De l’art pour changer de regard sur les troubles psychiques


Depuis les années 90, le centre d’accueil thérapeutique Montaigne Garches, aujourd’hui rattaché au groupe hospitalier Paul Guiraud, propose des ateliers d’art-thérapie aux patients souffrant de troubles psychiques. Ce mardi, était installée l’une de leurs fresques au coeur de la CCI du Val-de-Marne.
06/06/2018
La pratique de l’art encadrée par des professionnels et des soignants permet aux patients souffrant de troubles psychiques de travailler sur leur autonomie, leur socialisation ainsi que leur estime de soi.

« Ce n’est pas un cours de dessin, c’est un soin. Nous sommes parvenus à créer ce petit groupe de cinq personnes et il règne une très bonne ambiance. Ils viennent sur la base du volontariat et ce rendez-vous hebdomadaire leur offre l’occasion de sortir de chez eux »,

explique Feli Barbera, artiste formée à l’art-thérapie.
A raison d’une quinzaine de séances de deux heures, Delphine, Frédéric, Olivier, Taieb et Arbi ont travaillé sur une œuvre intitulée « Art’Monie ». A l’aide de matériaux de récupération, ils ont fabriqué chacun de leur côté des éléments colorés qui ont ensuite été assemblés pour former une fresque, transformant ainsi leur travaux individuels en œuvre collective.
Mais une oeuvre est aussi destinée à être vue, à rayonner. Art’Monie, elle, est venue illuminer l’un des murs de la CCI du Val-de-Marne.

« Nous sommes ravis et fiers de pouvoir acquérir cette œuvre qui fait écho à nos politiques de responsabilité sociale des entreprises et de qualité de vie au travail », s’est réjoui son vice-président, Jean-Michel Tasse. J’espère que votre atelier pourra essaimer dans d’autres entreprises pour porter ce message universel de l’art et du dialogue! »

La vente de cette oeuvre contribuera à financer les activités de l’association association Les Tennerolles, créée par le centre de Garches il y a une vingtaine d’années pour soutenir des événements festifs, sorties culturelles et vernissages d’exposition.
Pour le centre Montaigne Garches, il s’agit d’une première et Elodie Remant, assistante sociale participant aux ateliers thérapeutiques y voit un signal positif pour l’image de la discipline.

« Cela répond complètement aux objectif de la psychiatrie publique en France qui souhaite l’intégration des patients à la vie de la cité. Le fait de savoir que leur oeuvre est accrochée ici et qu’il y a un intérêt extérieur pour ce qu’ils font valorise leur travail et va ajouter une dynamique supplémentaire à la démarche. »

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Qu’est-ce que l’art-thérapie ?

Prévention Santé
L’émission du bien être et de la santé
Qu’est-ce que l’art-thérapie ?
6 février 2017
Par Mylène Marion
www.art-therapie-grenoble.net
En premier lieu, je dirais que l’art-thérapie est un processus de soin ou d’aide plutôt qu’une méthode. Celle-ci utilise les outils du monde artistique comme moyen d’expression. (Chant, danse, musique, art-plastique, théâtre…) C’est une forme d’expression différente, lorsque parler est trop difficile ou que les mots ne reflètent pas ce qui est à dire. La parole n’est pas exclue mais n’est pas comme en psychothérapie le moyen proposé prédominant.
Exemple : « je parle, je parle mais cela ne veut pas sortir » A la 8eme séance elle dit : « j’ai mis le doigt sur quelque chose de très important » ceci en faisant un travail par le dessin et l’expression corporelle. Dans l’éphémère on parle de trace.
La créativité est au cœur du processus, elle est au service de l’expression. S’exprimer par la créativité permet de mettre en évidence la singularité de chacun. En donnant à voir l’inhabituel, en se connaissant mieux, on constitue un socle qui permet de meilleurs appuis, une meilleure confiance en soi et un renforcement de l’estime de soi. L’art-thérapie conduit l’individu vers une transformation positive de lui-même, favorisant la relation à soi et aux autres.

« Ça m’intéresse » Juin 2015

Les neurosciences le confirment depuis peu : « c’est dans ces temps « hors temps » que naît la véritable créativité. Au niveau du cerveau, un réseau particulier se met en route laissant éclore des associations d’idées, des divagations hors cadre, qui apportent des réponses à nos questions, des solutions à nos problèmes. »
La créativité est une sorte de pont qui permet aux émotions intérieures, aux blocages d’aller vers l’extérieur pour prendre une nouvelle forme et être observables consciemment.
L’art-thérapie ne se substitue pas à un traitement médical mais viendra en complément de celui-ci.
L’art-thérapie s’adresse à toute personne qui souhaite faire un travail sur elle-même pour aller mieux.
L’art-thérapie consiste à « Redonner aux choses du passé une valeur actuelle » nous dit R. Roussillon, c’est-à-dire d’aller chercher et faire ressortir à travers les créations et les échanges, ce qui fait blocage, qui nous empêche d’être épanouis. Des évènements, des représentations ou des schémas inconscients qui nous emprisonnent dans des fonctionnements et qui ne nous conviennent plus.
A cela j’ajouterais une citation de Lacan :

« tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime »

S’exprimer à travers l’art permet à la personne de se révéler, d’avoir des sensations, des émotions, de mettre en lumière des blocages… qui vont prendre sens dans le présent de la séance ou dans l’après coup. C’est un travail sur le sensoriel et la mémoire du sensoriel.
Lorsque le mal-être, les difficultés, la souffrance, sont représentés, extériorisés par le biais de la création, ils sont en quelque sorte mis à distance et ne collent plus à la peau. La personne peut alors progressivement les considérer comme un objet extérieur, leur parler et les hisser au rang d’objet de communication. Une problématique communiquée est déjà moins douloureuse, cela permet de prendre du recul et de relativiser.
On attribue l’origine de l’art-thérapie au peintre anglais, Adrian Hill, qui en fit le premier l’expérience en 1940. Tuberculeux et placé en sanatorium, il entreprit, durant sa convalescence, d’entamer une flânerie sur papier qui, au grand étonnement des médecins, lui octroya un rétablissement rapide. « Lorsqu’il est satisfait, l’esprit créateur […] favorisera la guérison au cœur du malade », écrivit-il. Intéressée par cette approche, la Croix-Rouge britannique l’utilisa avec ses patients. En 1950, les premiers programmes de formation en art- thérapie virent le jour aux États-Unis.
En France, il fallut attendre 1986, malgré une pratique bien antérieure, pour que le concept soit enfin reconnu par la communauté scientifique au cours d’un congrès international souligne Jean Pierre Klein.

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