Film Identity

identity
Sur les troubles de l’identité (assez violent)

http://www.sebmagic.com/article-identity-le-twist-final-54611919.html

Ce film est très bien ficelé, bien qu’assez prévisible. L’idée de départ est juste incroyablement bonne. J’ai malencontreusement regardé les « tags » d’Allociné avant de voir ce film, ce qui fut une regrettable erreur, puisque j’ai pu y lire les tags « schizophrénie » et « tueurs en culotte courte« .

Quel dommage, alors que le film est si intéressant et bien foutu. Malcolm est un homme accusé de 6 meurtres. Il apparaît donc devant le tribunal. On apprend à la fin que Malcolm, le personnage interrogé par le psychologue, est en fait le seul personnage du film. Le motel étant une matérialisation de ce qui se passe dans son cerveau, et les 10 personnages représentant ses 10 personnalités. Ce qui explique pourquoi les 10 sont nés le même jour et ont vécu aux mêmes endroits. Mais Malcolm est néanmoins un meurtrier dans la « vraie vie », agissant sous l’effet d’une personnalité particulièrement mauvaise. Pour que les autorités se persuadent qu’il n’est plus un meurtrier, que c’était l’effet de sa schizophrénie, il doit guérir afin de redevenir l’homme qu’il était réellement, et éliminer cette sombre personnalité. Mais laquelle est-ce, parmi les 10 ? C’est l’objet de toute l’intrigue.

Le psychologue tente de guérir Malcolm de sa maladie. Les « meurtres » multiples du motel ne sont que les disparitions de certaines personnalités de Malcolm, qui se confrontent et s’éliminent. Une méthode psychologique efficace de la part du docteur. Cependant, il ne restera plus qu’une personnalité à la fin, et elle ne doit pas être celle du meurtrier… Et c’est là que Malcolm oublie un élément important : le petit garçon. L’un des personnages qui ne parle pratiquement jamais, qu’on ne soupçonne pas non plus, mais qui est finalement l’ultime meurtrier de son cerveau, et le dernier restant. Si j’ai bien compris, ce petit garçon est définitivement la personnalité tueuse de Malcolm, qu’il avait développée étant enfant, certainement lors de son premier meurtre physique… Et ce stratagème scénaristique est fichtrement bon, car à aucun moment on ne soupçonne le gamin d’être le tueur. Le film nous balade de tous les côtés, et il est vraiment dommage que j’ai lu ces fichus tags…

Les acteurs sont tous absolument géniaux dans leurs rôles (notamment John Cusack), et c’est un film à voir et à revoir.

Vidéo:
http://streamcomplet.com/identity/

La double identité et les identités multiples par Edith Lecourt


p. 302
Il y a encore peu, les personnalités multiples étaient des phénomènes qui fascinaient autant les cliniciens que les romanciers et les cinéastes.
Sommes-nous en train de les prendre pour modèle ? Ou 
n’est-ce là qu’un jeu de société planétaire ?
Un grand auteur portugais, Fernando Pessoa, réalisa toute son 
œuvre littéraire sous le couvert, ou par l’intermédiaire, de plus 
d’une cinquantaine de noms d’auteur différents. La découverte de 
la malle qui permit de résoudre l’énigme de ces auteurs inconnus – 
qui se rapproche de ce que l’on appelle une « personnalité multiple » 
– fut pour certains de ses lecteurs un véritable choc : c’était donc lui, toujours lui, autant de fois lui, à l’origine de tous ces textes : un 
grand groupe. La malle, dans ce cas, pouvait contenir l’ensemble, 
regrouper les écrits, en cacher l’origine réelle aux yeux des curieux. 
Ce que ne fait pas l’ordinateur.
Certes, je l’ouvre, le ferme, y retrouve mes complices du virtuel mais, entre-temps, cet univers 
ne fait que grandir de façon exponentielle (mon blog est visité en 
permanence…). Les textes, les personnages « continuent leurs 
vies ». La maîtrise est ici impossible. Fernando Pessoa se retrouverait-il dans la pratique des avatars ?
Irvin Beartcat écrit à propos de la question de l’identité : « Le 
sujet qui parle ou dont il est question est un mélange entre la personne, le personnage, et le rôle qu’il s’agit de jouer dans le système » (dans Beau, 2007, p. 46).
Dans les jeux en ligne, dans les blogs, il reste, en parallèle, 
comme une sorte de garde-fou, la possibilité d’envoyer un mail, comme un sauf-conduit imaginé par les concepteurs. Ce qui institue d’emblée, même si ce n’est pas utilisé, une double relation. 
Bien sûr, l’adresse mail peut aussi faire l’objet d’une construction virtuelle par rapport à l’identité du sujet…


Beau, F. (sous la direction de). 2007 Culture d’univers. Jeux en réseau, monde virtuels, le nouvel âge de la société numérique, Paris, Dunod.
Bion, W.R., Recherches, sur les petits groupes, Paris, Puf, 1961, 1972, 1987.


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