BMP – Un corps assis, vu de face et recouvert de couleurs

BMP – Un corps assis, vu de face et recouvert de couleurs
Quand je souffre dans mon corps, le dessiner et ensuite le recouvrir de son manteau coloré, me permet d’oublier un peu ce qui se passe dans le mien, et d’autant plus, que je reste captivée par les couleurs. Je suis de plus en plus « flapie », et me concernant poser des tons de gaité, me fait du bien et c’est meilleur que les médicaments. J’ai envie de rire quand j’écris cela, alors je laisse celui-ci se faire entendre 🙂

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Dans mon ébauche, il y aura un mouvement d’un pied et du corps ! Que j’aime le mouvement parce qu’il retranscrit la vie ! Un mouvement permanent d’ombres et de lumières, sans oublier toutes les émotions. Là où il n’y a pas de mouvement, il n’y a pas de vie. C’est une évidence mais parfois il faut se le rappeler.
Il y avait aussi en moi ce désir de reprendre les carrés de couleurs que je mélangerais avec les couleurs pastelles à l’huile. J’apprécie de faire des mélanges, c’est un peu comme si on mélangeait toutes nos idées ensemble.
Je commence donc, avec le crayon HB, de faire apparaître la tête d’une femme. Puis je démarre mes divers mouvements. D’abord celui du bras, qui va permettre à la main de se poser délicatement sur la joue. Puis le mouvement de la jambe qui est celui d’un pied tendu, comme dans la position d’une danseuse. Je rajoute un deuxième bras et je termine par la deuxième jambe, posée légèrement tendue, derrière le pied tendu.
Quand je regarde mon ébauche terminée, j’y perçois plusieurs mouvements variés, y compris celui du corps. Ce corps bouge et il n’a pas mal, que cela me fait du bien de pouvoir me dire cela.
Me voilà à l’étape des couleurs. Il y aura aussi du mouvement puisqu’il y aura ce mélange des deux médiums : les carrés de couleurs avec les couleurs pastelles à l’huile.
Je commence par déposer les premiers tons pastels à l’huile. Il faut savoir que les mélanges avec ce médium sont plus difficiles. C’est pourquoi je rajoute ensuite les carrés de couleurs, un mélange des deux pourra donc se faire plus facilement.
Je me suis donc promenée dans le rose, le vert, le rouge, le bleu, le marron, l’orangé, le gris en passant par le jaune et le rouge. Les mélanges se sont faits au fur à mesure que je posais le manteau. Je me suis servie de mon doigt puis j’ai pris un morceau de coton. Le contour a été fait avec un feutre noir. Puis j’ai rajouté un fond avec du pastel sec. Laisser le fond en blanc m’angoissais !

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Une création conçue sur une feuille 36 x 46 cm. Comme médiums : un crayon HB pour mon esquisse, des carrés de couleurs Conté de Paris, ainsi que les couleurs pastelles à l’huile. Un feutre noir pour le contour des formes. Des pastels sec.

Que ressentez-vous face à votre création ?

Je regarde ma production que j’ai posée sur le chevalet, les couleurs m’attirent, dans mon corps la douleur est là, mais ma façon de percevoir cet ensemble est moins dans l’anxiogène. Le plaisir a pris le dessus sur la fatigue ! et ça me concernant j’apprécie !

BMP – Un corps de dos, la tête penchée, une jambe pliée

BMP – Un corps de dos, la tête penchée, une jambe pliée
Je continue donc cette série, corps et couleurs.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

J’ai choisi de dessiner un corps de dos, toujours dans un mouvement. Cette idée m’est venue après mon rendez-vous chez mon psychiatre. Je lui parlais de morceaux et je lui expliquais,  que suite à un décès qui s’est produit dans la « famille » où je ne trouve pas ma place, je vivrai maintenant et pour toujours avec un cerveau à trous, ainsi qu’avec un corps en pièces.
Je pense que je dois accepter de rester sans réponse, en ce qui concerne certains faits de mon passé. En fait en ce moment, je ne sais pas ce qui me fait le plus souffrir. Je ne sais pas si ce sont les événements qui suivent ce décès, le déni de cette personne qui est morte et des autres membres de cette famille, ou si je dois accepter que des trous serons là pour toujours dans mon cerveau et dans mon corps. Je dis dans mon corps car les maladies y sont aussi pour quelques choses.
Ces maladies n’expliquent pas tout, mais sûrement une bonne partie. Tous mes frères et sœurs ont de gros soucis somatiques et psychiques. J’en ai eu une confirmation ces jours-ci ! Le déni de cette personne décédée me ronge le cerveau. Alors en faire mon deuil… Et quel deuil ?
Pour en revenir à mon esquisse, mon désir était de dessiner un corps de dos avec des morceaux, mais ces morceaux ne seront pas éparpillés, ils seront bien les uns contre les autres.
J’ai tellement mal, que je ne pouvais me lancer à dessiner un corps avec des trous partout, un corps qui ne tiendrait pas. En fait je ne sais pas trop ce qui tient dans le mien depuis quelques mois.
Alors dessiner un corps en entier me rassurait et j’ai besoin de cette assurance, parce qu’une autre opération m’attend et pour celle-ci je ressens beaucoup d’effroi.
Me voilà donc à faire naître ce corps de dos tout en morceaux, mais collés les uns contre les autres, dans ma tête, je me voyais en prendre un pour le placer dans le mien, pour remplacer un trou, c’est apaisant ! l’image était là.
Le corps ayant pris place sur ma feuille, je devais le recouvrir de divers tons, et c’est sans hésitation que je prends comme médium la peinture aquarelle. Je commence avec la délicatesse à déposer mes diverses couleurs en passant par le jaune, le vert, le rouge, le marron, le bleu, l’orangé, du gris dégradé, du rose sans oublier tous les mouvements des mélanges, ça me faisait tellement de bien de recouvrir ce corps de son manteau. Pour terminer, quelques finitions ont été faites au crayon noir.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Une création conçue sur une feuille 36 x 46 cm. Comme médiums : un crayon HB pour mon esquisse, de la peinture aquarelle, un feutre noir.

Que ressentez-vous face à votre création ?

Par moment, je me dis que ce que j’écris est enfantin. Je regarde ma production dans ma tête, c’est mitigé. En moi se font des associations. Mon corps est en souffrance, que ce soit avec ma mère biologique ou mes mères nourricières,. Le deuil se ferait en mode hurlement et rage pour l’instant…
En fait ce corps est positionné de dos, car tristesse et souffrance sont là, mais qu’elles ne doivent pas se montrer. Rien ne devait gâcher ce rendez-vous avec la forme et le médium.
Mais en attendant, avoir dessiné cette production m’a fait du bien et pour l’instant je retiens cela !