Outreau Me Patrice Reviron : « il n’est pas question de refaire les procès d’Outreau »

Me Patrice Reviron, avocat de Jonathan Delay, attend de Daniel Legrand qu’il s’explique. Daniel Legrand comparaît devant la cour d’assises d’Ille-et-Villaine pour les mêmes faits (des faits similaires, s’en sont d’autres) que ceux pour lesquels il a déjà été acquitté mais aux dates où il était mineur. Propos recueillis par Jean-Philippe Deniau et Thibault Lefevre de France Inter.
Dossier complet et procès en direct sur www.franceinter.fr

Me Patrice Reviron avant le dernier procès d’Outreau : ce procès sera très différent. Par Jacques Cuvillier

logovjmercredi 29 avril 2015
Le procès de Daniel Legrand fils concernant les faits qui lui sont reprochés alors qu’il était mineur se tiendra devant la Cour d’assises des mineurs de Rennes à partir du 19 mai.
Me Patrice Reviron qui interviendra avec son confrère Me Cormier aux côtés de Jonathan Delay s’est exprimé le 16 avril lors d’une conférence de presse.

Me Patrice Reviron a épluché le volumineux dossier et il avait rédigé un plaidoyer dont il avait bien voulu nous réserver la primeur il y a près d’un an.
Après quelques ajustements qui tiennent à son exigence de rigueur, l’avocat a mis en ligne une version rectifiée que toute personne peut voir à cette adresse.
Après une conférence de presse qui s’est tenue à Paris le 16 avril, avec Jonathan Delay et ses avocats, les articles parus dans la presse et sur la Toile ont donné les prémisses de ce que pourrait être ce nouveau procès qui laisse totalement de côté les faits qui ont déjà été jugés en première instance et en appel. Dans une interview par Jean-Philippe Deniau et Thibault Lefevre pour France Inter, Me Reviron précise qu’il ne s’agit en rien de refaire les procès d’Outreau. De son côté, Jonathan, heureux de pouvoir enfin s’exprimer publiquement et d’être entendu, nous dit son ardent désir d’être perçu comme autre chose qu’un enfant d’Outreau.
Les membres de la fratrie Delay avaient dans un premier temps déclaré qu’ils n’iraient pas à ce procès. Dimitri qui a déclaré ne pas vouloir y être ne sera pas loin (voir sa vidéo). On peut comprendre leur appréhension. L’affaire a laissé chez eux – et aussi dans l’opinion – un sentiment tenace qui tient sans doute à toutes les particularités qui l’ont caractérisée. Celles-ci ne sont sans doute pas totalement étrangères à la persistance du trouble qui fait régulièrement ressurgir les interrogations à son sujet. Pour défendre des personnes dont on croit à l’innocence, il n’est en principe pas nécessaire de perturber les audiences en inscrivant cent cinquante témoins, pas nécessaire de se jeter devant micros et caméras, pas nécessaire de traîner dans la boue des professionnels qui ont rempli honorablement leur mission, pas nécessaire d’accabler à la barre des gosses pour les déstabiliser et faire mine de les confondre, pas nécessaire de tenter de discréditer des experts par des mensonges répandus dans la presse, pas nécessaire de rendre les conclusions du procès en appel avant que les jurés ne se réunissent… Tous ces travers portent finalement préjudice à l’institution judiciaire et son image dans la société, et les acquittés eux-mêmes en gardent des stigmates.

La Cour de Rennes n’est ni celle de Saint-Omer ni celle de Paris, la justice ne repassera pas les plats à l’identique. On peut aussi espérer que la presse tienne davantage compte des positions contradictoires et que la parole des avocats de la défense, quelle que soit leur réputation, ne sera pas sacralisée. Cette fois, le dossier devrait être au cœur des débats. « Daniel Legrand devra s’expliquer » nous dit P. Reviron.
Aurons-nous le détail des audiences ? La Cour d’assises des mineurs pourrait logiquement siéger à huis clos. Un gage de sérénité ? Peut-être. Une frustration pour le public ? Probablement ! Mais la partie civile ne le demandera sans doute pas et il est vraisemblable que Daniel Legrand – en tant que majeur – écarte cette possibilité comme c’est son droit.
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