissait sur les photos et le reste est ma touche personnelle.
A la fin ; tout à la fin, j’ai mis une légère nuance pour la couleur du sol.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm
Crayons graphic 7B, 3B, 6B
Feutres, aquarelle et crayons de couleurs

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

En observant mon dessin, je me suis fait cette réflexion que celui-ci était le plus parlant des trois dessins que j’avais préparé pour l’exposition. Il est mis en valeur : je parle de ce super moment que j’ai pu partager avec ces personnes, avec leur bonne humeur, leurs sourires et avec les divers échanges. J’ai vraiment aimé laisser de cet après-midi une empreinte, une force de vivre, de profiter et d’avancer, mais aussi d’apprendre, tout ce que dégagent toutes ces personnes migrantes en fait partie.

BMP – 1/ L’atelier dessin-peinture avec les personnes migrantes


Lors des ateliers, j’ai pu observer que chaque personne prenaient plaisir à faire apparaître chaque détail dans son dessin. Ainsi la peinture leur permet de mettre en lumière les sentiments, les feutres pour souligner un détail.
Tout comme j’ai remarqué que les formes utilisées sont principalement géométriques, déterminées, finies, rarement vagues ou incertaines. Ils utilisent donc régulièrement la règle preuve. Ils sont très minutieux, chaque détail doit être à sa place, tout a de l’intérêt pour eux, car une histoire de leur vie s’exprime.
J’ai observé que le crayon et leur personne, leur être, dans ces moments d’expression ne faisaient qu’un. En effet une symbiose se produit avec le geste, le mouvement de leur crayon et la position de leur corps.
Ils aiment prendre leur temps, par moment coupé de pauses, ou alors parce qu’ils ont besoin de réfléchir. Je pense qu’ils ont une nécessité de se retrouver, c’est pour cela qu’ils ont un besoin par moment de se mettre en retrait, de s’isoler ou au contraire se retrouver en groupe de deux trois personnes.


Il y a un détail que j’ai aussi observé, laisser leur signature ne leur parait pas important bien que dessiner fut une nécessité pour leur personne. Dans ces moments-là, je leur explique que c’est important que leur création leur appartienne et qu’elle puisse porter une empreinte définitive venant d’eux, c’est-à-dire une signature, leur signature, leur identité. C’est leur passé, leur vie qu’ils partagent avec nous.


Pour en revenir à mon dessin, je trouvais important de mettre cette émotion forte, représentée par ce corps soit en avant, car elle est aussi valable pour les personnes étrangères dans ces moments de création. Quand ces personnes dessinent, elles s’expriment également en mots, autrement que par la langue elles transmettent leur émotions grâce à la tonalité de leur voix, comme la colère, la peine ou l’incompréhension.
Par moment ces émotions sont fortes et on a l’impression qu’elles envahissent la pièce, ce qui pousse à garder un zeste de silence, en marque de respect à ce qui commence à se créer sur feuille. Après c’est un nouveau mouvement qui apparaît, il est plus présent et plus large, on le ressent également ce changement.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

J’ai dessiné au crayon les personnes migrantes et j’ai continué mon dessin en représentant ces tables ou toutes les personnes sont rassemblées. Je trouvais que laisser un espace légèrement coocooné plus en retrait dans la position sur ma feuille expliquait ce côté rassurant, encadré lors de ces ateliers, pour pouvoir créer.
Il y a le fait de créer, faire apparaître les traits qui nous apportent une forme au final et ce n’est qu’après que les premières émotions se font sentir, s’exprime dans la tête, c’est pour cela également que j’ai mis toutes les personnes plus dans le renfoncement dans mon dessin.
Et c’est tout cet ensemble qui à la fin peut provoquer une explosion d’émotion esthétique, lors de notre regard sur toutes ces créations faites par ces personnes qui se sont retrouvées seules, avec les crayons, la peinture et la couleur, c’est comme une union qui se produit dans ces instants-là présents.
La forme de la force des émotions en couleur
Cette émotion que je ressens lors de ces moments d’atelier, qui sont très forts et je devais donc la mettre en forme, et celle-ci serait de faire apparaître un corps en arc qui laisse entrer cette émotion forte en lui, en arc car la sensation est très forte, aussi bien dans le partage que dans les échanges et ce sont toutes ces situations et cette force qui pousseraient ce corps à se courber en arrière, de plaisir.
Mais cette force n’a rien de négatif, bien que les échanges soient touchants, c’est la réalité qui est là dans la bouche de toutes ces personnes qui s’expriment et qui me transcendent le plus.
Pour donner un peu plus de vie à mon dessin, je devais donc faire apparaître toutes ces formes qui représenteraient ces personnes migrantes tout en restant respectueuses et discrètes vis-à-vis d’elles. C’était important pour moi, j’avais en moi toujours cette angoisse d’aller trop loin, mais aussi de dévier de mon chemin !
Je devais donc trouver le juste milieux pour faire apparaître une forme expressive et je dirais également digne pour faire parler ce que je partage avec toutes ces personnes qui se déplacent à mes ateliers.
Pour concevoir le manteau de mon esquisse, j’ai repris la couleur des cheveux des personnes, la couleur de peau au niveau du visage. De la couleur au niveau de ce corps qui fait apparaître l’émotion forte et pour le reste je me suis dit que la couleur grise était la mieux appropriée pour finir le manteau de mon esquisse.
Pour finir j’ai peaufiné tous les détails à la fin, comme les finitions au crayon de couleurs, au crayon de papier, pour donner plus de vie à mon dessin. Je voulais également faire apparaître un côté apaisant, ce que retrouve lors des ateliers toutes les personnes.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm
Crayons graphic 7B, 3B, 6B, 4B, HB

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

Voilà mon dessin est là, sans la sensation d’étouffement, il respire le calme. Je pense que le côté sombre est présent. Quand je le regarde je ne ressens pas d’angoisse. Après il ne me reste qu’à le faire partager aux personnes qui viennent à mon atelier, cela les concerne aussi et entendre leur avis est important. Par moment je me pose malgré tout des questions, sur ma capacité etc. sur ce pouvoir de continuer ça beugue parfois.