Les victimes, entre préoccupation et récupération par Libération.fr

Société 18/09/2007 à 09h42

MILLOT Ondine
Elle est en larmes, les mots coupés par les sanglots. Sa voix tremble : « Des coups, des coups, des coups. Tous les jours. Des bleus partout. J’étais détruite, je n’osais pas porter plainte. » En face d’elle, Rachida Dati hoche la tête, répète qu’elle est déterminée à se « battre » contre les violences conjugales. Ce mardi 11 septembre, la ministre de la Justice est à Blois, dans les locaux de l’Avec, une association locale d’aide aux victimes. Ce n’est pas une première. Depuis son arrivée place Vendôme, la garde des Sceaux multiplie déclarations et gestes médiatiques montrant qu’elle travaille à « placer la victime au coeur de la justice », comme le lui a « demandé » Nicolas Sarkozy.
L’instrumentalisation des victimes par les politiques, dénoncée par certains (lire interview page suivante) ne date pas d’hier. On peut citer l’expérience du secrétariat d’Etat aux victimes, créé le 30 juin 2004, disparu onze mois plus tard. En octobre 2005, Sarkozy, ministre de l’Intérieur, reprend la main en créant une délégation aux victimes. Il instaure le principe de réunions régulières entre sa personne et les représentants des associations, et instille un message : l’interlocuteur ultime des victimes, leur porte-parole et leur sauveur, c’est lui. L’émotion et la sympathie naturelles ressenties par les Français à l’évocation de leur souffrance, il est là, juste à côté, pour en bénéficier.
On ne compte plus, depuis, les déclarations démagogues – « Les droits de l’homme, pour moi, sont avant tout les droits de la victime » – ni les nombreux projets de loi répressifs, annoncés au nom des victimes. Parmi les plus récents : organiser des procès pour les irresponsables pénaux (assassinat des infirmières de Pau), créer des hôpitaux-prisons pour délinquants sexuels dangereux en fin de peine (affaire Evrard). Dès la campagne présidentielle, en avril 2007, le candidat Sarkozy annonçait la méthode en déclarant : « La maman de Ghofrane m’a demandé, si j’étais élu, de faire voter une loi sur les multirécidivistes. » Si c’est demandé par une victime, c’est forcément légitime.
Le dernier projet en date, en cours d’élaboration au ministère de la Justice, concerne la création d’un « juge délégué aux victimes ». François Guéant, fils du secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, et conseiller de la ministre pour le droit des victimes, est chargé de plancher dessus. « L’idée est de créer un référent pour aider les victimes dans toutes les difficultés de la procédure judiciaire, explique-t-il. Par exemple, faciliter le recouvrement des indemnités. Mais aussi avertir la victime en cas de libération conditionnelle. »

« Intermédiaire ».
Les juges d’application des peines ont déjà l’habitude de prendre en compte la situation de la victime, et notamment la question de la proximité géographique avec le condamné, en cas de libération conditionnelle. Le dispositif, prévu par le code de procédure pénale, ne semble pas suffire à la chancellerie.

« Le juge délégué aux victimes permettrait d’informer les personnes sur leur procès et les suites de leur procès, et de mieux faire respecter leurs droits,
a déclaré la ministre de la Justice lors de sa visite à Blois. Je pense aux femmes victimes de violences. Souvent, elles renoncent aux indemnités car elles ont tellement peur de leur agresseur qu’elles ne veulent pas qu’il connaisse leur adresse. Le juge délégué aux victimes servirait là d’intermédiaire. »

Mais les victimes, sans cesse invoquées, que pensent-elles de tout cela ? Certaines associations sont sceptiques, comme le Comité contre l’esclavage moderne, qui pense que « ce n’est pas à coup de lois répressives qu’on aide les victimes, mais plutôt en prenant en compte leurs besoins : pour les victimes de traite, des centres d’hébergement d’urgence, la possibilité d’obtenir des autorisations de travail et de séjour ».

« Moyens ».
Pour Françoise Rudetzki, la présidente de SOS Attentats, « le procès n’est pas fait pour les victimes, mais pour juger l’auteur d’un crime ou délit. Les juges ne peuvent pas tout pour nous. Ce n’est pas à eux, notamment, de s’occuper de la réinsertion, or c’est là qu’on manque cruellement de moyens. »

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Autres billets sur les victimes et le lobbyisme

Le fief de la famille Villiers refuse d’y croire

Emeline Cazi | 26.11.2006
Les Herbiers (Vendée)
Philippe de Villiers, malgré l’instruction en cours et la mise en examen, personne ne veut vraiment y croire.
Pas eux, pas les enfants de Villiers, « si gentils, si polis », tous élevés dans les valeurs les plus traditionnelles. « Cette histoire est invraisemblable. Mon fils était très ami avec Laurent, ils jouaient au foot ensemble. J’ai l’image d’une famille unie, très discrète, glisse Jean-Jacques Merlet, un voisin. M. de Villiers a toujours un sourire pour nous. Je me demande si ce n’est pas une basse manœuvre en pleine campagne présidentielle. »
Philippe de Villiers en est convaincu. « En père de famille au coeur qui saigne », il a convoqué la presse, mardi. Il s’est indigné que l’on « salisse ses proches pour atteindre un candidat à la présidentielle ». Et il a dénoncé un complot visant à déstabiliser son fils Guillaume, qui lui avait transmis des documents sur les mosquées clandestines de Roissy. « Depuis, il a été traqué, ciblé par des services de renseignements.
Guillaume m’a dit : Papa, ils veulent m’abattre. » Désormais, le président du Mouvement pour la France (MPF) souhaite garder le silence et protéger les siens. « Je n’ai plus l’intention de m’exprimer », nous a-t-il indiqué hier.
Aujourd’hui père de famille, Guillaume, l’aîné de la fratrie, n’a pas eu une adolescence des plus faciles. « J’étais en classe de 1re avec lui, à Jean-XXIII, le lycée privé des Herbiers. Cela m’a fait de la peine d’apprendre tout cela. C’était un gars souriant, sympathique, qui nous faisait rire. Cela n’était pourtant pas évident d’être le fils de Villiers. Il se faisait charrier dans la cour. Mais Guillaume prenait cela avec humour. »
Un autre ami d’enfance, sous couvert de strict anonymat, ajoute : « Il a été renvoyé de Saint-Gabriel (une institution privée de Saint-Laurent-sur-Sèvre) avant de venir à Jean-XXIII. Il était souvent excessif dans ses propos. A l’époque, il avait des problèmes de relation avec son père. »
Une fratrie de sept enfants La semaine à Paris, Philippe de Villiers rentre en Vendée le week-end. Sa femme, Dominique, a longtemps assuré l’intendance d’une famille (très) nombreuse. Trois fils, quatre filles, qu’il fallait conduire au collège, au lycée, aux scouts (d’Europe).
Les Aubretières, la propriété familiale, est isolée, au coeur du bocage vendéen entre Cholet et La Roche-sur-Yon. La bâtisse, une belle ferme du XVIIe siècle, est cachée de la route par des haies d’arbustes sauvages. Le chemin qui y mène bute sur un lourd porche de bois à deux battants. Dans le pré voisin, deux balançoires rappellent qu’une fratrie de sept enfants a grandi ici. « L’été, le jardin résonnait de rires. Les scouts venaient dormir le week-end, raconte un voisin. Pour les anniversaires, ils organisaient de grandes chasses au trésor au château. »
A l’exception de la petite dernière, tous les enfants ont aujourd’hui quitté la maison. L’un a suivi les traces de son père et préside l’association du Puy-du-Fou. Une des soeurs est entrée dans les ordres. Laurent a pris une voie de traverse. Il y a un an, il a décidé de mettre ses études entre parenthèses pour partir à New York aider les sans-abris du Bronx. C’est à son retour des Etats-Unis, après des vacances « idylliques » en famille, selon les mots de son père, qu’il a déposé plainte contre son frère.

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