Revue française de science politique
2009/2 (Vol. 59)
L’objectif de cet article est d’analyser comment des militantes féministes sont devenues les actrices clefs de l’émergence du problème des abus sexuels sur mineurs en Europe dans les années 1980. Engagées dans la lutte contre le viol des femmes, elles prennent conscience des violences sexuelles faites aux enfants et parviennent à inscrire cet enjeu sur l’agenda public et politique, en mobilisant des répertoires d’action variés et en ayant recours à des relais pertinents, qu’il s’agisse des professionnels s’intéressant aux enfants victimes ou aux ministres femmes qui détiennent les portefeuilles de la famille ou de l’égalité hommes-femmes à cette époque-là. Ce rôle central des militantes féministes permet en outre de réfléchir au lien qui existe entre prise de parole (construction particulière de l’enjeu sous l’angle de l’inceste et des violences patriarcales au sein de la famille) et prise de pouvoir (monopole féministe de l’émergence dans les années 1980) ; ou comment la lutte sur le sens à donner à un phénomène peut modifier les rapports de force entre acteurs en présence. Cette lecture féministe du problème des agressions sexuelles sur mineurs ne dure d’ailleurs qu’un temps ; après « l’inceste », la « pédophilie » fait son entrée sur les agendas européens dès la décennie suivante.
- Les militantes féministes : prise de conscience et problématisation du phénomène des abus sexuels sur mineurs
- Les féministes françaises et les lignes d’écoute des victimes de viol
- Les féministes belges et l’aide aux femmes victimes de violence
- Les féministes anglaises et les centres d’accueil et d’écoute
- Un vaste processus de « cadrage »
- Les militantes féministes et l’activation des mécanismes d’émergence
- Des répertoires d’action variés
- Des militantes féministes « connectées » au monde des professionnels de la petite enfance
- Les femmes politiques : des relais efficaces
- Inceste et violence patriarcale : la construction féministe de l’enjeu des abus sexuels sur mineurs
- Une dialectique prise de parole/prise de pouvoir
- La fin de la « résonance » : une marginalisation des militantes féministes
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4 réflexions au sujet de « Les militantes féministes et l’émergence des agressions sexuelles sur mineurs en Europe par Laurie Boussaguet »
J’espère que vous trouverez des éléments utiles à votre mémoire et recherche dans mon blog http://susaufeminicides.blogspot.fr
Des éléments sur les incestes sur mineures
et mineurs de l’angle d’attaque des féminicides http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/definitions-feminicides.html
http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/07/violences-androcides.html
Et un rappel de ce que retiré du code pénal le terme dans http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/05/feminicide-du-harcelement-sexuel-en-qpc.html
En train de formuler des réflexions sur l’inceste prolongeant notamment le livre de Françoise Héritier Anthropologie de l’inceste (qu’il me semble ne pas avoir vu en référence sur votre blog, alors que féministe bien connue, notamment) et qui pourrait aussi nourrir votre travail, me semble-t-il.
A votre disposition pour des précisions.
christine GMD
Pour ne pas me perdre dans un sujet qui ne serait pas le mien, je cite Hélène Parat (2004) sur les différents incestes pour ne garder que mon sujet : les viols par inceste.
Incestes… : il s’agit donc de le décliner au pluriel pour ne pas assimiler fantasmes inconscients et actes criminels, pour ne pas confondre des relations symboliquement associées à des relations incestueuses et des agirs sexuels commis à l’encontre d’enfants par leurs proches parents.
Entre des dénominations floues, des désignations indirectes, l’inceste reste un vocable à interroger, chargé de sens différents, pour ne pas rabattre l’un sur l’autre champ juridique, champ anthropologique ou champ psychique, mais pour aussi tenter d’en dessiner certaines articulations.
Je mettrai de côté l’étude adulto-centriste de l’anthropologie de l’inceste psychique qui n’évolue pas dans une sexualité adulte, le système lévi-straussien posant l’inceste comme fondement du lien social sans se poser la question des droits du féminin, ainsi que Françoise Héritier, ses échanges d’humeurs louis quatorziens et l’inceste du deuxième type, inceste indirect, sans oublier Winnicott et son épisode maternel schizoïde et ses pathologies.
Je parle de génital – histoire d’adulte – de sexualité infantile annihilée, de viol, de servitude, de perte d’identité et de traumatisme.
Emmanuelle Cesari
Je suis l’une des premières à avoir témoigné à visage découvert en 1987, 88, 89, 90. Mon père, officier supérieur, m’a violée pendant quinze ans. La dernière fois j’avais 24 ans. Sous la houlette du collectif féministe contre le viol, je devais omettre les années de 18 à 24 ans. Je ne devais pas parler d’emprise. Ces années étaient indéfendables.
Dissociation : « Mais tout le monde est dissocié ! ». J’ai fait mes études sur le traumatisme avec Onno van der Hart et je me suis soignée auprès des Hollandais puisque la France continuait son délit de déni.
Le sujet des conséquences et des revictimations sur les femmes adultes n’intéresse pas les féministes françaises qui ont préféré refiler « le bébé » aux associations de protection de l’enfance. Et fi des gamins qui vivent avec leur mère dissociée qui ne sait pas, une fois sur deux, où elle habite. Ce n’est pas une vue de l’esprit, ni une étude anthropologique, c’est la triste réalité bien terrestre.
Auteure obligatoirement anonyme
Bonsoir,
Oui c’est très bien, mais tous le monde n’a pas la même façon de voir les choses, je crois que comme même cela reste un sujet tabou dans les familles, je pense aussi que le gouvernement peu apporter plus d’aides financières pour prendre en charge les patients, au lieu de dépenser l’argent pour des broutilles !
Beatrice