Définition – Résilience par Claudia Samson

Lecture faite par Claudia Samson
samedi 25 août 2012

Le concept de résilience est d’abord introduit en 1969 par Fritz Redl.
Dans les années 80 plusieurs ouvrages consacrés à la résilience ont paru puis des études furent conduites aux États-Unis dans les années 90 sous l’influence de Emmy Werner et John Bowlby.
Aujourd’hui on compte des instituts de résilience en Hollande, des universités de résilience en Allemagne. Au Québec le chef de file des études sur la résilience est le docteur Michel Lemay et en France, à partir de ses recherches sur le comportement animal et humain et disciple de John Bowlby, Boris Cyrulnik s’impose comme spécialiste en la matière. Il pense la résilience en termes de série d’attitudes de protection et comme potentialité créatrice, développement de certaines facultés qui permettent la transformation psychique de la souffrance humaine.
Si le terme de résilience est employé couramment, ses significations s’appliquent à de nombreux domaines. On parle ainsi de résilience morale, résilience physique, résilience sociale, résilience culturelle…
Quelques définitions
Du latin rescindere : action d’annuler ou résilier une convention, un acte.
Sens juridique : renoncer, se dédire.
En métallurgie : capacité des matériaux à retrouver leur état initial à la suite d’un choc ou d’une pression continue.
Trad. dic. anglo-saxon : ressort moral, qualité de quelqu’un qui ne se laisse pas abattre.
Informatique : qualité d’un système lui permettant de continuer à fonctionner en dépit de défaut de l’un ou plusieurs éléments constitutifs.
Écologie : capacité de récupération ou régénération d’un organisme ou d’une population.
Socio-économie : capacité intrinsèque des entreprises, organisations, communautés à retrouver un équilibre.
Anthropologie : possibilité pour certaines ethnies, sociétés, langues ou systèmes de croyance de conserver des traces de leur patrimoine.
Médecine : relation avec la résistance physique, les phénomènes de guérison spontanée et de récupération soudaine.
Psychologie, victimologie, criminologie : solidifier les aptitudes à rétablir un équilibre émotionnel par une meilleure compréhension du ressort psychique.
Psychopathologie : aptitude des individus et des systèmes à vaincre l’adversité ou une situation de risque.

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Le traitement de la mémoire traumatique par la docteure Muriel Salmona

Roland Coutenceau, Joana Smith, Samuel Lemitre & al

30 mai 2012

Le traitement de la mémoire traumatique consiste à faire comprendre aux patients les mécanismes psychotraumatiques, dans le but d’éviter les conduites dissociantes et de faire en sorte qu’ils ne soient plus pétrifiés par le non-sens apparent des violences.
Le traitement consiste en même temps à faire identifier au patient sa mémoire traumatique qui prend la forme de véritables mines qu’il s’agit de localiser, puis de désamorcer et de déminer patiemment, en rétablissant des connexions neurologiques, en lui faisant faire des liens, en identifiant les violences et en réintroduisant des représentations mentales pour chaque manifestation de la mémoire traumatique.
Il s’agit de « réparer » l’effraction psychique initiale, la sidération psychique liée à l’irreprésentabilité des violences.
Cela se fait en « revisitant » le vécu des violences, accompagné pas à pas par un « démineur professionnel » avec une sécurité psychique offerte par la psychothérapie et si nécessaire par un traitement médicamenteux, pour que ce vécu puisse petit à petit devenir intégrable, car mieux représentable, mieux compréhensible, en mettant des mots sur chaque situation, sur chaque comportement, sur chaque émotion, en analysant avec justesse le contexte, ses réactions, le comportement de l’agresseur.
Cette analyse poussée permet au cerveau associatif et à l’hippocampe de reprendre le contrôle des réactions de l’amygdale cérébrale et d’encoder la mémoire traumatique émotionnelle pour la transformer en mémoire autobiographique consciente et contrôlable. Le but de cette prise en charge, c’est de ne jamais renoncer à tout comprendre, ni à redonner du sens.
Tout symptôme, tout cauchemar, tout comportement qui n’est pas reconnu comme cohérent avec ce que l’on est fondamentalement, toute pensée, réaction, sensation incongrue doit être disséqué pour le relier à son origine, pour l’éclairer par des liens qui permettent de le mettre en perspective avec les violences subies. Par exemple une odeur qui donne un malaise et envie de vomir se rapporte à une odeur de l’agresseur, une douleur qui fait paniquer se rapporte à une douleur ressentie lors de l’agression, un bruit qui paraît intolérable et angoissant est un bruit entendu lors des violences comme un bruit de pluie s’il pleuvait, une heure de la journée peut être systématiquement angoissante ou peut entraîner une prise d’alcool, des conduites boulimiques, des raptus suicidaires, des auto-mutilations s’il s’agit de l’heure de l’agression, une sensation d’irritation, de chatouillement ou d’échauffement au niveau des organes génitaux survenant de façon totalement inadaptée dans certaines situations peut se rapporter à des attouchements subis, des “fantasmes sexuels” violents, très dérangeants dont on ne veut pas, mais qui s’imposent ne sont que des réminiscences traumatiques des viols ou des agressions sexuelles subies…
Rapidement, ce travail se fait quasi automatiquement et permet de sécuriser le terrain psychique, car lors de l’allumage de la mémoire traumatique le cortex pourra aussitôt contrôler la réponse émotionnelle et apaiser la détresse sans avoir recours à une disjonction spontanée ou provoquée par des conduites dissociantes à risque. La victime devient experte en « déminage » et poursuit le travail toute seule, les conduites dissociantes ne sont plus nécessaires et la mémoire traumatique se décharge de plus en plus, la sensation de danger permanent s’apaise et petit à petit il devient possible de se retrouver et d’arrêter de survivre pour vivre enfin.