9/ Les phobies qui maintiennent la dissociation structurelle

Introduction
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D’après Janet (1904/1983b, 1935a), la phobie centrale dans la dissociation structurelle d’origine traumatique consiste à éviter la synthèse et la pleine réalisation de l’expérience traumatisante et de ses effets dans la vie de la personne : c’est la phobie du souvenir traumatique. Au plan mental et comportemental, les stratégies d’évitement qui maintiennent la dissociation structurelle sont nécessaires pour empêcher l’apparition de ce qui est perçu par la personne comme d’insupportables réalisations au plan de son histoire et du sens de celle-ci. Par la suite, des phobies supplémentaires apparaissent à partir de la phobie fondamentale du souvenir traumatique.
Janet affirmait (1903, 1909b, 1922) que toutes les phobies ont en commun des peurs face à (certaines) actions. Les phobies d’origine traumatique sont donc traitées dans un ordre particulier de sorte que les patients expérimentent graduellement une capacité croissante à s’engager dans des actions adaptatives déterminées et de haute qualité, à la fois mentales et comportementales, c’est-à-dire à parvenir à de plus hauts niveaux d’efficacité mentale. Des expériences plus complexes et plus difficiles (passées et présentes) peuvent alors progressivement être tolérées et intégrées, et l’on peut obtenir une amélioration de la vie quotidienne.


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« Définir la dissociation traumatique : peut-on réaliser un Acte de Triomphe ? » par Onno van der Hart

3 décembre 2011

L’un des thèmes les plus importants pour l’étude et le traitement des troubles complexes liés au trauma est le rôle de la dissociation.
Pour certains cliniciens et chercheurs, particulièrement aux États-Unis, les symptômes dissociatifs sont des phénomènes marginaux en ce qui concerne le trauma, se résumant surtout à la phobie des souvenirs traumatiques. Dans la recherche, les explications concernant ces tendances à l’évitement sont souvent vagues ou contradictoires. D’autres proposent au contraire que la dissociation soit le noyau même du trauma, en accord avec la conception des expériences traumatiques comme « points de rupture ».
Selon ces vues, la dissociation réalise la division de la personnalité du sujet, c’est-à-dire de ses systèmes dynamiques, biopsychosociaux envisagés comme un tout déterminant ses actions mentales et comportementales caractéristiques, en deux ou plusieurs parties de sa personnalité. De ce fait, les symptômes dissociatifs sont des manifestations de la coexistence de ces parties dissociées et de leur alternance. 
Ces perspectives sur la dissociation sont plus européennes que les précédentes, et prennent leurs racines dans les travaux pionniers de Pierre Janet. Cet exposé se propose de critiquer la conception marginale de la dissociation comme évitement et de détailler les arguments en faveur de la dissociation comme cœur du trauma ainsi que sa pertinence pour la pratique clinique.

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