dimanche 4 novembre 2012
Le souci de vengeance est souvent reproché aux victimes d’actes criminels et particulièrement celles qui ont subi des violences sexuelles. C’est encore plus vrai dès qu’il s’agit de victimes mineures. Le reproche est souvent associé à celui de d’une démonstration excessive de passions et d’émotions et il provient souvent des milieux judiciaires ou d’intellectuels. La justice ayant, paraît-il, besoin de calme et de sérénité pour s’exercer.
On comprend donc que l’expression d’une douleur est malvenue, y compris de la part des victimes. Nos juristes n’aiment pas les larmes ! Si ces manifestations de douleur s’accompagnent, de surcroît de protestations contre l’iniquité de la justice, c’en est trop pour nos gardiens du droit. Ne sont-ils pas les vestales du temple de Thémis et à ce titre « intouchables » et leur parole sacrée ? Les protestations des victimes apparaissent alors comme autant de troubles rétrogrades et barbares qui menacent l’ordre du monde et la bonne marche de l’humanité. On évoque alors les sombres moments de cette humanité du temps de la vengeance, les sombres nuages de temps occultes menacent. Certes une certaine condescendance accompagne ces accusations, après tout c’est une victime et il paraît qu’elle mérite un peu de respect, mais la condamnation est ferme.
Complaisance victimaire, un démenti par Kieser El Baz (Illel)
Illel Kieser El Baz
Psychothérapeute,
Psychologue clinicien
Toulouse, France
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Peut-on se complaire dans la plainte ?
Est-il vraisemblable qu’une victime se complaise dans la plainte ? Formellement, non ! La souffrance est puissante, profonde et, malheureusement durable. Intérieurement la victime sent sa vie en danger. Le choc traumatique provoque une lésion qui affole deux structures : les amygdales et l’hippocampe. La répétition de la lésion induit ensuite un auto-empoisonnement de l’organisme par l’intensité de la réponse neuronale chaotique. (en apparence) La libération intensive et continue de noradrénaline et de cortisol peut provoquer à son tour des lésions profondes, voire fatales.
Nous avons vu que ces réactions chaotiques se nourrissent d’une désorganisation durables des capacités mémorielles et cognitives. La conscience, elle-même dépendante du système régulateur du cortex cérébral ne peut rien contre cette irruption du chaos. La couche suivante d’apprentissage qui s’installe par-dessus cette zone traumatique, ne peut se perpétuer qu’en isolant au mieux les sédiments pollués et en luttant contre l’auto-empoisonnement. Mais le sentiment de chaos, même s’il peut être isolé provisoirement, demeure toujours présent, ce qui transforme la plainte en un gémissement continu. Ajoutons que plus le traumatisme est précoce plus les effets sont dévastateurs et, mal compris, durables. Comment, dès lors, concevoir qu’un sujet puisse se complaire dans une sorte de jouissance de la plainte ? Ce serait prêter à ces sujets une intention perverse là où l’intention – au sens de conscience – elle-même n’existe plus. Là où il ne s’agit que d’un cri de douleur.
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