Consigne d’après Alice Albertini
Lâcher le contrôle
Essayez de ralentir votre respiration. Les yeux fermés pensez à comment vous vous sentez : les tensions, la gêne, la température, les sensations, les émotions.
Mettre des feuilles ou protection sous une petite feuille sur laquelle, avec le traceur de votre choix, les yeux fermés à partir des sensations observées précédemment, laisser aller votre main et faire comme un gribouillis. Essayez de ne pas soulever le traceur de façon à ce que l’esprit ne garde pas le contrôle. Éviter de regarder le dessin. Si le mental résiste, changer de main, mais garder les yeux fermés.
Reprendre les contours des formes entrevues
Choisir l’angle du dessin préféré et choisir une couleur. Probablement que l’intellect va vouloir interpréter, mais essayer de laisser aller le processus créatif. Épaissir le trait ou créer une ombre. Déroulez quelque chose d’abstrait.
Si vous le voulez, vous pouvez reprendre une petite feuille pour faire un tracé avec votre main non dominante.
Découpez la forme qui ressort de votre dessin.
L’espace sécurisant
Représenter sur la grande feuille un endroit où vous vous sentez bien. Ce peut être un endroit imaginaire, dans la nature ou autre.
Positionner ensuite la forme dans un lieu de l’espace sécurisant, donc la petite feuille dans ou sur la grande feuille. Chercher comment les formes peuvent s’intégrer l’une dans l’autre. Intégrer là dans la grande feuille.
Donner un titre pour aller vers une histoire à votre composition.
Quand j’ai vu ce nouveau thème d’atelier, je me suis sentie rassurée à l’idée de pouvoir travailler cela ce week-end, car les week-ends pour moi, avec mon passé, restent difficiles encore.
J’ai commencé par lire les consignes et je me suis dit : « au secours, comment est-ce que je vais m’en sortir…” la consigne me parle d’angle. Je me sentais légèrement en mode déstabilisée. La géométrie est où dans mon cerveau ? C’est quoi des angles dans une création ? Mais ce qui me déstabilisait encore plus dans les consignes c’était cet espace de sécurité que je devais dessiner. Je me sentais complètement déroutée.
Dans ces moments-là, je sais qu’il n’y plus rien à faire… J’ai donc laissé passer la nuit, car il était hors de question que je baisse les bras. J’étais dans le domaine de l’aide et donc il n’était pas question que je me retire ! Il était encore moins question que je cale devant mes difficultés de compréhension.
Le lendemain, ce samedi 25 avril, j’ai repris la lecture des consignes et je me suis mise à réfléchir avec un peu plus de recul. J’ai pris un crayon et j’ai souligné sur la feuille tout ce que je comprenais et il y avait pas mal de choses. Ce qui me donnait encore plus envie de faire cet « atelier » Il me restait à chercher quelque chose sur l’espace sécurisant. Pour les angles, j’avais ma petite idée, même si celle-ci n’était pas très sûre mais elle était là et donc je l’ai gardée dans un coin de mon cerveau.
J’ai commencé par sortir mon matériel sur ma table, je m’étais installée dans mon salon avec la fenêtre grand ouverte. Je me suis lancée pour faire la première étape des consignes.
Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?
J’ai pris comme traceur un gros feutre et me voilà partie à fermer les yeux, à essayer de respirer, tout en essayant de laisser venir ce que je sentais en moi, en faisant apparaître avec le geste de mon poignet et le mouvement de ma main, un espèce de gribouillis.
J’avais cette impression d’être une puce survoltée et de sauter de souvenirs en souvenirs. Comme si j’avais une vie qui défilait. Cela provoquait de la peine, de la frustration, des vides, des points d’interrogation, de la lassitude, à la recherche de quelque chose, en passant par la trouille, la terreur, les odeurs, de l’incertitude, du froid, des lourdeurs…
Je me sentais bien dans le présent mais je ne savais plus ce qui passait en fait. Les émotions étaient là, mais lesquelles. Tout était en explosion et j’étais incapable de m’arrêter sur quoique ce soit, mais aussi d’arrêter quoique ce soit.
Je n’ai pas changé de main, j’ai gardé la main droite.
Mon gribouillis avait pris forme sur ma feuille, je me sentais subitement comme légère rien à voir avec juste avant. Je me sentais sans corps, sans jambes et sans pieds, je sentais juste ma tête, quand j’ai ouvert les yeux. Je ne sentais aucune inquiétude, et tout me paraissait d’une grande logique. Y compris cette forme qui était sur ma feuille. Je suis donc passée à l’étape suivante avec aucune inquiétude. J’étais un peu sans voix, car ce n’est pas toujours mon habitude d’être ainsi, à n’avoir que peu de réaction.
L’étape suivante était de reprendre les contours des formes.
C’est avec un crayon de papier que j’ai repris les contours des formes entrevues, j’ai choisi la forme qui me parlait le plus, sans en chercher la signification.
J’ai choisi la couleur bleue pour en faire apparaître les angles. J’ai appuyé un peu plus sur mon trait en pressant plus fort mon crayon et j’ai fait apparaître un peu de dégradé, de l’abstrait.
Puis j’ai découpé ma forme que j’ai mise de coté. Mais j’avais cette angoisse qui était venue car je n’étais plus sûre de moi subitement concernant la compréhension de l’angle. Le fait aussi, que je devais essayer de ne pas savoir à quoi pouvait faire penser cette forme, m’a légèrement déstabilisée, il manquait quelque chose, c’était comme nouveau me concernant. Mais je devais laisser faire le processus créatif. Je me suis donc remise à essayer à reprendre une respiration plus calme.
J’étais soulagée d’avoir fait apparaître une forme, je n’avais pas lâché. Je ne devais pas le perdre de vue, c’était un peu sécurisant.
Mais j’avais ce besoin de faire un gribouillage avec la main gauche, car subitement une pression s’est fait sentir. Une incompréhension dans ma tête ! Mais je me répétais : « essaie de respirer calmement. »
Pour la suite, je suis passée à faire naître l’espace sécurisant.
Là je me sentais tremblante.
La consigne était : « représenter sur la grande feuille un endroit où vous vous sentez bien. Ce peut être un endroit imaginaire, dans la nature ou autre.
Positionner ensuite la forme dans un lieu de l’espace sécurisant, donc dans la petite feuille ou sur la grande feuille. Chercher comment les formes peuvent s’intégrer l’une dans l’autre. Intégrer là dans la grande feuille. »
Imaginer cela, je ne le souhaitais pas trop, je ne voulais que quelque chose de vrai me parle. Imaginer reste par moment pour moi très difficile. J’ai besoin de concret, pour me sentir en sécurité, j’ai besoin de cela. Quelque chose qui existe et non imaginaire. Quelque chose de réel que je peux toucher.
Pour concevoir ce milieu sécurisant j’ai choisi le domaine du dessin. Mon petit coin à moi que je me suis aménagé chez moi, mais aussi dans mon cerveau. Le dessin fait partie de mes journées et je m’y sens bien, car je n’ai pas d’horaire pour m’y réfugier. C’est non stop et c’est un endroit où personne ne peut venir m’ennuyer. C’est protégé dans ma tête, mes idées, mes envies…
Mon idée d’esquisse était de faire apparaître une forme qui retranscrit ceci. Je devais dessiner une main, le fil conducteur, une main car c’est ce qui me sert à peindre, dessiner et puis il y a ce mouvement, ce geste qui se montre et qui se déplace sur ma feuille à l’aide d’un pinceau, d’un crayon ou autre, pour créer.
Dans cette main je dessinerais la table sur laquelle je dessine chez moi, la chaise, puis un visage avec un cœur, la forme d’un cerveau. Tout ceci montrera le fait que tout est en ébullition quand je dois créer ou bien même quand une idée s’annonce. Tout bouge et parfois ça va aussi dans tous les sens.
Puis je souhaitais rajouter une personne qui peint comme moi.
Pour développer plus mon cocon sécurisant, en haut de ma feuille, je voulais retranscrire une autre main qui déversait de la couleur, comme pour venir égayer encore plus ce petit coin de chaleur quand je peins, quand je m’y sens bien. Puis pour terminer j’ai rajouté des formes de pastels secs, un petit plus pour faire parler le dessin.
Pour les couleurs, je voulais de la douceur, de la chaleur, mais aussi pas mal de gaieté et de la force. Tout comme je devais retranscrire cette sécurité avec le mélange de mes couleurs.
Voilà mon espace sécurisant était là et réel, et c’est cela que je voulais. Du réel et de l’existence.
Positionner ensuite la forme dans un lieu de l’espace sécurisant, donc la petite feuille dans ou sur la grande feuille. Chercher comment les formes peuvent s’intégrer l’une dans l’autre. Intégrer là dans la grande feuille.
Pour la dernière étape demandée, j’ai incorporé dans cet espace sécurisant la forme que j’avais découpée au début de cet atelier.
Je l’ai collé sur le pouce de la main et dans sa continuité, ça remplaçait celui-ci et cela j’aime bien : cela n’enleva pas le mouvement de celui-ci, ni le fait que cette main peut bouger pour créer.
Donnez un nom à votre production
A la fin de cet atelier on nous demande de donner un titre pour aller vers une histoire à votre composition.
Le titre que je donne serez donc :
La main de la vie, de la création et son corps en boule, dans un milieu sécurisant…
Ou encore :
Il était une fois, une main de la vie qui est née parmi les couleurs, qui a permis à ce corps en boule de respirer et à se remettre en mouvement dans le temps présent…
Comment je me sens ?
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Production conçue sur feuille blanche 36 x 48 cm. Plus une feuille plus petite. Crayon de papier HB,3B, et Rolfe Charcoal Pensil Hard. Un peu de peinture aquarelle. Feutres de couleur. Colle, ciseaux, pastels secs.
Que ressentez-vous en regardant votre production ?
Quand j’observe ma production dans son ensemble, cette forme découpée fait parler un corps en boule, mais bien dans sa peau. Une force abstraite, il faut donc imaginer en l’observant, mais on perçoit bien le visage, l’emplacement des yeux et de la bouche et un corps en arrondi, du moins le dos. Le reste de la production fait bien apparaître ce que je ressens quand je parle de cet espace sécurisant. Il est intouchable et unique.
L’atelier est fini, je suis passée par des moments de doutes, d’incertitudes et de dissociations. Cela a fait également beaucoup travailler ma compréhension et ma concentration.
Mais cet atelier m’a beaucoup plu, j’ai dépassé des limites, tout ce que j’apprécie. J’ai dévoré cette découverte. Je me sens moins angoissée qu’au départ. Mes doutes sont là, mais ils sont moins forts. Je me dis : « voici une autre aide pour les autres personnes » et ça j’apprécie beaucoup, j’en reviens à l’entraide et à l’aide.