Afin de marquer le coup de cette fête venue des États-Unis, je me suis servie d’un peu de terre glaise qui durcirait ensuite à l’air pour faire quelque chose qui célébrerait Halloween.
Comment avez-vous concrétisé votre forme ?
Je n’avais aucune idée d’une forme particulière. Il me fallait donc travailler mon morceau.
Il ne faut pas oublier que la terre glaise est un outil thérapeutique. C’est un matériau archaïque qui entre en contact direct avec notre peau pour être travaillé. De plus, la glaise adoucit nos mains, du moins pour moi.
Par ailleurs cette matière peut provoquer différentes sensations selon les personnes, qui peuvent émotionnellement investir positivement ou rejeter la matière, oui cela peut arriver. En fait c’est même ce qui s’était passé pour moi, au début, mais je me suis dit que ça pouvait se travailler. Et aujourd’hui, je me sens plus en symbiose avec cette terre glaise, mais pour cela, il ne faut pas que je sois trop violemment dissociée. Au tout début de ce matériau, le premier toucher, le premier contact avec cette glaise, avait provoqué de très violentes dissociations.
Je rappellerai aussi que la matière peut être battue, étirée, percée, coupée, arrachée ou bien réunie, collée, malaxée ou encore caressée. Le modelage avec de la terre glaise mobilise notre corps et en particulier les mains, qui sont le premier outil pour effectuer un modelage et qui participent à une forme d’expression corporelle qui favorise un « lâcher-prise ».
Le modelage me permet et m’apprend à lâcher prise, quand dans ma tête, c’est devenu une tempête violente !
Je prends donc ce morceau de terre dans mes mains et je le travaille dans tous les sens, jusqu’à ce que je sente sous mes doigts une douce chaleur et souplesse. Là, je sais que c’est à partir de cette sensation, que je peux commencer à donner vie à une forme, comme là : « cette petite forme Halloween » qui nous nous fera découvrir une curieuse de petite bête avec un œil protubérant, des petites pattes, une bosse qui remplace le nez avec une toute petite bouche, avec pour terminer de petits cheveux.
Pour recouvrir ma forme de son manteau, j’ai pris comme médium de la peinture acrylique.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Terre glaise, de la peinture acrylique, des outils de gouge pour gravure. De l’eau et deux pinceaux. Un kit en métal et bois pour sculpture sur argile.
Que ressentez-vous devant votre création ?
Dans ma tête, j’essaie de retenir la douceur que je trouve et sens sur mes deux mains. J’essaie de respirer lentement, car le passé est toujours là et je ne voudrais pas me dissocier et donc oublier ce moment que je viens de passer. Mais ça je ne le saurai que plus tard.
Dans ma tête je me dis que parfois il faut surpasser ses limites pour y arriver. Mais quand on y arrive, quand j’y arrive, je me sens moins « envahie ».