Livre – La voix de ceux qui crient – Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky – p. 102

Chapitre 5 – Le risque de la victimisation

La reconnaissance de la « victime » du traumatisme est la conséquence d’un engagement récent de l’État dans le système français de responsabilité sociale. Le traumatisme n’est plus seulement considéré comme « l’origine d’une souffrance que l’on soigne. il est aussi une ressource grâce à laquelle on peut faire valoir un droit ». On saisit ainsi les enjeux moraux et politiques qui accompagnent l’institutionnalisation du traumatisme et de la victime dans le régime de la demande d’asile.
La situation psychique du patient demandeur d’asile est donc paradoxale : d’un côté, il doit « plaider victime » devant l’administration et la justice et attester de violences à son égard, sinon il risque de ne pas obtenir ses papiers ; de l’autre, il est fondamental pour lui de ne pas s’identifier à une victime, sinon il risque la démobilisation de ses forces vitales, la réduction de son identité à son histoire traumatique. Je suis consciente de ce paradoxe et des contradictions qu’il entraîne pour le sujet. Sans doute faut-il écouter la plainte avant d’envisager de la transformer. Toutefois, non seulement la vie du demandeur d’asile ne se réduit pas à sa demande et à la décision de l’État, mais encore l’accord ou le refus du titre de séjour ne l’empêchera pas d’être un homme libre, dans ses choix, dans ses valeurs et dans ses actes. Cela, je le dis clairement au patient qui arrive annihilé par la violence d’un refus administratif, afin de court-circuiter l’effondrement et surtout sa réduction à son statut de demandeur.

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Editeur : Albin Michel
ISBN : 978-2-226-40259-2
EAN : 9782226402592

Les violences subies dans l’enfance laissent des stigmates sur l’ADN, selon une étude

Les violences subies dans l’enfance laissent des stigmates sur l’ADN, selon une étude
02/10/2018
Une étude menée par des scientifiques de l’université américaine Harvard démontre que les sévices subis pendant l’enfance laissent des cicatrices sur l’ADN. Des stigmates qui peuvent même se transmettre de génération en génération.

Les violences infligées dans l’enfance peuvent laisser plus que des séquelles psychologiques. Selon une étude menée par des scientifiques de la prestigieuse université Harvard, aux Etats-Unis, la maltraitance infligée à des enfants se grave dans l’ADN, rapporte The Independent. Les chercheurs ont analysé des échantillons de spermatozoïdes de 34 hommes et les résultats sont probants. Les stigmates présents sur certains spermatozoïdes permettent d’identifier les hommes ayant subi des mauvais traitements dès leur plus jeune âge. Il s’agit du processus de méthylation : une modification chimique qui se positionne sur la séquence de l’ADN.

Un outil pour les enquêtes pénales

Sur les 34 hommes qui ont participé à l’étude, 22 ont été victimes d’abus pendant leur enfance. Parmi eux, les chercheurs ont identifié 12 zones d’ADN modifiées par la méthylation. Une telle découverte pourrait avoir des applications pratiques dans un cadre juridique. « La méthylation commence à être considérée comme un outil potentiellement utile dans les enquêtes pénales – par exemple, en fournissant aux enquêteurs l’âge approximatif d’une personne qui aurait laissé une trace de son ADN », a déclaré Michael Kobor, de l’université de Colombie-Britannique. L’étude n’en est qu’à ses balbutiements. A cet égard, les chercheurs précisent qu’il est nécessaire d’approfondir leurs conclusions.

Impact sur la descendance

Toujours est-il que leur découverte permet d’établir que les violences subies pendant l’enfance peuvent avoir un impact sur le long terme. Elles peuvent également transcender les générations. « Un traumatisme affecte le comportement de la victime. Certaines deviennent dépressives ou sont en proie à un stress post-traumatique », expose le scientifique Andrea Roberts. « Les facteurs de stress en début de vie affectent le sperme et par extension la santé de la descendance en créant notamment un comportement anxieux ».

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