BMP – Maux de tête

BMP – Maux de tête
Ces maux de tête c’est un sujet que j’aborde souvent, et c’est quelque chose qui hélas est récurant, mais qui atteint pas mal de personnes. Plus ou moins intenses, de durée variable, ces douleurs peuvent être très handicapantes au quotidien, c’est mon cas.
Cela me saute dessus ! Dans ces moments-là, on me viole mon cerveau tellement cette souffrance prend de la place. La localisation exacte de ma douleur, sa durée et les autres signes qui l’accompagnent varient selon la nature de mes céphalées. Par moments, j’ai des nausées et la vision floue. Lorsque ma douleur est trop intense, c’est comme si des pointes rentraient dans ma tête. J’ai l’impression de marcher à côté de mon corps ; en fait, je n’arrive pas à l’attraper. Je sens aussi une lourdeur, une grande pression allant jusqu’au cou pour finir en éclatement. Cette douleur provoque les dissociations, ce qui fait que je finis par me sentir étrange.
À propos de ces maux de tête.
Quand je veux faire naître une création qui exprime de la violence, il y a toujours cette phrase qui ne me quitte pas : « même si dans une œuvre, il en sort de la violence, ça ne peut pas empêcher l’émotion esthétique prendre sa place ». En ce jour, c’est ce que je vais essayer de faire.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Je commence mon esquisse avec un mal de tête bien présent en moi.
Pour pouvoir dessiner, je ferme un peu les volets et j’allume une lampe assez loin de moi. Juste ce qu’il me faut pour pouvoir exécuter mon esquisse. Mais pourquoi dessine t-elle si la douleur est présente dans sa tête ? Ma réponse est que si je ne faisais rien, je me mettrais à penser, ruminer et que cela pourrait encore aggraver mon mal-être. Ce qui m’intéresse aussi, c’est observer cette douleur de ma tête, pendant que je dessine.
Je m’installe donc devant ma feuille, et je commence à déposer sur ma feuille cet éclatement avec les premiers traits de mon crayon à papier. C’est ainsi que je perçois ma douleur à cet instant présent, sur le moment. La force de celle-ci est tellement sous pression y compris la circulation de mon sang, que tout peut s’éjecter d’un coup. Mes yeux sont rouges, car les vaisseaux explosent également sous la force du pouls. Quand je dessine mon ébauche, dans mon cerveau, je me sens serrée dans un étau et nauséeuse. En fait dans l’éjection que je dépose sur ma feuille, se trouvent mes nausées et cette envie de vomir jusqu’au plus profond de moi. C’est pour ne pas donner plus d’importance, plus d’espace à la douleur que je m’oblige à dessiner. À projeter en quelque sorte ce mouvement douloureux, afin qu’il ne reste pas collé à moi. D’ailleurs, une fois mon esquisse terminée, sans avoir oublié le nez, une oreille, la bouche, je me sens moins encastrée par ce serrage dans mon cerveau.
Ceci va m’aider à passer à l’étape suivante : déposer de la couleur. Le rouge était dominant, il retranscrit le sang et la force de cette expulsion de cette douleur. Après, je n’avais pas envie non plus d’y déposer des tons gais, mais plutôt de jouer avec les dégradés de noir et de gris. En moi, je sentais que le sang se déplaçait avec une pression moins forte, mais la douleur était toujours là. La lumière dans la pièce était toujours tamisée. Je continue à faire bouger mon pinceau en essayant de ne pas trop me centrer sur cette douleur, mais plutôt sur mes deux doigts qui tenaient ce pinceau et sur les divers dégradés de gris, qui retranscrirait un peu mon état d’être. Même avec la douleur, je prenais plaisir à donner naissance à cette production, car le fait d’avoir un peu moins mal ça aide. Je me sentais moins dans la douleur violente et cela grâce au fait d’avoir pris mon pinceau, et d’avoir aussi déposé ce rouge sang qui me dit que celui-ci circule mieux en moi, car j’en ai déposé sur ma feuille. Pour terminer j’ai juste cerclé de noir mon dessin.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Création conçue sur une feuille de format 36 x 46 cm. Comme médium : crayon HB pour mon esquisse, de la peinture aquarelle. Un feutre noir pour les finitions.

Que ressentez-vous face à votre création ?

Comment je me sens ? Je dirais que la douleur est toujours présente, mais la violence est moins présente. J’ai réuni ensemble la douleur et cette émotion d’éclatement qui m’a permis d’avoir moins mal. Ce qui est important pour moi afin de pouvoir respirer sans trop d’angoisse.

BMP – Un visage de profil, environné de morceaux

BMP – Un visage de profil, environné de morceaux
Par moment, je me demande si un jour je serais capable de faire naître une visage de face, avec le menton, les yeux, la bouche, les oreilles à leur place et surtout sans les morceaux qui partent un peu dans tous les sens.
J’ai du mal à me dire que mon visage à moi est en un seul morceau. Parce que me regarder dans la glace sans avoir l’impression d’avoir un visage déformé, c’est presque impossible. J’ai cette impression que mon visage change de forme. J’essaie de me rassurer en me disant que je ne suis pas une folle bonne à enfermer.
En attendant aujourd’hui mon souhait était de dessiner un visage avec des morceaux.
En  fait ça serait le derrière de la tête qui partirait en puzzle, pour exprimer le vide, le rien à l’intérieur du crâne. Ce matin, j’ai d’avantage envie de m’occuper des morceaux que du visage. Certes il sera présent, mais sans plus. Ce sont les morceaux qui donneront du sens à ma création. Cette envie est liée au fait que mes migraines sont de plus en plus fréquentes et rapprochées. Quand je me demande comment la représenter, ce sont des morceaux que je vois. En même temps, je me dis que dans ces morceaux il y a cette douleur qui s’en va, qui s’envole.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Je m’installe derrière mon bureau, ma feuille blanche devant moi. Je n’ai qu’une hâte : remplir ma feuille de morceaux. Mais pourtant, il fallait que je dessine un visage. Il fallait que je me débarrasse de cela au plus vite, pour prendre ensuite plaisir à dessiner ce puzzle, d’autant que les couleurs je les avais déjà.
J’ai donc commencé par dessiner le visage de profil. Le côté en face, le côté qui vous regarde me rappelait cette glace dans cette salle de bains où le visage se déforme.
Le visage étant dessiné de profil, je me sentais comme libérée. À ce moment-là, le plaisir avait pris toute place dans ma tête. Le plaisir de dessiner tous les morceaux, me donnait cette impression que ma tête allait elle aussi se coller sur la feuille. Je me sentais d’un coup toute légère. Il n’y avait plus de barrières plus rien. Mes morceaux étaient sur ma feuille et je me sentais bien. Mais il manquait une chose : le manteau de couleur, chose que je me suis empressée de déposer avec la peinture aquarelle et un pinceau au bout arrondi. Je suis passée par les tons : marron foncé, marron clair, du jaune, mélangé avec du marron foncé. Une goutte de rouge pour faire les lèvres. Les finitions aux crayons aquarelles.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Production conçue sur une feuille blanche, un crayon papier HB et comme médium de la peinture aquarelle, pinceau à bout rond.

Que ressentez-vous devant votre création ?

Je me sens penchée à l’intérieur de ma tête. Je me sens dans le présent. Pas d’angoisse du moins je ne sens rien. En fait je n’arrive pas à faire la différence entre ci et ça.