Je recherchais ce que pouvait apporter d’écrire. L’écriture et l’art-thérapie etc ; je suis tombée sur cet article que je trouvais pas mal.
http://journalintime.com/archives/sites/intimiste/guerir.htm
Ecrire pour guérir
Write hard and clear about what hurts.
Hemingway
Depuis les années soixante, une poignée de chercheurs ont clamé haut et fort les vertus thérapeutiques du journal. Thérapeutes et médecins le recommandent souvent à leurs patients et instinctivement, ceux qui souffrent ressentent le besoin de l’écrire.
Pourquoi ? Comment le journal guérit-il ?
Maintenant, attention… Je ne suis ni psychologue, ni thérapeute. Je ne prétendrai pas faire la preuve scientifique de quoi que ce soit. Je parle seulement par expérience, et je me base également sur mes lectures personnelles pour ouvrir des pistes de réflexion sur un sujet qui me passionne mais sur lequel je ne suis pas spécialiste. Si des psychologues, médecins et thérapeutes de toute obédience viennent à prendre connaissance avec cette page et y notent des faiblesses, je suis plus qu’ouverte au dialogue et vous invite à me faire signe.
D’ailleurs, je n’ai trouvé que très peu de sources sur la poésie-thérapie et la journal-thérapie au Québec et dans la francophonie en général ; leur intervention me fera donc d’autant plus plaisir !
- Qu’est-ce que la journal-thérapie ?
- La recherche en journal-thérapie
- La journal-thérapie en pratique
- Des approches intéressantes en journal-thérapie
- Liens d’intérêt en journal-thérapie
Qu’est-ce que la journal-thérapie ?
Kathleen Adams, psychothérapeute et fondatrice du Center for Journal Therapy, au Colorado, définit la journal-thérapie comme l’écriture des pensées et des sentiments dans le but de régler ses problèmes personnels et d’en venir à une meilleure compréhension de soi et des événements de sa vie. Toujours d’après Kathleen Adams, l’écriture de nos réactions, expériences et émotions permet de libérer une certaine tension et de percevoir plus clairement notre cheminement. Tout un programme ! La journal-thérapie va donc beaucoup plus loin que l’écriture du journal traditionnel, où l’on se contente d’écrire sa vie et les événements qui la composent, sans travail éclairé et conscient sur soi.
Que l’on me comprenne ; je ne cherche pas ici à impliquer que la journal-thérapie vaut plus intrinsèquement que le journal traditionnel. Aucun jugement de valeur ne sera établi ici. Je tiens simplement à souligner que du point de vue de la croissance personnelle, la journal-thérapie, l’écriture axée sur l’introspection et le questionnement intérieur, va beaucoup plus loin.
La recherche en journal-thérapie
On attribue le développement de la journal-thérapie, du moins ses origines, au docteur Ira Progoff, un psychologue new-yorkais. Dans les années soixante, celui-ci mit au point une technique qu’il baptisa le Journal Intensif. Non seulement le docteur Progoff proposait-il cette méthode à ses propres patients, mais il publia plusieurs ouvrages sur la question (dont At a Journal Workshop, paru en 1978) et des ateliers furent proposés au grand public. Cette méthode connut beaucoup de popularité et plus de deux cent mille personnes ont participé à des ateliers de journal intime intensif.
La méthode du docteur Progoff implique, entre autres, un cartable séparé en plusieurs sections, toutes de couleurs différentes, permettant au diariste de sectionner son écriture par grands thèmes. Les rêves, le travail, la famille, les relations amoureuses, la vie intérieure et spirituelle faisaient tous l’objet de sections distinctes du journal. Selon la prémisse de la méthode Progoff, diviser la vie intérieure et extérieure du diariste en sections lui permet d’atteindre des niveaux de conscience plus profonds et d’aller plus loin dans sa compréhension de soi. Le nombre de sections utilisées dans cette méthode permet de renforcer le processus d’exploration intérieure. On utilise entre autres beaucoup le dialogue, la méditation et l’écriture libre dans la méthode Progoff afin d’explorer les diverses dimensions de la vie. D’autres sections incluent également l’imagerie et le travail avec les rêves.
A peu près à la même époque, l’ouvrage de Tristine Rainer, The New Diary, vint également révolutionner la perception qu’avait le grand public du journal intime. En donnant des pistes afin d’aller plus loin dans la compréhension et l’exploration de soi, Rainer ouvrait de nouvelles portes à la journal-thérapie. Le journal n’était plus qu’un sous-genre littéraire, que l’on abandonnait une fois l’adolescence terminée; il n’était plus l’apanage exclusif d’écrivains et de grands penseurs. Désormais, il était accessible à tous et recelait des possibilités qu’on avait autrefois ignorées. Rainer donna entre autres des moyens de faire de son journal un outil de découverte personnelle mais également de création et de guérison. Il s’agissait là d’un nouveau point de vue sur le journal et l’écriture personnelle.
Dans les écoles, les professeurs entreprirent également d’intégrer le journal à leurs cours. Non seulement le journal aidait-il les étudiants à mettre en mots leurs pensées, mais il leur permettait également de mieux les comprendre et d’aller plus loin dans ces découvertes. Encore aujourd’hui, le journal est largement utilisé dans les salles de cours.
D’autres chercheurs allèrent encore plus loin. L’étude du docteur James Pennebaker permit de donner au journal intime des dimensions encore insoupçonnées en apportant la preuve scientifique du pouvoir de guérison non seulement mentale et émotionnelle, mais également physique, du journal. Les recherches de Pennebaker ont démontré qu’écrire environ vingt minutes, durant trois ou quatre jours, sur des événements et des émotions intenses ou difficiles renforçait le système immunitaire. Le journal n’est pas uniquement utilisé par les psychologues et les psychothérapeutes, mais également par les médecins et on admet de plus en plus qu’il peut aider à accéler la guérison des malades.
La journal-thérapie en pratique
Mettre en mots ses pensées, ses rêves et ses peurs permet non seulement de mieux les comprendre et de les clarifier, mais, avant tout, d’en prendre conscience ! E. M. Forster a dit « Comment saurai-je ce que je pense avant de lire ce que j’ai écrit ? », illustrant ainsi de belle façon ce que plusieurs diaristes ressentent en écrivant. Ecrire nous révèle bien souvent à nous-même, permettant à des parties de nous que nous ignorions de s’exprimer.
C’est pourquoi il est important de s’écouter lorsque l’on écrit. Il est aisé de laisser au papier le soin de se charger de nos problèmes ; on écrit comme on sort les poubelles, pour oublier nos problèmes et s’en libérer l’esprit. Il s’agit certes là d’un avantage non négligeable du journal, qui nous permet d’apaiser nos tensions, de nous soulager de notre stress et d’exorciser certains démons. La relecture est alors pénible et parfois souffrante, nous faisant faire face à certains reflets de nous qui ne nous plaisent guère.
Mais le journal devient alors un outil puissant de découverte de soi et de prise d’action ; il nous permet non seulement de prendre conscience des épines qui nous font mal aux pieds, mais également d’agir et de retirer ces épines une à une. Le journal permet de ne pas demeurer inactif face à son existence ; il est une source de pouvoir insoupçonnée.
C’est pourquoi certains thérapeutes intègrent le journal à leur pratique et recommandent à leurs patients de consigner par écrits leurs rêves, luttes et découvertes. Dans la plupart des cas, la guérison est plus rapide et les sessions avec le thérapeute plus profitables, étant donné qu’une partie du travail est déjà faite par le patient lui-même. Il prend ainsi le temps de se questionner lui-même, de mettre en ordre ses idées et de les clarifier avant la séance. L’écriture durant le processus thérapeutique permet également de faire le point de façon régulière sur le cheminement de guérison, d’en noter les obstacles et les adjuvants afin de pouvoir les éviter ou en tirer profit. Le patient peut ainsi prendre conscience d’un modèle de comportement qui, autrement, lui échappait. En ce sens, le thérapeute peut parfois suggérer des exercices ou des thèmes d’écriture, afin de dirigier le patient de façon plus efficace.
Ce type d’écriture peut également être pratiqué lors d’ateliers du groupe, hors de toute thérapie. Et, surtout, il peut être pratiqué en solitaire ! En revenant sur nos écrits et en se relisant, on remarque souvent des cycles, des pensées récurrentes, des images qui reviennent souvent et qui nous échappent dans la vie de tous les jours. Les problèmes les plus courants nous apparaissent de façon plus claire, plus consciente lorsque écrits dans notre journal, noir sur blanc. Il est alors plus facile de changer certaines croyances ou d’éliminer certaines habitudes de pensées qui nous gâchent la vie! On peut écrire en conséquence, utiliser des thèmes qui nous aideront à faire le point sur ces problèmes, adopter des techniques qui varieront les points de vue et nous permetteront d’y voir plus clair.
La catharsis
Cette approche s’apparente un peu à l’écriture libre mais c’est une approche beaucoup plus émotive. L’écriture cathartique permet le déversement libre des sentiments et des émotions -vous savez, ces moments où l’on a l’impression que notre crayon à une vie bien à lui, où l’on écrit en étant à peine conscient des mots qui se dessinent sur la page et où la relecture est plus une surprise et découverte qu’un retour sur soi… C’est là où on laisse toutes les émotions s’enfuir et s’exprimer, sans censure, sans scrupules.
Dans mon cas, j’utilise cette technique sans même m’en rendre compte. D’une phrase à l’autre, je sens que j’écris tout à coup différemment, que la conscience s’est tue et que c’est un autre aspect de moi qui parle. Cet aspect trouvera son chemin, s’il a quelque chose à dire, mais il est parfois bon de le forcer à se manifester. Respirez un grand coup et puis laissez tout derrière. Ensuite, écrivez et ne pensez plus à rien.
Les lettres non-envoyées
Pensez à quelqu’un à qui vous n’avez jamais réellement été capable de parler. Qu’avez-vous besoin de lui dire ? Il n’y a aucune limite, et personne ne vous en tiendra rigueur. Juré, votre journal ne parlera pas !
Il peut être intéressant d’utiliser le journal pour exprimer à certaines personnes des choses difficiles à exprimer en face à face. Certains utiliseront également les lettres non-envoyées pour exprimer leurs pensées à des gens disparus. Ce peut être une bonne façon de dire au revoir, de fermer une porte qui refuse d’être tout à fait fermée… Les lettres sont une bonne façon d’agir, même lorsque la situation nous rend impuissant ; l’écriture est une forme d’action, même si elle ne se concrétise pas toujours. Les lettres non-envoyées permettent de tout dire, quitte à faire du ménage dans ses pensées par la suite. C’est une écriture qui permet de se défouler, de tout balancer sans s’inquiéter des réactions. Elles peuvent également permettre de clarifier ses idées avant de dire ce qu’on a sur le coeur une bonne fois pour toutes, un peu comme une répétition générale !
Les lettres non-envoyées sont écrites pour quelqu’un, mais elles sont à vous. Elles peuvent être détruites par la suite, c’est même parfois préférable !
La réflexion et l’écriture méditative
Difficile à décrire, cette écriture toute paisible et si apaisante. C’est en fait plus un état d’esprit qu’une technique, comme c’est souvent le cas! Il s’agit tout simplement de s’isoler, de se donner du calme et surtout, de libérer son esprit. On associe souvent l’écriture à l’érudition, à la pensée ; essayez de faire taire cette partie de vous. Ne soyez plus rien, videz votre esprit. Et puis écrivez, question de voir ce qui se passe lorsque la petite voix de la raison se tait.
Puis, souvent, après avoir tenu un journal pendant une certaine période, on a parfois envie de le relire, ou simplement de revenir par écrit sur ce qui s’est passé. La méditation fait alors place à une forme de réflexion qui tend à faire le point, qui pose des questions, qui cherche à comprendre. La réflexion rassure, donne un sentiment de sagesse. C’est un questionnement, une exploration constante. J’écris souvent de cette façon, personnellement.
L’équilibre, donc ; la réflexion cherche à savoir, la méditation admet qu’elle ne sait pas. Mais ce sont deux états d’esprit qui servent l’écriture du journal de façon presque magique.
Le jeu des points de vue et le dialogue
Le dialogue vous permet de voir le monde avec les yeux de quelqu’un (ou de quelque chose !) d’autre. Il s’agit d’écrire une conversation dans laquelle vous répondez pour l’autre, ou vous permettez à l’autre de répondre à travers vous. Tous les points de vue sont alors représentés et ont voix au chapitre. C’est une technique qui peut paraître très inconfortable ; on tend à n’écrire que ce qui est vrai, ce qui fut réellement. Mais pourquoi s’astreindre au réel, qui n’est pas toujours ce que nos yeux prétendent voir ? Jouer le rôle de quelqu’un d’autre peut parfois s’avérer très éclairant ! C’est se forcer à penser autrement, à se mettre dans la peau d’un autre et c’est également se permettre d’être tout ce que nous sommes. Laisser les autres parler à travers vous, permettez-vous d’explorer des perspectives étrangères.
George Sand écrivait un journal dans lequel elle tenait des conversations avec sa personnalité masculine, par exemple. Il n’y a vraiment pas de limites aux dialogues que vous pouvez avoir. On peut retourner dans le passé, discuter avec l’enfant que nous étions, avec un ami perdu, un parent décédé. De tels retours en arrière peuvent permettre d’exorciser des événements passés, ou d’éclairer des situations laissées ambigues. On peut également se permettre de régler des comptes, tout en laissant les autres répondre, ne serait-ce que virtuellement. Et pourquoi ne pas se projeter dans l’avenir et questionner ce que l’on deviendra ? On peut dialoguer avec des objets, même ! Que rien ne vous arrête.
Liens d’intérêt en journal-thérapie
- The Center for Journal Therapy
- Il s’agit ici d’un organisme mis sur pied par Kathleen Adams, « the diary queen ». Si vous ne croyez toujours pas aux vertus du journal comme guérisseur, ce site s’emploiera à vous convaincre de ses bienfaits. Les Américains semblent raffoler des ateliers de journaux intimes de ce genre. Un site intéressant, sur une vague qui n’a pas encore déferlé au Québec.
- National Association for Poetry Therapy
- Poetry therapy
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