Encore un petit délire de ma part. Toujours l’idée de montrer une douleur dans le mouvement de la transformation. Ainsi le regard sera peut-être différent. Une fois transformé celle-ci ne sera plus le même point de départ. Le positif prendra place petit à petit. C’est ce qui m’intéresse et ce que j’aime faire.
Par moments, je trouve que c’est difficile de dessiner certaines parties du corps, comme par exemple les vertèbres, la colonne vertébrale. Je me suis dit que l’on pourrait trouver une autre forme pour cette colonne, à l’aide d’un nouveau mouvement, pour lui donner vie dans une autre représentation, tout en essayant cependant de conserver son aspect originaire. C’est ce que j’ai voulu faire ce matin.
La saison des fleurs d’été va commencer à s’étioler, l’automne va prendre le relais. C’est avec une fleur que je vais m’amuser à intégrer les vertèbres mais d’une autre façon.
Comment allez-vous concrétiser votre esquisse ?
L’idée était de dessiner une fleur en y incrustant des vertèbres. Pour apporter plus de « vrai » à cette idée, je devais dessiner la tige de la fleur entrant dans les vertèbres. En fait les vertèbres serviraient soit de pot de fleur, soit de « tuteur pour mieux la tenir. Ce qui me plaisait dans le mouvement de mon crayon c’était de pouvoir intégrer ma douleur qui, du coup, passerait inaperçue dans ma création. Du délire !
J’ai donc commencé par ma fleur, en répétant en même temps dans ma tête les endroits où je déposerai la douleur qui est dans mon dos, à l’aide des vertèbres. Une fois ma fleur terminée, j’ai donc dessiné la première vertèbre, sans oublier de bien y intégrer ma tige, comme si je la rentrais à l’intérieur. Je me suis dit, que je ne devais pas la recouvrir de peinture aquarelle, ni aucune vertèbre. Je préférais travailler avec la couleur grise de mon crayon à papier, faire ainsi apparaître les nuances, les dégradés, trouver le juste milieu. C’est étonnant comme cela parfois me renvoie à d’autres événements. Donc me voilà à faire apparaître la deuxième et la troisième vertèbre, et plus je trouvais que l’idée d’y cacher ainsi était vraiment originale. C’est comme si de rien n’était, ni vu, ni connu ; j’aime bien ça quand c’est un autre mouvement positif qui prend la relève, car ça change aussi celui que j’ai dans ma tête quand la douleur est trop présente et qui lui n’est pas forcément positif.
Une fois donc mon esquisse terminée, je dépose donc mes premières couleurs sur la fleur, avec de la peinture aquarelle : du jaune, de l’orange et un léger vert pour la tige. Ce n’est qu’après que je m’amuse encore plus à déposer mes diverses nuances de gris sur les trois vertèbres. Pour apporter encore plus de nuances, je me suis servie d’un crayon blanc que j’ai passé sur tout le gris. Celui-ci remplace mon doigt. Par moment j’avais ce besoin d’appuyer plus fort avec mon crayon à papier pour faire apparaitre les contours des vertèbres, car l’impression qu’en moi cela se passait plus dans l’épaisseur. Une fois ma production terminée, j’ai finalisé les finitions avec des feutres.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Cette production a été conçue sur une feuille blanche de format 36 x 40 cm. Comme médium : crayon HB, 6B, 8B, de la peinture aquarelle et des feutres pour les finitions.
Que ressentez-vous en regardant votre production ?
Je regarde ma production, et je me sens bien, cette douleur n’apparaît pas, ne se devine pas et pourtant, je l’ai déposée. Je n’écrirais pas que j’ai moins mal, mais avoir pu dessiner ainsi me fait du bien. Je me sens moins angoissée. Sans oublier le plaisir d’avoir caché cette douleur et d’avoir pris mon crayon à papier. En fait c’est kiffant !