Livre – Pardon de Eve Ensler – Une lettre à son père incestueur

Pardon Eve Ensler
Pardon est un texte salvateur

Pardon
Une lettre à son père incestueur
Eve Ensler
Date de parution 03/01/2020
Éditeur Denoël
Collection Denoël & d’ailleurs
ISBN 978-2-207-15860-9
EAN 9782207158609
Format Grand Format
Présentation Broché
Nb. de pages 138 pages
Poids 0.18 Kg
Dimensions 14,0 cm × 20,3 cm × 1,2 cm


Résumé

Comme des millions de femmes, Eve Ensler a attendu sa vie entière des excuses qui ne sont jamais venues. Son bourreau, qui fut aussi son père, est mort sans exprimer aucun regret. C’est ainsi qu’Eve a décidé d’écrire elle-même cette demande de pardon tant espérée.
Une lettre à son père incestueur
Derrière les mots fantasmés de son père, c’est peu à peu la vie d’Eve, ses luttes et ses passions qui transparaissent. Se dessine le portrait d’une femme incroyablement courageuse qui est parvenue à trouver une voie alternative à la honte et à la colère.
Pardon est un texte salvateur qui a suscité à sa parution aux États-Unis la même onde de choc que Les Monologues du vagin.

Biographie d’Eve Ensler

Née en 1953, Eve Ensler est une dramaturge et écrivaine américaine. Elle est notamment l’auteure du best-seller mondial devenu emblème féministe : Les Monologues du vagin (Denoël, 2005).

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L’icône du féminisme qui exhorte les hommes à agir

Entre ses 5 ans et ses 10 ans, Eve Ensler a été violée par son père. Aujourd’hui décédé, ce dernier n’a jamais exprimé le moindre remord ni formulé d’excuses envers sa fille. Dans « Pardon », paru chez Denoël le 3 janvier, Eve Ensler a écrit les mots qu’elle aurait voulu lire. Une lettre d’excuse imaginaire de son géniteur pour comprendre l’incompréhensible, mais aussi pour « tous les hommes qui [ont] fait du mal à des femmes » afin qu’il les motive

« à faire [leur] propre examen de conscience en profondeur, à reconnaître [leurs] méfaits, et à présenter [leurs] excuses et demander pardon de façon que nous puissions enfin transformer cette violence et y mettre fin. »

L’écrivaine Eve Ensler est l’invitée de « 28 Minutes ».

Lettre de Niki de Saint Phalle à sa fille : « Ce viol subi à onze ans… »

Lettre de Niki de Saint Phalle à sa fille : « Ce viol subi à onze ans, me condamna à un profond isolement durant de longues années. »
À l’occasion de la Journée Internationale des droits de l’enfant, découvrez une lettre de l’artiste Niki de Saint Phalle à sa fille Laura, dans laquelle la plasticienne féministe évoque de manière poignante le viol incestueux dont elle a été victime.

Morgane Ortin Éditrice chez DesLettres

20/11/2016
Son récit est certes « le cri désespéré de la petite fille », mais aussi une exhortation à l’adresse de toute la société. DesLettres reproduit des extraits dactylographiés de cette lettre initialement publiée dans une version graphique, avec une écriture enfantine, aux éditions de La Différence.

Décembre 1992

Les Canaries,

Chère Laura,

Chaque été mes parents louaient une maison à la campagne à quelques heures de N.Y.C. dans la Nouvelle-Angleterre. Chaque fois, on changeait de région. Nous étions en 1942. Mes parents avaient loué une jolie maison en bois blanc avec beaucoup de terrain autour. L’herbe était haute. Ça sentait bon. Un calme épais et séduisant enveloppait ma promenade à travers les champs. […]

Dans notre maison, la morale était partout : écrasante comme une canicule.

Ce même été, mon père – il avait 35 ans, glissa sa main dans ma culotte comme ces hommes infâmes dans les cinémas qui guettent les petites filles. J’avais onze ans et j’avais l’air d’en avoir treize. Un après-midi mon père voulut chercher sa canne à pêche qui se trouvait dans une petite hutte de bois où l’on gardait les outils du jardin. Je l’accompagnais… Subitement les mains de mon père commencèrent à explorer mon corps d’une manière tout à fait nouvelle pour moi. HONTE, PLAISIR, ANGOISSE, et PEUR, me serraient la poitrine. Mon père me dit : « Ne bouge pas ». J’obéis comme une automate. Puis avec violence et coups de pied, je me dégageais de lui et courus jusqu’à l’épuisement dans le champ d’herbe coupée. […]

Mon père m’aimait, mais ni cet amour, ni la Religion Archi Catholique de son enfance, ni la morale, ni ma mère, rien n’était assez fort pour l’empêcher de briser l’INTERDIT. En avait-il marre d’être un citoyen respectable ? Voulait-il passer du côté des assassins ?

Tous les hommes sont des Violeurs. […]

Je me suis souvent demandé pourquoi après le viol, je n’ai pas immédiatement prévenu ma mère. […] Si j’avais osé parler, que se serait-il passé ? […] Le silence me sauvait mais en même temps il était désastreux pour moi car il m’isolait tragiquement du monde des adultes. Il y avait des causes plus obscures à mon silence : une enfant a t-elle les moyens d’affronter la loi en elle-même ? Bien sûr que non ! Une vie entière n’y suffit pas ! […]

Tourmentée durant des années par ce viol, je consultais de nombreux psychiatres : des hommes, hélas ! […] Les psychiatres ainsi, puisqu’ils ne reconnaissaient pas le crime dont j’avais été victime, prenaient inconsciemment le parti de mon père. […]

Ce viol me rendit à jamais solidaire de tous ceux que la société et la loi excluent et écrasent. Puisque je n’étais pas encore parvenue à extérioriser ma rage, mon propre corps devint la cible de mon désir de vengeance.

Solitude. On est très seul avec un secret pareil. Je pris l’habitude de survivre et d’assumer.
Le nombre de femmes qui finissent par se suicider ou qui doivent retourner régulièrement à l’asile psychiatrique est énorme. Il y a des rescapées. Parmi les écrivains, la liste est longue des femmes qui s’en sont tirées. Virginia Woolf au contraire réussit une œuvre littéraire mais elle n’échappa pas au suicide.

On sait aujourd’hui, grâce à des travaux sérieux, que la grande majorité des violeurs ont été violés eux-mêmes par un père, un frère ou un inconnu : cela avait-il été le cas de mon propre père ? Je ne le saurais sans doute jamais. Triste humanité ! Nous répétons indéfiniment le crime qui nous a été infligé. À ces pensées, la rage en moi cède la place à la pitié pour tous les êtres humains. Si les hommes sont (souvent) des violeurs, les violeurs sont aussi des hommes. […]

Ce viol subi à onze ans, me condamna à un profond isolement durant de longues années. À qui aurais-je pu me raconter ? J’appris à assumer et à survivre avec mon secret. Cette solitude forcée créa en moi l’espace nécessaire pour écrire mes premiers poèmes et pour développer ma vie intérieure, ce qui plus tard, ferait de moi une artiste. Je t’embrasse chère Laura avec beaucoup de tendresse et un regret de n’avoir pas pu te parler de tout ceci pendant que tu étais adolescente. Pourquoi c’est si difficile de parler ?

Je t’aime,

Maman Niki

P.S. La prison n’est pas la solution !

P.P.S. Un jour je ferai un livre pour apprendre aux enfants comment se protéger.

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