Procès Dominique Cottrez – Mercredi 1er juillet 2015 – 5e jour – Néonaticides – Tweets de la salle d’audience

Dominique continuera à raconter ses néonaticides demain matin. Les plaidoiries et le réquisitoire suivront ensuite

Dominique Cottrez entre la parole des experts et les mots de ses filles – La Voix du Nord


Cinquième jour de procès à Douai. Les robes des avocats devraient valser aujourd’hui avec les plaidoiries et le réquisitoire.

Dominique , en tenue blanche, est arrivée. Comme chaque jour, elle pleure. Ses filles et son mari sont également là.

L’audience reprend

L’audience reprend.

audouin ‏@cocale
Retour à Douai pour le procès de Dominique . Elle revient sur les huit infanticides.

Dominique poursuit le récit de ses infanticides, les uns après les autres, selon la volonté de la présidente de la cour d’assises.

Dominique est appelée à la barre. On retourne dans le grenier où ont été cachés les corps.

« C’est trop flou, c’est trop loin », dit Dominique à propos de tous ces infanticides. Hormis le premier, qui l’a marquée.

La présidente lui demande des précisions s/ les dates de naissance. « Sur les huit, ils ont tous été très rapprochés », dit Dominique

Au programme aussi aujourd’hui, les plaidoiries des avocats des parties civiles, puis le réquisitoire de l’avocat général.

« Le 3e je me souviens que c’était juste après avoir déménagé…
J’ai essayé de me retenir, jusqu’au bout »

Retour au procès . On détaille chaque infanticide. Pour le 3è, Cottrez se souvient de son accouchement dans les toilettes, en pleine nuit

« Je me lève, je me recouche » : par touches, certains détails lui reviennent.

Hier sa voix était détachée, là elle parle d’une voix émue. Elle a toujours son petit mouchoir blanc, serré dans son poing gauche.

Dominique pleure toujours à la barre mais impression ce matin qu’elle s’exprime plus facilement et distinctement.

Elle se rappelle surtout des premiers bébés. Les autres, « c’est trop flou, c’est trop long, c’est trop loin… »

A la demande de la présidente, revient sur le bébé qui est né dans les toilettes d’un hôpital.

« Je l’ai rattrapé, je l’ai mis dans la serviette, je l’ai serré au niveau du cou, j’ai attendu que le placenta tombe, je l’ai mis dans un sachet »

– La serviette vous sert à récupérer le bébé ?
– Oui !
– Après vous mettez le bébé dans le sac ?
– Oui !
– Sans la serviette ?
– Sans la serviette

Dominique raconte les accouchements, dans ses toilettes. La serviette qu’elle se mettait dans la bouche, pour souffrir sans bruit.

audouin ‏@cocale
Elle ne les distingue pas tous les uns des autres. En général, elle accouche dans ses toilettes, met le bébé dans un sac

audouin ‏@cocale
Elle l’étrangle à travers une serviette. Elle place le sac dans le panier à linge de la salle de bains, puis nettoie les toilettes.

audouin ‏@cocale
Ensuite elle nettoie la salle de bains, et retourne se coucher « comme si de rien n’était » dit Dominique

On revient sur le troisième bébé, l’accouchement se serait passé dans les toilettes de sa nouvelle maison.

– « Dans quel état vous êtes ? », interroge la présidente.
– « Je ne suis pas moi-même ».

Elle étrangle le nourrisson. À ce moment-là, « je ne suis pas moi-même. Dans la panique, je ne pleure pas. Je ne le regarde pas. »

Dominique étrangle le bébé à travers le sac.
« Je ne suis pas moi-même. Mais dans la panique, non, je ne pleure pas »

« Ça dure 1/2 heure. Je le mets dans le sac, dans le coffre à linge de la salle de bains et je retourne dans les toilettes pour nettoyer »


Après ses accouchements, Dominique se levait pour aller travailler « comme si de rien était ». La solitude avant, pendant, toujours.

audouin ‏@cocale
Le lendemain, parfois ça arrivait qu’elle aille travailler, comme d’habitude.

« Après je vais me recoucher comme si de rien n’était », poursuit Dominique dont la voix s’étrangle dans les larmes

Le corps « reste un moment dans le panier à linge. Jusqu’à l’arrivée du quatrième ».

– « Vous vous souvenez de l’affaire Courjault ?
– Oui mais je n’ai pas suivi.
– Pourquoi ?
– J’ai évité d’y penser, au problème que j’avais. »

La présidente demande à si elle se souvient de l’affaire Courjault.
« Oui mais je ne l’ai pas suivie ».

– « Pourquoi ? »
– « J’ai évité d’y penser par rapport à mon problème »

audouin ‏@cocale
Elle essayait de poser des jours de congés autour de la date présumée de l’accouchement.

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Ça a marché « une fois », se souvient-elle, elle était en congés le jour de l’accouchement.

audouin ‏@cocale
En général, elle a des contractions le matin, sur son lieu de travail. Elle laisse ses filles chez ses parents

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Et le bébé arrive en fin d’après-midi.

On parle d’un autre bébé. « Là ça arrive plutôt en fin d’après-midi », se souvient-elle.

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Dans le cas de ces accouchements dans la journée, elle reste dans sa chambre.

Ses filles étaient à l’école à ce moment-là.
« Ça permet de dire qu’on était au moins en 1991 », note la présidente.

– « Votre mari est-il rentré à ce moment ?
– Non.
– Mais il pouvait rentrer à tout moment ?
– Oui mais cette fois il est rentré plus tard »

– « Encore un accouchement où vous auriez pu vous faire surprendre par votre mari ?
– Oui. »

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– Vous n’avez jamais eu un problème lors de ces accouchements ? demande la présidente
– Non, au contraire, c’était de plus en plus facile

La présidente demande si elle n’a jamais eu de problème durant l’accouchement.
« Non, plus ça avançait, plus c’était facile ».

– Vous n’avez pas le souvenir qu’une fois ça a été difficile ?
– Non au contraire
– Donc tout ça se passait de plus en plus facilement ?
– Oui

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Les accouchements allaient de plus en plus vite, se souvient Dominique

Vous n’avez jamais pris de ciseaux pour couper le cordon, interroge la présidente.
« Non », explique qu’elle attendait que le placenta tombe

audouin ‏@cocale
– « Pourquoi vous ne coupez pas les cordons ? »
En pleurs.
« J’avais peur de leur faire mal ».

Dominique n’a jamais pris de ciseaux pour couper le cordon des bébés :
« j’avais peur de lui faire mal »

– « Pourquoi (ne pas avoir pris de ciseaux) ? »
– « Parce que j’avais peur de lui faire mal », répond Dominique

audouin ‏@cocale
– « Et quand vous serrez le cou, vous n’avez pas peur de lui faire mal ? »
– « Non. »

audouin ‏@cocale
Le décalage est frappant entre les questions très rationnelles de la présidente et les réponses de D. qui échappent à toute raison.

La présidente tente de comprendre. « Comprendre, c’est juger », avait répété hier l’avocat général et l’avocat de

Maud Vallereau@maudvallereau

« Il faut accepter de ne pas comprendre », avait répondu en écho un psychiatre.

audouin ‏@cocale
Un des experts psychiatres a dit hier que si on restait dans le rationnel, on ne pouvait pas comprendre ce qu’a fait Dominique Cottrez.

audouin ‏@cocale
Mais les jurés ont besoin de leur raison pour juger. Il y a là quelque chose d’insoluble.

– « Le 5e bébé, ça se passe la nuit dans les toilettes comme le 3e ? », poursuit la présidente.
– « Oui »

– « A chaque fois, c’était parfaitement organisé ?
– Oui.
– Jamais gênée par quelqu’un d’autre ?
– Non. »

– « Pour vous c’était un sac ?
– C’était un sac, c’est tout.
– Mais c’était quand même un sac contenant un bébé…
– Oui. »

audouin ‏@cocale
Le décalage est frappant entre les questions très rationnelles de la présidente et les réponses de D. qui échappent à toute raison.

« A part les deux premiers – ça m’a marquée – je n’ai aucun souvenir, aucune date, aucun souvenir d’un événement qui aurait pu… »

audouin ‏@cocale
Au fur et à mesure des accouchements, elle s’organise mieux, avec les serviettes, le sang, etc

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« Pour les premiers, j’avais peur de mourir, après je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas de complications ».

audouin ‏@cocale
Les deux filles et le mari de Dominique sont là, comme tous les jours.

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– « Personne ne vous a jamais surprise pendant ces accouchements ? »
– « Non. J’étais toujours toute seule ».

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Elle n’a aucune idée des dates de ses accouchements.

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« Je me retenais le plus possible pour que ça arrive le soir quand tout le monde était couché »

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La force sidérante du psychisme. cf tweet précédent.

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Elle met les bébés dans le panier à linge, puis dans des sacs dans un coin de sa chambre

audouin ‏@cocale
Elle ne sait plus combien étaient là, combien dans sa garde-robe.

« La garde-robe c’était une cachette. C’était une penderie, et je le mettais au fond de la penderie »


Elle ne sait plus combien de corps ont été cachés dans sa garde-robe

Dominique empile les sacs contenant les bébés dans « le coin » de sa chambre, près du lit, à quelques centimètres de son oreiller.

explique qu’elle voulait ses bébés près d’elle.
– « Si on ne les avait pas retrouvés, vous les auriez gardés toute votre vie ?
– Oui »

Son époux lui demandant un jour de nettoyer la chambre, elle transfère les sacs contenant les corps dans le garage

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Son mari lui demande de nettoyer ce coin de la chambre, alors elle déplace les corps au garage, cachés dans des pots de fleurs.

Elle ne sait plus si elle a transféré tous les petits corps en même temps. Les déclarations commencent à devenir floues.

Dominique « je mettais celui caché dans la garde robe avec celui que j’allais chercher dans le sac de linge, pour les mettre à côté du mur »

audouin ‏@cocale
Chez elle, au moment de la perquisition, on retrouve six corps de bébés. Trois placés ensemble, et trois séparés.

audouin ‏@cocale
La présidente essaie de comprendre pourquoi.


« C’est terrible. On a l’impression que vous triez du linge », commente la présidente.

audouin ‏@cocale
« On a l’impression que vous n’avez pas transféré les corps au même moment » s’interroge la présidente.

La présidente : « c’est terrible madame, on a l’impression que vous triez du linge… »

audouin ‏@cocale
– Vous les considérez comment, ces sacs ? Comme des sacs de linge ?
– Je sais que c’est des bébés.

– « Vous les considérez comment ces sacs que vous déplacez ? »
– « Je sais que ce sont des bébés ».

audouin ‏@cocale
Elle ne sait pas combien il y en a, mais elle sait distinguer les sacs de vêtements des sacs qui contiennent les bébés.

– Comment fait-elle la différence entre sacs contenant les corps et sacs dans lesquels elle range tout ?
– »Le sac où il y a le bébé est + lourd »

audouin ‏@cocale
Les sacs des bébés étaient « plus lourds » se souvient Dominique . Ses bébés sont tous nés à terme, entre 3 et 4 kilos

« J’essaye avec ma vue cartésienne de comprendre mais on m’avait dit de ne pas être cartésienne dans ce dossier » La présidente pense à haute voix

« Mes questions n’ont aucun sens je sais, reconnaît la présidente. Mais je vous les pose quand même, parce que ça vous fait parler »

Un jour, Dominique a débarrassé la chambre, et elle a mis tous les bébés ensemble. Elle le sait, pourtant ce souvenir est flou

Dominique tenait à ses bébés :
« L’hiver, j’enlevais les pots de fleurs dessus dans le garage et je leur mettais une couverture »

Le Dr Coutanceau l’a dit hier : « Au moment où le bébé naît, il n’est pas investi, mais après la mère revient à la réalité ». C’est son bébé.

audouin ‏@cocale
– Est ce que vous vous souvenez de la date du dernier bébé ?
– Non, je n’ai aucune souvenance.

audouin ‏@cocale
Elle n’a pas de repère par rapports à des évènements, des fêtes. Elle ne situe pas ces naissances dans le temps.

Elle ne se rappelle pas de la date du dernier bébé. Mais c’était avant que le compagnon de sa fille Dimitri vienne régulièrement à la maison

Selon elle, Dimitri s’en serait aperçu.
– « Pourquoi ? », interroge la présidente.
– « Parce qu’il était étranger à la maison », répond

audouin ‏@cocale
Me vient un extrait d’Antigone de J. Anouilh.
“Comprendre…Vous n’avez que ce mot-là à la bouche. Comprendre. Toujours comprendre. »

audouin ‏@cocale

C’était l’instant littérature.

audouin ‏@cocale
Voilà ! Le psy d’hier face à l’avocate générale. Très bon résumé de ce procès en forme de dialogue de sourds

audouin ‏@cocale
– « Finalement, qui a été hostile avec vous dans votre vie ? » demande la présidente.
– « Mes filles ».

audouin ‏@cocale
Stupeur dans la salle. « Je comprends pas bien le sens du mot hostile » dit Dominique .

– « Ce qui est fondamental dans votre façon d’agir, comme l’a dit Coutanceau, c’est ce que vous supposez être le regard de l’autre ? »
– « Oui »

– « Vous vous rendez compte que ça a commandé toute votre façon de vivre ? »
– « Oui »

– « Comment vous ressentez le regard de l’autre ? », demande la présidente.
– « Il n’y a pas de regard », répond

audouin ‏@cocale
– « Comment vous ressentez le regard de l’autre ? » tente la présidente.
– « Il n’y a pas de regard ».


Le rapport à l’autre est une problématique récurrente que les psychiatres ont pointé chez Dominique

« Un juré m’a demandé de vous faire jurer sur la tête de vos filles, ce que je ne ferai pas », commente la présidente.

Un juré avait demandé de faire jurer D sur la tête de sa fille. La présidente a refusé et remplacé le mot « jurer » par « affirmer »

– « Mais c’est très important, est-ce que vous pouvez affirmer que votre mari n’a jamais rien su ? », poursuit la présidente
– « Je l’affirme »

– « Vous pouvez affirmer que vous avez ça toute seule pendant toutes ces années ?
– « Oui j’affirme. »

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– Et votre mari ?
– Je pensais qu’il savait, et qu’il faisait semblant de pas savoir. Dominique

– « Est-ce que vous pouvez affirmer que votre mari n’a jamais rien su, rien soupçonné ?
– Oui j’affirme. »

– « Vous avez fait ça toute seule ? »
– « J’ai fait ça toute seule, j’assume »

« Mon mari savait mais il faisait semblant de pas savoir. »
Dominique le dit pour la première fois à la cour d’assises

« Je pense qu’il savait mais il savait pas, c’est une supposition ».
Présidente : « En 2 phrases, vous dites une chose et son contraire »

audouin ‏@cocale
Première fois qu’elle accuse ainsi son mari. « Il savait… Enfin, c’est une supposition »

La présidente lit une audition au cours de laquelle D dit que son mari faisait semblant de pas savoir, sans être impliqué

audouin ‏@cocale
La présidente relit les déclarations de Dominique où elle accusait son mari de l’avoir aidée à cacher les sacs.

Dominique Cottrez pense que son mari savait mais « il faisait semblant de ne pas savoir ». Et on ne parle pas chez les .

Finalement, Dominique  semble dire que son mari ne pouvait pas ne pas savoir, mais il n’a jamais rien fait, ne s’est jamais adressé à elle

audouin ‏@cocale
« C’est pas son problème, il se fout de tout » avait elle dit à propos de son mari.

La présidente est en train de lire les déclarations de Dominique au juge d’instruction. Pas compris le but pour l’instant.

audouin ‏@cocale
Elle avait raconté qu’un soir où elle avait perdu les eaux, il avait dit
– « c’est quoi ça ? »
– « c’est rien ».

audouin ‏@cocale
Lors de la même audition, elle dit finalement que son mari n’est pas impliqué, qu’elle a menti, « pour me protéger ».

audouin ‏@cocale
C’est très confus, au final.

audouin ‏@cocale
Elle a accusé, puis dédouané son mari. Il semble qu’elle lui reproche surtout « d’avoir fait semblant de ne pas savoir »

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En tous cas, beaucoup d’agressivité latente envers ce mari qui n’a pas vu ou n’a pas voulu voir.

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Au juge, elle a dit aussi qu’elle avait parlé des meurtres à son père. Aujourd’hui, elle dit qu’elle ne lui en a jamais parlé.

audouin ‏@cocale
« J’en ai jamais parlé à personne’ dit Dominique

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Hypothèse : en impliquant son père, son mari, elle allégeait son propre sentiment de culpabilité
(voilà pourquoi nous nous sommes acrochées il y a deux jours. Elle est journaliste, elle n’a pas à jouer les psy)

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Et aujourd’hui elle se débarrasse de tous ces faux-semblants, et se présente seule, toute seule devant la cour d’assises.


Elle relit les déclarations du PV de 2011 où avait commencé à évoquer l’inceste.

Dans ce PV d’audition, qui date de 2011, D parle de l’inceste pour la 1e fois. L’hypothèse est suggérée par son avocat, Me Berton

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La présidente relit le PV d’audition de 2011 où elle parle de l’inceste pour la première fois.

La présidente interrompt sa lecture. Elle regarde Dominique .
« Personne ne savait, même lui ne savait pas », dit l’accusée.

La présidente reprend sa lecture. « J’ai tout inventé », commente Dominique

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A l’époque c’est son avocat Frank Berton qui l’amène par ses questions à faire cette confession très détaillée.

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A propos de cette relation avec son père, elle dit dans ce PV « tout le monde savait et faisait semblant de ne pas savoir ».

pour que 4 ans plus tard, ce même l’amène par ses questions à dire qu’il n’y en a pas eu…

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La même formulation qu’à propos de son mari et des grossesses… « Tout le monde faisait semblant de ne pas savoir »…

audouin ‏@cocale
Dominique apparait obsédée par le regard de l’autre, par ce que l’autre pense d’elle, par ce qu’elle pense qu’il sait d’elle

audouin ‏@cocale
La présidente fait réagir Dominique à cette confession de l’époque.

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« On avait commencé à parler de mon père, j’ai saisi une perche ».


A la fin de la lecture, Dominique est invitée à réagir :
– « J’ai dit n’importe quoi ».

« J’ai dit n’importe quoi », reconnaît Dominique . On lui a parlé de son père et de l’inceste, elle a saisi la perche.

« Vous pouvez nous expliquer pourquoi vous avez dit n’importe quoi ? »
Dominique balbutie, ce n’est pas très clair.
L’audience est suspendue pour 15 min


Audience suspendue une quinzaine de minutes

Les experts étaient à la barre hier et avant-hier : comprendre l’octuple infanticide, le casse-tête du procès

L’audience reprend avec les questions des avocats des parties civiles à Dominique

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Questions des parties civiles à Dominique .

L’audience reprend. Les avocats des parties civiles sont invités à interroger Dominique


audouin ‏@cocale
Yves Crespin lui demande si l’histoire avec la sage femme (qui l’avait humiliée) est vraie ou pas.
– « C’est vrai! » crie D. très émue

Me Crespin :
– « L’histoire de la sage-femme, c’est une histoire ou c’est vrai ? »
– « C’est vrai ! », lâche D Elle est secouée par un hoquet

– « Oui ! »
Cri du corps de lorsque Me Crespin lui demande si l’histoire de la sage-femme qui l’a humiliée lors du 1er accouchement est vraie

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Me Costantino revient sur son couple.
– « Est ce que l’arrivée de votre premier enfant a changé des choses dans votre couple ? »

Me Constantino interroge sur sa vie de couple après la venue de son 1er bébé, Emeline. C’est la 1ère fois qu’on lui pose cette question

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« Je me sentais encore plus délaissée » répond Dominique

Puis Me Costantino l’interroge sur la réalité du quotidien avec son mari. Elle peine à répondre. Il n’a pas d’autre question.

– « Des difficultés ont-elles surgi ? »
– « Oui. Il (son mari) me laissait de côté, je me sentais seule, plus qu’avant encore ».

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Question de l’avocate générale.
– « Pourquoi ça s’est arrêté ? Quand? »
– « J’ai plus eu de grossesses. Quand, je sais plus ».

– Le procureur demande « pourquoi ça s’est arrêté ».
– « Je n’ai plus eu de grossesses », répond Dominique aujourd’hui ménopausée

– « Pourquoi ça s’est arrêté ? », demande l’avocate générale.
– « Est-ce que vous avez un repère ? » Elle suggère des dates, des moments.

« 2003, 2004, oui, c’était la fin », dit Dominique

Dans un de ses bouquins, Coutenceau écrit que lorsque le déni est total, la femme est au moment de l’accouchement dans 1/

un état assimilable à celui d’un état de stress dépassé, avec souvent un état de dissociation péri-traumatique 2/

Elles n’ont pas le sentiment d’accoucher mais les cris du bébé viennent signifier violemment la levée du déni 3/

face à cet impensable devenu réalité,la femme étouffe ce qui crie pour le faire taire, sans réaliser qu’il s’agit d’un bébé 4/

Même en cas de déni partiel, le développement physiologique d’un enfant dans l’utérus n’est pas pensé 5/

investi consciemment et affectivement comme un enfant à naître. Ce n’est pas un bébé imaginé, mais une « masse informe » 6/

– « Est-ce qu’il y a encore un risque aujourd’hui que vous tombiez enceinte, et que vous recommenciez ?
– Non ! Je suis ménopausée »

audouin ‏@cocale
Question de l’avocat général Eric Vaillant.
– « Avez vous un moyen de contraception aujourd’hui ? »
– « Non je suis ménopausée ».


La parole est à la défense. Me Carlier commence.
Elle s’énerve en parlant du mari de Dominique , elle insiste sur son indifférence.

audouin ‏@cocale
Question de l’avocate Marie-Hélène Carlier (défense).
– « Est ce que votre mari vous a posé des questions ?
– Non. Jamais. »

– Me Carlier demande à sa cliente si son mari s’est investi lors de sa première grossesse
– « Non jamais ».

audouin ‏@cocale
Dominique pleure à nouveau en évoquant le silence de son mari, qui ne l’aide en rien.

– « La grossesse c’est pas son problème ?
– … pas son problème.
– Il s’en…
– Il s’en fout ! »

audouin ‏@cocale
Me Carlier souffle les réponses à sa cliente.
– La grossesse c’est pas son.. ?
– … problème.
– Il s’en…?
– Il s’en fout.

– « Pour votre mari, la grossesse,
– il… », poursuit l’avocate.
– « … s’en fout », termine Dominique

audouin ‏@cocale
« Aujourd’hui vous êtes jugée tte seule. Il y a quelqu’un d’autre qui s’en est rendu compte. Si c’est votre mari, il a été lâche ».

audouin ‏@cocale
Aurait-il aidé sa femme à cacher les sacs ? « Il a voulu me protéger » dit elle en pleurant.

Il y a une constance dans les déclarations de Dominique , elle dit ne pas avoir transféré les deux corps du grenier au jardin

– « Qui a enterré les corps des bébés ? Ou c’est votre mari, ou c’est votre père. Vous sauriez répondre ?
– Non, c’est l’un ou l’autre. »

– Me Carlier l’interroge sur qui, selon elle, les a enterrés.
– « C’est mon mari ou mon père », répond Dominique

Les sacs dans le grenier, « c’est pas moi c’est certain ». Alors Dominique le dit, « c’est l’un ou l’autre ». Son père… Ou son mari.

« Aujourd’hui vous êtes jugée toute seule mais il aurait peut-être fallu quelqu’un à vos côtés », assène l’avocate.

audouin ‏@cocale
On n’en saura pas plus, et le mari n’est de toutes façons pas renvoyé devant les assises.

– « Je ne saurai jamais la vérité », conclut Dominique en pleurs.
Personne ne saura jamais qui a enterré les corps dans le jardin.

– « Je saurais jamais la vérité.
– Si c’est votre mari il a été lâche. Si c’est votre père il a voulu…
– Il a voulu me protéger ! »

audouin ‏@cocale
Rectificatif : c’est à propos de son père que Dominique dit
– « il a voulu me protéger » (dans l’hypothèse où il aurait enterré les 2 1ers bébés)

Les sacs et les corps étaient trop dégradés pour pouvoir faire des analyses.

audouin ‏@cocale
Les deux premiers corps ont été laissés dans le grenier de la maison des parents, enterrés dans le jardin on ne sait pas par qui.

Dominique sanglote. Me Berton n’a pas de question. Dominique Cottrez se rassoit.


 

La présidente lit désormais le rapport de la psychologue Annie Sanctorum qui ne pouvait pas être là.

La présidente se lance dans la lecture du rapport d’Annie Sanctorum, une psychologue qui n’a pas pu venir.

audouin ‏@cocale
Lecture du rapport de la 1ère psychologue qui a expertisé Domnique . Elle explique qu’elle ne voit pas ces bébés comme ses enfants.

La psychologue, explique comme Coutanceau, que Dominique ne voit pas ses bébés comme des bébés. « L’enfant est perçu comme un mal »

audouin ‏@cocale
Rapport psy : « elle se souvient des trois premiers accouchements, ensuite c’est flou. Une sorte de routine s’est installée »

« Elle ne sait jamais vue comme enceinte, mais comme parasitée ».

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« L’enfant n’est pas perçu comme un être humain mais comme un mal. Depuis l’arrestation elle ressent une culpabilité aigüe ».

La grossesse est une problématique pour Dominique « Elle n’a jamais investi ses grossesses (…) elle est pourtant une bonne mère »

audouin ‏@cocale
« Elle reconnait être incapable de tuer un chiot ». Rapport psy.

audouin ‏@cocale
« Mal dans sa peau, au sens propre du terme, elle a un refus profond de son corps ».

audouin ‏@cocale
« Les grossesses sont subies comme une invasion, elle se vit comme ‘parasitée' » écrit la psy.

La psychologue semble dire que ce n’est pas le fait d’être mère qui pose problème chez Dominique mais le fait d’être enceinte

audouin ‏@cocale
« Elle ne se vivait pas comme commettant un crime ». Pour la psy ce n’est pas la maternité le problème de Dominique mais la grossesse.

audouin ‏@cocale
Elle suppose que cela a été un problème dès la première grossesse, celle de sa fille Emelyne, menée à bien ‘par conformisme social »

audouin ‏@cocale
« Elle est pourtant une bonne mère et grand-mère » écrit la psy.

audouin ‏@cocale
La psychologue écrit que par peur de perdre son mari, « elle ravale toutes ses frustrations ».

audouin ‏@cocale
« Elle est dans une insatisfaction permanente qui n’est jamais exprimée » écrit la psy.


 

audouin ‏@cocale
Me Frank Berton interroge Dominique sur sa sexualité avec son mari. « Pour moi c’était pas un besoin. Pour lui, oui ».

Me Berton, qui réagit au rapport, interroge sa cliente sur sa sexualité avec son mari :
« Pour moi, c’était pas un besoin, pour lui, si »

« Pour moi c’était pas vraiment un besoin. Pour lui il fallait », dit Dominique à propos des rapports sexuels avec son mari

audouin ‏@cocale
« Je voulais lui faire plaisir ».

Elle faisait, « pour lui faire plaisir »


Dominique vivait mal ses rapports » avec son mari. Elle voulait qu’il la « laisse tranquille ». Mais non, pour lui, »il fallait » 1/2

Les rapports sont fréquents, 3-4 fois par semaine. Quand Dominique dit non, son mari la tient par les épaules, il continue. 2/2

– « Je me sens coupable, s’il faut retourner en prison… c’est normal. On pourra peut-être me pardonner, me comprendre »

Dominique : « Je me sens coupable et s’il faut retourner en prison… Disons qu’on pourra peut-être me pardonner, me comprendre. »

audouin ‏@cocale
– Si vous retournez en prison ?
–  (En larmes) Je me sens coupable, c’est normal. On pourra peut-être me pardonner, me comprendre.

Dominique vient de conclure en larmes.
Elle se rassied.
On passe désormais à la question de la prescription défendue par son avocat

audouin ‏@cocale
On passe à la question de la prescription, que va plaider Me Frank Berton.

Me Berton reprend la parole. Ce n’est pas encore le temps des plaidoiries, mais il présente ses observations et plaide la prescription

Au terme d’un long combat judiciaire, la prescription n’avait pas été retenue.
Une 1ère dans une affaire criminelle.
Lire ici

audouin ‏@cocale
Me Berton résume pour les jurés son long combat pour tenter de démontrer que les crimes de Dominique sont prescrits.

audouin ‏@cocale
Me Frank Berton demande à la cour de se rebeller contre cet arrêt de la cour de cassation.

« Il y a au moins 7 faits (avant 2000) pour lesquels vous pouvez dire ‘ils sont prescrits' », plaide Me Berton. Un doute subsistant pour le 8e

audouin ‏@cocale
C’est allé jusqu’en cassation.

La Cour de cassation avait estimé que le délai de prescription s’était trouvé suspendu jusqu’à la découverte des corps des bébés.

Jusque-là, seule jurisprudence appliquée aux délits financiers, infractions par nature « dissimulées » 1/2

… et pour lesquelles la prescription court à partir de leur découverte et non de leur commission.

audouin ‏@cocale
La cour de cassation a estimé qu’il y avait eu un « obstacle insurmontable à la manifestation de la vérité ».

audouin ‏@cocale
Et que donc, la prescription ne courait pas. Cet obstacle est la clandestinité des grossesses, notamment à cause de l’obésité de Dominique

Sur la prescription : la cour de cassation considère qu’elle s’applique à partir de la découverte des faits. En non leur commission.

audouin ‏@cocale
Pour la cour de cass, la prescription commence au jour de la découverte des faits (2010) et pas à la date des derniers faits (2000)

Frank Berton demande à la cour de se rebeller. Selon lui, sept faits peuvent être prescrits.

audouin ‏@cocale
Me Frank Berton demande à la cour de se rebeller contre cet arrêt de la cour de cassation.

audouin ‏@cocale
« Il y a au moins septs faits (les accouchements avant 2000) pour lesquels vous pouvez dire qu’ils sont prescrits ».

audouin ‏@cocale
Le dernier meurtre commis en 2000 est possiblement non prescrit reconnaît Franck Berton puisque découverte des faits en juillet 2010

audouin ‏@cocale
Or la prescription est de 10 ans à partir des faits (sauf si infraction clandestine, comme l’estime donc la cour de cassation)

audouin ‏@cocale
J’espère que vous avez tout suivi. Interro surprise cet après-midi.

audouin ‏@cocale
Les associations d’aide aux enfants rejettent la possibilité de prescription, soutiennent l’arrêt de la cour de cassation.

audouin ‏@cocale
L’avocate générale estime que « la paix publique commandait que justice passe ».

audouin ‏@cocale
Arrêt sur l’exception soulevée par Me Berton : la cour rejette la demande de constatation de la prescription.

Annelise Cau, vice procureure, dénonce une défense qui réclame « un droit au pardon »

L’audience est suspendue jusqu’à 14h15.

Audience suspendue. Elle reprendra à 14h15.

Procès Dominique Cottrez – Mardi 30 juin 2015 – 4e jour – Les filles – Tweets de la salle d’audience

L’audience reprend.

L’audience vient de reprendre avec le psychologue Yves Delannoy

Yves Delannoy, expert psychologue, arrive à la barre. C’est le dernier expert qui sera entendu dans le procès

Yves Delannoy lit son rapport. Un verre d’eau a été posé pour lui sur une chaise, à sa gauche.

Le psychiatre à la voix un peu nasillarde déroule son rapport sur Dominique qu’il a rencontrée mi-juin.

L’expertise d’Yves Delannoy est récente : il l’a rencontrée mi-juin.

Dominique est assise à sa droite. Elle a ôté ce grand gilet gris dans lequel elle était enveloppée depuis le début du procès.

a aussi dit à cet expert psy qu’elle avait une relation incestueuse avec son père, qu’elle s’était confiée à lui sur les infanticides

Or, Dominique est revenue sur cette version, et a répété ce matin que ce n’était pas vrai.

Le psychologue développe son expertise en s’appuyant, entre autres, sur l’inceste qui s’est effondré hier…

Yves Delannoy a ajouté une partie à son rapport après avoir entendu les rétractions de Dominique hier

Delannoy a complété son rapport après les rétractions de D L’audience est suspendue 15 min le temps que la cour en prenne connaissance


La cour n’en ayant pas eu connaissance, l’audience est suspendue 15 minutes pour qu’elle puisse la lire

L’audience vient de reprendre.

Après cette courte interruption, l’audience reprend.

« Madame s’exprime par son corps, plutôt que par la parole », estime Yves Delannoy.

« Le traumatisme (de l’inceste) sert d’éclairage, a l’avantage de donner des pistes rationnelles a quelque chose qui par ailleurs ne l’est pas »

Même après les rétractations de Dominique , Yves Delannoy estime que « l’inceste est un éclairage » pour la comprendre.


« Si l’inceste n’avait pas existé, l’analyse de sa personnalité ne change pas, on est face à une personne très peu construite…

« Si l’inceste n’a pas existé, l’analyse de la personnalité reste la même. Elle est peu construite depuis son enfance », estime-t-il


… qui a des carences très profondes dans l’enfance, dans son rapport à l’autrui, et dans sa capacité de représentation ».

« Elle souffre de carences très profondes dans son rapport à autrui. (…) Elle est en partition permanente. »

« Tout ce qui se passe se passe à son insu, elle n’est pas manipulatrice, elle n’est pas dans un fonctionnement. »

« Elle ne peut pas fonctionner comme vous et moi. On ne peut pas lui demander du jour au lendemain d’exprimer son ressenti, elle ne peut pas. »

« Le premier meurtre libère par le geste. Les suivants ne sont que la répétition »

« C’est la confirmation et la répétition de son propre enfermement », poursuit Yves Delannoy.

Pour Yves Delannoy, Dominique « a le désir d’être enceinte mais pas d’enfanter »

Yves Delannoy voit ainsi le comportement contradictoire de Dominique : « Elle a le désir d’être enceinte mais de ne pas enfanter »

Yves Delannoy : « J’espère à travers ces débats avoir fait passer cette notion : ‘on ne peut pas tout comprendre' »

« Ses actes, ses gestes n’ont pas été commis dans une rationalité, dans un but. C’était dans un moment d’angoisse intense »

Yves Delannoy repart. Suspension d’audience de 10 minutes avant d’entendre Emeline , la fille aînée

L’audience est suspendue quelques minutes

A la reprise, la cour va entendre les filles de Dominique

L’audience vient de reprendre, Emeline est appelée à la barre

L’audience reprend avec le témoignage d’Emeline . C’est la fille aînée, la brune avec des cheveux courts

« C’est une bonne maman, une bonne mamie, elle a toujours été là pour moi », sanglote-t-elle.

« Elle a toujours été là pour nous », lâche Emeline avec des sanglots dans la voix. Elle tourne la tête vers sa mère.

« C’est elle qui s’occupait de tout au sein de la maison », dit Emeline

Elle décrit une famille où l’on ne parle pas beaucoup de ces problèmes persos.

– On a compris que vous ne communiquez pas beaucoup dans votre famille…
– Oui. Je suis pareille. Je fais pas beaucoup de bisous à mon garçon.

– « Elle vs parlait de son travail ?
– Non elle en parlait pas beaucoup à la maison. »

Mais l’ambiance était « chaleureuse ». »La maison était grande ouverte, les copains venaient presque tous les jours », raconte sa fille

– « C’était quoi l’ambiance à la maison ? Chaleureuse ?
– Oui, chaleureuse, une maison ouverte, presque tous les jours. »

Emeline a un petit garçon né en 2008 mais elle a failli avorter. Sa mère le souhaitait, a insisté, mais Emeline s’y est opposée.

– Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur l’état de votre maman jusqu’au début des 2000’s ?
– Elle dormait beaucoup, elle était très pensive

« On ne pouvait pas s’en apercevoir », dit Emeline au sujet des grossesses de sa mère.

« Elle était souvent essoufflée », reconnaît Emeline . « Mais on ne pouvait pas s’en apercevoir », dit-elle à propos des grossesses de sa mère

Emeline n’a rien vu, rien senti.

– « Est-ce que des sacs ont attiré votre attention ?
– Dans la maison jamais. Une fois dans le garage, mais je n’ai pas été curieuse »

– « Est-ce que des odeurs, par moments, vous ont gênée ?
– Non. »

Les sacs avec les corps sont restés dans 1bac. Dans celui-ci, en 2004, Emeline a mis des oies et de la paille. Elle n’a pas vu de sacs

« Dans le grenier, il y avait un sac poubelle, j’ai cru que c’était sa robe de mariée », explique la fille de .

Emeline est montée dans le grenier de ses grand-parents. Elle a vu un sac en pensant qu’il y avait la robe de mariée de sa mère dedans

– « Vous parlez aujourd’hui de ce qui s’est passé avec votre maman ?
– Non.
– Toujours cette difficulté à parler…
– Oui. »


– « Elle voit votre fils ?
– Oui elle le garde aussi. »
A l’évocation de son fils, Emeline éclate en sanglots

La présidente poursuit en l’interrogeant sur les aveux de sa mère : « J’y ai cru à l’inceste ».
Puis elle éclate en sanglots.

Me Berton s’adresse ensuite à Emeline en lui désignant les jurés.
« Si vous voulez leur dire quelque chose, à ces gens… »

« Je ne veux pas qu’elle retourne en prison. J’ai besoin d’elle. Et son petit-fils AUSSI. »
Elle s’effondre. On entend son souffle

Emeline est effondrée à la barre, elle n’arrive plus à parler.

Virginie, la deuxième fille de Dominique , prend le relais

Puis Emeline laisse la place à sa soeur cadette Virginie. Elle, elle est blonde aux cheveux longs. Elles ont à peine 2 ans d’écart

« On n’a pas vu sa détresse », dit Virginie au sujet de sa mère Dominique

« On n’osait pas la questionner pour ne pas la déranger. Elle était souvent fatiguée. On n’a pas vu sa détresse », dit Virginie

« Oui c’est vrai qu’il y avait des odeurs », estime Virginie , contrairement à sa sœur.

« Les pieds, les égouts, l’humidité… On croyait ce qu’on nous disait »

Virginie était « très sensible aux odeurs ». Elle interrogeait sa mère qui lui répondait « c’est le chien » ou « l’humidité ».

Virginie pensait, elle, que c’était une odeur de linge mal séché.

Virginie n’a pas le souvenir d’être allée dans le grenier de ses grand-parents

– « Qui a enterré les sacs dans le jardin de vos grand-parents ? On se pose la question. Vous avez une idée ?
– Non. »

– « Votre grand-père aurait-il été capable de le faire, et jusqu’à quel âge ?
– 70 ans à peu près… »

« J’y croyais [à l’inceste]. Ce qui me fait plus de mal c’est qu’elle a pu laisser croire que j’étais la fille d’Oscar » (Son grand-père)

Me Berton : « Elle décide de ne pas maintenir son mensonge. Au risque de perdre des circonstances atténuantes… Elle l’a fait pour vous »

Me Carlier : « J’ai beaucoup de mal à parler à votre maman… Elle se cache. Vous avez encore un long chemin à parcourir avec votre maman »

« C’est ma maman, je l’aime. Ses petits-enfants c’est toute sa vie. Malgré ce qu’elle a fait c’est notre maman, une mamie. »

– Me Carlier : Et si c’était les derniers mots que vous pouviez lui dire, qu’est-ce que vous diriez ?
– Je l’aime, elle restera toujours ma mère

Depuis la découverte des corps, les filles de Dominique n’ont jamais parlé avec leur mère de ce qui s’est passé…

« C’est ma maman, je l’aime, je veux qu’elle reste avec nous malgré tout ce qu’elle a fait », dit Virginie pour ses derniers mots.

Virginie est remerciée. On repasse à l’audition de Dominique sur le deuxième bébé tué. Il y en a 8.

Virginie retourne s’asseoir. La présidente enchaîne en interrogeant Dominique sur le 2e bébé qu’elle a tué

 

Elle a mis le deuxième corps dans la panière à linge puis au bout d’une semaine au grenier.

Dominique dit avoir mis le deuxième bébé ds le panier à linge, puis au bout d’1semaine, elle le met dans le grenier [de ses parents]

– « Vous y pensez à ce bébé ?
– Non. – Donc ce bébé est au grenier, et la vie reprend c’est ça ?
– Oui. »

Puis elle s’aperçoit qu’elle est encore enceinte. Elle fait croire à son mari qu’elle a ses règles. Elle porte des vêtements larges

Ensuite, Dominique fait une crise d’épilepsie. Sa sœur l’emmène à l’hôpital. Elle a des contractions en faisant le scanner.

raconte avoir fait une crise d’épilepsie pour le 3e bébé. On l’emmène passer un scanner cérébral et elle a alors des contractions

« Je remonte dans la chambre. Je sens que ça va arriver. Je vais dans les toilettes qui sont dans le couloir, en face de la chambre »


remonte dans sa chambre, sent que le bébé arrive, part aux toilettes qui se trouvent dans le couloir avec un sac. Elle accouchera là.

Elle dit avoir accouché là, dans les toilettes de cet hôpital. « Je pousse… je suis assise… je sens qu’il sort »

– « Je pousse, je pousse… je suis dans le noir. Y avait juste une lumière.
– Une lumière très très faible de l’extérieur ?
– Oui. »

« C’est difficile à imaginer », note la présidente

– « Je sens qu’il sort.
– Il tombe dans les toilettes
– le bébé ?
– Oui. »

« Je ne comprends pas comment vous pouvez le ramasser », interroge la présidente. « Il tombe dans les toilettes », explique

– « Quand vous vous levez qu’est-ce qui se passe ? Il est encore dans les WC ?
– Oui.
– Je ne comprends pas comment vous pouvez le ramasser »

– « Et après ? Vous le mettez dans une serviette ? Et vous serrez autour du cou ?
– Oui.
– Comme le premier finalement ?
– Oui. »

– « Et vous restez là, une vingtaine de minutes, dans ces toilettes, dans le noir, en attendant que le placenta tombe ? »
– « Oui »

« J’ai vraiment beaucoup de mal à comprendre ce qui s’est passé », insiste la présidente Anne Segond

« Je ne sais pas. J’ai du mal à visualiser. Je ne comprends pas comment ça a pu se passer », commente la présidente agacée

– « Je n’ai pas de souvenir
– Pour répondre à mes questions vs reconstituez une scène ?
– Oui
– Vous vous souvenez d’aucune scène ?
– Non… »

Ensuite, elle dit qu’elle met tout dans un grand sac. »Peut-être un sac blanc » Ses souvenirs sont flous. Difficile de comprendre cette scène

La scène que décrit Dominique Cottrez semble surréaliste. Tout se passe dans le noir. Y compris le nettoyage.

– »Une robe de mariée dans un sac bleu marine ça vous dit quelque chose ? »
– Oui mais elle était pas là…
– Elle était dans le grenier ?
– Oui »

La suite est floue, elle ne se rappelle pas vraiment. On a l’impression qu’elle répond pour faire plaisir à la présidente.

Sur la couleur des sacs dans lesquels elle a mis les bébés, c’est très flou aussi

Dominique « suppose » que c’est son père qui a enterré les 2 bébés dans son propre jardin

Dominique s’exprime avec un ton détaché, très différent du ton employé pendant le récit du premier infanticide

répond docilement aux questions, mais comme hier lorsqu’elle racontait l’inceste, elle a un ton détaché. Semble perdue dans ses pensées.

On en reste là. L’audience est suspendue jusqu’à demain 9 heures.

L’audience est suspendue. Elle reprendra demain à partir de 9 heures.

Dominique continuera à raconter ses infanticides demain matin. Les plaidoiries et le réquisitoire suivront ensuite