Multitude de couleurs…
Je voulais une multitude de couleurs qui ne s’arrêtent jamais de grandir, je souhaitais également cacher un corps dedans, à la limite l’emmener, le transporter par toutes ces couleurs à en disparaître.
Je savais ce que je voulais faire apparaître, peut-être juste un petit doute pour le corps. En attendant que cela mûrisse dans ma tête, j’ai donc visualisé dans celle-ci les formes de mes couleurs, et un peu leurs emplacements.
Mon idée était à présent plus claire, mon idée était là, je pouvais donc me lancer à faire naître mon esquisse.
Comment avez-vous procédé pour concevoir votre esquisse ?
Mon premier coup de crayon a été pour dessiner le corps donc la tête, le début du corps, un début de mouvement de bras. Puis j’ai continué en descendant vers le bas de ma feuille, en formant mes premières formes des couleurs qui remplacent le reste du corps qui lui était absent dans ma tête à la naissance de mon esquisse.
Au moment de la concrétisation de mes formes, le mot « eau » était là mais aussi le mot bariolé de couleurs.
Mon idée était aussi de vouloir commencer à peindre sans filet, je veux dire par là, sans avoir à finir mon esquisse entièrement au crayon de papier, non, le reste je voulais essayer de le faire naître et de faire les finitions directement au pinceau.
Je voulais plus de mouvement, comme une grande vague qui emmène tout derrière elle.
Peut-être aussi par moment des imprévus dans mes gestes. Peut-être aussi plus de recherche pour vider la pression que je ressentais.
Pour concevoir le manteau en aquarelle de mon esquisse, là c’était des couleurs ! des couleurs ! Et encore des couleurs. Je ne voulais pas que cela s’arrête, le mot infini était présent et bien fort à ce moment-là dans le présent.
Je ne voulais pas non plus réfléchir à comment déposer ces couleurs dans les formes. Par contre j’ai réfléchi à comment elles apparaîtront en diversité.
Je sais que les couleurs gaies appellent les sourires, mais après dans ma tête cela n’allait pas plus loin, je pense que je ne voulais pas les faire disparaître. Je ne souhaitais surtout pas enlever ce sourire, ou même l’ébrécher.
Matériaux utilisés
Dessin conçu sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin.
Peinture aquarelle.
Crayons aquarelles.
Qu’avez-vous ressenti ?
• Je me suis demandé si le fait de ne pas finir mon esquisse au crayon n’était pas une façon de rechercher une forme de danger, de jouer avec le feux. Cela m’arrive quand je ressens trop de pression dans ma tête, vider un surplus.
• Je ne cherchais pas forcément à faire des finitions parfaites.
Mais je voulais que le rendu de cette aquarelle soit agréable à regarder et que les défauts ne se voient pas pour abîmer les couleurs.
• Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais j’avais la gorge serrée, les larmes étaient là et remplissaient mes yeux, mais je ne voulais pas qu’elles coulent, mais elles ne m’ont pas écoutée. Je ressens toujours cette espèce de honte quand celle-ci glissent sur mes joues.
• J’ai été envahie par une force, comme une pulsion mais celle-ci me faisait mal à ressentir, je voulais qu’elle quitte ce corps.
• Par moment je me demandais si les couleurs ne représentaient pas un pansement.
• Par moment la colère me titillait mais je souriais car je me disais que les couleurs vont la tuer. Et je repartais à vouloir garder ce sourire.
• Par moment gérer mes gestes était difficile, j’avais cette impression de m’emmêler dedans.
• Je me suis perdue dans ma tête, des moments de blanc mais je me disais ce n’est pas grave, même si cela m’angoissait.
• Je me faisais cette réflexion le fait de visualiser reste un exercice que je ne fais pas toujours car j’ai parfois du mal, mon idée ne tient pas dans ma tête. Je ne sais comment l’expliquer.
• J’imaginais mon pinceau danser dans les couleurs, glisser, je l’imaginais tout simplement se laisser aller, une situation qui m’effraie et que j’aimerais connaître.
• Je me suis dit finalement que je n’existe plus dans cette douleur quand je peins, je n’existe plus pour cette douleur tout simplement.
Que ressentez-vous face à ce dessin ?
En regardant ma production, les couleurs me rappellent la chaleur de l’été, c’est agréable dans ma tête. Ma première réaction a été de voir si la couleur rouge sang n’y était pas, comme un interdit que je me mettais.
Je me suis amusée avec mon pinceau. Et la douleur ? Je n’ai pas envie de répondre, juste garder ce bon moment que j’ai passé avec ce petit soleil dehors très timide.
6 réflexions au sujet de « BMP – Sixième étape du deuil – L’acceptation et l’accueil »
Les commentaires ne ressortent pas sur le blog je ne comprends pas. Un bug…
Ce n’est pas mirobolant aujourd’hui. J’aimerais trouver cette force pour être plus forte devant ce qui me bouffe le corps, aussi bien psychologiquement que physiquement et quand on ne l’a pas on a juste envie de s’oublier !
Béatrice Mémoire-Peinte
Sans le vouloir, vous avez traité la résignation, la cinquième étape du deuil qui est comme une délivrance, un bonhomme qui avance en trainant les pieds et en même temps ils sont légers et volent un peu.
Ou alors êtes-vous déjà dans l’accueil et l’acceptation sixième étape du deuil ?
Emmanuelle Cesari
J’ai cette impression d’être la salle gamine qui met constamment la mer…
Peut être que je juge trop violemment non ? que je dois dire amen ! et passer l’éponge même si j’ai été blessée.
Béatrice Mémoire-Peinte
faite comme vous le voulez. J’avais fait mes esquisses pour la suite du deuil. J’y ai travaillé.
Un peu dégoutée des réactions des médecins, Geneviève etc. Pourquoi je me bats ?
M’en donne-t-on le choix ? C’est un peu c’est comme ça, tais-toi !
J’ai trop mal je retourne me coucher ! la douleur dans mes mains empire et je ne sais plus quoi faire. Le médecin traitant ne veut rien me donner, il dit : prenez du doliprane ! le docteur L. est inquiet mais je peux faire quoi de plus ?
Je suis en train de perdre la motricité de mes mains, surtout la main droite je n’ai pas envie de rire je le vis mal.
Béatrice Mémoire-Peinte
Allez, un dessin sans vraiment d’esquisse sur la douleur !
Emmanuelle Cesari
Emotion esthétique.
Emmanuelle Cesari