Intégration du Cycle de la Vie : thérapie des troubles de l’attachement, de la dissociation et du trauma

Trauma-et-résilienceCatherine Clément, Joanna Smith, Dorinda Bernardo
Page 296
Dans son travail thérapeutique avec les adultes, Peggy Pace a noté elle-même l’effet « désastreux » des carences affectives, négligences, traumatismes survenus avant l’âge de 2-3 ans. Reprenant l’hypothèse neuroscientifique selon laquelle un attachement sécure, qui permet de créer un sens de cohérence du soi chez le tout petit, va pouvoir se mettre en place à partir de la construction mutuelle pour le parent et l’enfant des récits autobiographiques de l’enfant (Cozolino 2002), elle propose au patient adulte de montrer à son moi nouveau-né le récit de sa vie et ce, lors de nombreuses répétition au cours desquelles il y aura progressivement intégration de son histoire, avec des changements notables dans sa vie d’adulte.

Pour reprendre la métaphore de la maison, aujourd’hui nous savons renforcer, voire donner des fondations, à des édifices qui en manquaient. La thérapie par intégration du Cycle de Vie, notamment le protocole de la naissance au présent, semble faire ce même travail : construire un attachement là où il manque. Il permet au patient de retrouver son récit de vie, de réaliser que l’histoire passée est réellement passée, qu’il n’est plus dans le temps du trauma. Il y aura, avec cette réalisation, la libération d’une énergie mentale et psychique au profit d’une bien meilleure efficience dans sa vie présente, avec une fenêtre de tolérance et de résolution face aux situations actuelles qui va s’élargir et une capacité à profiter des événements heureux de façon beaucoup plus pleine et consciente. C’est à travers une stimulation neuronale répétée que ces changements vont se faire, en regardant le « film » de sa vie un nombre de fois au cours des séances, que se développera la cohésion du soi.

Traumatismes psychiques – Approche cathartique

Traumatisme-psychique

Principes de la prise en charge psychologique des sujets traumatisés
L. Crocq, D. Cremniter, D. Demesse, M. Vitry
page 90
Lorsque Freud (1893) a préconisé la méthode cathartique dans le traitement des hystéries traumatiques, il précisait qu’il convenait d’amener le sujet à revivre son trauma (par hypnose ou tout autre procédé), assorti de toute la charge des affects restés coincés ; mais que cette « abréaction » ne suffisait pas, et qu’il fallait aussi demander au patient d’établir des associations au sujet de son expérience vécue de l’événement. Il dénommait sa méthode « cathartique » par référence à Aristote, qui désignait par catharsis le soulagement que ressentait le spectateur des tragédies antiques en écoutant les mots du poète – proférés par le chœur ou le coryphée à la fin de la pièce –, apporter du sens à la situation maudite, imméritée et absurde que le destin avait imposée au héros vertueux. L’approche cathartique (Crocq, 2003) sous-tend en fait toute thérapie du trauma, puisque justement le patient ne pourra se dégager du non-sens et de l’absurde de son trauma qu’en découvrant, au fur et à mesure qu’il les énonce dans sa verbalisation des émotions, les signifiants qui vont habiller l’expérience de l’événement, et faire en sorte que cet événement qui a impliqué une rencontre inopinée avec la mort et le néant ne soit plus marqué par le sceau de l’indicible et de l’irreprésentable. À y regarder (de près, toutes les techniques psychothérapiques du trauma, qu’elles relèvent de la psychologie cognitivo-comportementale, de l’hypnose, de la psychothérapie de soutien ou de la psychanalyse, procèdent de la catharsis et visent à ce que le patient, après sa révélation du sens de son expérience traumatique, puisse l’intégrer entre un avant et un après dans la continuité fluide de son histoire de vie.
___________________________
Autres billets du livre Traumatismes psychiques
Se démarquer de la classique « neutralité bienveillante »