Intégration du Cycle de la Vie : thérapie des troubles de l’attachement, de la dissociation et du trauma

Trauma-et-résilienceCatherine Clément, Joanna Smith, Dorinda Bernardo
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Dans son travail thérapeutique avec les adultes, Peggy Pace a noté elle-même l’effet « désastreux » des carences affectives, négligences, traumatismes survenus avant l’âge de 2-3 ans. Reprenant l’hypothèse neuroscientifique selon laquelle un attachement sécure, qui permet de créer un sens de cohérence du soi chez le tout petit, va pouvoir se mettre en place à partir de la construction mutuelle pour le parent et l’enfant des récits autobiographiques de l’enfant (Cozolino 2002), elle propose au patient adulte de montrer à son moi nouveau-né le récit de sa vie et ce, lors de nombreuses répétition au cours desquelles il y aura progressivement intégration de son histoire, avec des changements notables dans sa vie d’adulte.

Pour reprendre la métaphore de la maison, aujourd’hui nous savons renforcer, voire donner des fondations, à des édifices qui en manquaient. La thérapie par intégration du Cycle de Vie, notamment le protocole de la naissance au présent, semble faire ce même travail : construire un attachement là où il manque. Il permet au patient de retrouver son récit de vie, de réaliser que l’histoire passée est réellement passée, qu’il n’est plus dans le temps du trauma. Il y aura, avec cette réalisation, la libération d’une énergie mentale et psychique au profit d’une bien meilleure efficience dans sa vie présente, avec une fenêtre de tolérance et de résolution face aux situations actuelles qui va s’élargir et une capacité à profiter des événements heureux de façon beaucoup plus pleine et consciente. C’est à travers une stimulation neuronale répétée que ces changements vont se faire, en regardant le « film » de sa vie un nombre de fois au cours des séances, que se développera la cohésion du soi.

L’expérience humaine, fondamentale, c’est l’abandon par Michel Serres

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EMPREINTES
LE VOYAGE ENCYCLOPEDIQUE DE MICHEL SERRES
Face à la caméra de Catherine Bernstein, Michel Serres, 77 ans, revient sur les lieux de son enfance, sur son plaisir d’écrire et d’enseigner, ainsi que sur sa vocation pour la philosophie. D’un lieu à l’autre, souvent au fil de l’eau, le citoyen du monde, comme il se définit lui-même, prend aussi le temps de confier sa vision de l’existence.La naissance, le sevrage, le départ le matin à l’école, l’amertume de l’adolescence, le début dans la vie, l’amour même quelquefois, le divorce, les fâcheries, et puis la maladie, l’agonie, la mort… Je crois que, quand on a fait cette liste, on s’aperçoit que l’expérience humaine, fondamentale, c’est l’abandon. (…) Qu’est-ce qui rachète l’abandon ? C’est la mémoire, le souvenir. Mais, à mesure que les abandons successifs sculptent notre existence de ses amères souffrances, on a l’impression que l’amnésie arrive peu à peu et on dit, un peu communément, « les pages sont tournées ». Il y a dans l’oubli quelque chose d’assez positif, enthousiasmant, rebondissant. Alors, oui mémoire, mais aussi beaucoup d’oubli. Si on se souvenait de tous ses arrachements, on en mourrait sans doute et on passerait sa vie à souffrir de ça.