Chroniques judiciaires du Nouvel obs – Viol présumé chez les Villiers : retour sur une très étrange affaire

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31 janvier 2011
Par Sylvie Véran

Pour ceux qui ont pris à cœur les accusations de viol de Laurent de Villiers, 26 ans, à l’encontre de son frère aîné Guillaume, 33 ans, la décision de la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Versailles de débouter le cadet a pu paraître incompréhensible.
C’est qu’à l’unisson, ou presque, les médias avaient épousé la thèse de l’inceste entre frères. A leur décharge, les avocats de Philippe de Villiers, le père, et de Guillaume, l’agresseur présumé, n’ont, comme ces deux derniers, quasiment pas communiqué. Laurent, la victime présumée, a, au contraire, multiplié les interviews. Parvenant ainsi à convaincre ses interlocuteurs qu’il disait la vérité puisque son « violeur », comme ses parents et ses autres frères et sœurs, se taisaient.
En participant ainsi, selon lui, à un pacte de silence familial destiné à dissimuler ce qui était arrivé. L’affaire avait fini par sembler évidente. Comment ne pas croire ce fils du vicomte Philippe Le Joli de Villiers de Saintignon, 61 ans, président vingt-deux années durant du Conseil général de Vendée, pilier d’une droite dure et grand donneur de leçons de morale ?
Un garçon qui ose affronter les foudres d’un clan, apparemment ligué contre lui, en révélant l’indicible : des sodomies perpétrées durant des années par son propre frère sans que leur proche entourage ne s’en offusque, et pis, le sachant, toujours selon le plaignant, tente d’étouffer le scandale. A savoir : les Villiers appartiennent à la vieille aristocratie vendéenne, ici souverainiste et très traditionaliste concernant les offenses aux dogmes chrétiens. C’est une famille où prêtres et directeurs de conscience se joignaient aux déjeuners dominicaux d’après messe ; où les sept enfants (3 garçons et 4 filles, dont deux ont pris le voile) ont été pensionnaires dans des institutions religieuses et membres des « Scouts d’Europe » ; où les demandes de pardon écrites circulaient dans la maison à la moindre bêtise. Dans ce contexte, regarder un film pornographique est un pêché grave, se masturber relève presque du crime…

C’est une cour composée de trois magistrats qui a décidé de clore cette affaire, dans un arrêt rendu le 17 décembre dernier qui conclut à l’impossibilité de prouver les accusations de Laurent de Villiers.
C’est, ici, parole contre parole.
Mais contrairement à ce qu’ont pu penser certains la justice a, en l’occurrence, parfaitement fonctionné. Le juge d’instruction du dossier ayant notamment obtenu en mai 2010, et contre l’avis du procureur de la République – qui avait requis un non-lieu définitif –, le renvoi du dossier aux assises. Un renvoi qu’annule l’arrêt de la chambre de l’instruction de Versailles.
Cette décision nous a paru suffisamment important pour en diffuser, bien que tardivement, le contenu. Un contenu en partie résumé (bien qu’encore très long) qui, tout en faisant minutieusement la part des faits, à charge comme à décharge, donne un éclairage très différent de ce que l’on a pu connaître de cette bien triste affaire entre frères.

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Autre billets sur l’affaire de Villiers
23/12/2010 – Accusant son frère d’inceste, Laurent de Villiers se pourvoit en cassation – Le Monde
18/12/2010 – Viols par inceste : Laurent de Villiers juge « totalement partial » le non lieu en faveur de son frère
L’histoire des viols par inceste de Laurent de Villiers par son frère
INCESTE Affaire Laurent de Villiers contre Guillaume de Villiers – 2006/2010
17/12/2010 – Laurent de Villiers : « Je ne me tairai pas »
17/12/2010 – Affaire Laurent de Villiers : le combat d’un enfant seul face aux viols par inceste
13/10/2009 – Pressions sur l’édition : l’exemple du livre de Laurent de Villiers
26/11/2006 – Le fief de la famille Villiers refuse d’y croire
3/03/2011 – Un article sur l’affaire De Villiers retiré du site du Nouvel Obs
11/05/2011 – Guillaume de Villiers, accusé de viols par son frère Laurent, le poursuit pour chantage et subornation de témoin par Isabelle Monnin.
16/05/ 2011 – Un mail relance le duel juridique des Villiers par Ondine Millot
1/11/2011 – Affaire de Villiers : Qu’as-tu fait de ton frère ?
2 novembre 2011 – Canal + 19h – Laurent de Villers parle de son livre sur l’inceste
Laurent de Villiers : Le fils mots dits par Ondine Millot
Laurent de Villiers a déclaré que son père lui avait dit « que cela ne le concernait pas et que c’était entre moi et mon frère ».
Laurent de Villiers : le pourvoi pour viols par inceste examiné le 7 décembre 2011
2 novembre 2011 – A2 Journal de 20h – Laurent de Villiers
5 novembre 2011 – fracassante émission pour Laurent de Villiers
5 novembre 2011 – Emission « On n’est pas couché » avec Laurent de Villiers
Tais-toi et pardonne ! par Laurent de Villiers
7/12/2011 – Inceste. Après l’annulation du non-lieu, un procès possible dans l’affaire de Villiers
Affaire Villiers : le non-lieu de Guillaume de Villiers est annulé
Laurent de Villiers : « Il n’y a qu’une victime c’est moi, pas mon père.
Affaire Laurent de Villiers : il n’y aura pas de procès aux assises pour viol
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Autre billets permettant un éclairage sur l’affaire de Villiers
La parole interdite dans les familles incestueuses par Martine Nisse et Pierre Sabourin

A propos, encore, de la récidive par Michel Huyette

Mercredi 26 janvier 2011
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S’agissant d’une nouvelle loi « fait divers’, que cette fois-ci même les députés de la majorité ne sont pas enthousiastes à envisager, rappelons qu’entre 2004 et 2010 notre législation pénale a été modifiée à plusieurs reprises avec comme motif annoncé, à chaque fois, de lutter contre la récidive : loi du 12 décembre 2005 (texte ici), loi du 10 août 2007 (texte ici), loi du 25 février 2008 (texte ici), loi du 10 mars 2010 (texte ici). Et jusqu’à ce jour il n’a été effectué aucun bilan de l’application des derniers textes. D’où cette interrogation sur la nécessité de modifier des règles dont on ne sait si elles sont bonnes ou mauvaises, et sans savoir ce qui pourrait être une façon appropriée de faire mieux. Bref, une fois encore, c’est : agissons d’abord, nous réfléchirons après….
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Il y a quelques jours un juge d’instruction expliquait, dossier en main, qu’il venait de mettre en examen pour viol un homme qui dans les années précédant son arrestation s’était comporté parfaitement à tous points de vue : rendez-vous honorés avec le service d’application des peines, suivi sans accroc et dans la durée par le psychiatre et le médecin, respect de toutes les consignes imposées par les magistrats. Autrement dit un individu à propos de qui personne n’aurait jamais pu prédire la récidive.
Sauf à considérer que toute personne qui commet un jour une infraction criminelle présente inéluctablement et pour toujours un risque élevé de récidive, quel que soit son comportement. et son évolution Ce qui pourrait inciter à condamner à perpétuité tout auteur d’un premier crime en le considérant par hypothèse forcément et définitivement dangereux.C’est une autre piste…
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