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5/ "En France la mémoire passe plutôt pour une faiblesse, une maladie du cerveau" Georges Mateï

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Lorsqu’une femme me raconte son histoire, je la vis comme insupportable tout autant que la mienne l’est pour celle ou celui qui l’a entendue. Lorsque je l’ai racontée à des Américains, elle ne leur a pas paru incroyable, ils ont été compréhensifs et ont condamné mon père, mais ici, en France, nous sommes toujours tentés de ne pas entendre. Le système de pensée français est différent, il nous permet de nous voiler la dure réalité. C’est en France que j’ai le plus souvent entendu que je devais oublier, que ce n’était pas si grave et que l’essentiel est que je sois en vie.

« En France la mémoire passe plutôt pour une faiblesse,
une maladie du cerveau »1

Le mouvement féministe est le seul espace récent dans lequel une mémoire collective peut s’imposer. Si nous nous rassemblons par nos récits et nos écrits, nous dévoilerons, entre autres, le crime que sont les viols par inceste et nous veillerons afin qu’il n’existe pas en toute impunité. C’est la raison pour laquelle toute mémoire est dangereuse : elle veille et dénonce les coupables. C’est souvent par le silence que certains prétendent ignorer, voire nier le génocide juif. Mais les juifs sont toujours rassemblés pour empêcher l’oubli. La tentative d’extermination les a rendus encore plus forts. Ils sauvent ainsi leur mémoire et la transmettent.
1 Georges Mateï.

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Autres billets sur Viols par inceste de Auteure obligatoirement anonyme
1/ Requête en changement de nom
2/ Définition des viols par inceste
3/ La mémoire des viols
4/ L’Emprise dans le viol par inceste
6/ « Pourquoi pleure-t-elle tout le temps ? »
7/ Les conséquences des viols par inceste dans l’échec scolaire
8 /La mémoire et l’intelligence après plus de 10 ans de viols par inceste
9/ La dissociation lors des viols par inceste
10/ La culpabilité qui s’amplifie de viols en viols devient partie intégrante de la personnalité d’un-e incesté-e
11/ Même si ce n’était arrivé qu’une fois, cette culpabilité existerait
12/ L’autoculpabilité entraine des situations d‘évitement
13/ Revictimisation
14/ Le procès
15/ Dans le viols par inceste, l’emprise par le regard
16/ Les deux vies d’une dissociée
17/ L’importance du tuteur de résilience
18/ Viol/mort ; amour/vie – attirance/répulsion
19/ Hypervigilance

Et l’histoire continue
Emploi : revictimisation durant des années après des viols par inceste

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3 / La mémoire des viols par l’Auteure obligatoirement anonyme

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Je ne les raconterai donc pas, j’écrirai et garderai l’authenticité de mon récit. J’oserai dire qu’ainsi, certains lecteurs seront moins tentés de le bricoler.
Je me limiterai à des scènes qui diffèrent selon les endroits, tout en étant sûre que les viols ont été nombreux au même endroit. Je n’écrirai qu’une fois, par lieu, l’amalgame de plusieurs viols.
La mémoire d’un viol revient souvent lorsqu’on se retrouve dans la même situation ou que les éléments extérieurs tels que les lieux, les odeurs, les paroles nous projettent dans le passé. On ne peut pas effacer la mémoire, on la refoule, c’est tout.
L’analyse intellectuelle des faits les estompent. Je pense qu’à chaque fois que j’explique une scène qui m’avait profondément marquée, le souvenir des gestes précis provoque une impression supportable alors que les gestes restaient oppressants, écrasants, insurmontables.
Mais il n’est plus question d’amnésie, je n’ai plus besoin de me défendre, car je ne suis pas dans le cas de cette femme qui doit relater les faits en justice et qui oublie systématiquement tout ce qui peut, justement, lui permettre de se défendre. L’amnésie venait aussi de la honte que je portais sur moi, en moi, d’avoir été violée.
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