Je ne sais pas si la tête et le corps doivent fonctionner en duo, mais chez moi ça paraît compliqué.
J’ai toujours cette impression que cette chose à deux pattes, ce corps comme je l’appelle, n’existait pas vraiment, qu’il veut se faire passer pour invisible, que seule ma tête, mon cerveau fonctionneraient d’une façon « normale » j’ai l’impression aussi que ce corps ne m’appartient pas non plus, que je me positionne comme une étrangère envers lui. J’ai toujours un coté de dégoût aussi envers lui qui ressort aussitôt. Je le trouve disproportionné, et imposant.
J’écris cela aussi, car mon corps a du mal à ressentir et a du mal à s’exprimer aussi je dirais quand il le faut, comme si celui-ci s’était construit une carapace, une muraille épaisse pour ne plus ressentir ce que je pourrais lui apporter, ou ce qu’on pourrait lui faire découvrir de nouveau ou pas et que celle-ci continue à grandir au fils des années comme une protection.
La peur, la frayeur, de ressentir la douleur ? Peut-être que celui-ci se recroqueville pour ne plus recevoir de coups ou autre. Que ce corps se souvient de ce passé qui lui a laissé des marques de fer rouge, qui sont à vif et qui saignent encore. Ou alors l’angoisse de découvrir que quelque chose de nouveau, et d’agréable, comme de la douceur ou autre, une situation qui pour lui semblait un domaine peu connu. Une culpabilité peut-être aussi. Ou que celui-ci ne sait pas se qu’il lui faudrait aussi.
Par contre je dirais que lui sait me faire ressentir une certaine douleur qui le rend mal, qui le fait souffrir, et qu’il expulse par crise, comme pour s’en débarrasser.
J’ai l’impression qu’ il me renvoie ce que on lui a « transmis » montré aussi, quand j’étais petite, adolescente et en tant que femme.
Pour ma tête, je pourrais dire qu’elle fonctionne avec des court-jus électriques, et quand c’est trop violent et bien celle-ci disjoncte, qu’elle est dirigée par des pulsions diverses, et que celles-ci entraînent cette caboche dans de violentes tornades.
Et il y a ces troubles dissociatifs, alors là c’est toutes mes personnalités qui prennent le volant. Ça me donne cette impression que celui-ci passait de mains en mains, qu’il était pris, considéré comme un ballon. Et quand Béatrice revient à elle, et bien c’est le doute qui prend la relève et là, je ne suis plus sûre de moi du tout concernant mon attitude, mes avis, et demande. Car il y a ce doute de bien savoir qui dit ? ou qui pense ? Qui réagit ? Et le problème de manque de confiance en moi.
Mais il arrive, mais c’est pas souvent, du tout ou dans la tête de Béatrice il n’y a pas de doute, et cette inquiétude.
Souvent je me dis que j’ai le cerveau à l’envers et que pour que celui-ci se mettre à l’endroit pour fonctionner convenablement lui est compliqué.
Mon cerveau se paralyse, tétanisé quand il ressent cette sensation de mort.
Un texte aussi compliqué que ce qui se passe dans ma tête et avec ce corps.
Pendant le groupe, dans ma tête, j’étais envahie par ses mots qui avaient pris le contrôle :
Lâcher prise
Frayeur
Mort
Nue
Règle
Sang
Odeur (tu sens la transpiration) silence !
Bain
Présentation
Tais toi !
Brosse, celle dont on se servait pour me brosser ce corps quand on me lavait.
Jet violent pour arroser, froid
Objet
Congelée
Donner la vie
réflexion
Approuver
odorat (5 sens ) je me demandais ou ils étaient ? Je n’arrivais pas à trouver leur noms, inconnu.
Je me voyais dans ces escaliers en boule, mon corps n’ayant pas le droit de s’exprimer ou de hurler comme pour cette petite fille, ado qui y habitait.
J’ai ressenti aussi dans cette tête un grand agacement, énervement, et je cherchais ma concentration.
J’étais prisonnière dans ma tête.
J’entendais les voix des autres personnes qui parlaient mais assez loin, comme si celles-ci étaient enterrées dans un grand brouillard épais.
J’ai eu, je me rappelle ce réflexe de tirer mon maillot jusqu’aux bas de mes genoux.
Une pulsion de me serrer, pour que ce corps ne bouge plus.
Ma jambe droite sursautait toute seule.
Je trouvais, en regardant mes ongles, qu’ils étaient très sales. Je voulais enlever cette crasse mais je n’y arrivais pas.
Une réaction de me tirer les cheveux derrière mon oreille gauche, de me gratter au sang avec des croûtes d’eczéma.
Nausées.
Geneviève m’a demandé, à la fin, si j’allais bien ? j’ai répondu je ne comprends pas ta question, les autres personnes ont ri. Je ne comprenais pas pourquoi. Peut-être ont-elles pensé que je plaisantais mais je ne comprenais pas du tout, comme si on m’avait aspiré le contenu de ma tête.
Je suis rentrée rapidement, je suis partie tout de suite à la fin du thème, je ne suis pas restée comme je fais parfois.
Tout dans ma tête partait dans le néant.
Dehors je ressentais une lourdeur dans cette caboche même encore maintenant.
Le dehors était immense à mes yeux, une frayeur terrible.
J’ai l’impression que ma tête n’existe pas se soir, rien n’existe. Le froid de la mort.
Plus que perturbée.
Martine l’accueillante quitte le groupe définitivement.
Je suis touchée.
Hier au groupe je n’ai pas réussi à m’exprimer sur ce sujet, je ne sais pas ce qui s’est passé et pourquoi.
J’ai envoyé mon texte a Geneviève. Je ne veux pas qu’elle pense que je m’en fous car ce n’est pas le cas.
Mon dessin un corps et une grosse tête en morceaux. Celle-ci pas attaché au corps.
Je me vois comme ceci.
Une tête qui fonctionne avec des absences.
Et j’ai rajouté un corps difforme en dessin, au dernier moment je trouvais que le corps avec les courbes n’était pas moi.
J’ai pris ce dessin en photo à l’envers car je me dis aussi que je ne fonctionne pas que d’une façon « normal » quand je disjoncte.
Pour réaliser ce tableau je me suis servie des couleurs suivantes.
Bleu outremer 504
rouge écarlate 334 et après j’ai rajouté du jaune 200 avec le reste de mes premières couleurs, bleu et rouge.
Je me suis servie du noir d’ivoire 701.
En moi je voulais mettre des couleurs foncées. J’ai quand même mis une pointe de bleu.
Je voulais mettre une trace concernant le travail de mes couleurs que je fait.
Mais il y a cette partie qui n’aurait mis que du rouge vif et du noir ce matin.
Une réflexion au sujet de « BD – Groupe de parole – La tête et le corps »
Je suis sûre que votre corps n’est pas aussi « mal foutu » que vous semblez le croire. Pourquoi avoir dessiné ce beau corps ? Il est à qui ?
La tête exprime bien la dissociation, les couleurs vont bien ensemble. Cette petite touche de bleu est la bienvenue.
Le texte est fort en émotion, y compris les mots qui font mal.
sissi