BMP – Écouter l’autre, mais en gardant de bonnes distances

BMP – Écouter l'autre, mais en gardant de bonnes distances

L’écoute est une disposition à résonner avec une autre personne. Mais comment s’investir dans une juste mesure, sans se laisser envahir ni tomber dans l’indifférence ?

C’est une question que je me pose souvent quand j’observe le mouvement dans les associations. On en revient aux limites des deux personnes.
C’est vrai on peut passer son temps à écouter tout le monde et ça dans tous les domaines, même pour aider sauf que voilà cette sur-implication affective, qui finit par transformer l’écoutant en éponge, est vaine et dommageable, car cela pompe l’énergie, ça épuise et puis j’écrirais que la mission (sauver/résoudre) n’est pas réaliste. Pourtant, il y a des personnes qui se noient dans cette écoute surinvestie, et ça je l’ai observé, ce qui concerne ma remise en question comme à chaque fois ! Mais pourquoi avoir cette sur-implication ? Peut-être  par peur de ne pas être assez aimantes ou aidantes pour sauver tout le monde, par souci d’avoir réponse à tous les problèmes, ces personnes ouvrent trop leur cœur. C’est là que cela devient difficile de garder à distance les « affects » d’autrui et d’en observer et reconnaître le subjectif de l’objectif et de bien faire notre travail, sans oublier que l’on est beaucoup moins présent en écoute envers la personne qui nous parle. Puis il y a cet autre catégorie où les personnes s’en foutent un peu de cette écoute. Ça donne encore plus à réfléchir tout ça !
De mon côté, après réflexion, j’écrirais que la bonne distance est dans l’empathie, (mais je peux aussi me tromper) pourtant cette qualité d’écoute, mais aussi de présence cherche à mieux entrer dans la logique d’autrui, à le comprendre plutôt qu’à le juger tout de suite ou à l’influencer.
Cette  empathie permet à l’écoutant de ne pas dépasser son seuil personnel de tolérance et ça, c’est très important, pour se protéger et ne pas péter les plombs. Cette distance d’écoute, c’est une aussi une façon de se protéger en interrompant avec une personne qui par exemple deviendrait envahissante ou agressive sans oublier de lui donner une solution de rechange, un endroit où il pourra trouver une écoute ou un accompagnement si besoin.
Je pense que  bien écouter l’autre,  c’est de rester dans l’empathie, car ceci permet de rester dans de bonnes limites et dans un sérieux. Je vais donc accompagner cet écrit par une production.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Ma première idée d’esquisse était de dessiner une grande oreille à la place d’un visage et de retranscrire ce dernier en tout petit à côté de cette oreille. Ceci montre que dans cette écoute, pour la mettre en un mouvement positif envers l’autre il ne faut pas oublier nos limites et qui nous sommes. C’est ce qui permet de ne pas se transformer en éponge pour finir par partir en vrille.
À cette oreille, j’ai voulu rajouter un corps, car cela serait beaucoup moins angoissant pour celui qui regarde du moins c’est ce que je pense.
Une fois mon esquisse bien incrustée dans ma feuille, à cette oreille et à ce début de corps j’ai rajouté des couleurs, et ce fut un rouge marron bien mélangé avec du gris, du beige et du jaune pour le maillot. Les finitions ont été faites aux feutres.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Cette production a été conçue sur une feuille de 36 x 46 cm. Comme médium de la peinture aquarelle, un crayon HB pour faire naître mon esquisse. Pour les finitions des feutres.

Que ressentez-vous en face de votre création ?

J’observe ma production, et j’ai eu pensé que l’écoute est très importante pour moi. C’est quelque chose qui reste toujours présente en moi et qui, par moment, m’angoisse fortement. Cette écoute c’est quelque chose qui me lie à l’autre. On n’est pas transparent, on est vivant. Je pense qu’il y aura de quoi continuer à écrire sur l’écoute.

BMP – Le Burn-out


Je voulais mettre une forme suite aux articles que j’ai lus sur le site de Art-Thérapie Virtus.
J’aime m’intéresser. Et tout ce que je peux lire, regarder en vidéo, je trouve que c’est un plus pour s’enrichir, se tenir au courant de ce qui se passe autour de soi et je trouve que c’est important.
Je savais que le burn-out existait dans le milieux du travail, mais je ne savais pas que c’était aussi important, aussi ravageur… Pour moi c’est plus fort qu’une dépression.
Je voulais donc faire un dessin qui soit parlant, en faire naître une forme, sans aucune violence.
Ce qui est comme une manière de soutenir toutes ces personnes qui rencontrent ce mal être. Car le Bur-out est un ras bol, un trop plein dans le cerveau, les batteries sont à plat et cela peut aussi aller très loin dans les actes, c’est-à-dire se donner la mort.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

J’ai commencé mon esquisse en dessinant ce petit bonhomme qui pousse sa tête. Le geste de pousser celle-ci montre bien à quel point la situation que vit la personne est lourde et compliquée à gérer.
La tête est tellement lourde de fatigue que le burn-out est là, qu’il pèse lourd et que celle-ci est très difficile à pousser, bouger et que la personne a beaucoup de mal à réfléchir y compris pour prendre de bonne décision.
J’ai rajouté deux éclairs, pour montrer que ça disjointe complètement dans le cerveau, que l’état psychique de la personne qui travaille déraille complètement.
J’ai rajouté aussi une petite pile pour montrer que celle-ci est à plat donc que cela signifie que la personne n’en peut plus, le cerveau est hors d’état de fonctionner convenablement. le burn-out s’est installé chez la personne entièrement.
Pour le manteau aquarelle, je n’avais pas vraiment de couleur en vue. Pour moi le plus important était la forme de mon esquisse. Je dirais que ce sont les couleurs du moment qui se trouvaient dans ma tête qui m’ont servi.

Peinture réalisée sur feuille de format de 50 x70 cm à grain fin.
J’ai utilisé les couleurs aquarelles suivantes :
Blanc de Chine,  brun de Van Dyck, rouge vermillon, jaune citron, terre de Sienne brûlée.
J’ai utilisé les crayons de papiers suivants :
Derwent. Graphic 7B , et crayons de couleurs aquarelles pour les finitions.
Fusain.

Qu’avez-vous ressenti ?

En réalisant mon esquisse, je me disais que finalement cette situation de burn-out n’était pas si connue que cela, et que de parler de ce sujet maintenant était important afin de tenir les gens au courant de cette situation qui est une cause de mal-être  dans le monde du travail. Une situation en évolution constante.
Je me suis rappelée de cette article que j’avais lu ; le voici :

La grève « la plus longue de France » entamée par le personnel soignant d’une maison de retraite du Jura, dont on entend si peu parler

Loire-Atlantique: Privés de douche, les résidents d’une maison de retraite dénoncent des conditions de vie inacceptables

Ma première réaction a été : mais cela n’est pas nouveau, sauf que maintenant les personnes osent dire et dénoncer les mauvais fonctionnements. Une situation qui sort du déni !
Quand je travaillais en 3/4 temps, comme aide soignante en maison de retraite, que ce soit la nuit ou le jour, le problème du manque de personnel et des heures étaient déjà d’actualité. Tout comme la charge de travail, je me rappelle qu’au moment des couchés ont étaient que deux pour trois étages. La veilleuse de nuit venait nous aider à son arrivée.  Manque de personnel mais ce qui était grave aussi le manque de temps pour faire les changes et on était trop peu nombreuses y compris pour les premiers soins pour éviter les escarres, on devait changer de positions les personnes âgées etc. tout comme durant les étés pour les hydratations pour passer dans toutes les chambres, tout comme prendre le temps de donner des bains et j’en passe. Je l’ai vécu cela moi pendant des années.
Je ne comptais plus les heures de débauches en retard, oui car j’aimais mon travail d’aide soignante, alors on veut faire le maximum toujours plus car on à ce respect de notre travail mais aussi ce respect envers les autres envers leur demande. J’avais une conscience professionnelle mais celle-ci a été de nombreuses fois remise en cause, car me concernant je ne faisais pas suffisamment correctement mon travail, en partant le soir, en débauchant j’avais cette impression de laisser dernière moi un travail inachevé, comme si je laissais la personne âgée à moitié habillée, à moitié nue. Pour moi je laissais un trop de travail pour ma collègue qui prenait la relève derrière moi. Et là je ne me sentais pas bien dans ma tête, préoccupée etc.
Je disais toujours, que pour le prix que payaient les résidents en facture, était très élevé face aux soins qui manquaient parfois. Le même manque de personnel et de temps. La relation entre le personnel soignant et les résidents n’était pas souvent possible totalement par manque de temps, on devait faire vite et toujours plus avec peu de temps !
Par moment je me voyais comme un robot dans mon travail d’aide soignante, je le vivais mal, c’était cette relation humaine qui était touchée et j’avais beaucoup de mal, tout comme avoir eu cette impression de bafouer la vie intime des résident.e.s qui eux se confiaient à nous alors que nous, nous n’étions pas vraiment là.J’avais par moment du mal à me regarder en face, pour moi je ne faisais pas mon travail à fond et entièrement, et humainement. Même si j’essayais de faire mon maximum, mais ma conscience avait du remord. J’aimais faire ce travail, j’ai fait des études pour cela, la relation humaine est importante je trouve. Considérer et accepter la personne entièrement dans ce qu’elle représente, et fait est important. Mais dans ce travail d’aide soignante, on devait courir tout le temps, et on ne courait jamais assez et assez vite au regard de la direction de l’établissement… et je trouvais cela bien dommage car cela jouait sur tout l’ensemble de notre travail y compris dans les relations.
Je ne comptais plus non plus les nombreux arrêts de travail liés au surmenage, et au « pétage de plomb »
• Je trouvais que c’était une situation qu’il fallait prendre vraiment sérieusement et trouver des solutions dans les prises en charge des malades, du personnel, et peut-être voir aussi les conditions de travail.
• J’ai eu des souvenirs de ces périodes en maison de retraite, les difficultés liées à ce travail et les bons moments avec les résidents, ces souvenirs sont remontés en moi.
• Je disais que c’était un mal important et qu’il ne fallait ne pas l’ignorer. Qu’il fallait faire aussi de la prévention.
• Ce burn-out me donne cette impression que l’on doit travailler et ne rien dire, aucune plainte c’est comme ça et pas autrement, tant pis pour la surcharge du travail.
• Je me disais c’est bien que des personnes se bougent et bousculent les limites pour parler des dégâts, des risques, qu’ils qu’elles se fassent entendre, il faut que ça bouge c’est vrai !
• J’ai ressenti un mal être et de la compréhension, je pense que c’est important de se tenir au courant des problèmes dans le monde du travail, tout comme soutenir.
• Par moment je ressentais de la colère, je me demandais comment a t-on pu en arriver-là ?
• Je me suis sentie perdue par moment.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

Je ne le trouve pas assez parlant, mais réaliser un dessin sur cette situation de Burn-out était important pour moi, je voulais que par le dessin qui met cela en valeur, on puisse s’arrêter sur cette situation difficile, pas facile à gérer afin de réfléchir aux conséquences, pour en trouver des solutions, une écoute, et des prises en charge, ce phénomène de burn-out s’étale dans toutes les professions, et chez les professionnels. La sonnette d’alarme est tirée ! C’est devenu le mal dans le monde du travail. Il faut s’en occuper sérieusement !