BMP – Je hurle la mort  !

BMP – Je hurle la mort  !
C’est un dessin que j’ai fait au lendemain de ma sortie de l’hôpital.
Parfois quand c’est trop fort dans ma tête et que j’ai cette sensation que mon cerveau est absent, que les pensées sont absentes, alors pour bien me concentrer ou réfléchir, je dessine, pour retranscrire mon vécu par une forme. Je ne cherche pas à faire plaisir ou à retranscrire de l’émotion, non car dans ces moments-là qui sont mes moments de RdV avec le médium, j’extirpe de moi tout ce qui me semble difficile à digérer. Ce qui est le cas, du diagnostic de ma dernière hospitalisation.
Comme les mots dans ma tête n’arrivaient pas à rester en ordre ou en place pour en retranscrire une phrase, un avis, je me suis tournée vers ma première réaction qui, depuis ma sortie, n’a pas changé et dont les titres seraient : je hurle la mort, ou encore, je hurle envers la mort ou contre la mort. Quelque soit le titre, c’est toujours la mort qui est là. Elle est là certes mais moi aussi en tant que Béatrice !

Comment avez-vous fait naître votre production ?

J’ai d’abord commencé à trouver quelle forme, je pouvais donner à ce cri, ce qui est un peu semblable à trouver comment je fonctionne pour expliciter ma douleur physique. Et là, à cet instant précis, je le percevais comme le cri d’un loup qui tiendrait dans sa gueule, la mort afin que celle-ci ne puisse plus bouger. Pour faire parler la mort, je dessine donc une tête de mort. Cet ensemble qui donnera vie à mon esquisse traduit bien le titre : « Je hurle la mort ».
Mon esquisse terminée, je n’y trouvais aucune violence, je ne savais pas si, à cet instant précis, cela pouvait me rassurer. Mais en attendant ce cri, je l’entendais et il ne pouvait pas aller plus loin dans mon corps, je ne le sentais pas. Cela voulait dire que dans cette esquisse, j’avais volontairement mis une limite bien forte, pour que ça n’explose pas. Mais c’était ce que je voulais. Il ne me restait plus qu’à recouvrir mon ébauche de son manteau de couleur et pour cela, je sors le médium, la peinture aquarelle.
Je dépose alors avec un pinceau de la couleur violette, du rouge rose, du gris-blanc, de l’orangé marron avec une petite goutte de ton blanc.
Le manteau terminé, j’avais encore une dernière pulsion pour entourer ma forme de pastel sec. Ceci fait, je termine en faisant les finitions aux crayons de couleur.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Cette production a été conçue sur une feuille blanche de format 36 à 46 cm.
Comme médium, de la peinture aquarelle, des crayons de couleurs pour les finitions. Du pastel sec. Un crayon HB pour mon esquisse.

Que ressentez-vous quand vous regardez votre création ?

Je regarde ma production dans ma tête, j’ai mangé la mort, le cri reste, mais il se fait entendre différemment en moi. Le surplus de salive est moins présent dans ma bouche, la sensation de frayeur est moins présente. Mais l’inquiétude reste, mais j’écrirais que ce sera peut-être un autre chapitre.

BMP – Un visage d’automne en linogravure

BMP – Un visage d’automne en linogravure
La linogravure est une nouvelle découverte, mais je l’ai un peu menée à ma façon.

La linogravure est une technique de gravure, proche de la gravure sur bois, qui se pratique sur un matériau spécifique : le linoléum. Ce matériau est composé d’un mélange de poudre de liège, d’huile de lin, de gomme et de résine, aplati et comprimé sur une toile de jute. Le résultat obtenu est à la fois rigide et relativement aisé à graver, grâce à des outils pointus que l’on appelle des gouges. La linogravure se pratique « en taille d’épargne », c’est-à-dire que l’impression finale sera un négatif du motif gravé : les zones évidées apparaîtront blanches, tandis que les zones non évidées, en relief, seront encrées et s’imprimeront sur le support. Généralement utilisée pour réaliser des estampes sur papier, la linogravure peut aussi se pratiquer sur d’autres supports, comme le tissu.
Les outils utilisés pour graver ce matériau sont principalement les gouges, mais l’on peut aussi utiliser des poinçons, des canifs ou des ciseaux. L’encrage se fait grâce à un rouleau, l’impression sur du papier humidifié ou sec.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

J’avais devant moi, ma plaque de linoléum de couleur blanc-cassé. Après l’avoir regardée dans tous les sens, je me suis mise à réfléchir à l’esquisse que j’allais faire naître dessus. Pour cette première fois, j’avais dans ma tête un petit combat : Je me demandais si je devais dessiner beaucoup ou peu de détails.
Une partie de moi voulait se simplifier la tache, car à chaque fois, la nouveauté provoque une certaine angoisse, et l’autre partie, celle qui est curieuse et qui aime la découverte, avait envie de foncer et d’y trouver du plaisir. C’est cette partie qui l’a emporté.
Je pensais aussi à l’exposition qui doit venir, et j’ai pensé à créer quelque chose qui rentrerait dans cette thématique. Dehors, avec le vent, les feuilles tombaient. Et ce sont toutes ces petites choses qui, mises bout à bout, ont fait naître l’idée de mon esquisse. Un visage gravé aux mouvements de BMP.
Oui un visage de profil, à l’intérieur duquel, j’intégrerai des feuilles, mais aussi quelques petites fleurs. La position des feuilles et des fleurs, donnera naissance à ce visage que je pourrais appeler : visage de l’automne.
Pour dessiner mon ébauche, je vais utiliser un crayon à papier 6B. Mais au moment de commencer, je me suis aperçue que cette plaque de linoléum était très salissante. Je devais en tenir compte, car il est impossible de gommer, cela laisse des sortes de grumeaux.
Mais j’ai aussi découvert que si l’on mouille légèrement l’endroit à rectifier avec un tissu en coton, cela fonctionne très bien et permet aussi d’enlever les traces.
Je commence donc par dessiner le visage de profil puis petit à petit, j’y incorpore des formes de feuilles, mais comme je l’ai écrit plus haut en ne les positionnant pas n’importe comment. Par exemple une petite feuille peut servir pour évoquer la forme d’une bouche, et d’autres peuvent servir pour les cheveux.
Mon esquisse étant terminée, je la ré-observe pour comprendre comment j’allais commencer la gravure.
Mon idée était de faire le contour de toutes mes formes. Pour cela, je vais, avec la gouge, creuser le tour des feuilles et des fleurs. On pourra ainsi mieux apercevoir ce mouvement de gravure.
Pour ce qui ne sera pas gravé, je rajouterai de la couleur. Mais je ne devais pas me tromper pour que mon idée prenne bien forme. J’ai repassé avec un stylo noir sur les traits du crayon à papier. Cela fait, je commence à graver. Je devais, de même, essayer de rester dans le même sens pour obtenir un mouvement parfait dans tous les sens.
Dans ma tête, j’étais à la fois curieuse mais aussi peu sûre de moi. D’où vient cette inquiétude, alors que je m’amusais et prenais de plaisir à cette technique ?
J’ai mis un peu de temps pour arriver à la fin de ma gravure, car les instruments glissaient bien donc il ne fallait pas que je me blesse.
Une fois, ceci réalisé, je suis passée à l’étape suivante : déposer de la couleur sur la partie non gravée, celle qui restait en un léger relief. Pour cela, la peinture acrylique était la bienvenue. J’ai bien pensé à prendre de l’encre de Chine, mais au dernier moment, j’ai laissé tomber.
Concernant les tons, il fallait de la gaîté mais aussi de la spontanéité. Cela c’est un bon duo. Trop réfléchir crée de la frayeur en moi, et je ne voulais pas gâcher le plaisir qui était présent, plaisir qui devait se maintenir. Et voila donc qu’est né le manteau de couleurs.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Une plaque de linoléum de format de 300 x 200 x 4 cm. Un crayon à papier 6B, un stylo-bille noir, de la peinture Acrylic Paint. Gouges de diverses formes. Torchon en coton, un verre d’eau.

Que ressentez-vous devant votre composition ?

Je regarde ma production et là je me dis que ce serait quand même bien de ne pas m’angoisser à chaque fois que j’essaye un nouveau matériel, une nouvelle technique. Mais en moi, le plaisir demeure et c’est le principal. Ce plaisir couvre mon mal-être, ma peur sur mon avenir pendant un temps, se sentir vivante ça fait du bien. L’instant présent est, pour le moment me concernant, plus fort que l’avenir.
Je souris car parfois l’instant présent est grignoter par monsieur le gourmand Grrr grr  Mais bon ! il ne mange pas tout …😉