BMP – Quand la partie en moi se bagarre

BMP – Quand la partie en moi se bagarre
Ce dessin est né suite à une conversation avec un professionnel. Nous avions échangé sur la mort. Je lui avais dit qu’en ce moment, cela se bagarrait ferme en moi, sur ce sujet et donc qu’il faudrait peut-être que je retranscrive cela sur le papier. Ce professionnel, qui me connaît bien, m’a dit : pourquoi pas ? C’est donc ce que je vais faire.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Il m’a fallu du temps pour pouvoir mettre quelques traits en lumière sur ma feuille. J’ai souvent cette image dans ma tête de me battre contre cette mort. Mais c’est juste une forme qui n’a pas de visage. D’ailleurs je ne sais pas si la mort a un visage et si le savoir pourrait me rassurer.
Pour concrétiser mon esquisse, mon idée était de dessiner un corps, celui qui pourrait me « représenter » moi.
De ce corps, je ferai sortir une autre forme, celle d’une louve, qui me domine par sa position. Ceci symbolisera cette partie de moi qui se bat contre la mort. Cette mort, je vais aussi la représenter par la forme d’un loup qui est couché sur le sol.
Je trouvais que la force de ces animaux pouvaient être aussi violente que cette mort. C’est la puissance qui me parlait, à ce moment-là, lors de la naissance de mon ébauche. Ce duel qui se montre violent quand je le sens dans ma tête. Je ne cherche pas à savoir qui sera le plus fort dans ces moments-là, car je me dis que c’est la partie de moi : la louve qui le sera ! Même si en moi, c’est le brouillard. En fait, il n’y a pas le choix ! je ne dois pas me laisser envahir par ce doute.
Pas simple de donner une forme devant cette bataille, dans ma tête. Je ne me sens pas aussi forte que pourrait le faire croire ma production. Mais cela, c’est bien moi, avec mon éternel manque de confiance en moi.
Mais là c’est différent !
Mon esquisse étant terminée sur ma feuille, je devais lui donner plus de crédibilité, plus de poids, en lui rajoutant un manteau de couleurs diverses.
Pour cela, ce sont les tons violets, légèrement rouge qui sonnaient pour le corps, et pour le reste, je continue avec les couleurs marron, grise et noire, et cela, avec l’aide des médiums, la peinture aquarelle et les feutres aquarelles. Les finitions ont été faites au feutre noir.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Cette production a été conçue sur une feuille blanche de format 36 à 46 cm.
Comme médiums, de la peinture aquarelle, les feutres aquarelles. Un crayon HB pour donner naissance à mon esquisse.

Que ressentez-vous quand vous regardez votre création ?

Je regarde mon esquisse, l’ensemble de la forme de ma création me rassure. Quand je réfléchis avec un recul, j’observe que cette mort n’a pas les mêmes sensations à chaque fois qu’elle se présente !

BMP – Une feuille d’arbre transformée en un objet

BMP – Une feuille d'arbre transformée en un objet
Une fois de plus, mon chat Chocolat, fidèle compagnon de peinture, a déposé dans le couloir une feuille d’arbre, venant de mon jardin. Il fait cela souvent et je lui signifie parfois que j’aimerais mieux qu’il me rapporte un petit billet. J’ai eu envie de transformer cette feuille, un moyen pour qu’elle demeure.

Comment avez-vous concrétisé votre création ?

Si je devais faire quelque chose de toutes ces feuilles, que mon chat me ramène tous les jours, ce serait bien. J’ai parfois l’impression de lire cela dans son regard, que c’est ce qu’il me demande. Alors aujourd’hui, j’ai gardé la plus grande des feuilles, et je voulais en faire quelque chose.
Dans ma tête, c’était le modelage qui me parlait, et cela depuis un certain temps. Et puis le toucher avec la terre glaise m’apporte une douceur à la peau des mains et à mes mains elles-mêmes.
Dans mon placard, il me restait de la terre glaise durcissante, qui sèche à l’air libre, je l’avais enveloppée dans un linge humide bien renfermé dans un sac plastique.
J’en avais suffisamment pour donner corps à mon idée.
Je m’installe dans la cuisine, je prends la terre glaise et je la travaille avec mes deux mains. Il faut savoir que :

le modelage est une technique de sculpture qui permet d’obtenir des formes à partir du façonnage de matières malléables (pâtes à modeler, terre glaise, argile, cire…). Le modelage peut se pratiquer à l’aide d’outils (ébauchoirs, spatules…) ou par le simple emploi des mains.

Je trouve que le modelage est une technique d’expression artistique très intéressante et très apaisante. Il y a ce côté liberté qui sonne dans ma tête. Quel plaisir de sentir mes mains parcourir cette matière pour donner une forme, pour insuffler la vie à une matière première non façonnée au départ.
Donner naissance, c’est ça qui est chouette, sentir sous mes doigts chaque mouvement de cette naissance de A à Z.  Cela apporte un sentiment de liberté et de contrôle très intéressant.
J’ai travaillée cette terre glaise jusqu’à ce qu’elle soit molle et facile à étaler. D’ailleurs pour pouvoir bien l’étaler je me suis servie d’une bouteille remplie d’eau, et je l’ai farinée pour qu’elle ne colle pas sur mon support.
Une fois ma pâte étalée, je prends la feuille d’arbre que je pose bien à plat. Un petit coup avec ma bouteille pour bien enfoncer l’empreinte de cette feuille, ensuite avec un petit cutter j’en découpe le contour.
Voilà la forme de ma feuille en terre glaise était devant moi. Pour lui apporter plus de forme, et un peu de relief, je commence avec mes doigts à rabattre les bords tout le tour. Mais auparavent j’ai fait quelques formes à l’intérieur avec une pointe de couteau.
Puis je laisse sécher jusqu’au lendemain.
En regardant alors ma forme, j’ai l’idée de faire un peu de gravure à l’intérieur de ma feuille avec une gouge.
Je devais faire attention à ne pas transpercer mon modelage. J’ai donc repris un peu les formes de feuilles.
Puis je suis passée à la dernière étape qui était de recouvrir le modelage de la feuille, d’un manteau de couleur. Pour cela, les médiums : encre de Chine et peinture à effet à alvéole étaient les bienvenus. L’encre de Chine, je l’avais bien choisie, l’autre médium, est venu tout seul, je dirai spontanément.
Une fois toutes mes diverses couleurs déposées, j’ai laissé sécher toute la nuit. Ce n’est qu’au lendemain que j’ai pu découvrir, me rendre compte que cette feuille d’arbre ramenée par mon chat, allait prendre place sur mon bureau et me serait utile.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Feuille d’arbre, terre glaise de couleur grise, un cutter. Des encres de Chine, de la peinture alvéolée. Une bouteille remplie d’eau.

Que ressentez-vous en regardant votre modelage ?

Dans ma tête, je me sens bien, même étonnée de voir au final ma forme. Peut-être, que je pourrais me servir de cette expérience pour proposer un atelier. Mais pour le moment je ne me sens pas encore sûre. Je me sens affaiblie.