Définition du DESNOS par Marianne Kédia

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Les concepteurs du DESNOS reconnaissent ces ressemblances entre les troubles borderline et DESNOS et estiment que, même si les deux troubles se recoupent, ils se distinguent cependant sur de nombreux points.
Par exemple, les traits de personnalité propres aux borderline comme l’hostilité, la manipulation ou les fréquents sentiments de déception, seraient remplacés chez les sujets souffrant de DESNOS par la tristesse, les sentiments de perte et le chagrin.
De plus, la dissociation est un critère indispensable au diagnostic de DESNOS, elle infiltre complètement le tableau diagnostique, alors qu’elle n’est qu’un critère envisagé comme apparaissant « dans des situations de stress » (critère 9) dans la personnalité borderline.
Quoi qu’il en soit au niveau sémiologique, la différence principale réside dans le fait d’attribuer une étiologie au trouble. Dans le cas du DESNOS, l’étiologie est traumatique, dans le cas de la personnalité borderline, il n’est pas nécessaire de se poser la question pour faire le diagnostic. Ce qui semble intéressant dans la catégorie DESNOS, ce n’est pas seulement le regroupement d’un certain nombre de symptômes en un syndrome, c’est surtout cette question d’une étiologie traumatique, la conceptualisation d’un trouble de la personnalité comme étant la conséquence d’événements réels.
Le DESNOS donne du sens à des symptômes. Cette attribution de sens est, me semble-t-il, fondamentale pour la prise en charge psychothérapeutique car elle permet de proposer au patient une explication de ses troubles comme étant initialement des réactions adaptatives qui avaient souvent une fonction de protection lorsqu’il était plongé dans la situation traumatisante.
Dans une perspective humaniste, cela permet de pointer toutes les ressources d’une personne souvent considérée par elle-même et par les autres comme faible ou fragile, « coupable » ou au moins responsable de se « remettre » sans fin dans des situations maltraitantes.
Ce positionnement est selon moi également très important pour le thérapeute car il l’aide à supporter avec davantage d’empathie les effractions du cadre (les absences répétées, les passages à l’acte, les revendications affectives…) et la persistance des comportements inadaptés. La relation thérapeutique peut alors devenir une forme d’attachement sécure, souvent vécue par le patient comme étant l’une des premières à être étayante et bienveillante.


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Traitement des troubles dissocitifs par Kathy Steele

Kathy Steele, MN, CS est la directrice clinique des Metropolitan Counseling Services, un centre à but non lucratif de psychothérapie et de formation à faible coût ; elle est également en pratique privée à Atlanta en Géorgie aux Etats-Unis. Elle est l’ancienne présidente de la Société internationale pour l’étude du trauma et de la dissociation : International Society for the Study of Trauma and Dissociation). Elle anime fréquemment des formations sur le trauma et la dissociation à travers le monde et a rédigé ou co-écrit de nombreux chapitres d’ouvrages et des articles dans des revues académiques dans ce domaine. Elle est l’une des auteurs de deux livres qui ont reçu des prix, Le soi hanté : dissociation structurelle de la personnalité et traitement de la traumatisation chronique (The Haunted Self: Structural Dissociation of the Personality and Treatment of Chronic Traumatization, 2006, avec Onno van der Hart et Ellert Nijenhuis) et Coping with Trauma-related Dissociation: Skills Training for Patients and Therapists (2011, avec Suzette Boon et Onno van der Hart). Kathy a reçu plusieurs récompenses pour son travail, incluant le Lifetime Achievement Award reconnaissant l’ensemble de sa carrière de l’ISST-D.

 

Phase 1 : Traitement des troubles dissociatifs : surmonter les phobies, liées au trauma, des expériences internes et de l’attachement
Cet atelier est centré sur les premières étapes de la thérapie de la phase 1 pour les patients atteints de troubles traumatiques complexes pendant laquelle s’établissent la stabilisation, le développement de compétences, la réduction des symptômes, la sécurité et la coopération thérapeutique.
La thérapie commence avec la création d’un cadre thérapeutique sûr, constant et prévisible, avec des frontières relationnelles et des limites thérapeutiques claires.
Ce cadre permet de contenir avec empathie la dysrégulation et favorise des niveaux supérieurs d’actions adaptatives tant chez le thérapeute que chez le patient. Au sein de cette structure soutenante, des techniques de stabilisation seront évoquées, incluant la psychoéducation, les compétences de régulation, la gestion adaptative de la relation thérapeutique, les capacités de réflexion et de mentalisation, ainsi que le développement d’une sécurité interne.
Une attention particulière sera portée à la manière de surmonter la phobie des expériences internes en lien avec le trauma, i.e., les pensées, les émotions, les souhaits, les besoins, les pulsions, les perceptions, les prédictions et les sensations corporelles, en tant que précurseur du dépassement de la phobie des parties dissociatives.
A mesure que les individus deviennent davantage capables de tolérer, de comprendre et de réfléchir à leurs propres actions mentales et qu’ils apprennent à s’engager plus souvent dans des actions plus adaptatives, le traitement peut se poursuivre avec moins de résistance et moins de dysrégulation.
Enfin, le traitement de la phobie de l’attachement et de la perte d’attachement sera abordé, en commençant par une compréhension de l’attachement désorganisé et de sa relation à la dissociation. La gestion de la relation thérapeutique en réponse aux transferts (et de contre-transferts) multiples et parfois contradictoires est cruciale pour aider les patients à rester dans une fenêtre de tolérance et à éviter l’activation de défenses qui freinent la thérapie.
Programme de l’atelier : Jour 1 : 29 septembre 2012
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