Procès Dominique Cottrez – Mardi 30 juin 2015 – 4e jour – Dr Coutenceau – Tweets de la salle d’audience

Quatrième jour du procès . Les avocats ont sorti leurs robes et les journalistes aussi.

Récit de la journée d’hier : « Mon père ne m’a jamais touchée », lâche finalement Dominique

L’audience reprend.

L’audience reprend. Francine Caron, ancienne collègue infirmière de Dominique , est appelée à la barre.

Deux témoins vont être entendus ce matin. Le premier, c’est Francine Caron, une infirmière et ex-collègue de Dominique

Dominique était « très maternante avec ses patients, mais très discrète, un peu introvertie »

« Elle était très maternante avec ses patients », raconte Francine Caron

Francine Caron a travaillé avec Dominique à partir de 1997.

Les deux femmes échangent des petits regards.

– « Si vous êtes là c’est à la demande de Dominique . Vous aviez une relation privilégiée avec elle ? »
– « Euh non. Mais on se voyait souvent »

L’aveu est un mensonge comme les autres.

« Elle pleurait souvent quand un patient dont elle avait la charge mourait, c’était quelqu’un de très sensible », poursuit l’infirmière.

« Je n’ai jamais eu conscience qu’elle pouvait être enceinte », dit Francine Caron. Elle ajoute que Dominique était souvent en arrêt maladie


Francine Caron regarde régulièrement lorsqu’elle parle d’elle. C’est peut-être le 1er témoin depuis le début du procès à le faire.

« Au travail elle essuyait pas mal d’humiliation. Elle était en surpoids, ça déplaisait aux personnes dont elle avait la charge »

Le 26 juillet 2010, deux jours après la découverte des corps des bébés, elle est venue travailler. « Elle était comme d’habitude. »

Seule Me Carlier pose une question. »Si je vous dis qu’elle a gardé pendant 24 ans ses bébés à côté de sa tête, qu’est-ce que vous en dites ? »

« Ses enfants elle les aimait », répond Francine Caron. Elle tourne les talons et s’en va

C’est au tour de Dominique Ducatillon-Pruvost, ancienne collègue de Dominique , de prendre la parole.

Une autre femme, ex-collègue de Dominique , arrive à la barre. Elle s’appelle Dominique Ducatillon-Pruvost.

« Elle était très proche des patients. Elle travaillait bien. Je lui donnais des patients difficiles, avec une forme d’agressivité »

« Elle était très proche des personnes. Jamais un mot plus haut que l’autre. Je pouvais lui demander beaucoup de choses. »

« Elle était capable de gérer la difficulté », explique son ancienne collègue.

« C’est ce que je pense Dominique », dit-elle en se tournant vers elle. Dominique pleure et met son mouchoir contre sa bouche.

Le problème de poids de Dominique est abordé avec chaque témoin.

Cette question de surpoids est l’affaire de tout le monde aujourd’hui. Mais elle n’a été abordée par aucun avec Dominique dans le passé

« On discutait dans l’équipe de régime. Mais de quel droit je pouvais lui dire : ‘Dominique, vous devez perdre du poids' »

« On discutait de régime dans l’équipe. Mais de quel droit je pouvais dire à Dominique, il faut perdre du poids », commente son ex collègue

« Je pense que vous auriez pu être la personne qui aurait pu l’aider… », suggère la présidente. La témoin était la chef de service

Elle dit n’avoir pas « souvenance » de remarques de patients sur le poids de Dominique . « Je n’ai pas eu ce genre de commentaire »

Cette ancienne collègue échange également des regards avec Dominique

– « Avez-vous remarqué qu’elle était enceinte ? »
– « Peut-être… J’ai dû poser la question. Une fois. Il me semble… »


« Je ne me souviens pas de l’époque à laquelle j’ai posé cette question », ajoute Dominique Ducatillon-Pruvost.

« C’était quelqu’un de très très fragile… » Dominique porte à nouveau son mouchoir à sa bouche. Elle le serre fort.

– « Vous parliez des vexations que vous subissiez ? » demande la présidente à Dominique . L’accusée se lève.
– « Non. »

s’est levée à la demande de la présidente. Elle est invitée à commenter les propos de Dominique Ducatillon-Pruvost.

La présidente lit maintenant des extraits d’audition d’autres ex-collègues de Dominique .

se souvient avoir eu, 1 fois, une remarque blessante sur son poids. « Une patiente m’avait vraiment blessée », dit-elle en hoquetant

– « Oui là on avait parlé », dit son ex-chef de service.
– « Je n’y suis plus retournée », commente Dominique

L’ex-chef de service décrit le métier d’aide-soignante : « C’est un travail physique et moral, puisqu’on accompagnait jusqu’au décès »

« Elle savait s’occuper des autres, mais elle, elle s’oubliait », poursuit l’ex-chef de service à propos de Dominique

« Elle savait s’occuper des autres, s’intéresser aux autres, ms elle s’oubliait », se rappelle l’ancienne chef de service

– « Dominique s’intéressait. Mais parler d’elle, non. »
– « Aujourd’hui c’est encore dur pour elle », souligne son avocate Me Carlier.

Lorsqu’elle parle, la chef de service parle à la cour mais aussi à Dominique

« J’ai beaucoup de peine pour Dominique », insiste son ex-chef de service.

« J’ai beaucoup de peine pour elle », dit la chef de service.

Même question de Me Carlier.
– « Elle a gardé pendant 24 ans ses bébés à côté de sa tête, qu’est-ce que vous en dites ? »
– « C’était ses bébés »

Dominique Cottrez à Douai

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Le docteur Roland Coutanceau est appelé à la barre. Dominique aussi.

L’ex-chef de service cède la place à l’expert psychiatre Roland Coutanceau.

– La présidente rappelle le coup de théâtre d’hier.
– « Vous maintenez vos rétractations ? »
– « Oui, je maintiens », répond Dominique

Avant de l’entendre, la présidente s’adresse à D .
– « Hier vous avez fait des rétractations. Vous maintenez ? »
– « Oui je maintiens »

–  « Vous maintenez que vous n’avez eu aucune relation sexuelle avec votre père, ni enfant ni ado ?
– Oui je maintiens. »

– « Vous avez mis en avant l’inceste face au poids de l’accusation ? », lui demande Coutanceau.
– « Oui », répond Dominique

Puis Coutanceau pose une question un peu longue.
« On a mis en avant l’inceste.
C’est parce que c’est plus facile d’expliquer les actes ?

« … ou c’est parce que d’une certaine manière en public vous ne voulez pas salir votre père ? »

« Non c’est pas mon père. C’est pour Virginie… Je ne veux pas quitter l’audience sans dire à la vérité à Virginie », répond Dominique

J4 D. maintient : il n’y a pas eu d’inceste paternel. « Je ne voulais pas quitter l’audience sans avoir dit la vérité pour Virginie. »

– « Donc, face au poids de l’accusation, vous avez menti ?
– Oui j’ai menti. »

L’avocat général se lève et s’approche. Il veut comprendre les raisons de ce mensonge et commence une question.

« Oui j’ai menti, suite aux écoutes téléphoniques (de ses proches qui évoquaient probable inceste) j’ai adhéré à cette histoire »,dit

La présidente préfère entendre d’abord le Dr Coutanceau. Il se lance donc dans l’exposé de son expertise psychiatrique.

Roland Coutanceau livre son rapport sur Dominique

Dr Coutanceau : « Qui est cette femme indépendamment des faits qui lui sont reprochés ? »

Pour Coutanceau, Dominique fait partie de ces gens avec des structures névrotiques, qui ont des fragilités humaines.

« C’est 1femme plutôt réservée. Introvertie. Une personnalité sensible. Hyper émotive, et même, avec une hyper sensibilité à autrui »

« C’est une femme réservée, repliée sur elle, introvertie. Il y a une peur lancinante du regard de l’autre, du jugement d’autrui »

« Elle a une sorte de sociabilité, mais un vécu intérieur de solitude. Elle se sent seule, dans l’incapacité à s’exprimer »

« Ce doute sur soi, cette insécurité intérieure qui est banal, peuvent très douloureux chez certains humains »

« La clé des êtres humains, elle est dans leur imaginaire », souligne le Dr Roland Coutanceau.

« La clé des êtres humains est dans leur imaginaire » – Roland Coutanceau

Après avoir parlé de la personnalité de Dominique , Coutanceau aborde son rapport au corps.

« On peut être pudique mais on peut être très très pudique. On n’est pas dans la pudeur de niveau1, le rapport au corps est trop douloureux »

Dr Coutanceau parle d’1sentiment de pudeur très significative dans le rapport au corps chez . « On se vit dénigrée, on se dit humiliée »

Toujours au rapport au corps, Roland Coutanceau explique « on se vit dénigré, on se vit humilié »

Dominique écoute très attentivement le docteur Coutanceau décrypter son intérieur

« restitue le mécanisme psychologique qui fait que les choses ont pu se répéter », dit-il à propos de la répétition de l’infanticide

a confié au Dr Coutanceau qu’elle regrettait ses actes, « d’avoir fait du mal à ces bébés ». Elle ne l’a pas dit à son procès.

Le docteur Roland Coutanceau vient de livrer un rapport passionnant sur le cas

« Elle souffre d’une peur névrotique »

« Ce sont des personnes emmurées psychologiquement dans leur solitude, avec une peur lancinante du jugement d’autrui »

« Dans ces histoires, même si ça nous semble bizarre, l’enfant grossit physiologiquement mais il n’est pas investi comme un enfant à naître ».

« Elle vit une grossesse sans l’investir. L’enfant grossit physiologiquement. Mais il n’est pas investi comme un enfant à naître. »

« Cérébralement,elles savent qu’elles sont enceintes. Psychiquement, non. C’est une grossesse sans sens, un objet », explique Coutanceau

« C’est une grossesse sans sens. C’est une boule qui grossit, un magma. »

– « Les néonaticides à répétition sont-ils plus dangereux que les autres ?
– « Non » Coutanceau

« Une fois dévoilé, le mécanisme de l’emmurement a explosé. Il n’y a aucune dangerosité. Elle est réadaptable socialement » – Coutanceau

« Une fois que les infanticides sont dévoilés, il n’y a aucune dangerosité. (…) Le mécanisme d’emmurement a sauté »

« Si c’est pas dévoilé, le même mécanisme peut se reproduire. C’est lié à la fragilité. Ça se répète parce que ça reste dans le silence »

L’analyse du Dr Coutanceau est intéressante, mais pas facile à résumer dans des tweets…

« Elle est comme piégée par sa passivité, et une fois que le piège se referme, c’est fini, ça va exploser, elle va accoucher »

Le docteur Roland Coutanceau n’a pas besoin de l’inceste pour comprendre le mécanisme psychologique de Dominique .

« Celles qui font des séries [infanticides] ne sont pas plus problématiques que les autres », estime le Dr Coutanceau.

Pour Roland Coutanceau, les femmes qui répètent un infanticide ne sont pas plus problématiques que les autres.

Le Dr Coutanceau fait un « arrêt sur image » sur le moment de l’accouchement.

« La force de la peur de l’autre, la question ‘que penseraient-ils de moi ?’ est plus forte que l’amour pour un enfant »

« Et je n’ai pas besoin de l’inceste pour expliquer la répétition » des infanticides, poursuit-il.

« Je n’ai pas d’avis absolu, mais j’ai montré que je n’en avais pas besoin pour expliquer ses actes », tient à préciser Coutanceau.

« Dans notre désir d’explication, il ne faut pas qu’on soit ‘nous’. Oublions la répétition [de l’acte] pour comprendre »

« Techniquement, je ne peux pas conclure à l’abolition du discernement », précise Roland Coutanceau.

« Pour le fun » vient d’être prononcé dans cette salle d’audience où l’on juge un octuple infanticide. Oui, oui, « pour le fun ».

Avocats, jurés, présidente, parties civiles, journalistes… ont les traits tirés. L’audience de la veille a laissé quelques traces.

Petite suspension d’audience de dix minutes.

Les filles et le mari de Dominique se dirigent vers elle. Virginie, la cadette, va un peu moins facilement vers sa mère.

L’audience est suspendue pour quelques minutes. Emelyne et Virginie, les deux filles de Dominique , quittent la salle en larmes.

L’audience reprend.

La présidente commence par poser des questions à Dominique .
– « Votre père était-il au courant de vos grossesses ?
– Non. »

– « Votre père était-il au courant de vos grossesses ?
– Non.
– Que vous avez tué ces enfants ?
– Non. Que vous amenez les sacs au grenier ?
– Non »

C’est ce que Dominique a affirmé à plusieurs reprises. Elle disait partager ce secret avec son père.

– « Votre père savait-il que vous avez tué ces enfants ?
– Non.
– Que vous amenez les sacs au grenier ?
– Non. »

– « Vous n’avez jamais dit un mot sur les bébés tués, ni sur les sacs.
– Jamais. »

– « Ni avec votre père, ni avec votre mère…
– Non. Personne n’était au courant »

– « Mais qui a enterré les corps ? »
– « Je ne sais pas », répond Dominique d’un ton ferme.

– La présidente demande à : « qui a enterré les sacs au grenier (contenant les corps) dans le jardin ? »
– « Je ne sais pas »

C’est une nouvelle version que livre Dominique . Elle avait dit jusqu’ici que son père était au courant de ses agissements.

Elle avait expliqué que son père, au courant de son secret, l’avait aidée à cacher les corps. Mais après ses rétractations, le mystère demeure

Qui a déplacé les sacs contenant les corps du grenier au jardin ?
Question sans réponse encore aujourd’hui.

La présidente demande ensuite à Coutanceau si Virginie (2e fille de dont la grossesse en partie dissimulée) est un « infanticide raté » ?

La présidente s’adresse ensuite au Dr Coutanceau.
– « Qu’est-ce que vous en pensez ? C’est pas un néonaticide raté, Virginie ? »

Le mari de Dominique entoure de ses bras sa fille Virginie comme pour mieux la protéger de cette question.

Rappel : Dominique a caché la naissance de sa seconde fille Virginie.

« J’ai besoin d’un minimum d’éléments pour forger ma pensée. Ici, je n’en ai pas, je préfère ne pas répondre », explique Coutanceau

A l’évocation de sa fille et de la formule de la présidente, D se met à pleurer. »Excusez-moi madame Cottrez », lui dit la présidente

Sur le banc des parties civiles, Virginie baisse la tête. Son père l’entoure de son bras droit. Leur avocat se tourne pour les soutenir

Aux avocats des parties civiles de poser des questions.
« On peut être cohérent et mentir quand même » affirme à Me Crespin le Dr Coutanceau

« Je n’ai pas d’avis absolu sur sa rétractation (concernant les viols et l’inceste) », commente Roland Coutanceau.

« Je n’ai pas d’avis absolu sur sa rétractation », insiste le Dr Coutanceau, en parlant des aveux de Dominique  sur le viol et l’inceste

Coutanceau : « Un enfant ça s’attend. Un enfant ça s’espère. Si ce mécanisme humain ne se déclenche pas, c’est un sentiment absurde »

« L’enfant est une réalité psy. Un enfant ça s’attend, ça s’espère, si ce mécanisme ne se produit pas, la grossesse n’a pas de sens »

« La situation les piège (…) Ce ne sont pas des dénis. Ce sont des autruches », estime Coutanceau

« C’est la situation qui les piège », martèle le docteur Coutanceau.

« L’image que j’ai, c’est des autruches » ajoute-t-il en parlant des mères infanticides

« Du fait du problème avec leur corps, ces femmes ne maîtrisent pas la contraception »

« Du fait de leur problème au corps, ces femmes ne maîtrisent pas la contraception » Coutanceau

De temps en temps, Dominique lève la tête et regarde le Dr Roland Coutanceau pendant qu’il parle.

Dr Coutanceau : « Pr comprendre comment elle fonctionne, il faut être un peu névrosé soi-même, ou avoir l’imaginaire de la névrose »

C’est au tour de la défense de poser des questions au Dr Roland Coutanceau.
Me Marie-Hélène Carlier prend la parole.

Me Carlier, l’avocate de Dominique , entre en scène. Elle veut savoir pourquoi le docteur rejette « l’abolition du discernement ».

« Puisque vous dites qu’elle n’a pas conscience d’être enceinte(…) pourquoi vous dites que ce n’est pas une altération du discernement ? »

« Vous nous dîtes qu’elle n’a pas conscience d’être enceinte, pourquoi ne retenez-vous pas l’altération du discernement ? »

« Techniquement, je ne peux pas conclure à l’abolition du discernement », répète Roland Coutanceau.

La réponse est un mélange entre technique et psychologie que je n’ai pas bien saisi.

Coutanceau se lance dans des explications très techniques.
« Je le mets ds le champ du psychologique et non du psychiatrique. »

En résumé, Coutanceau n’est pas contre cette notion sur le fond mais le débat technique l’empêche de dire ça.

« C’est un choix personnel, au cas par cas », conclut le Dr Roland Coutanceau.

« Je préfère décrire le mécanisme psychologique dans lequel elle s’est engluée », explique-t-il.

« Les gens qui sont humains ont besoin que la sépulture ait un sens », précise le Dr Roland Coutanceau.

« Les gens qui sont humains ont besoin que la sépulture ait un sens », dit Coutanceau interrogé sur les corps conservés dans la maison

Me Berton intervient. « Si on vous fait venir c’est qu’on pense que vous pouvez être utile à la justice », dit-il au Dr Coutanceau


« Il n’y a rien à comprendre de cette répétition (des infanticides) », estime Coutanceau interrogé par Me Berton

Le Dr Coutanceau rappelle son hypothèse sur l’octuple infanticide :
« Il n’y a rien à comprendre de cette répétition »

« Si j’avais à juger cette femme… », déclare Roland Coutanceau qui se met dans la peau des jurés à la demande de l’avocat de

Coutanceau se met à la place délicate des jurés.
« Si j’avais à juger cette femme, je me demanderais : est-ce qu’elle le mérite ? » 1/2

« Ou est-ce que j’ai de la compassion pour elle malgré ce qu’elle a fait ? » 2/2

« Je me demanderais : est-ce qu’elle le mérite ou est-ce que j’ai de la compassion pour elle malgré ce qu’elle a fait ? » poursuit le psychiatre

« Ce que vous décrivez c’est un trouble psychique. Le discernement a été altéré à un moment, on est d’accord ? », insiste Me Berton.

« Oui elle a des troubles psychiques mais on n’a pas besoin « d’altération du discernement » pour la juger avec intelligence et compassion »

« On n’a pas besoin du discernement pour la juger avec compassion et intelligence », estime le Dr Roland Coutanceau.

Après deux heures d’audition, le docteur Coutanceau a terminé son exposé. L’audience reprendra à 15 heures.

L’audience est suspendue. Elle reprendra à 15 heures.

la présidente Anne Segond

Dominique Cottrez fait volte-face, masquant un peu plus sa vérité – par Claire Lefebvre

1410205722_logo-vdn-web-test-3Dominique Cottrez est revenue lundi sur la révélation de l’inceste paternel. Elle avait émergé lors de l’instruction comme une piste – presque confortable – d’explication des huit assassinats de bébés qu’elle a reconnu avoir commis.

Publié le 29/06/2015

par Claire Lefebvre

C’est un de ces frissons où on sent que l’audience bascule, épaississant le mystère qu’elle tentait plus tôt de rationaliser. La première estocade est portée par l’avocat général, Éric Vaillant. Il est agacé par la énième version de l’inceste décrite par l’accusée née dans une ferme de Villers-au-Tertre : « Mme Cottrez, votre papa, c’est quelqu’un qui est toujours apparu, dans sa famille, dans son village, comme un brave homme… Si votre père a fait ce que vous avez dit, c’est un énorme salopard. » Il arrache aux sanglots de l’accusée un « Ça reste quand même mon père » à peine audible.

Contre toute attente, la charge – délibérément brutale mais ne produisant pas forcément l’effet escompté… – vient de la défense. Me Berton qui laisse à Me Carlier, dans le tandem qu’ils forment, la carte de la douceur compréhensive :
– « Pouvez-vous jurer sur la tête de vos deux filles que votre père vous a violée ? »
– « … Non. »
– « Votre père ne vous a pas violée ? »
– « Non. »

Dominique Cottrez, dont la propre stupeur arrête les larmes, semble la première perdue. Elle n’est pas la seule. Même l’avocat général qui vient pourtant de sous-entendre clairement que cet inceste pourrait être le « mensonge » d’une stratégie de défense, est démuni. De son propre aveu, cette révélation en forme d’ébauche d’explication, survenue en février 2011 dans le cabinet de la juge d’instruction, l’avait lui aussi en quelque sorte « rassuré ». Dominique Cottrez avait expliqué avoir craint que les bébés soient de son père. Des analyses ADN ont balayé ce doute pour les huit corps, aussi pour Virginie qu’elle avait dissimulée jusqu’à l’accouchement. Deux heures durant, Dominique Cottrez venait de décrire une nouvelle fois ce « secret » que son père, le cultivateur et éleveur Oscar Lempereur, lui aurait fait promettre de garder, en lui offrant « un petit mouton ». L’accusée a raconté les gestes inappropriés d’un père, subis la première fois à huit ans. Ils se seraient pour elle, une fois devenue adulte et mère une première fois, mués en « relation amoureuse ».

Alors que refuse-t-elle de jurer à son avocat ? L’inceste tout entier ou, comme le suggère la psychologue interrogée dans la foulée, « ce qui n’était pas des viols pour elle » ? De sa douceur décontenancée, la présidente Anne Segond demande ce que veut dire ce « non »-là. Un tremblement lui répond : « Non, je n’ai pas été violée par mon père. » Puis un souffle : « Il ne m’a pas touchée, jamais. » Mais Anne Segond a promis de lui poser encore la question mardi.