Où donc ai-je pris cette idée ? Elle vient de la nuit, quand je pense et réfléchis à tout. Je sens mon cerveau réfléchir et par moment cela va beaucoup trop vite pour retenir ce que je dois mettre de côté pour le lendemain. Cela s’accompagne tantôt d’un froid intense tantôt de chaleur, d’humidité dans le dos sans oublier un cœur qui va exploser tellement, car il n’arrive plus à battre normalement.
J’ai beau réfléchir, mais je ne sais pas à quel moment je retiens toutes mes idées quand j’y repense le lendemain, comme un monde perdu dans ma tête. Je vois juste que c’est marqué dans mon carnet qui est posé sur ma table de nuit, mais souvent c’est difficile à relire tellement c’est mal écrit, et pourtant il arrive que ce soit très bien écrit. C’est pareil le matin, avec un mal de tête qui m’a envahie. L’important c’est que je me secoue pour me lever, et commencer un travail pour ne pas me laisser emporter par une autre sensation désagréable.
Donc je vais retranscrire ce musicien qui a la tête invisible.
Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?
C’est en commençant mon esquisse que mes idées sont arrivées posément dans ma tête. Ce posément, je le dépose donc sur ma feuille petit à petit. J’avais, par moments, cette sensation que mon crayon à papier bougeait tout seul. Car je ne sentais pas grand-chose entre mon poignet, mes mains et le fait que je tienne ce crayon à papier qui donnait naissance à mon esquisse grâce à sa couleur grise.
Par moments, je demandais à ma tête de s’arrêter car je me sentais déstabilisée d’observer ce que j’observais dans ce moment du présent, qui me semblait complexe pour tout bien comprendre.
Cette idée, d’un musicien à la tête invisible me plaisait bien, car à ce moment même j’avais une sensation d’invisibilité me concernant. Dans ma tête, sur le moment, j’appréciais bien l’accordéon et la guitare et puis en fin de soirée, j’étais sûre de ne plus aimer. Tout comme ma tête me semblait bien trop légère pour tenir sur mon cou. Allez savoir ! Mais en attendant, l’esquisse de ce matin était là, et donc je devais y déposer de la couleur. Quand ça me parle trop fort en moi, je dois le déposer sur ma feuille, et le bleu avait pris une grande place, tout comme le violet rose. Je ne me suis même pas demandée si un accordéon bleu pouvait exister ! Je déposais mes couleurs et puis c’était tout.
J’appréciais ce moment et il ne devait pas aller rejoindre l’histoire de la naissance de mon esquisse qui restait toujours dans la complexité.
Ma création vient de se finir. Je sentais ce bien, et je le savourais. Mais il y eut subitement ce bien et ce mal qui commençaient à prendre la place de cette sensation. J’ai donc retourné ma feuille sur la table, car je ne voulais pas la retoucher pour la transformer en autre chose. Je ne voulais pas donner raison à ce bien ou à ce mal.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Cette production a été conçue sur une feuille de 36 x 46 cm. Comme médium de la peinture aquarelle, un crayon HB pour faire naître mon esquisse.
Que ressentez-vous en face de votre création ?
Je regarde ma production, je suis vraiment attirée par la couleur violette-rose. Je la trouve plus douce et plus apaisante. Ma force est là, mais elle me semble changée, elle me semble plus éparpillée dans ma tête.