C’est un dessin que j’ai fait au lendemain de ma sortie de l’hôpital.
Parfois quand c’est trop fort dans ma tête et que j’ai cette sensation que mon cerveau est absent, que les pensées sont absentes, alors pour bien me concentrer ou réfléchir, je dessine, pour retranscrire mon vécu par une forme. Je ne cherche pas à faire plaisir ou à retranscrire de l’émotion, non car dans ces moments-là qui sont mes moments de RdV avec le médium, j’extirpe de moi tout ce qui me semble difficile à digérer. Ce qui est le cas, du diagnostic de ma dernière hospitalisation.
Comme les mots dans ma tête n’arrivaient pas à rester en ordre ou en place pour en retranscrire une phrase, un avis, je me suis tournée vers ma première réaction qui, depuis ma sortie, n’a pas changé et dont les titres seraient : je hurle la mort, ou encore, je hurle envers la mort ou contre la mort. Quelque soit le titre, c’est toujours la mort qui est là. Elle est là certes mais moi aussi en tant que Béatrice !
Comment avez-vous fait naître votre production ?
J’ai d’abord commencé à trouver quelle forme, je pouvais donner à ce cri, ce qui est un peu semblable à trouver comment je fonctionne pour expliciter ma douleur physique. Et là, à cet instant précis, je le percevais comme le cri d’un loup qui tiendrait dans sa gueule, la mort afin que celle-ci ne puisse plus bouger. Pour faire parler la mort, je dessine donc une tête de mort. Cet ensemble qui donnera vie à mon esquisse traduit bien le titre : « Je hurle la mort ».
Mon esquisse terminée, je n’y trouvais aucune violence, je ne savais pas si, à cet instant précis, cela pouvait me rassurer. Mais en attendant ce cri, je l’entendais et il ne pouvait pas aller plus loin dans mon corps, je ne le sentais pas. Cela voulait dire que dans cette esquisse, j’avais volontairement mis une limite bien forte, pour que ça n’explose pas. Mais c’était ce que je voulais. Il ne me restait plus qu’à recouvrir mon ébauche de son manteau de couleur et pour cela, je sors le médium, la peinture aquarelle.
Je dépose alors avec un pinceau de la couleur violette, du rouge rose, du gris-blanc, de l’orangé marron avec une petite goutte de ton blanc.
Le manteau terminé, j’avais encore une dernière pulsion pour entourer ma forme de pastel sec. Ceci fait, je termine en faisant les finitions aux crayons de couleur.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Cette production a été conçue sur une feuille blanche de format 36 à 46 cm.
Comme médium, de la peinture aquarelle, des crayons de couleurs pour les finitions. Du pastel sec. Un crayon HB pour mon esquisse.
Que ressentez-vous quand vous regardez votre création ?
Je regarde ma production dans ma tête, j’ai mangé la mort, le cri reste, mais il se fait entendre différemment en moi. Le surplus de salive est moins présent dans ma bouche, la sensation de frayeur est moins présente. Mais l’inquiétude reste, mais j’écrirais que ce sera peut-être un autre chapitre.
3 réflexions au sujet de « BMP – Je hurle la mort ! »
Bonjour Sandra,
parfois la puissance apaise un peu…
Bonne soirée.
Béatrice Mémoire-Peinte
Hello Béatrice. Là encore, je pense la même chose.
Une belle et douce soirée à toi.
Sandra Ash to H
Quel titre fort !
Quelle œuvre puissante.
De la douceur dans cette nouvelle journée Béatrice.
Sandra Ash to H