BMP – Un corps de dos, la tête penchée, une jambe pliée

BMP – Un corps de dos, la tête penchée, une jambe pliée
Je continue donc cette série, corps et couleurs.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

J’ai choisi de dessiner un corps de dos, toujours dans un mouvement. Cette idée m’est venue après mon rendez-vous chez mon psychiatre. Je lui parlais de morceaux et je lui expliquais,  que suite à un décès qui s’est produit dans la « famille » où je ne trouve pas ma place, je vivrai maintenant et pour toujours avec un cerveau à trous, ainsi qu’avec un corps en pièces.
Je pense que je dois accepter de rester sans réponse, en ce qui concerne certains faits de mon passé. En fait en ce moment, je ne sais pas ce qui me fait le plus souffrir. Je ne sais pas si ce sont les événements qui suivent ce décès, le déni de cette personne qui est morte et des autres membres de cette famille, ou si je dois accepter que des trous serons là pour toujours dans mon cerveau et dans mon corps. Je dis dans mon corps car les maladies y sont aussi pour quelques choses.
Ces maladies n’expliquent pas tout, mais sûrement une bonne partie. Tous mes frères et sœurs ont de gros soucis somatiques et psychiques. J’en ai eu une confirmation ces jours-ci ! Le déni de cette personne décédée me ronge le cerveau. Alors en faire mon deuil… Et quel deuil ?
Pour en revenir à mon esquisse, mon désir était de dessiner un corps de dos avec des morceaux, mais ces morceaux ne seront pas éparpillés, ils seront bien les uns contre les autres.
J’ai tellement mal, que je ne pouvais me lancer à dessiner un corps avec des trous partout, un corps qui ne tiendrait pas. En fait je ne sais pas trop ce qui tient dans le mien depuis quelques mois.
Alors dessiner un corps en entier me rassurait et j’ai besoin de cette assurance, parce qu’une autre opération m’attend et pour celle-ci je ressens beaucoup d’effroi.
Me voilà donc à faire naître ce corps de dos tout en morceaux, mais collés les uns contre les autres, dans ma tête, je me voyais en prendre un pour le placer dans le mien, pour remplacer un trou, c’est apaisant ! l’image était là.
Le corps ayant pris place sur ma feuille, je devais le recouvrir de divers tons, et c’est sans hésitation que je prends comme médium la peinture aquarelle. Je commence avec la délicatesse à déposer mes diverses couleurs en passant par le jaune, le vert, le rouge, le marron, le bleu, l’orangé, du gris dégradé, du rose sans oublier tous les mouvements des mélanges, ça me faisait tellement de bien de recouvrir ce corps de son manteau. Pour terminer, quelques finitions ont été faites au crayon noir.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Une création conçue sur une feuille 36 x 46 cm. Comme médiums : un crayon HB pour mon esquisse, de la peinture aquarelle, un feutre noir.

Que ressentez-vous face à votre création ?

Par moment, je me dis que ce que j’écris est enfantin. Je regarde ma production dans ma tête, c’est mitigé. En moi se font des associations. Mon corps est en souffrance, que ce soit avec ma mère biologique ou mes mères nourricières,. Le deuil se ferait en mode hurlement et rage pour l’instant…
En fait ce corps est positionné de dos, car tristesse et souffrance sont là, mais qu’elles ne doivent pas se montrer. Rien ne devait gâcher ce rendez-vous avec la forme et le médium.
Mais en attendant, avoir dessiné cette production m’a fait du bien et pour l’instant je retiens cela !

BMP – Donner un visage à la douleur du dos

BMP – Un premier visage dans la douleur du dos
Je trouve que la douleur du corps est parfois difficile à suivre, mais j’apprécie de la retranscrire sur ma feuille, car effectivement, j’ai cette impression qu’à chaque fois je lui parle. Cela peut paraître « bizarre »  mais, pour ma part, j’y crois parce que de plus, je suis persuadée qu’elle peut diminuer en moi. J’ai déjà traduit par un dessin la manière dont je percevais la douleur que je ressens dans le dos. Aujourd’hui, je souhaitais lui donner un visage.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Dans mon esquisse, je vais intégrer deux visages, car la douleur augmente les dissociations. Je l’ai observée et un professionnel me l’a aussi confirmé me concernant, donc ce deuxième visage retranscrira ce fait.
J’ai commencé par dessiner ces deux visages, ensuite j’ai continué à faire apparaître la forme du premier corps avec comme un trou au centre, car c’est aussi cela que je ressens comme sensation. Ce premier corps représente la personne qui a mal à son dos. Puis j’ai continué en dessinant un deuxième corps, mais incomplet, car il exprime le phénomène comme pour le deuxième visage.
Cette première partie de mon esquisse étant réalisée, j’en arrive à la suite : dessiner une expression pour cette douleur, lui donner un visage.
Mais subitement faire cela n’était pas suffisant : je souhaitais aussi rajouter un corps, ou encore déposer cette couleur rouge qui est présente dans ma tête, depuis que j’ai commencé à dessiner.
Mon ébauche était donc terminée. J’avais très envie de déposer ce rouge avec mon pinceau, tout comme un mélange de rouge avec du violet. J’ai donc commencé par ceci. Ensuite, j’ai déposé sur ce corps, un peu de marron foncé, du marron clair avec une goutte de blanc. Toujours avec ce mouvement du mélange. Ce n’est qu’à la fin que j’ai vraiment pu déposer sur ma feuille ce rouge rose mélangé avec un pinceau et cela sur la forme, ce corps, ce visage qui retranscrivent cette douleur.
Je souhaitais faire apparaître une démarcation avec les tons marron. J’ai terminé avec des finitions aux feutres et un mouvement de pastel sec. En mettant toutes mes couleurs, je me demandais si cette douleur m’écoutait ! Mon souhait était qu’elle soit moins forte, car depuis un moment elle m’empêche de faire ce que je veux, en mouvements et en déplacements ! Comme une camisole ! Et je ne supporte pas cette camisole ! Elle me renvoie à cet indicible !

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Cette production a été conçue sur une feuille de 36 x 46 cm. Comme médium : de la peinture aquarelle, un crayon HB pour faire naître mon esquisse. Pour les finitions des feutres et du pastel sec.

Que ressentez-vous en face de votre création ?

Je regarde, ma production, c’est le rouge qui m’attire et dans ma tête ça me fait du bien. Ce qui me fait du bien également, c’est cette douleur qui apparaît maintenant en une forme, avec un corps et un visage, elle ne ressort pas de ma création. C’est elle qui est dans cette camisole ! Cette douleur on ne peut même pas l’imaginer. Ni vue ni connue !