BMP – Un musicien aux quatre doigts et aux yeux tristes

BMP – Un musicien aux quatre doigts et aux yeux tristes
J’avais envie de jouer avec des formes légèrement en arrondi, pas droites du tout, et qui montreraient un léger tremblement.
Dans ma tête, j’avais envie de pencher de coté, de musique, mais pas n’importe comment, avec un instrument qui serait inconnu et qui serait tenu par une main pas comme les autres. Ce serait une façon de retranscrire des douleurs.
Voilà avec tout cet ensemble, j’allais bien pouvoir faire apparaître une nouvelle création. Quand je crée j’ai besoin de rassembler ce qui se passe dans ma tête. Même si je ne peux pas tout retranscrire, ce n’est pas grave, car il en reste toujours suffisamment. Ce que je retiens je le fais grandir d’une autre façon dans un autre mouvement, ce qui me lance sur une voie de découverte et qui permet la naissance de ma composition.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

J’ai froid et donc je me suis dit que j’allais réchauffer la forme de mon ébauche en rajoutant un chapeau, oui pourquoi pas ? Un musicien avec un chapeau ça existe ! Je commence donc par faire apparaître celui-ci sur ma feuille, puis je commence à mettre ma première envie, en mouvement, qui était de faire apparaître des formes en arrondi.
Je dessine donc un visage penché avec son cou, suivi de son épaule. Je continue mon ébauche tout en m’amusant à faire naître un bras, à moitié rétréci, dans sa largeur avec au bout cette main avec quatre doigts. Il ne restait plus qu’à rajouter ma dernière idée : dessiner un instrument de musique à peine reconnaissable, hum ! moi-même j’aurais du mal à décrire un violon. Je ris, car je m’amuse beaucoup quand je frôle le monde du cubisme. Parfois, ça ressemble à une complexité rigolote un peu comme moi pour me comprendre, mais l’émotion est alors tellement forte, que je ne sais plus trop. Je me perds et je me retrouve.
Voilà mon ébauche est terminée, mon musicien était là, je devais le recouvrir de couleurs afin qu’il puisse jouer de son instrument de musique avec ses quatre doigts. Sans oublier sa tristesse qui sortait de ses yeux. Ce n’est pas une mauvaise tristesse, de l’émotion peut-être !
Je me suis promenée dans le jardin des couleurs suivantes : l’orangé, le jaune, le bleu clair, le vert, le marron, le violet, le rose et du marron foncé entre autres. Quelques finitions ont été faites aux feutres de couleurs.
Mais tout devait rester dans un mouvement d’arrondi et de non-droit dans les traits.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Création conçue sur une feuille de format 36 x 46 cm. Comme médium : crayon HB pour mon esquisse, de la peinture aquarelle. Des feutres pour les finitions.

Que ressentez-vous face à votre création ?

J’observe ma production, dans ma tête, je ne me sens pas « très droit », mais pourquoi s’arrêter à cela. Des yeux bleus sont là retranscrivant une tristesse d’une grande douceur. Mais il n’y a rien de mal ou de violent. Dans les couleurs, je ne me sens pas si mal !

BMP – Le cri de la mort sous la forme d’un animal

BMP – Le cri de la mort sous la forme d'un animal
Je pense que, même si je n’en parle pas franchement, mon état de santé s’est bien dégradé ! C’est comme ça. La vie n’empêche pas qu’il faille continuer à faire de son mieux pour malgré tout sourire à la vie et en profiter.
Mais il y a un point que j’aimerais aborder : ce petit sujet que j’aimerais aborder à travers une création. À chaque fois que l’on annonce une mauvaise nouvelle sur mon état, mon côté anxiogène augmente, et l’épée de Damoclès qui pèse sur moi, devient plus lourde et beaucoup plus présente. Cette épée crie en moi, elle n’a pas besoin d’un haut-parleur pour se faire entendre. De fait, pour moi, elle représente la mort.
Après en avoir parlé à mon psy et avec un peu de recul, j’ai eu besoin de traduire ce cri qui se fait entendre et qui envahit mon cerveau et l’empêche de vivre sa vie de cerveau et qui bien sûr touche mes émotions par une représentation scripturale, une production.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Pour concrétiser mon ébauche, j’avais besoin d’y intégrer un animal. En effet je trouve que leur cri, comme ceux du loup ou du lion peuvent-être vraiment effrayant, nous rendre fou de peur et nous retourner le cerveau.
J’ai donc choisi de dessiner une nouvelle espèce d’animal, qui serait pour moitié loup sauvage, avec de grandes dents et une langue bien rouge donnant l’impression qu’il a dévoré une proie, pour exprimer le cri qui se fait entendre. Cette moitié-loup représente aussi l’épée de Damoclès.
Puis j’ai continué mon esquisse en faisant apparaître une tête-de-mort rattachée avec un cœur. Le cœur pour faire comprendre que ce que je vis là, bouscule mes émotions. Je me sens touchée, tourmentée.
Une fois mon esquisse terminée, je la regarde de loin, je trouvais que ces trois formes allaient bien ensemble. Mais je sentais que la force du cri de mort n’était pas assez mise en avant, n’était pas assez forte. Mais je me disais que je devais attendre de voir ce que cela deviendrait, une fois les couleurs déposées.
J’ai choisi des tons qui allaient dans l’univers du rouge, du rose, du rouge violet en passant par le noir et le gris noir. Même si en moi, je ressens cette violence qui me fait mal, je souhaite déposer des couleurs sur le cœur, car je me disais à ce moment précis, tandis que je tenais mon pinceau, que les couleurs allaient entrer en lui, ne pas rester à la surface de la feuille, et qu’ainsi, ce cœur, cet organe restera fort même devant l’annonce de mauvais résultats.
Avoir eu cette pensée positive, faisait que je me sentais mieux. Je pouvais sourire, car une fois de plus, prendre mon crayon et mon pinceau, pouvait me rendre mieux. J’ai alors fini de déposer le reste de mes couleurs, tout en gardant cette positivité. Il n’était pas question que celle-ci s’envole une fois ma composition terminée. Toutes les finitions ont été faites avec mon pinceau et par moment au feutre.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Création conçue sur une feuille de format 36 x 46 cm. Comme médium : crayon HB pour mon esquisse, de la peinture aquarelle et des feutres.

Que ressentez-vous face à votre création ?

Je regarde ma création, en moi le cri est moins fort, mais il est toujours là. Je me demande si ce cri, que j’ai voulu déposer sur ma feuille, est suffisamment représenté. Mais je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que le fait de faire rentrer des couleurs dans ce cœur est une force. Mais à l’heure actuelle, maintenant que ma composition est finie, je me sens moi angoissée et moins effrayée.