Définition du DESNOS par Marianne Kédia

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Les concepteurs du DESNOS reconnaissent ces ressemblances entre les troubles borderline et DESNOS et estiment que, même si les deux troubles se recoupent, ils se distinguent cependant sur de nombreux points.
Par exemple, les traits de personnalité propres aux borderline comme l’hostilité, la manipulation ou les fréquents sentiments de déception, seraient remplacés chez les sujets souffrant de DESNOS par la tristesse, les sentiments de perte et le chagrin.
De plus, la dissociation est un critère indispensable au diagnostic de DESNOS, elle infiltre complètement le tableau diagnostique, alors qu’elle n’est qu’un critère envisagé comme apparaissant « dans des situations de stress » (critère 9) dans la personnalité borderline.
Quoi qu’il en soit au niveau sémiologique, la différence principale réside dans le fait d’attribuer une étiologie au trouble. Dans le cas du DESNOS, l’étiologie est traumatique, dans le cas de la personnalité borderline, il n’est pas nécessaire de se poser la question pour faire le diagnostic. Ce qui semble intéressant dans la catégorie DESNOS, ce n’est pas seulement le regroupement d’un certain nombre de symptômes en un syndrome, c’est surtout cette question d’une étiologie traumatique, la conceptualisation d’un trouble de la personnalité comme étant la conséquence d’événements réels.
Le DESNOS donne du sens à des symptômes. Cette attribution de sens est, me semble-t-il, fondamentale pour la prise en charge psychothérapeutique car elle permet de proposer au patient une explication de ses troubles comme étant initialement des réactions adaptatives qui avaient souvent une fonction de protection lorsqu’il était plongé dans la situation traumatisante.
Dans une perspective humaniste, cela permet de pointer toutes les ressources d’une personne souvent considérée par elle-même et par les autres comme faible ou fragile, « coupable » ou au moins responsable de se « remettre » sans fin dans des situations maltraitantes.
Ce positionnement est selon moi également très important pour le thérapeute car il l’aide à supporter avec davantage d’empathie les effractions du cadre (les absences répétées, les passages à l’acte, les revendications affectives…) et la persistance des comportements inadaptés. La relation thérapeutique peut alors devenir une forme d’attachement sécure, souvent vécue par le patient comme étant l’une des premières à être étayante et bienveillante.


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