Rites mortuaires-rites de fécondité et marionnette, intervention dans le cadre du colloque de « Marionnette et Thérapie », à Charleville Mézières, le 17 septembre 2011
Je vais vous parler des mythes des origines qui nous rappellent les racines sacrées des marionnettes, ancrées dans la mémoire humaine.
LE RITUEL ET SON UTILITE POUR UN ATELIER THERAPEUTIQUE
L’idée de la mort et de « non être » nous est insupportable. C’est pour cela que l’homme met en place des rituels, afin d’accompagner l’âme du défunt. La communauté donne ses réponses au plus grand mystère, celui de la mort et de la vie. Le corps meurt et son double, son âme continue une autre vie. Qu’on ne voit pas. Qu’on ne connaît pas. La mort est « Adès » : celui qu’on ne voit pas. On peut imaginer que la mort est une porte qui en s’ouvrant, donne vue à un espace onirique, fantasmatique, imaginaire et créatif.
Mis en terre, brûlé ou livré aux vautours sacrés, le corps du défunt est l’objet de toutes les attentions, afin de mieux respecter l’âme. L’homme, très tôt, a des rites pour ses morts, il prend soin et les enterre. Avec le paléolithique, nous avons des rituels complexes, des ornements et une grande valorisation des défunts. Les rites de mort sont conçus comme un passage des expressions diverses et des croyances en une vie post-mortem. Le rituel est un moment théâtralisé et valorisé, avec une mise en scène de la situation, dans un lieu sacré et une conduite à tenir. Plusieurs objets sacrés et symboles sont utilisés dans une organisation qui permet d’établir un lien avec l’invisible et l’âme.
Le rituel signale et confirme devant la communauté un passage, un changement sur l’état du sujet. Il est lié à l’alternance de la mort et de la vie à travers les saisons, (hiver-printemps); son caractéristique est la répétition.
Dans une thérapie groupale, le sujet peut renaitre aussi, mettre de l’organisation dans le chaos, tenter de recréer une nouvelle identité de lui-même, en unissant ses morceaux dispersés. Au début, le sujet est dans un groupe qui le rassure, le soutient et le berce. Le rituel peut offrir à une personne fragile un réconfort qui se reconstitue dans un temps thérapeutique. Il protège de l’angoisse de la séparation et de la mort et il promet une renaissance. A mes yeux, la mise en place du rituel est une étape importante dans les ateliers, parce qu’il puise sa force de nos traditions familiales, de nos ancêtres et de notre histoire. Le rituel unit le groupe, il est plutôt du côté de la création et de la vie et non de la destruction et de la mort.
Marionnettes et masques, danse et musique sont ancrés dans les rites sacrés de la mort et de la vie. Dans un trajet initiatique aux labyrinthes, des épreuves préparés par les prêtres, le sujet, un vrai héros, arrive vers la lumière, vainqueur de la peur et peut laisser derrière lui les monstres de la nuit. Il a fait l’expérience symbolique de la mort et du recommencement. Voilà la force des telles médiations: nous faire plonger dans le chaos et recréer du nouveau tout en se purifiant. L’accès au monde de l’inconscient peut être dangereux, comme une descente dans l’autre monde ou l’entrée du labyrinthe. Suivons le fil d’Ariane pour en sortir.
LES MARIONNETTES DANS LES RITUELS TRES ANCIENS
Dès le XIXe siècle avant J.C., en Égypte, les prêtres animaient les statues sacrées à l’aide de cordes, dans les temples, lors de fêtes. La première marionnette trouvée est une Égyptienne, datée de l’époque du Nouvel Empire, (1.580-1.085 av J.C.). Elle représente un chacal-Anubis, le dieux des morts. On reconnaît à sa tête de chien noir le dieu de la mort Anubis, qui remonte probablement aux sources de la civilisation Égyptienne, puisque sa fête est mentionnée dès 3.000 av J.-C. Il est devenu patron des embaumeurs en inventant la momification. Anubis, maitre de la «thanato-praxie», il accompagnait le défunt, protégeait sa dépouille de la corruption et donc de la mort définitive.
Pendant les embaumements, le prêtre revêtait le masque d’Anubis et rejouait la scène mythologique de momification d’Osiris. Seth, jaloux de son frère Osiris, le tue et disperse ses morceaux à toute l’Égypte. Isis, femme et sœur d’Osiris, retrouve 13 morceaux de son corps sauf un, son organe sexuel, tombé dans la mer et dévoré par les poissons . Elle le reconstitue et lui redonne la vie.
Ces mystères ont une origine préhellénique, ils plongent leurs racines chthoniens, venus des Phéniciens, de Syrie, de Paléstine, d’Israël. Nous parlons des cultes très anciens de 5.000-6.000 av J.C. qui vient en Egypte du Sahara oriental.
En Égypte, le rituel théâtral a un contenu qui symbolise la création du monde. Il s’agit de la répétition d’un acte primordiale paradigmatique: la transformation du chaos en cosmos par l’acte divine de la création. Il projette l’homme à l’époque mythique du commencement. C’est une répétition et par conséquent une ré-actualisation de «ce temps-là». Tout rituel a un modèle divin et un archétype: C’est l’union avec dieu qui assure la fécondité terrestre et la renaissance.
Toute nouvelle année est une reprise du temps à son commencement, un passage du chaos à la cosmogonie, du morcellement à l’unité, de la mort à la vie.
Hérodote, le grand historien Grec relate la fête de Dionysos, qui est aussi Osiris en Égypte: des femmes y manipulent des immenses statuettes, dotées d’articulations qui permettent la manipulation du phallus. A Chypre, des telles statuettes ont été retrouvées, (elles se trouvent actuellement au temple de Saint Irène). Notons ici l’origine sacré de l’organe sexuel (Αιδειο), qui sacralisé et respecté, avait une valeur symbolique pour les initiés, (Αιδώς).
Tiressias le devin, déclare qu’il y a deux lois du commencement pour l’homme: la déesse Déméter, la terre, la nourriture et son égale Dionysos. Dionysos a amené aux hommes le jus de raisin apaisant les agonies, donnant le sommeil, l’oubli de maux de la vie quotidienne, le médicament pour les soucis. Le vin a une identité surnaturelle; il a plu une goutte du sang des dieux sur la terre, cela a donné une petite vigne. C’est le «sang de la terre». Au début le vin pure amène à la folie ou même à la mort. C’est une drogue qui amène son consommateur à l’animalité, mais il peut être aussi un remède.
Dionysos, enfant adultérin de Zeus, a subi le même sort tragique qu’Osiris. Héra, la femme légitime de Zeus, folle de jalousie, ordonne aux Titans, de l’anéantir. Par ruse, ils glissent entre les jouets de l’enfant un miroir, c’est de telle facon qu’ils le morcellent. Ensuite, ils bouillient ses morceaux et les mangent. Athéna sauve son coeur, le donne à Zeus qui le reconstitue en plâtre blanc et lui redonne la vie. Zeus frappe les Titans avec ses tonnerres et de leurs cendres il crée l’âme humaine. L’élément divin passe de Dionysos chez les Titans, puisqu’ils ont mangé sa chair et des Titans dans l’homme. D’où la nature divine de l’homme. Mais l’homme a une nature double, c’est également un pêcheur. On retrouve la « théo-phagie » dans l’eucharistie du corps du Christ. Dans ces rites on retrouve l’expérience de communier avec le divin.
Durant les fêtes dionysiaques, les bacchantes possédées par le dieu, dansent en manipulant des serpents, dans une sorte de folie valorisée par l’expérience religieuse. Le dieu rentre en elles par une possession provoquant une forme d’animalité chez les participantes. L’état de la manie, on le voit, peut être à la fois destructeur et créateur.
Le culte de Dionysos est attesté sur toute la Grèce et attire toutes les couches sociales. L’ivresse, l’érotisme, la fertilité universelle, l’inoubliable expérience provoquée par l’arrivée des morts, la mania, l’immersion dans l’inconscient animal, ou encore l’extase surgissent d’une même source: la présence du dieu, son apparition. C’est le dieu qui va et vient, qui monte et descend. Il fait la jonction entre les deux mondes, le monde des vivants et des morts. Il est présent et soudain il disparaît, cela reflète l’apparition de la vie et de la mort, de leur alternance et de leur unité.
Dans ce culte il s’agit d’une tentative de libérer la vie de l’instinct présent chez l’homme en l’éloignant des conventions et des habitudes sociales.
Dionysos est le dieu nourricier qui vit dans une atmosphère d’insouciance et d’absence de travail. Il est le dieu de la bonne humeur, la joie de vivre. Mais dieu mortel, persécuté,assassiné par les Titans, il est aussi l’étranger à la cité. Son culte dérange les valeurs de l’époque. Ses extases signifient la liberté et la spontanéité transgressant les interdits classiques de la société et de la morale, ce qui explique en partie l’adhésion massive des femmes à son culte.
Car Dionysos est le dieux des femmes. Les «bacchantes» entendent la flûte et sa musique brutale et quittent leur maison et leur cadre sociale. Il leur donne la liberté de s’identifier à l’instinct animal, hors du modèle masculin. Elles se libèrent ainsi de la réalité contraignante et cherchent à devenir protagonistes de leur propre vie.
Dionysos permet le passage du rituel à l’art. Il est protecteur des jeux dramatiques. C’est un de trois dieux masqués. Le dévoilement du masque de Dionysos rendait fou celui qui le regardait. Dionysos l’étranger, porte le masque qui cache l’identité de l’autre, l’altérité qui caractérise l’homme. Avec Dionysos nous rencontrons l’intrusion soudaine de ce qui nous dépasse, au delà de l’existence quotidienne, du cours normal des choses, de nous mêmes: le déguisement, l’ivresse, la transe, le délire extatique à travers le jeu, le théâtre, le masque et la marionnette. Dionysos apprend à faire l’expérience d’une évasion vers une déroutante étrangeté. C’est le dieu qui donne la manie, la possession par l’autre, mais aussi celui qui apporte la guérison, la purification à travers l’extase.
En étudiant Dionysos nous comprenons mieux la nature rebelle et étrange des marionnettes (Vidouchaka en Inde, Polichinelle en Italie, Punch en Angleterre, Karagiozis, figure d’ombre en Grèce et en Turquie, Guignol en France). Les marionnettes se situent en dehors de la loi humaine ordinaire, bravant même celle de la mort. Libres de leurs mouvements, elles ont leur propre centre de gravité. Contre les conventions, elles ont un esprit libre, critique et «anarchique». Ce sont des résistantes, celles qui remettent en question, celles qui peuvent purifier, justement grâce à cette nature. Elles permettent la présence de l’autre en soi, ce qui nous intéresse dans un travail sur le double.
Hétéron: le différent.
On verra alors comment le monde de Dionysos se distancie du monde Apollonien: le barbare s’oppose au classique; le spontané au réflechi; l’inconscient au conscient; l’inconscient groupale à la conscience individuelle. L’élément Apollonien, est un symbole solaire de l’harmonie et de l’équilibre et sa lumière couvre les forces obscures de la vie. On trouve Apollon avec son art c’est lui qui amène la sagesse, la culture. Pourtant les deux éléments, le dionysiaque et l’Apollonien ne font qu’une seule unité organique, celle des opposés. Leur opposition n’amène pas à la division, mais à la naissance de la tragédie, avec la rencontre des deux éléments, du dionysiaque avec l’inspiration, l’ivresse de la musique et de la danse et l’Apollonien avec la sculpture, les formes géométriques, la loi.
Le monde de Dionysos est un monde d’une existence massive et groupale, le monde d’Apollon est celui de l’existence individuelle et personnelle, de la naissance du sujet.
Il nous faut tous les deux éléments dans un atelier thérapeutique, la liberté d’être «autre» et un cadre structuré, sécurisant. Pouvoir exprimer ses deux natures afin d’arriver à l’unité, celle des contraires. Cela me fait penser à la marionnette, figure dionysiaque et au castelet, structure et cadre pour qu’elle puisse s’exprimer à toute liberté.
Quelques mots maintenant sur une autre dualité, pour mieux comprendre cette dualité des opposés, celle d’Eros et de Thanatos : Eros symbolise l’instinct de la auto-conservation qui nous lie avec l’union, la civilisation. En opposition, la Mort propose le morcellement et la destruction, le chaos. Il s’agit d’un retour dans une situation inorganique, au point zéro des tensions, dans le lieu appelé Nirvana, qui est en fait le siège de la pulsion de mort. Dans l’instinct de mort l’auto-agressivité prédomine sur l’agressivité, force de vie et liée à la vie. Tous les psychopathologies ont à avoir avec l’instinct de mort. (Dépression, agonie, psychose, toxicomanies, perturbations narcissiques). Dans les ateliers thérapeutiques, l’objectif soignant la transformation du chaos en formes reconnaissables, dans un cadre qui donne du sens. Le but n’est pas d’annuler l’agressivité et déclarer indésirable l’instinct de mort mais d’amener l’énergie psychique à être créative et se mettre au service des facteurs créatifs humanisants. L’âme humaine ou encore l’humanité peut se voir à travers l’art et l’initiation.
DEMETER, UNE DRAMATOURGIE DIVINE
Les mystères d’Eleusis, sont consacrés à Déméter, la déesse de la mère terre et de l’agriculture. Adès, dieu des enfers enlève sa fille Pérséphone, pour en faire sa femme. Alors Déméter dessèche la terre, le monde souffre de la famine, elle ne fait que chercher sa fille partout et refuge de travailler. Toutes les plantes meurent. Déguisée en mendiante elle arrive à Eleusis où elle est accueillie. Elle dévoile sa vraie identité et elle initie 4 personnes aux mystères de son culte et à la maitrise de l’agriculture. Tous ses initiés gardaient le secret de la religion et croyaient fermement que grâce à leur initiation ils connaîtraient la vie éternelle. Les rituels d’Eleusis sont interpréter comme une figure du changement des saisons. Le mythe de «koré», la jeune fille, traduit le rythme des saisons, l’attente du printemps et le désir d’une terre féconde.
L’initiation aux petits mystères: les prêtres rejouaient le mythe de Pérséphone.
Initiation aux «Grands mystères»: Les cérémonies de l’initiation se déroulaient en 3 temps:
Les initiés devaient passer la nuit de l’initiation en affrontant de terribles épreuves. Ils étaient vêtus de peau de faon et devaient déambuler, dans de dédales, dans l’obscurité la plus totale, à l’écoute des gémissements angoissants. Dans les labyrinthes avaient des visions apocalyptiques, des artifices étaient mises en place par les prêtres. Un prêtre mettait en suite en action une fumigation, qui avait pour effet de faire apparaître des formes fantasmagoriques, mi hommes, mi démons. Ils arrivaient à télésterion où 3.000 personnes pouvaient prendre place. Ils découvraient assis sur son trône Adès, le dieux des enfers et Pérséphone.
Mourir c’est renaitre. Les mystères figurent le passage de la vie à la mort. Ils ont une signification humaine car on y trouve une figuration du mariage, de la mort, de la colère et la réconciliation. Dans ces rituels des spectacles sont montrées, les histoires sont mises en actes, et s’offrent à voir dans une étonnante alternance entre ombre et lumière.
Orphée, le poète, l’aède, amène avec lui l’espoir de l’immortalité et l’harmonie de la musique avec sa lyre. Pour lui, dieu nous habite et c’est notre devoir de le libérer des chaines des Titans. Orphée descend chercher Euridice, mais il échoue pour toujours à la ramener à la lumière. Ses initiés exerçaient la mantique, -pratique dévinatoire- parce qu’ils communiquaient avec les âmes des morts et la thérapie par la lumière.
Zeus le punit parce qu’il dévoile les secrets des morts aux vivants. On trouve ici une similitude avec le mythe de Nigeria, à propos de quelqu’un qui retourne dans le monde des humaints et qui brise le secret des morts, en initiant les vivants à l’art de la marionnette. Cela nous rappelle aussi Karagiozis, ancêtre du théâtre d’ombre. Le mythe des origines des ombres grecques nous rappelle les racines sacrées des marionnettes.
La marionnette en elle a l’inscription de ce corps morcelé, relié et animé par la force du marionnettiste et la mémoire de son origine.
A la Grèce antique, chez Platon, la marionnette s’appelle «miracle». On mesure la force et la faiblesse. Dans la caverne de Platon nous assistons à une situation étrange: Des hommes emprisonnés, enchainés, regardent un spectacle, des ombres qui défilent. Drôle de situation, tourner le dos au spectacle pour ne pas voir que les ombres des poupées, qui transportent des animaux en bois ou en pierre, des statues et d’autres objets. Les prisonniers semblent eux mêmes des marionnettes, qu’un invisible marionnettiste peut mettre en mouvement. Enchainés, ils regardent un théâtre d’ombre qui se déroule en répétition. Les hommes-marionnettes se souviennent de toutes les scènes, en effet, avec la répétition on apprend, on fait travailler sa mémoire sur le même enchainement. Mais la répétition est stérile si c’est pour faire les mêmes mouvements, créer les mêmes objets, remplir le temps avec des moments prévisibles.
Il y a sortie de la caverne? Et si quelqu’un s’échappe et sort à la lumière en rencontrant «l’autre monde», le soleil et le ciel bleu, va-il revenir à la caverne? S’il revient et devient marionnettiste, est ce qu’il va montrer le même spectacle qu’avant, ou la mémoire de la lumière pourra-t-elle effacer la souvenir de la répétition des apparences?
Le miracle se trouve ailleurs: c’est la liberté de l’homme (le joueur, le spectateur, l’homme-marionnette), quand il sort de sa prison. Platon accuse le corps qui est la prison de l’âme. La marionnette nous fait sortir de la prison du corps qui dans certaines conditions peut nous enchainer, en nous faisant emprisonnés sans espoir d’évasion.
Le souvenir est une version de la mémoire qui accepte le trauma qui avec ses blessures nous fait différents. Là où le souvenir laisse ses traces, la continuité du même, l’espace habituel, le temps compté et calculé se fissurent. De cette fissure « l’autre » nous envahit: la marionnette incarne ce miracle de se souvenir. Cet art du «couvrir-découvrir», voiler-dévoiler, le montrer-cacher de la marionnette a une très grande force spirituelle et il est en lien étroit avec le sacré.
BIBLIOGRAPHIE
1. « Ο Διονυσος κάτω απο τ’αστέρια », traduction Κωστας Κουρεμένος, εκδόσεις Αλεξάνδρεια, 1993, traduction « Dionysos sous les étoiles » de Marcel Detienne
2. « Ο Νάρκισσος στα ίχνη της εικόνας και του μύθου », της Πέπης Ρηγοπούλου εκδόσεις Πλέθρον, 2002
3. « Le mythe de l’éternel retour, Archetypes et Répétitions » de Mircea Eliade, Gallimard, 1969″Ερωτ
4. « Ερωτας και θάνατος στη δραματοθεραπεία », « Amour et Mort en dramatothérapie », Article de Dimitra Stavrou, (Διάλεξη στο 2ο Πανελλήνιο Συνέδριο Δραματοθεραπείας και Παιγνιοθεραπείας, Αθήνα: Χαροκόπειο Πανεπιστήμιο 26-28 Νοεμβρίου 2010)
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