5/ Dissociation ? mais de quoi ? par François Louboff

page 58
Lorsque tout fonctionne bien, chacun a conscience de soi, c’est-à-dire de son corps, de certains aspects de sa personnalité, de son histoire, de ses actes, ainsi que du monde extérieur, c’est-à-dire des autres êtres vivants, de son environnement et de la société dans laquelle il vit.
Cette conscience s’accompagne de souvenirs, de sentiments, de sensations et de connaissances qui sont contrôlés par ce que nous appelons le « moi ».
Il permet à notre psychisme de fonctionner d’une manière harmonieuse, c’est-à-dire comme un ensemble unifié et cohérent (j’ai conscience de mon existence dans ce monde, de mon identité, de mon histoire).
Pour être pleinement conscient de notre identité, nous avons besoin de notre mémoire (quelqu’un d’amnésique ne sait plus qui il est) et de notre aptitude à percevoir le temps qui passe, c’est-à-dire les notions de passé, présent et futur.
Grâce à notre sens de l’identité, nous sommes conscients de rester le même malgré nos différents changements physiques, psychologiques et sociaux dans le temps.

Dissocier signifie « séparer des éléments qui sont associés ».
Le mot « dissociation » est souvent utilisé seul ; mais nous devons le comprendre comme « dissociation des fonctions habituelles de la conscience », condensé en « dissociation de la conscience ».
Lorsqu’une fonction est dissociée, elle n’est plus sous le contrôle du moi et devient plus autonome. Soit elle ne répond plus aux sollicitations du moi, soit elle s’exprime sans que ce dernier n’en fasse la demande.

Les fonctions qui peuvent être dissociées sont :
• la mémoire (perte de la mémoire, c’est-à-dire amnésie totale de certains événements ou d’une période précise de la vie, ou au contraire surgissement de souvenirs indésirables),
• le contrôle des mouvements volontaires (paralysie d’une partie du corps ou apparition de mouvements incontrôlés),
• le sens de l’identité (perte du sens de l’identité ou expression de plusieurs identités différentes),
• et les sensations (anesthésie d’une partie du corps ou perceptions inhabituelles).
Soulignons que ces symptômes sont d’origine psychologique, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas liés à des maladies organiques.
La dissociation de la conscience implique une rupture de son fonctionnement harmonieux et adapté aux situations vécues.
…/…
Le moi, à un moment donné, devient incapable d’assurer la collaboration des différentes parties du psychisme vers un but commun (dans ce cas, avoir une relation sexuelle épanouie). Certaines parties (la mémoire et les sensations) font sécession, reprennent leur autonomie et s’expriment de manière indépendante, comme si elles se retrouvaient libérées du contrôle supérieur de la conscience.

______________________
Autres billets sur J’aimerais tant tourner la page de François Louboff
1/ J’aimerais tant tourner la page – Guérir des abus sexuels subis dans l’enfance
2/ Le rôle de la justice dans le statut de victime
3/ L’argent et les victimes de viols par inceste
4/ Enfant d’incestée
6/ La dissociation est un moyen de défense du psychisme
7/ Qu’est-ce que la PE – partie émotionnelle – après un traumatisme
8/ Qu’appelle-t-on « PAN » – partie apparemment normale après une dissociation
9/ Les enfants – de victimes de viols par inceste – présentent un risque de SSPT trois fois plus important que dans la population générale
10/ Quand être victime devient une addiction
11/ Explications psychologiques de la revictimisation
12/ La fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique
13/ Les souvenirs traumatiques : un autre type de mémorisation
14/ La dissociation traumatique perturbe la mémorisation
15/ L’altération de la mémoire autobiographique

8/ La mémoire et "l’intelligence" après plus de 10 ans de viols par inceste par l’Auteure obligatoirement anonyme

page 33
L’impossibilité de mémoriser une lecture m’a toujours fait croire à une grande stupidité de ma part, néanmoins j’ai découvert, peu à peu, que ma sœur avait le même problème. Nous réussissions parfaitement dans les travaux manuels et échouions systématiquement en théorie. Nous ne savions que trop l’écart existant entre les belles théories et la réalité, et il nous était impossible de l’accepter. L’exemple le plus flagrant se trouve être le comportement de mon professeur de philosophie. En étudiant donc les Cinq leçons sur la psychanalyse de Freud, une peur insurmontable de lui dire que cette histoire était incroyable me rendait muette par angoisse de dévoiler ma propre histoire. Comment pouvais-je savoir ça, moi, petite fille stupide ?

Ayant surpris, un jour, notre professeur se masturber sous la table pendant qu’il nous parlait, je me suis littéralement fâchée contre la philosophie aussi nettement que j’avais arrêté de croire en Dieu qui n’était jamais venu m’aider. Tout au long de l’étude des textes de Freud, je sentais l’étau se resserrer. Le père de la psychanalyse niait complètement la possibilité de viol sur des enfants. Nous étions des rêveuses… Il valait mieux se taire.

_________________________
Autres billets sur Viols par inceste de Auteure obligatoirement anonyme
1/ Requête en changement de nom
2/ Définition des viols par inceste
3/ La mémoire des viols
4/ L’Emprise dans le viol par inceste
5/ « En France la mémoire passe plutôt pour une faiblesse, une maladie du cerveau » Georges Mateï
6/ « Pourquoi pleure-t-elle tout le temps ? »
7/ Les conséquences des viols par inceste dans l’échec scolaire
9/ La dissociation lors des viols par inceste
10/ La culpabilité qui s’amplifie de viols en viols devient partie intégrante de la personnalité d’un-e incesté-e
11/ Même si ce n’était arrivé qu’une fois, cette culpabilité existerait
12/ L’autoculpabilité entraine des situations d‘évitement

13/ Revictimisation
14/ Le procès
15/ Dans le viols par inceste, l’emprise par le regard
16/ Les deux vies d’une dissociée
17/ L’importance du tuteur de résilience
18/ Viol/mort ; amour/vie – attirance/répulsion
19/ Hypervigilance

Et l’histoire continue
Emploi : revictimisation durant des années après des viols par inceste