Petite table soit mise d’Anne Serre
On a vu passer le livre de Christine Angot, sans doute intéressant pour des spécialistes qui l’analysent à la lumière de leurs connaissances, mais sans doute ambigu pour le public, il y a aussi ce petit livre d’Anne Serre
Faut-il en parler ?
Faut-il faire un scandale ?
Vaut-il mieux ne faire aucune publicité et se taire…
Va-t-on vers une littérature érotique d’un genre particulier ?
Voit-on là une banalisation de l’horreur adoucie par une plume de talent ?
L’art peut-il faire passer ce qui serait inacceptable sans lui ?
Osera-t-on faire des procès en assises pour des actes que certains auront contemplé avec complaisance et commenté avec passion ?
Je pose la question
Je cherche des réponses
Jacques Cuvillier
Autres billets sur Petite table soit mise de Anne Serre
Puisque vous vous en « foutez », allez vous faire foutre Judith Bernard
6 réflexions au sujet de « Quand la sexualité en famille se publie… »
Bonjour CREA,
Les images sont très spéciales , je trouve , moi je pars du principe que l’on n’a pas le droit de se taire !! montrer les choses dans leur entière horreur , pourquoi pas , mais pas n’importe tout , une chose importante à ne pas oublier ! maintenant mon travail , je resterai sans commentaire , simplement dire , que la personne Emmanuelle qui m’accompagne ne met pas non plus n’importe quoi sur ce blog , tout ne sera pas mis , certains de mes écrits sont pour moi , j’ai besoin aussi d’une certaine protection . Maintenant ce travail reste douloureux , mais il faut que j’avance…..
A bientôt.
Béa grincheuse
Oui bien sûr. Mais tout ceci pose tout de même la question « comment écrire sur des violences extrêmes comme l’inceste ? ».
Christine Angot essaye, à sa manière.
Anne Serre semble nous abreuver de ses fantasmes, c’est différent.
Le souffle au coeur semble un mix entre les fantasmes de l’auteur, et une vélléité de renversement de situations réelles (faut voir l’état dans lequel on peut re-sortir du film…la sensation de confusion, d’être dans le brouillard, ne m’est pas inconnue).
De tout ce beau monde, seule Christine Angot me semble sur une ligne de dénonciation par l’arme littéraire. Mais ses lecteurs.trices comprennent-ils.elles ? Ou non ?
L’arme littéraire est différente de la forme « témoignage » plus habituelle pour les publications d’écrits d’ex victimes… faut-il la jeter à la poubelle parce que c’est compliqué ? N’avons nous pas le droit de tenter cette écriture là aussi ?
Est-ce « notre » faute si les lecteurs.trices comprennent à leur manière, et non de celle qu’on voudrait ?
Autre questionnement : comment rendre compte de violences aussi extrêmes ? Pas évident… je n’ai pas (encore) lu le dernier de Christine Angot, mais voilà, quand la critique arrive, ce qu’elle en dit, ce qu’elle en comprend : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/633513-j-ai-lu-le-dernier-christine-angot-une-semaine-de-vacances-insupportable.html
Oui, c’est insupportable, et, donc, elle parvient à le faire ressentir au lecteur…
Ici, on ne peut pas dire que quelque chose de moche a été esthétisé.
Moi, je cherche de mon côté, à maintenir le lecteur.la lectrice dans quelque chose qui, justement, lui fasse « supporter » mon récit…c’est une optique différente. Pour autant, je ne vais pas reprocher à Christine Angot de nous écrire « l’insupportable » : d’autres avaient fait de même sous forme visuelle, ce qui avait suscité la polémique(attention les images sont, précisément, insupportables) :
http://aivi.org/images/AIVI%20-%20Visuel%20doigt.jpg
http://aivi.org/images/AIVI%20-%20Visuel%20langue.jpg
http://aivi.org/images/AIVI%20-%20Visuel%20main.jpg
Faut-il montrer les choses dans leur entière horreur ? Comment ne pas les eshétiser pour autant ? Comment, surtout, ne pas les taire une fois de plus ?
Pas simple…Béa Grincheuse nous montre ici même que c’est, pourtant, tout à fait possible 😉
CREA'tif
Oui des questions graves.
Quand on voit les dégâts CONSIDÉRABLES que l’inceste engendre sur les personnes durant toute leur vie, alors non l’art ne doit pas rendre acceptable ou esthétique ce qui est une violence, une souffrance pour d’autres, pour ceux qui ont confiance en leurs parents, ou ceux qui sont sous le pouvoir de leurs bourreaux.
Certains films, comme « Portier de nuit » met en lumière la dépendance de la victime avec son tortionnaire, mais je ne me souviens plus bien s’il apporte une explication, si il y a complaisance… Je ne pense pas que l’on comprenait à l’époque cette dépendance comme maintenant. Je veux dire que certains films peuvent montrer une réalité mais ne pas se complaire dans quelque chose de fondamentalement pervers et destructeur.
Mon opinion est que l’art ne doit surtout pas rendre beau des réalités horribles et destructrices. Je me souviens d’un reporteur italien qui filmait la guerre avec tant d’esthétisme que cette réalité terrible devenait presque agréable à regarder… :((( La nausée!!!
Didier Bois
Bonjour,
Incroyable, du délire de lire ceci !
A bientôt.
Beatrice
Où l’on voit que l’art est un vecteur puissant pour ce qui est de l’ancrage des valeurs. Il est loin d’être innocent. Le danger est que l’on confond souvent le fond et la forme, comme si une belle forme pouvait permettre et justifier la communication de l’inacceptable, comme si le talent était gage de raison.
Jacques Cuvillier
Merci Jacques pour ce billet. J’ai vraiment l’impression d’une nette régression : je retourne chez mes parents qui étaient des adeptes de Hans Bellmer qui ligotait Erica Zürn, de tous les films, du Souffle au cœur à la Luna en passant par Bergmann, Portier de Nuit et tous les autres, que mes parents m’emmenaient voir dans les années 70 pour se donner bonne conscience et certainement me faire croire que de sauter sur ses enfants étaient du plus pur raffinement dans l’ordre de l’éducation sexuelle.
Auteure obligatoirement anonyme