11/ Explications psychologiques de la revictimisation par François Louboff

Note de la documentaliste :
agression et non pas abus qui vient de l’anglais et qui n’a pas la même signification.
il n’y a pas d’usage « normal » de la sexualité des enfants par des adultes, ce terme d’abus est impropre. Un abus d’alcool est permis une agression sexuelle ne l’est pas.
L‘agresseur ne devrait pas non plus être caractérisé par un possessif inapproprié : son ou leur.

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Assimiler la revictimisation à une addiction constitue une tentative de compréhension à un niveau biologique. Il existe un autre niveau de compréhension, psychologique, qui fait appel à plusieurs hypothèses :
Les femmes abusées pourraient devenir des proies faciles, incapables de se méfier des hommes dangereux, à cause de leur faible estime de soi, de leur comportement parfois « hypersexualisé », et de leur tendance à idéaliser les hommes.
La répétition du traumatisme peut être comprise comme une colère dirigée contre soi ou contre les autres. Mais les victimes font rarement le lien et ne perçoivent pas que leurs comportements colériques reproduisent inconsciemment des événements traumatiques passés.
La revictimisation peut aussi être le moyen d’apaiser la culpabilité associée à l’abus : elle agit comme une punition. 
Mais cette culpabilité ne serait qu’une culpabilité « écran » qui masque un sentiment beaucoup plus persistant : la honte. 
Toutes les souffrances liées à la revictimisation ne réussiront pas à calmer cette fausse culpabilité, sans cesse alimentée par la honte sous-jacente.
La reproduction active permettrait de remplacer l’impuissance, vécue lors de l’abus, par un sentiment de contrôle.
Le phénomène de l’attachement permet de comprendre les raisons qui poussent certaines victimes à rester avec leurs agresseurs. Face à des situations très angoissantes, la réaction normale, quel que soit notre développement psychologique et affectif, est de chercher une source de réconfort pour nous apaiser, c’est-à-dire une source d’attachement. Lorsque les sources habituelles d’attachement ne sont pas disponibles (le conjoint, la famille, les amis), les victimes peuvent se tourner vers leurs agresseurs, et développer avec eux des liens émotionnels très forts. C’est ce qui se passe dans le syndrome de Stockholm, où les victimes de prises d’otages prennent la défense de leurs geôliers. Nous verrons que l’attachement est lui aussi sous la dépendance du système opioïde endogène. En résumé, mieux vaut s’attacher à quelqu’un qui vous maltraite qu’à personne !
L’identification à l’agresseur : cette expression, issue de la psychanalyse, désigne l’incorporation de l’image de son agresseur. Dans le psychisme de l’individu abusé cohabitent l’agresseur et la victime. La personne abusée s’identifie ensuite, selon les circonstances, à l’agresseur ou à la victime. 
Trois situations possibles :
1. L’agresseur intériorisé attaque la victime : l’individu s’agresse lui-même (automutilations).
2. L’agresseur intériorisé agresse d’autres personnes : l’individu reproduit le traumatisme sur autrui.
3. L’individu, en s’identifiant à la victime qu’il fut, se met en situation d’être agressé de nouveau par les autres : c’est la revictimisation.
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Autres billets sur J’aimerais tant tourner la page de François Louboff
1/ J’aimerais tant tourner la page – Guérir des abus sexuels subis dans l’enfance
2/ Le rôle de la justice dans le statut de victime
3/ L’argent et les victimes de viols par inceste
4/ Enfant d’incestée
5/ Dissociation ? mais de quoi ?
6/ La dissociation est un moyen de défense du psychisme
7/ Qu’est-ce que la PE – partie émotionnelle – après un traumatisme
8/ Qu’appelle-t-on « PAN » – partie apparemment normale après une dissociation
9/ Les enfants – de victimes de viols par inceste – présentent un risque de SSPT trois fois plus important que dans la population générale
10/ Quand être victime devient une addiction
11/ Explications psychologiques de la revictimisation
12/ La fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique
13/ Les souvenirs traumatiques : un autre type de mémorisation
14/ La dissociation traumatique perturbe la mémorisation
15/ L’altération de la mémoire autobiographique

10/ Quand être victime devient une addiction par François Louboff

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Des vétérans de la guerre du Vietnam, souffrant d’un SSPT et soumis à une douleur physique expérimentale, ont mesuré cette douleur avant et pendant la projection d’un film décrivant les combats au Vietnam. On s’est aperçu que regarder le film leur rappelait leur propre traumatisme et réduisait la douleur de 30 %, ce qui équivalait à 8 mg de morphine2.
Cette expérience confirme ce que de nombreux auteurs ont observé depuis longtemps : des émotions fortes peuvent bloquer la douleur physique grâce à la libération d’ opioïdes endogènes3. C’est ce qui explique que des soldats gravement blessés ressentent moins la douleur et ont besoin de moins d’analgésiques.
De la même façon, lorsque des victimes de traumatismes dans l’enfance sont réexposées à des situations stressantes ou qui leur rappellent leur traumatisme, leur taux de noradrénaline augmente, stimulant la mémoire et favorisant le retour dans la conscience des souvenirs traumatiques. Ces personnes fabriquent alors de grandes quantités d’opioïdes, qui ont le même effet qu’une prise de morphine.
2. Van der Kolk Bessel A., op. cit.
3. Les opioïdes ou opiacés endogènes sont des molécules assez voisines des dérivés de l’opium, comme la morphine, mais qui sont fabriquées par notre cerveau.

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