Le procès de Daniel Legrand reprend ce matin après trois jours de pause
Dimitri Delay, partie civile comme ses frères Jonathan et Chérif, doit être entendu dès 9 heures
Dimitri est celui qui a parlé d’un « Dany legrand » à son assistante familiale, déclenchant l’arrestation des 2 Daniel Legrand
Place ensuite à Homaya Sellier, la présidente d’Innocence en danger, qui s’est manifestée pour que ce procès se tienne
Enfin, Thierry Delay sera entendu par visioconférence dans l’après-midi. Il est le seul des 4 condamnés de l’affaire à être toujours incarcéré
Myriam Badaoui, elle, sera là en chair et en os demain matin à 9 heures. L’ex-accusatrice en chef du dossier a paraît-il beaucoup changé
La deuxième semaine de procès débute ce matin. La salle d’assises n’est pas encore ouverte mais Chérif Delay vient d’arriver.
L’audience va reprendre. Mais Dimitri Delay ne sera pas entendu ce matin comme prévu. « Il n’est pas en état », selon son avocat.
Comme l’indique @ChPiret, Dimitri Delay ne sera pas entendu ce matin comme prévu. « Il n’est pas en état », selon son avocat.
L’audience va reprendre. Mais Dimitri Delay ne sera pas entendu ce matin comme prévu. « Il n’est pas en état », selon son avocat.
Ce matin, la cour va notamment entendre Homayra Sellier, présidente de Innocence en danger, association qui soutient Jonathan Delay
L’audience reprend pour la deuxième semaine de procès. Première personne entendue : Hélène Romano, psychologue
L’audience a repris. A la barre, la psychologue Helene Romano
On entend donc ce matin la psychologue Hélène Romano qui vient parler de la mémoire traumatique.
La psychologue a apporté des photocopies sur le fonctionnement du cerveau à distribuer aux jurés. Mais elle n’y a pas le droit.
Hélène Romano : « la mémoire traumatique est à l’œuvre chez les personnes qui vivent des événements très douloureux. »
A la barre, Hélène Romano livre une véritable explication du cerveau et de la mémoire traumatique en particulier.
La psychologue fait un cours sur la mémoire traumatique à la barre, pour explique les souvenirs « lacunaires » des victimes de viols
Hélène Romano : « la mémoire traumatique est purement émotionnelle. Vous avez des flashes, des traces. »
Hélène Romano : « une personne victime ne pourra jamais vous faire un récit chronologique. »
« Une personne victime ne pourra jamais faire un récit linéaire, chronologique, très précis » explique Hélène Romano à la cour
Hélène Romano : « à chaque fois qu’on leur demande de reparler, on appuie sur cette mémoire traumatique. C’est extrêmement violent »
Hélène Romano : « un enfant qui a été maltraité par des proches est d’autant plus détruit psychiquement. »
« Vous ne pouvez pas attendre d’une victime qu’elle restitue les choses comme une personne qui n’a pas été abusée, qui n’a pas failli mourir »
Hélène Romano : les victimes capables de raconter précisément sont des gens qui, au moment de l’agression, n’étaient pas dissociés.
Les « victimes sont dissociées au moment de leur agression, séparées de leur psychisme et de leurs corps », d’où une mémoire »en miettes »
Précisions, comme l’a rappelé le président Philippe Dary, qu’Hélène Romano ne connaît pas le dossier #Outreau. Elle est là en tant qu’expert.
Chérif et Jonathan Delay sont assis côte à côte. Leur frère Dimitri n’est pas là.
Chérif et Jonathan sont côte à côte sur les bancs de la partie civile.Dimitri,d’ordinaire assis dans le public derrière, est absent
Le président demande à l’experte si c’est possible que les victimes racontent maintenant des choses dont elles n’avaient jamais parlé
Hélène Romano : « les procès sont des temps de réactivation du vécu traumatique … »
Hélène Romano : « les procès peuvent faire que des éléments en miette deviennent un récit. »
Le président : « comment on peut s’assurer qu’un souvenir restitué n’est pas un souvenir reconstruit ? »
« Comment s’assurer que ce n’est pas un souvenir reconstruit » Poursuit le président qui s’interroge sur la véracité des déclarations des victimes.
Hélène Romano : « la dimension sensorielle, le fait d’avoir des doutes fait l’authenticité des souvenirs »
« Les procès sont des temps de réactivation. Il est possible que les miettes de réajustent en récit » répond Hélène Romano
Du côté de la défense, cinq des six avocats de Daniel Legrand sont là, dont Me Dupond-Moretti et Franck Bertonc
Point présence des avocats de la défense : Éric Dupont-Moretti et Franck Berton sont revenus. Hubert Delarue n’est pas là.
Daniel Legrand à nouveau épuisé dans le box. Lutte contre le sommeil pendant l’audition de l’experte.
Je note que Daniel Legrand fuit dans le sommeil, tandis que Noemie Schulz et Catherine Fournier décrochent au moment où Hélène Romano explique un mécanisme fondamental pour la compréhension de ce qui se passe pour les victimes.
Hélène Romano : « pour les enfants victimes de plusieurs auteurs, ces auteurs ne font qu’un. »
Hélène Romano : « une cour d’assises c’est très impressionnant : les lieux, le contexte, le fait de devoir reparler. »
Hélène Romano : « ce vécu d’enfant violé, ils vont l’avoir toute leur vie. Il n’y a pas de prescription pour le vécu. »
Hélène Romano s’exprime avec emphase et conviction à la barre. Elle regarde tour à tour tous les jurés.
Daniel Legrand est de nouveau mal en point aujourd’hui. Il s’endort dans le box des accusés.
Hélène Romano : « le simple regard d’un mis en cause peut contrôler l’enfant et court-circuiter son récit. »
Hélène Romano : « on voit quand on fait des scanners de victimes qu’il y a des zones du cerveau qui sont totalement anesthésiées. »
« Il peut y avoir dans la restitution de certains faits une fixation, une collusion des identités au moment de l’identification »
Précision : H. Romano n’est pas entendue comme expert mais comme témoin. Elle travaille avec Enfance et majuscule, partie civile
Hélène Romano : « on sait que des victimes confrontées à des choses extrêmement violentes ne peuvent pas en parler. »
Hélène Romano : « quand il y a des flashes sensoriels, pour nous spécialistes, c’est un signe de l’authenticité du récit traumatique »
Hélène Romano : « dire que des enfants sont menteurs ça arrange tout le monde. Ça évite de penser l’horreur de ce qui s’est passé. »
Hélène Romano : « Dire que les enfants sont des menteurs, ça arrange tout le monde. »
Hélène Romano : « certains enfants sont en capacité de mentir mais pas avant 6 ans. Les adultes mentent encore plus et mieux »
« Les enfants sont en capacité de mentir mais pas avant 6 ans. Et souvent ils ne mentent pas mais leur perception est différente » H. Romano
H. Romano : « quand un enfant victime s’entend marqué au fer rouge « menteur », c’est une violence indicible que vous lui faites »
Hélène Romano : « Violence indicible » pour un enfant victime qui s’entend traiter de menteur.
Hélène Romano : « c’est important d’être formé pour ne pas être dans l’interprétation, pour ne pas poser de questions suggestives. »
Hélène Romano : « un enfant petit, avant 7 ou 8 ans, sera dans l’incapacité de parler. Donc on utilise des tests. »
Mémoire traumatique, j’y crois : je me souviens soudain de toutes les absurdités proférées par les psy au procès de St Omer.
H. Romano : « Pourquoi ces enfants victimes, une fois adultes, auraient-ils besoin de vouloir parler témoigner ? » 1/2
« Une vraie souffrance, un poison dans leurs corps des sévices subis. Besoin d’être reconnus dans ce qu’ils ont vécu. » 2/2
Hélène Romano : « quel bénéfice un enfant victime aurait-il, une fois adulte, a avoir besoin de parler et de témoigner ? »
Hélène Romano : « il n’y a pas un millimètre de leur corps qui ne rappelle les sévices subis. Leur corps fait trace. »
Helène Romano s’engage sur le terrain des auteurs mineurs. « Les mineurs auteurs d’abus sexuels sont à 80 % des victimes. »
Hélène Romano : « les mineurs auteurs d’abus sexuels sont à 80% des enfants victimes d’abus eux-mêmes. »
Hélène Romano : « l’estime de soi c’est un trésor psychique parce qu’il est extrêmement fragile. »
Hélène Romano : « avoir vécu des événements traumatiques dans l’enfance est le facteur qui a le plus d’incidence sur la santé. »
Hélène Romano : « dans le terme « faux souvenir », le terme faux est un adjectif qui va être mis par d’autres. »
L’avocat général l’interroge sur les « faux souvenirs »: »Le mot vrai et faux, c’est un adjectif mis par d’autres », répond Hélène Romano
H.Romano Pour l’enfant il n’y a pas de faux souvenirs mais un décalage avec sa vérité. Ce terme est utilisé par les adultes.
Sous lourd traitement médicamenteux, Daniel Legrand s’endort complètement. C’est à peine s’il parvient à tenir assis dans le box.
Daniel Legrand, visiblement très fatigué ce matin, s’endort dans le box
A lire, Daniel Legrand, fantôme de son propre procès, par @DurandSouffland http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/05/24/01016-20150524ARTFIG00164-daniel-legrand-fantome-de-son-propre-proces.php …
Avocat général : « questionner la validité de la parole d’un enfant, ce n’est pas forcément le traiter de menteur ? »
Hélène Romano : « pour vous adulte, mais pas pour l’enfant. Un enfant ne pense pas comme un adulte. »
« Questionner la validité du témoignage d’un enfant, ce n’est pas forcément le traiter de menteur », lui demande l’avocat général 1/2
« Pour les adultes non, mais pour les enfants si », répond Hélène Romano
La psychologue Hélène Romano « Traiter des enfants victimes de ‘menteurs’, c’est déstructurant, c’est traumatisant »
H.Romano « les victimes capables de raconter précisément sont celles, qui au moment de l’agression, n’étaient pas dissociées ».1/2
H. Romano « L’enfant, lui, est débordé par ce qui est subit donc il vit une réalité dissociative ». 2/2
H.Romano « l’hypocampe, permet la mémoire à long terme. Quand il y a du stress il est court-circuité.
H.Romano « Un enfant ne se réduit jamais à sa parole, il faut également prendre en compte un contexte, des maux, des troubles… »
Place aux questions de la défense. Me Dupond-Moretti démarre avec une référence aux interviews télévisées qu’a donné Hélène Romano
EDM. La parole de l’enfant est sacrée ? H.Romano. Si vous m’aviez écouté vous sauriez que ce n’est pas ce que j’ai dit !
Me Dupond-Moretti rappelle qu’Hélène Romano n’est pas inscrite sur la liste des experts-judiciaires.
Me Dupond-Moretti rappelle les propos tenus par Romano sur un plateau-télé. Elle a parlé d' »imposture judiciaire » au sujet d’#Outreau
Hélène Romano affirme qu’elle a parlé d' »imposture » « quand on dit que les enfants sont des menteurs ».
Me Dupond-Moretti : « certains enfants disent des choses qui sont inexactes parce que ces choses ont été relayées par leur mère. »
Me Vigier (défense) : « quelle différence faites-vous entre une expression théâtralisée et une expression sensorielle réelle ? »
Hélène Romano : « en fonction des termes utilisés et le fait de revivre ce qu’il a vécu avec la même émotion »
Me Vigier (défense) : « quelle que soit la question posée, vous allez toujours dans le même sens : valider la parole de l’enfant »
La défense s’en prend à cette experte « en croisade » qui « sacralise la parole de l’enfant »
Hélène Romano : « je ne suis absolument pas en croisade, je donne des faits objectifs. »
Hélène Romano se défend « je ne suis pas en croisade, je donne des faits objectifs
Dupond-Moretti attire l’attention sur les contradictions des enfants à l’époque, sur la boulangère ou le meurtre d’une fillette par ex
« Fiona on n’a pas retrouvé de cadavre maître », répond Hélène Romano, malmenée par la défense
Pour Romano, s’il y a des « traces sensorielles, des éléments émotionnels, il y a quelque chose d’authentique dans le témoignage de l’enfant »
Hélène Romano : « ça fait 25 ans que je m’occupe d’enfants victimes et mineurs auteurs. »
La défense conteste la présence de ce témoin. « Elle a été citée (partie civile), elle a été interrogée contradictoirement », répond le président
EDM a fait ce matin une tentative illusoire de disqualification d’une experte (H. Romano) très reconnue pour toutes ses publications
La défense demande quelques minutes de suspension pour Daniel Legrand.
Courte suspension d’audience.
#Outreau L’audience reprend avec l’audition de Laurence Gratton, garde d’enfants.
L’audience reprend avec l’audition de Laurence Gratton, qui a accueilli Chérif en 2011″après qu’il a fait 2 tentatives de suicide »
Laurence Gratton : « j’ai accueilli Chérif Delay en 2011. Il a été le 1er de la fratrie à venir après 2 tentatives de suicide »
Laurence Gratton : « j’avais rencontré Chérif lors d’une dédicace de son livre quelques temps auparavant »
Laurence Gratton : « on est resté en contact et un jour sur Facebook, il s’est confié ».
L. Gratton : « Moi j’ai pensé : j’ai de la place, du temps, une expérience avec les personnes en détresse, je peux l’accueillir »
L.Gratton : « il y a eu des moments difficiles. La nuit, Chérif faisait des terreurs nocturnes. Il se réveillait en sueur, hurlait »
Laurence Gratton : « j’ai le droit de dire des noms ? Je vais avoir des problèmes ? »
– Président : « faites votre déposition Mme ».
Laurence Gratton : Cherif hurlait : « je vois Dupond-Moretti qui va me dévorer. »
« Il criait ‘lâchez moi’, il pouvait dire ‘y’a des visages, y’a des visages.Je vois Dupond Moretti qui est en train de me dévorer' ».
Laurence Gratton : « Chérif vomissait du sang. J’en ramassais des bassines. Et quand on l’hospitalisait, il n’y avait rien. »
Chérif Delay revenait d’un séjour en Algérie pour retrouver son père naturel. « ça s’est mal passé », indique la témoin
Laurence Gratton : « Chérif avait peur de s’endormir, il faisait de la résistance au sommeil. »
Sur le séjour de Chérif chez elle : « Il y a eu des hauts, des bas, des moments difficiles. Chérif faisait des terreurs nocturnes »
Laurence Gratton : « vous ne pouvez pas offrir un cadeau à Chérif parce qu’il a peur de l’emballage. »
Laurence Gratton raconte les menaces de mort envoyées par Chérif à Franck Lavier : « tu es le 1er sur la liste … «
Suite des menaces de mort : « et après toi j’irai tuer M. Badaoui, P. Martel, l’abbé Wiel, Roselyne Godard et Daniel Legrand fils »
Laurence Gratton a aussi accueilli Dimitri Delay plusieurs semaines. A trouvé une autre solution d’accueil pour Jonathan
L. Gratton : « le pire c’est qu’on les a traités de menteurs. Pas par la justice, mais par les médias. Les médias sont des assassins »
Pour la déposition du témoin, aucun des enfants Delay n’est présent dans la salle.
Laurence Gratton : « j’étais une oreille attentive et une épaule sur laquelle ils pouvaient se confier. »
Gratton évoque les troubles « psychosomatiques » des enfants Delay, les « jambes enflées » de Jonathan, les « prolèmes cardiaques » de Chérif
Laurence Gratton : « je peux faire la différence entre mon côté militant et mon côté accueillant. »
C’est avec son ordinateur que Chérif Delay a envoyé des menaces de mort à l’acquitté Franck Lavier en 2011
Chérif Delay a été condamné en décembre 2011 à six mois avec sursis pour « menaces de mort réitérées » contre le couple Lavier.
L. Gratton explique qu’elle dissuadait Chérif de tuer l’un des acquittés : »Ne gâche pas ta vie à essayer de tuer cette ordure »
« Ne gâche pas ta vie en essayant de tuer cette ordure », a dit L. Gratton à Chérif qui menaçait de « tuer » un des acquittés
Gratton : « Si les garçons sont dans cet état psychologique, c’est parce qu’on les a traités de menteurs, les médias surtout. »
Selon elle,Chérif a menacé de « s’ouvrir les veines »si Hollande ne reconnaissait pas officiellement qu’il y avait 12 enfants victimes
Laurence Gratton dénonce « une chape de plomb sur cette vérité » (celle des enfants victimes)
Le président rappelle que la témoin s’était beaucoup documentée sur l’affaire #Outreau avant d’accueillir Chérif Delay
Le président s’étonne du parti pris de la témoin : « Après tout vous ne savez pas, vous ne savez rien », lui lance-t-il
Le président souligne dans cette attitude le risque d' »alimenter la colère et la haine d’une personne »
Le président lit le témoignage de l’ex-mari de Laurence Gratton qui a lui aussi accueilli Chérif Delay pendant plusieurs années.
Témoignage de l’ex-mari : Chérif « sait beaucoup manipuler les gens, il est complètement mythomane comme ses frères d’ailleurs. »
Le président lit la déposition de l’ex-mari de la témoin, entendu dans le cadre de l’enquête sur les menaces de mort contre les Lavier
Il décrit Chérif comme « quelq’un de très têtu, qui s’invente des personnalités, ne respecte aucune règle, complètement mythomane »
Me Reviron (PC) à Laurence Gratton : « on est bien d’accord que sur Internet vous avez un discours particulièrement militant. »
Me Reviron : « j’ai lu des choses que vous avez écrites dans lesquelles on invective des gens, des avocats, des journalistes. »
Me Reviron : « c’est un comportant sur lequel franchement, je ne peux pas vous rejoindre et Jonathan le sait ».
« Je sais faire la part des choses entre mon côté militant et accueillant », répond Laurence Gratton
« Je suis venue ici pour témoigner en tant que Laurence Gratton par pour parler de mon militantisme en tant que @caprouille «
Laurence Gratton : « j’ai envie de voir Jonathan travailler mais il est incapable de se concentrer. »
Avocat général : « il résulte de l’enquête que vous éprouviez des sentiments d’amour maternel pour Cherif … »
Avocat général : « …à tel point que vous aviez envisagé de l’adopter et que vous aviez l’impression qu’il sortait de votre ventre »