BMP – Comment je vois ce mot « intime » envers moi


Emmanuelle : (Vous essayez maintenant de concevoir votre intime.)
J’ai donc dessiné comment je ressentais, voyais ce mot intime envers moi.
« Oula » quand j’ai lu la phrase d’Emmanuelle je me suis dit, nous y voilà, et oui cette situation devait à un moment donner pointer son nez. Comment je regarde ce mot intime ? Compliquez.
Une grande angoisse est apparue, car la façon dont je conçois ce mot, n’est pas très « folichonne ».
Mais ça reste un sujet intéressent à comprendre. Une « curiosité » est là d’apprendre et de le regarder autrement cette situation.

Comment avez-vous dessiné ?
Réalisation de l’aquarelle

Pour réaliser mon esquisse dans ma tête je voulais représenter un corps. C’était bien clair, mais qui partait légèrement en lambeau, un peu difforme. Ça représente cette intimité blessée, bafouée, je dirais retirée très tôt violemment. Je parle comme par exemple, le coté sexuel, le rapport avec mon corps, ces situations envers moi ne devaient pas exister.
Je ne souhaitais pas non plus réaliser un corps en un seul morceau. Dans ma tête c’était impossible.
Donc j’ai commencé mon esquisse par la réalisation du haut de celui-ci.
Puis j’ai continué en réalisant cet espèce de puits au milieu du corps. Ça représente cette souffrance qu’on m’a fait « subir » liée au mot intime, intimité, qui est là, et bien profond, encrer dans ce corps. Le puits est un « symbole » comme représentation pour faire ressortir toutes ces situations, en ce qui me concerne ça me parlait ainsi.
Puis j’ai terminé par la réalisation du bas du corps.
Pour la réalisation du manteau aquarelle pour ma peinture, je ne voulais pas y mettre des couleurs tristes, tout simplement. Ce mot intimité, intime commence à reprendre une « forme ». J’apprends à le regarder différemment avec un peut plus de recul. Et le faisant exister d’une autre façon que celle qu’on m’a montrée « mes mères et autres »?
Il y a aussi ce travail que je réalise sur le blogue, qui m’apprends à observer et à comprendre autrement différentes situations, un ensemble. Mais c’est encore fragile.

Matériaux utilisés :

Aquarelle réalisée sur feuille de format de 50 x70 cm à grain fin.
Pour les finitions crayons Art Grip Aquarelle
J’ai utilisé les couleurs suivantes en aquarelle : noir d’ivoire, blanc de Chine, jaune de Naples, ocre jaune, violet.

Qu’avez-vous ressenti ?

Je me disais intimité = sexe. C’est la première chose qui a surgi en moi. Quand j’ai lu ce que m’avait écrit Emmanuelle.
On me la enlevée, on me la volée cette intimité. Ce côté intime que l’on doit se préserver et qu’on aurait du respecter envers moi, envers ce corps. Il y a une plaie qui en est restée, et je ne suis pas sûre que celle-ci se referme un jour complètement, mais un mieux je dirais.
Dans ma tête, le passé était là, j’essayais de rechercher un petit positif envers celui-ci et envers ce mot mais non, rien.
On ne m’a seulement appris, (je parle avec mes mères) à respecter l’intimité chez les autres. Leur intimité à elles, tout comme aussi envers mes agresseurs.
Mon intimité à moi, elle n’a pas existé envers eux, mais ça je ne le savais pas. Ce mot était complètement inconnu de mon vocabulaire, et ça ne me venait pas à l’esprit.
Des dissociations, j’ai donc écouté un peu de musique, réaliser un exercice du livre, et j’ai tiré sur l’élastique qui se trouve sur mon poignet pour bien rester dans le temps présent. Et en mon bocal.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

Je me disais comment on peut en arriver là, à ne pas savoir mettre ce mot en mode marche envers soi-même.
Je me demandais aussi pourquoi ce sujet n’a jamais été abordé, pourquoi n’a t’il pas émergé dans ma tête, comme tout le monde.
Je ressentais ce côté rassurant d’avoir pu y mettre une forme et des mots, d’avoir pu approcher ce mot et de pouvoir le travailler.
J’en ressors qu’il faut avoir et mettre en place une intimité pour nous. Et mettre certaines limites face aux autres personnes, afin de garder un jardin secret et d’éviter de tout dévoiler, se mettre à nu complètement. Ce préserver voilà ce qui me vient en mot. Mais aussi à faire attention de l’intimité des autres personnes.
Je voudrais réaliser un dessin sur l’intimité sexuelle de la femme mais pour l’instant il n’est pas mûre dans ma tête.

BMP – Un dessin pour traduire le mot intimité


Mais ce mot me pose beaucoup de question: l’intimité pour moi, qu’est ce que c’est ?
Voilà, comment je perçois ce mot, mais cela risque d’être un peu mélangé dans ce que je vais écrire.
D’abord c’est un besoin et aussi un droit que l’on doit se permettre. Maintenant cela reste complexe comme situation.
Je dirais que l’intimité c’est un  « moment » où l’on peut réfléchir, même se reposer, parce qu’on se sent protégé, soi-même et que les autres ne rentrent pas dans ma bulle.
C’est la « vie » intime, privée, avec un petit côté « secret ». Je dirai qu’il désigne de ce qu’il a de plus profondément enfoui en chacun de nous, au fond de nous, dans notre intérieur.
L’intimité est toujours quelque chose de mystérieux, comme un jardin secret, qui est au moins en partie inaccessible et invisible, je dirais qu’il y a ce côté inconnu de nous qui est là.
En ce qui me concerne, ce mot à plusieurs facettes.
1- L’ intimité extérieure de « présence » qui rentre dans une relation de partage amicale, familiale, conjugale ou même thérapeutique. Cette relation permet la confidence et la complicité.
2- Mais y a aussi l’autre « facette » à ne pas ignorer, qui est notre intimité à nous. Cela recouvre tout aussi bien la vie sentimentale, la vie familiale, le domicile de la personne, la pratique religieuse, l’état de santé, etc. Une part importante.
3-Je dirais aussi qu’il y a le respect de l’intimité physique et psychique de la personne et de ses droits. Cela se pose pour les professionnels face à leur patient. Trouver la bonne distance pour comprendre les situations qui troublent, gênent, pour le traiter en respectant ce qui est au plus profond de la personne qu’ils reçoivent.
4-Et bien sur il y a l’intimité dans la sexualité. L’être vivant, ses pulsions, sa vitalité et ses possibles débordements. La sexualité et ses différents modes d’expression. Le contexte, le lieu, le moment et les conditions qui permettent de préserver la dimension d’intimité dans l’expression de la sexualité.
En ce qui me concerne, l’intimité c’est un lieu où je ne suis pas sous le regard de l’autre, épiée, jugée etc. Un lieu où je ne suis en sécurité, où personne ne peut rentrer sans avoir mon autorisation et cette situation est nouvelle.
Ce qui n’a pas été le cas dans mon passé où tout le monde fessait des intrusions forcées.
Par contre si l’intimité entre deux personnes exige de sacrifier sa propre intimité, cela signifie que l’on renonce à cet espace où l’on est à l’autre un mystère. C’est comme un cocon, et il faudrait alors renoncer à notre cocon personnel.
Si l’intimité se transforme en familiarité alors il y a danger. Car il n’y a pas d’intimité entre deux êtres sans le respect absolu comme il se doit de l’intimité de chacun, alors là le danger pointe son nez, et c’est là que j’en reviens aux limites. Respecter l’espace de l’autre et que l’autre respecte votre espace.
L’intimité c’est aussi accepter cet espace où l’autre n’existe pas pour nous, où il demeure que rien ne peut être filtré, à notre savoir, où il peut déployer des possibilités de son être que nous ignorons, c’est lui donner l’autorisation de se découvrir autrement.
Parfois je me demande jusqu’à quel point va mon intimité ? Le sait on vraiment ? L’intimité pour moi, va avec le respect de mon identité, mais aussi de celle de l’autre.
C’est pour cela que je me dis que ce mot intimité n’est pas si facile à bien expliquer et à comprendre.

Dessin :

Pour la réalisation de mon esquisse, j’ai pensé à ce côté qui montre ce que je peux ou non dévoiler, c’est pour cela que j’ai dessiné un verrou avec une clef, qui représente ce que je peux exprimer, et écrire venant de mon livre secret que j’ai représenté. Un corps celui-ci représente la personne qui doit décider ce qu’elle doit dire ou faire pour garder son intimité.
J’ai commencé par dessiner le corps, ensuite le verrou et j’ai terminé par le livre dans lequel est inscrit ma vie…
Les couleurs je les ai choisies sur le moment, je n’en voulais pas beaucoup, dans ma tête ça se présente comme ceci, sombre.

Matériaux utilisés :

Peinture réalisée sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin.
J’ai utilisé les couleurs suivantes en aquarelle : rouge vermillon, bleu outremer, jaune de Naples, blanc de Chine, noir d’ivoire, vert émeraude à ma façon.
Même si c’est un peu compliqué de trouver les bons mots, je trouve ce travail intéressant.