Livre – Marie-Laure Gamet – Les violences sexuelles des mineurs. Victimes et auteurs : de la parole au soin

Marie-Laure Gamet, médecin sexologue Châlons en Champagne, enseignante au DU de sexologie de Metz-Reims, membre titulaire de l’Association Inter-Hospitalo-Universitaire de Sexologie.
Claudine Moïse, sociolinguiste, Professeure à l’Université Stendhal Grenoble 3.
Elles ont publié Les violences sexuelles des mineurs. Victimes et auteurs : de la parole au soin, Paris, Dunod, 2010.
http://www.laurent-mucchielli.org/index.php?post/2011/11/25/Violence-sexuelle-des-mineurs

Une jeune fille, Agnès telle qu’on la connaît par les ondes, a été violée et assassinée par un mineur récidiviste. L’émotion est à son comble, les politiques veulent encore légiférer, l’opinion publique est scandalisée, on parle d’un suivi défaillant. Les psychiatres sont convoqués à la télévision, les magistrats éclairent les procédures « d’obligation de soin », les éducateurs parlent de leur mission. Il y a eu viol de mineur sur mineure. À quel moment a-t-on vraiment évoqué la question des violences sexuelles, des violences sexuelles de mineur sur mineur ? À quel moment a-t-on entendu parler de suvi sexologique ? d’éducation à la sexualité ?

D’abord, il faut le savoir, les violences sexuelles sur mineurs, dans les deux tiers des cas, sont commises par des adultes. Et, même si quelques événements récents ont ébranlé les esprits (viol et assassinat de jeunes femmes dans l’espace public), la plupart des violences sexuelles sont intra-familiales ou le fait de proches des victimes. Reste, malgré tout, qu’un tiers des violences sexuelles est le fait de mineurs ; chiffre loin d’être négligeable. Lutter contre la récidive est donc un enjeu sociétal et tout simplement humain. Nous ne parlerons pas ici de lois, davantage de circonstance que thérapeutiques, mais d’actions et de conditions pour qu’un jeune (ou un jeune présumé auteur) puisse se construire dans l’avenir, avec dignité pour lui-même et avec les autres.
Depuis 2010, date de la parution de notre ouvrage  qui croisait nos compétences, celles d’un médecin sexologue et d’une sociolinguiste , et qui décrivait, entre autres, le profil de mineurs auteurs de violences sexuelles, à partir du travail de terrain de Marie-Laure Gamet, la situation a évolué. Marie-Laure Gamet travaille sur la prise en charge sexologique des mineurs et a suivi 80 mineurs auteurs depuis 2003. Elle constate que les mineurs qui lui sont adressés sont de plus en plus jeunes (13 ans actuellement en moyenne). Certes, et c’est tant mieux, désormais les parents savent qu’ils peuvent demander de l’aide et nouer un dialogue avec un professionnel sur d’éventuels faits d’agressions sexuelles commis par leur enfant, majoritairement dans la sphère familiale. Toutefois, l’analyse des nouvelles situations depuis 2008 montre que les troubles du développement sexuel (qui peuvent basculer dans la violence) sont bien souvent la conséquence de certains contextes.

Infanticides : leur nombre sous-estimé, selon la pédiatre Anne Tursz…

Infanticides: leur nombre sous-estimé, selon la pédiatre Anne Tursz
Le point – 2 décembre 2013
Le nombre d’infanticides dans les statistiques officielles est « sous-estimé », affirme à l’AFP la pédiatre Anne Tursz, directrice de recherche à l’Inserm et spécialiste de la maltraitance des enfants, après la mise en examen d’une mère pour assassinat à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Question: Quelles sont les statistiques en matière d’infanticide ?
Réponse: « J’ai fait un travail de recherche sur les morts suspectes de nourrissons. J’ai enregistré sur une période de cinq ans (1996-2000), dans tous les départements de trois régions françaises, tous les décès qui avaient fait l’objet d’une saisine du procureur de la République ou les bébés de moins de un an qui avaient été transférés pour investigation dans des hôpitaux.
J’ai comparé les chiffres que j’obtenais aux statistiques officielles de mortalité, et ça donne des choses assez surprenantes. Dans la période considérée, si on extrapole à la France entière, il y avait dans les statistiques officielles de mortalité en moyenne 17 homicides d’enfants de moins de un an, par an. Moi, avec les chiffres que j’ai trouvés, j’arrive à 255.
La différence est considérable, et je n’ai pas compté les +néonaticides+, c’est-à-dire les homicides des premiers jours de la vie, car ils ne figurent quasiment pas dans les statistiques officielles. Moi j’en avais plein dans mon enquête mais dans les statistiques officielles, ce sont des enfants qui le plus souvent, bien que ce soit légalement obligatoire, ne sont ni déclarés vivants, ni déclarés morts, donc ils n’existent pas.
Le nombre d’infanticides est sous-estimé ».